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Abner, le brave Abner viendra-t-il nous défendre?
A-t-il près de son Roi fait serment de se rendre?

Joad. Abner, quoiqu'on se pût assurer sur sa foi,
Ne sait pas même encor si nous avons un Roi.

Josabet. Mais à qui de Joas confiez-vous la garde?
Est-ce Qbède, est-ce Amnon que cet honneur regarde?
De mon père sur eux les bienfaits répandus. .

Joad. A l'injuste Athalie ils se sont tous vendus.
Josabet. Qui donc opposez-vous contre ses satellites?
Joad. Ne vous l'ai-je pas dit? Nos prêtres, nos Lévites
Josabet. Je sais que, près de vous en secret assemblé,

Par vos soins prévoyans leur nombre est redoublé;

Que pleins d'amour pour vous, d'horreur pour Athalie,
Un serment solemnel par avance les lie

'A ce fils de David qu'on leur doit révéler.

Mais quelque noble ardeur dont ils puissent brûler,
Peuvent-ils de leurs Rois venger seuls la querelle ?
Pour un si grand ouvrage est-ce assez de leur zèlè?
Doutez-vous qu'Athalie, au premier bruit semé
Qu'un fils d'Okosias est ici renfermé,

De ses fiers étrangers assemblant les cohortes,
N'environne le temple, et n'en brise les portes?
Suffira-t-il contre eux de vos ministres saints,
Qui, levant au Seigneur leurs innocentes mains,
Ne savent que gémir, et prier pour nos crimes,
Et n'ont jamais versé que le sang des victimes?
Peut-être dans leurs bras Joas percé de coups.

Joad. Et comptez-vous pour rien Dieu qui combat
pour nous ?

Dieu, qui de l'orphelin protège l'innocence,
Et fait dans la foiblesse éclater sa puissance;
Dieu, qui hait les tyrans, et qui dans Jezraël
Jura d'exterminer Achab et Jézabel;

Dieu qui, frappant Joram le mari de leur fille,,
A jusques sur son fils poursuivi leur famille;

Dieu, dout le bras vengeur, pour un temps suspendu,
Sur cette race impie est toujours étendu?

Josabet. Et c'est sur tous ces Rois sa justice sévère, Que je crains pour le fils de mon malheureux frère.

Qui sait si cet enfant, par leur crime entraîné,
Avec eux, en naissant, ne fut pas condamné?
Si Dieu, le séparant d'une odieuse race,
En faveur de David voudra lui faire grace?

Hélas, l'état horrible où le Ciel me l'offrit,
Revient à tout moment effrayer mon esprit!
De Princes égorgés la chambre étoit remplie.
Un poignard à la main l'implacable Athalie
Au carnage animoit ses barbares soldats,
Et poursuivoit le cours de ses assassinats.
Joas, laissé pour mort, frappa soudain ma vue,
Je me figure encor sa nourrice éperdue,
Qui devant les bourreaux s'étoit jetée envain,
Et foible le tenoit renversé sur son sein.

Je le pris tout sanglant. En baignant son visage,
Mes pleurs du sentiment lui rendirent l'usage;

Et, soit frayeur encore, ou pour me caresser,
De ses bras innocens je me sentis presser.

Grand Dieu, que mon amour ne lui soit point funeste!
Du fidèle David c'est le précieux reste.

Nourri dans ta maison en l'amour de ta loi,

Il ne connoît encor d'autre père que toi.
Sur le point d'attaquer une Reine homicide,
A l'aspect du péril si ma foi s'intimide,

Si la chair et le sang, se troublant aujourd'hui,

Ont trop de part aux pleurs que je répands pour lui, Conserve l'héritier de tes saintes promesses,

Et ne punis que moi de toutes mes foiblesses!

Joad. Vos larmes, Josabet, n'ont rien de criminel, Mais Dieu veut qu'on espère en son soin paternel. Il ne recherche point, aveugle en sa colère, Sur le fils qui le craint, l'impiété du père. Tout ce qui reste encor de fidèles Hébreux Lui viendront aujourd'hui renouveller leurs voeux. Autant que de David la race est respectée, Autant de Jézabel la fille est détestée. Joas les touchera par sa noble pudeur,

Où semble de son sang reluire la splendeur,

Et Dieu, par sa voix même appuyant notre exemple,
De plus près à leur coeur parlera dans son temple.
Deux infidèles rois tour-à-tour l'ont bravé:

11 faut que sur le tróne un roi soit élevé,

Qui se souvienne un jour qu'au rang de ses ancêtres
Dieu l'a fait remonter par la main de ses prêtres,
L'a tiré par leur main de l'oubli du tombeau,
Et de David éteint rallumé le flambeau.

Grand Dieu, si tu prévois, qu'indigne de sa race

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Il doive de David abandonner la trace:
Qu'il soit comme le fruit en naissant arraché,
Ou qu'un souffle ennemi dans sa fleur a séché!
Mais si ce même enfant, à tes ordres docile,
Doit être à tes desseins un instrument utile,
Fais qu'au juste héritier le sceptre soit remis;
Livre en mes foibles mains ses puissans ennemis;
Confonds dans ses conseils une reine cruelle.
Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle
Répandre cet esprit d'imprudence et d'erreur,
De la chûte des rois funeste avant-coureur.

