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Substituer à cette dualité l'unité, c'est imaginer l'homme, ce n'est pas le prendre tel qu'il est. L'àme a ses opérations, qui ne sont pas celles du corps.

Le corps a ses fonctions, qui ne sont pas celles de l'âme.

Attribuer à l'âme les fonctions organiques inconscientes en même temps que les opérations de l'entendement, est un excès.

Faire de l'esprit un reflet de la matière, de la pensée une sécrétion du cerveau, est un autre excès (1), encore plus condamnable.

Comme il y a dans l'homme deux ordres de phénomènes irréductibles, deux principes distincts, deux vies qui ne sauraient se ramener l'une à l'autre, il y a aussi dans la science de l'homme deux sciences, la science du corps et la science de l'âme. Une anthropologie véritable est tout ensemble physiologie et psychologie.

On rapporte que Newton s'écriait : « O physique, garde-toi de la métaphysique (2)!

(1) Cf. M. Hamilton, Fragments de philosophie, traduits par M. Peisse. 1840, in-8", p. 3, Philosophie de l'absolu.

(2) Cf. M. de Biran, OEuvres philosophiques, t. III. p. 141; Considérations sur les principes d'une division des faits psychologiques et physiologiques.

Volontiers, je m'écrierais à mon tour: « O psychologie, garde-toi de la physiologie! Garde-toi même de la métaphysique! »

En effet, on l'a dit avec une raison supérieure: « L'étude de la conscience est la psychologie. L'homme est le microcosme de l'existence; la conscience concentre dans son étroit foyer la science de l'univers et de Dieu; la psychologie est, par conséquent, le résumé de toute connaissance divine et humaine (1). »

Or, si la connaissance divine légitime, parce qu'elle l'explique, la connaissance humaine, c'est la connaissance humaine tout d'abord qui prépare la connaissance divine.

« Deux pôles de toute science humaine, la personne moi, d'où tout part; la personne Dieu, où tout aboutit (2). ›

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(1) M. Hamilton, ouvrage cité, p. 12.

(2) M. de Biran.

CHAPITRE II

LA MÉTHODE

« Exister pour le moi, écrivait M. de Biran, c'est sentir son corps. L'erreur des métaphysiciens est de croire que la liaison ou la relation de l'âme et du corps est le plus grand mystère de l'humanité. C'est leur séparation réelle ou possible qui est le mystère. Quant à la liaison, elle est donnée immédiatement par le fait de conscience, puisqu'il constitue le sujet même qui s'aperçoit (1). »

Or, si la liaison de l'âme et du corps est donnée immédiatement par le fait de conscience, il faut, à

(1) OEuvres inédites, t. Ir, Introduction, p. LXV.

tout le moins, admettre que l'existence de l'âme

n'est pas plus contestable que l'existence du corps. Il y a plus, « en renfermant l'homme dans le principe intelligent, à d'essentiels égards on ne le mutile pas; et en le séparant de l'animal, on ne fait que constater dans la science une distinction qui est dans la nature des choses (1).

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Donc la psychologie a un objet qui lui est propre.

On ne saurait nier davantage que l'âme puisse être connue aussi bien, pour ne pas dire mieux que le corps, autrement que le corps et avant le corps. Donc la psychologie est légitime.

Mais qu'est-ce que connaître l'àme, et comment la connaître? Quels sont les principaux problèmes que comprend la connaissance de l'âme, et quels procédés employer pour les résoudre?—Après avoir déterminé l'objet de la psychologie, il s'agit de l'organiser. Après avoir établi qu'elle est une science légitime, il importe d'indiquer la méthode qui lui

convient.

Rien n'est plus simple que l'organisation de la psychologie, et rien pourtant n'est plus délicat.

4) M. Jouffroy, Mélanges. 1833, in-8°, p. 269; De la Science psychologique.

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