36624 PAR JOSEPH BERTRAND De l'Académie française. Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. C.L PARIS CALMANN LÉVY, ÉDITEUR 3, RUE AUBER, 3 - 1891 Droits de reproduction et de traduction réservés. PRÉFACE J'accuse merveilleusement cette vicieuse forme d'opinion: Il est de la Ligue, car il admire la grâce de M. de Guise. L'activité du roi de Navarre l'étonne, il est huguenot. Il trouve ceci à dire aux mœurs son du il est séditieux en roy, cœur. MONTAIGNE. Ami lecteur, Avant d'ouvrir un livre nouveau sur Pascal, tu demanderas peut-être : est-il d'un libre penseur ou d'un chrétien? d'un protestant ou d'un catholique? d'un janséniste ou d'un jésuite? L'auteur tient-il pour Pélage ou pour saint Augustin? Tu n'en sauras rien. Si j'ai suivi le plan que je m'étais tracé, la lecture du livre ne te l'apprendra pas. Je n'ai garde de te le dire au début. Ce n'est pas ma confession que je veux faire. Il s'agit de Pascal et de lui seul. Après m'être instruit le mieux qu'il m'a été possible, de sa vie, de ses idées et de son œuvre, je te les raconterai le moins mal que je pourrai. Le moi est haïssable, je prétends complètement m'effacer, c'est pour cela que j'ose me dire ton ami. Avant de se connaître tous les hommes sont frères. Je livre ce volume à tes critiques et je le dédie à mon frère ALEXANDRE BERTRAND en témoignage d'une amitié qui, depuis soixante ans, est restée sans nuages. Pascal a dit: C'est un mathématicien, je n'ai que faire de mathématiques, il me prendrait pour une proposition. Qu'il se rassure. L'audace d'étudier librement l'auteur des Provinciales et des Pensées ne va pas jusqu'à le prendre pour une proposition qui se démontre. Je veux au contraire, en rappelant tout d'abord ce qu'ont |