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détermination des rapports que l'homme soutient ; la connaissance de la fin à laquelle il est destiné, requièrent sans contredit l'emploi du raisonnement. Mais, ici comme partout, le raison ement suppose des prémisses qu'il ne ce pas. Et ces prémisses, l'observation de la nature humaine peut seule les fournir.

C'est pourquoi, si, d'une manière plus ou moins étroite, toutes les autres sciences dépendent de la philosophie, la philosophie, de son côté, doit ses principes à la psychologie. Car « c'est uniquement pour l'avoir vu en nous-mêmes que nous connaissons ce que c'est qu'un être, une force, une cause, une intelligence, l'activité, l'énergie et la faiblesse, le bien et le mal, le vrai et le faux, la pensée, l'amour, le bonheur (1). » De la psychologie relèvent donc, de près ou de loin, toutes les sciences, et, en particulier, celles que l'on désigne d'ordinaire sous le nom de sciences morales et politiques. On l'a dit exactement : « Il n'existe une méthode que parce qu'il existe un esprit humain, et une psychologie est le postulat nécessaire de toutes les sciences (2). »

(1) M. Cousin, Journal des Savants, août 1850. (2) M. de Rémusat, Bacon, etc., p. 453.

La psychologie, aussi bien, se pose immédiatement et comme d'elle-même.

Certes, la science de l'homme exige que l'on tienne compte et grand compte du corps. Les influences du corps, en effet, sont innombrables; son action s'exerce sur l'àme à chaque instant, et on aura beau faire, on n'empêchera pas que l'ange ne soit renfermé dans la bête. « Toute philosophie, écrit un contemporain, toute philosophie ou toute religion qui voudra négliger entièrement l'une de ces deux choses produira quelque exemple extraordinaire, mais elle n'agira jamais en grand sur l'humanité (1). » Cependant l'homme, après tout, c'est l'âme. Et l'âme, pour peu qu'on veuille se rendre attentif, se démêle aisément des organes du corps. Sa spiritualité éclate avec une lumière irrésistible aux regards les plus prévenus. Indépendamment de toute argumentation, elle résulte, comme un fait indéclinable, du témoignage de la conscience. Elle se place au nombre « des vérités élémentaires, qu'il n'est pas besoin d'apprendre, qu'il faut seulement ne pas oublier; leçons secrètes du maître intérieur qui enseigne perpétuellement à chaque

(4) M. de Tocqueville, Correspondance, t. Ior, p. 326.

créature humaine Dieu, le monde, la liberté, la beauté et la vertu (1). »

Or, l'âme une fois donnée, tout suit. Elle est le microcosme où se réfléchit le grand univers. Surtout elle porte en elle-même tous les éléments de la science d'elle-même. De la psychologie dérivent directement la logique, l'esthétique, la morale, la théodicée, la politique, la philosophie de l'histoire, la philosophie de la nature.

Où trouver en effet, sinon dans la raison humaine, que manifeste la conscience, ces idées universelles, nécessaires, impératives, du vrai, du beau, du bien, sans lesquelles nos facultés resteraient sans application et nos opérations sans loi? C'est le vrai qui éclaire notre intelligence; c'est le beau qui émeut notre sensibilité; c'est le bien qui sollicite notre activité. Vainement essayerait-on de contester qu'il y ait en nous de telles idées. Ce ne serait rien moins que contester la réalité psychologique la plus saisissante. Ces idées sont des faits. que nous livre, ou plutôt que nous impose l'observation.

Et de même que la psychologie nous révèle la présence en nous de ces idées du vrai, du beau,

(1) M, Jouffroy, Nouveaux Mélanges.

du bien, elle en manifeste les indélébiles caractères

et en attesté la portée.

Vous niez qu'il se rencontre une différence effective entre le vrai et le faux ; et je vous oppose, avec vos propres négations qui sont affirmations, les affirmations spontanées de l'intelligence. Vous objectez l'insurmontable difficulté qu'il y a, si cette différence existe, à l'apercevoir, et je vous rappelle aux clartés de l'évidence. Enfin, par un dernier effort de scepticisme, vous prétendez frapper de subjectivité nos conceptions les plus essentielles; et je constate que ces notions, auxquelles toutes les autres se ramènent, les notio s premières, les premiers principes, ne se déclarent en nous que par leur objectivité. De la sorte, l'analyse de l'esprit humain fonde d'une manière inébranlable la connaissance humaine. L'esprit humain, pour se soutenir, n'a que lui-même; mais il se suffit.

De même que l'idée du vrai, c'est également dans les manifestations de l'àme qu'apparaît, avec les traits qui lui sont propres, l'idée du beau. Nous ne qualifions les objets beaux qu'autant que nous les trouvons tels; et nous ne les trouvons tels qu'autant qu'ils excitent en nous une émotion et une notion qui ne se confondent avec aucune autre. Il peut être malaisé de définir ce que sont, dans leur es

sence, cette émotion et cette notion; il l'esi peaucoup moins de dire ce qu'elles ne sont pas. Quiconque s'observe soi-même n'a point de peine à se convaincre que l'émotion ne vaut d'ailleurs que par la notion; et, quelles que soient les splendeurs qu'étale le monde, quelques merveilles que produisent les arts, tous ces prestiges pâlissent à nos yeux, en comparaison du type que nous présente notre esprit. Nous reconnaissons enfin la vraie beauté à ce signe infaillible, qu'elle reste inséparable de la bonté. La beauté idéale est la beauté morale. L'esprit qui vit dans la nature est l'esprit même de l'homme, et c'est aux parties hautes de l'âme que les arts doivent s'adresser.

Mais si la logique, si l'esthétique prennent leurs racines dans la psychologie, à plus forte raison faut-il affirmer qu'une morale reste illusoire, qui ne convient point avec la nature humaine. A coup sûr, ce n'est pas l'homme qui fait la morale, non plus que la logique ou les lois du beau. Les codes qu'il établit ne sont que des traductions plus ou moins fidèles d'une loi qui a au-dessus de lui sa raison d'être, puisqu'elle lui commande. Néanmoins c'est en lui-même que cette lai iminuable s'offre à lui. D'un nom significatif elle s'appelle la loi naturelle. C'est ainsi que « les grands traits d'héroïsme

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