Abner, le brave Abner viendra-t-il nous défendre? Joad. Abner, quoiqu'on se pût assurer sur sa foi, Josabet. Mais à qui de Joas confiez-vous la garde? Joad. A l'injuste Athalie ils se sont tous vendus. Par vos soins prévoyans leur nombre est redoublé; Que pleins d'amour pour vous, d'horreur pour Athalie, 'A ce fils de David qu'on leur doit révéler. Mais quelque noble ardeur dont ils puissent brûler, De ses fiers étrangers assemblant les cohortes, Joad. Et comptez-vous pour rien Dieu qui combat Dieu, qui de l'orphelin protège l'innocence, Dieu qui, frappant Joram le mari de leur fille,, Dieu, dout le bras vengeur, pour un temps suspendu, Josabet. Et c'est sur tous ces Rois sa justice sévère, Que je crains pour le fils de mon malheureux frère. Qui sait si cet enfant, par leur crime entraîné, Hélas, l'état horrible où le Ciel me l'offrit, Je le pris tout sanglant. En baignant son visage, Et, soit frayeur encore, ou pour me caresser, Grand Dieu, que mon amour ne lui soit point funeste! Nourri dans ta maison en l'amour de ta loi, Il ne connoît encor d'autre père que toi. Si la chair et le sang, se troublant aujourd'hui, Ont trop de part aux pleurs que je répands pour lui, Conserve l'héritier de tes saintes promesses, Et ne punis que moi de toutes mes foiblesses! Joad. Vos larmes, Josabet, n'ont rien de criminel, Mais Dieu veut qu'on espère en son soin paternel. Il ne recherche point, aveugle en sa colère, Sur le fils qui le craint, l'impiété du père. Tout ce qui reste encor de fidèles Hébreux Lui viendront aujourd'hui renouveller leurs voeux. Autant que de David la race est respectée, Autant de Jézabel la fille est détestée. Joas les touchera par sa noble pudeur, Où semble de son sang reluire la splendeur, Et Dieu, par sa voix même appuyant notre exemple, 11 faut que sur le tróne un roi soit élevé, Qui se souvienne un jour qu'au rang de ses ancêtres Grand Dieu, si tu prévois, qu'indigne de sa race Il doive de David abandonner la trace: L'heure me presse. Adieu. Des plus saintes familles SCENE III. JOSABET, ZACHARIE, SALOMITH, LE CHOEUR. Josabet. Cher Zacharie, allez, ne vous arrêtez pas; De votre auguste père accompagnez les pas. Ces festons dans vos mains, et ces fleurs sur vos têtes, Mais, hélas, en ce temps d'opprobre et de douleurs, Tout l'Univers est plein de sa magnificence; Qu'on l'adore ce Dieu, qu'on l'invoque à jamais : Son empire a des temps précédé la naissance; Chantons, publions ses bienfaits. Une voix seule, Envain l'injuste violence Au peuple qui le loue imposeroit silence: Son nom ne périra jamais. Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance, Chantons, publions ses bienfaits. Tout le choeur répète. Tout l'Univers est plein de sa magnificence. Chantons, publions ses bienfaits. Une voix seule. Il donne aux fleurs leur aimable peinture. Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits. Une autre. Il commande au soleil d'animer la nature, Et la lumière est un don de ses mains. Mais sa loi sainte, sa loi pure Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains. Une autre. O mont de Sinaï, conserve la mémoire De ce jour à jamais auguste et renommé, Quand sur ton sommet enflammé, Dans un nuage épais le Seigneur enfermé Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire: Venoit-il renverser l'ordre des élémens? Sur ses antiques fondemens Venoit-il ébranler la terre? Une autre. Il venoit révéler aux enfans des Hébreux De ses préceptes saints la lumière immortelle. Il venoit à ce peuple heureux Ordonner de l'aimer d'uné amour éternelle. Tout le Choeur. O divine, ô cha mante loi! Que de raisons, quelle douceur extrême, D'engager à ce Dieu son amour et sa foi! Une voix seule. D'un joug cruel il sauva nos aïeux: Les nourrit au désert d'un pain délicieux. Il nous donne ses loix, il se donne lui-même, Pour tant de biens, il commande qu'on l'aime. Le Choeur. O justice! O bonté suprême! La même voix. Des mers pour eux il entr'ouvrit les eaux; D'un aride rocher fit sortir des ruisseaux. Il nous donne ses loix, il se donne lui-même. Pour tant de biens il commande qu'on l'aime. Que de raisons, quelle douceur extrême, D'engager à ce Dieu son amour et sa foi! Une autre voix seule, Vous qui ne connoissez qu'une Ingrats, un Dieu si bon ne peut-il vous charmer? Et si pénible de l'aimer? L'esclave craint le tyran qui l'outrage; Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits, Tout le Chocur. O divine, ô charmante loi! Que de raisons, quelle douceur extrême, D'engager à ce Dieu son amour et sa foi? A C T E I I. SCÈNE 1. JOŠABET, SALOMITH, LE CHOEUR., Josabet. Mes filles, c'est assez, suspendez vos ques. Il est temps de nous joindre aux prières publiques. SCÈNE II. ZACHARIE, JÓSABET, SALOMITH, LE CHOEUR. canti Josabet. Mais que vois-je! mon fils, quel sujet vous ramène? Où courez-vous ainsi tout pâle et hors d'haleine? Zacharie. O ma mêre!! Josabet. Hé bien! quoi? Zacharie. Josabet. Comment? Le temple est profané. Zacharie. Et du Seigneur l'autel abandonné. Après |