POLITIQUES ET LITTÉRAIRES. LES QUATRE STUARTS.-DE LA VENDÉE. JACQUES IER. DE 1605 A 1625. Il naquit sans doute dans la Grande-Bretagne en 1603, à l'avénement de Jacques Ier, plusieurs individus qui ne moururent qu'en 1688, à la chute de Jacques II: ainsi tout l'empire des Stuarts en Angleterre ne fut pas plus long que la vie d'un vieil homme. Quatre-vingt-cinq ans suffirent à la disparition totale de quatre rois qui montèrent sur le trône d'Élisabeth, avec la fatalité, les préjugés et les malheurs attachés à leur race. Jacques, comme beaucoup de princes dévots, fut gouverné par des favoris: tandis qu'avec sa plume il combattait pour le droit divin, il laissait le sceptre à Buckingham, qui usait et abusait du droit politique : le favori prenait les vices de la royauté, dont le monarque retenait les vertus. Souvent les princes se plaisent à déléguer le pouvoir à un ministre dont ils reconnaissent eux-mêmes l'indignité : imitant Dieu, dont ils se disent l'image, ils ont l'orgueil de créer quelque chose de rien. Jacques expira sans violence dans le lit de la femme qui avait tué Marie d'Écosse, de cette noble Marie qui, selon une tradition, créa son bourreau gentilhomme ou chevalier; de cette belle veuve de François de France, laquelle désira avoir la tête tranchée avec une épée à la françoise, raconte Estienne Pasquier. Le bourreau montra la teste separée du corps, dit Pierre de l'Estoile; et comme en celte montre la coiffure chut en terre, on vit que l'ennui avoit rendu toute chauve cette pauvre royne de quarante-cinq ans, après une prison de dix-huit. Mais MÉLANGES. Jacques n'en travailla pas moins à établir les principes qui devaient amener la fin tragique de Charles Ier; il mourut toujours tremblant entre l'épée qui l'avait effrayé dans le ventre de sa mère, et le glaive qui devait tomber sur la tête de son fils. Son règne ne fut que l'espace qui sépara les deux échafauds de Fortheringay et de Whitehall; espace obscur où s'éteignirent Bacon et Shakspeare. Jacques était auteur, et auteur non sans mérite. Son Basilicon Doronu, qui servit de modèle à l'Eikon Basiliké, renfermait cette inutile leçon pour Charles son fils : « Ne vous en rap<< portez point à des gens qui ont des intérêts à vous cacher les « besoins de vos sujets, afin de vous tenir dans la dépendance, <«< et qui ne portent jamais au souverain les plaintes publiques que «< comme des révoltes, donnant aux larmes du peuple les noms « de désobéissance et de rébellion. CHARLES Ier. DEPUIS L'AVENEMENT DE CHARLES 1er A LA COURONNE, JUSQU'A LA CONVOCATION DU LONG PARLEMENT. DE 1625 A 1640. Charles parvint à la puissance suprême, rempli des idées romanesques de Buckingham et des maximes de l'absolu Jacques Ier. Mais Jacques n'avait défendu le droit divin que par la controverse; sa vanité littéraire et sa modération naturelle avaient permis la réplique : de là était née la liberté des opinions politiques; la liberté des opinions religieuses était déjà sortie de la lutte entre l'esprit catholique et l'esprit protestant. De très-bonne foi dans ses doctrines, Charles tenait des traditions paternelles que les priviléges de la couronne sont inaliénables; que le roi régnant n'en est que l'usufruitier; qu'il les doit transmettre intacts à son successeur. La nation, au contraire, commençant à douter de l'étendue de ces priviléges, soutenait que le trône en avait usurpé une partie sur elle. Les premiers symptômes de division éclatèrent lors |