victoire une autre guerre, qu'après la destruction des armées, venaient de nouvelles levées, qu'après des efforts désespérés on n'était jamais près d'en recueillir la récompense, qu'on ne pouvait pas dépenser ce qu'on avait gagné, ni se reposer sur son lit de duvet, ni se prélasser dans son château, on l'abandonna. On trouva que son égoïsme absorbant était mortel pour tous les autres hommes. Cela ressemblait à la torpille, qui fait éprouver une suite de commotions à tous ceux qui sont soumis à son influence; elle produit des spasmes qui contractent les muscles de la main, de manière que l'homme ne peut plus ouvrir les doigts, et l'animal vous inflige alors de nouveaux chocs, plus violents encore, jusqu'à ce qu'il paralyse et fasse périr sa victime. De mème cet égoïste outré restreignait, appauvrissait, et absorbait l'énergie et l'existence de ceux qui le servaient. Aussi le cri général de la France et de l'Europe, en 1814, fut-il : « Assez de lui; Assez de Bonaparte. >>> Ce ne fut pas la faute de Bonaparte. Il fit tout ce qu'il était possible, quant à lui, pour vivre et réussir sans principe moral. Ce fut la nature des choses, ce fut l'éternelle loi de l'homme et du monde, qui le frustrèrent et le conduisirent à sa ruine. Faites un million d'expériences de cette nature, et le résultat sera le même. Toute tentative, qu'elle soit faite par des multitudes ou par des individus, qui a un but sensuel et égoïste, doit échouer. Le pacifique Fourier ne produira pas plus d'effet que le pernicieux Bonaparte. Aussi longtemps que notre civilisation reposera essentiellement sur la propriété, sur les barrières, sur l'esprit d'exclusion, elle sera le jouet des illusions. Notre opulence nous laissera malade; il y aura de l'amertune dans notre rire, et notre vin brûlera nos lèvres. Il n'y a qu'un bien qui soit profitable, c'est celui qu'on peut goûter, toutes portes ouvertes, c'est celui qui est utile à tous les hommes. |