L'heure me presse. Adieu. Des plus saintes familles
Votre fils et sa soeur vous amènent les filles.

SCENE III.

JOSABET, ZACHARIE, SALOMITH, LE CHOEUR.

Josabet.

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Cher Zacharie, allez, ne vous arrêtez pas;

De votre auguste père accompagnez les pas.
O filles de Lévi, troupe jeune et fidèle,
Que déjà le Seigneur embrase de son zèle,
Qui venez si souvent partager mes soupirs,
Enfans, ma seule joie en mes longs déplaisirs;

Ces festons dans vos mains, et ces fleurs sur vos têtes,
Autrefois convenoient à nos pompeuses fêtes.

Mais, hélas, en ce temps d'opprobre et de douleurs,
Quelle offrande sied mieux que celle de nos pleurs!
J'entends déjà, j'entends la trompette sacrée,
Et du temple bientôt on permettra l'entrée.
Tandis que je me vais préparer à marcher,
Chantez, louez le Dieu que vous venez chercher.

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Tout l'Univers est plein de sa magnificence; Qu'on l'adore ce Dieu, qu'on l'invoque à jamais : Son empire a des temps précédé la naissance; Chantons, publions ses bienfaits.

Une voix seule, Envain l'injuste violence Au peuple qui le loue imposeroit silence:

Son nom ne périra jamais.

Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance,
Tout l'Univers est plein de sa magnificence.

Chantons, publions ses bienfaits.

Tout le choeur répète. Tout l'Univers est plein de sa magnificence.

Chantons, publions ses bienfaits.

Une voix seule. Il donne aux fleurs leur aimable peinture.
Il fait naître et mûrir les fruits.

Il leur dispense avec mesure

Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits.
Le champ qui les reçut, les rend avec usure.

Une autre. Il commande au soleil d'animer la nature,

Et la lumière est un don de ses mains.

Mais sa loi sainte, sa loi pure

Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains.

Une autre. O mont de Sinaï, conserve la mémoire De ce jour à jamais auguste et renommé,

Quand sur ton sommet enflammé,

Dans un nuage épais le Seigneur enfermé

Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire:
Dis-nous pourquoi ces feux et ces éclairs.
Ces torrens de fumée, et ce bruit dans les airs,
Ces trompettes et ce tonnerre:

Venoit-il renverser l'ordre des élémens?

Sur ses antiques fondemens

Venoit-il ébranler la terre?

Une autre. Il venoit révéler aux enfans des Hébreux De ses préceptes saints la lumière immortelle.

Il venoit à ce peuple heureux

Ordonner de l'aimer d'uné amour éternelle.

Tout le Choeur. O divine, ô cha mante loi!
O justice! O bonté suprême!

Que de raisons, quelle douceur extrême,

D'engager à ce Dieu son amour et sa foi!

Une voix seule. D'un joug cruel il sauva nos aïeux:

Les nourrit au désert d'un pain délicieux.

Il nous donne ses loix, il se donne lui-même,

Pour tant de biens, il commande qu'on l'aime.

Le Choeur. O justice! O bonté suprême!

La même voix. Des mers pour eux il entr'ouvrit les eaux; D'un aride rocher fit sortir des ruisseaux.

Il nous donne ses loix, il se donne lui-même.

Pour tant de biens il commande qu'on l'aime.
Le Choeur. O divine, ô charmante loi!

Que de raisons, quelle douceur extrême,

D'engager à ce Dieu son amour et sa foi!

Une autre voix seule, Vous qui ne connoissez qu'une
crainte servile,

Ingrats, un Dieu si bon ne peut-il vous charmer?
Est-il donc à vos coeurs, est-il si difficile

Et si pénible de l'aimer?

L'esclave craint le tyran qui l'outrage;
Mais des enfans l'amour est le partage.

Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits,
Et ne l'aimer jamais,

Tout le Chocur. O divine, ô charmante loi!
O justice, ô bonté suprême!

Que de raisons, quelle douceur extrême,

D'engager à ce Dieu son amour et sa foi?

A C T E I I.

SCÈNE 1.

JOŠABET, SALOMITH, LE CHOEUR.,

Josabet. Mes filles, c'est assez, suspendez vos

ques.

Il est temps de nous joindre aux prières publiques.
Voici notre heure. Allons célébrer ce grand jour,
Et devant le Seigneur paroître à notre tour.

SCÈNE II.

ZACHARIE, JÓSABET, SALOMITH, LE CHOEUR.

canti

Josabet. Mais que vois-je! mon fils, quel sujet vous

ramène?

Où courez-vous ainsi tout pâle et hors d'haleine?

Zacharie. O ma mêre!!

Josabet.

Hé bien! quoi?

Zacharie.

Josabet. Comment?

Le temple est profané.

Zacharie. Et du Seigneur l'autel abandonné.
Josabet. Je tremble. Hâtez-vous d'éclaircir votre mêre.
Zacharie. Déjà, selon la loi, le Grand-Prêtre mon père,

Après

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