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Après cette caresse, il rentre de plus belle: ")
Tantôt il parle à l'un, tantôt l'autre l'appelle;
Toujours nouveaux discours: et tant fut-il humain,
Qu'en allant et venant il me tint par la main.
Je crois que sans cela, j'ai l'ame si fragile,
Que laissant mon fâcheux, j'eusse pu faire gilles **).
Il vint à nous parler touchant le bruit qui court
De la Reine, du Roi, des Princes de la Cour:
Nous dit confidemment que le Pont-Neuf ***) s'achève;
Que plus en paix qu'en guerre un empire s'élève :
Il vint à définir ce qu'étoit qu'amitié,

Et tant d'autres vertus, que c'en étoit pitié.
Mais il omit sur-tout, tant il étoit novice,
Que l'indiscrétion est un si fâcheux vice,

Qu'il vaut bien mieux mourir de rage ou de regret,
Que de vivre à la gêne avec un indiscret.

Tandis que ces discours me donnoient la torture,
Je sonde tous moyens pour voir si d'avanture
Quelque heureux accident eût pu m'en retirer,
Et m'empêcher enfin de me désespérer.

Mais comme Dieu voulut qu'après tant de demeures
L'horloge du Palais vint frapper onze heures,
Mon fat, qui pour la soupe avoit l'esprit subtil,
A quelle heure, Monsieur, votre oncle dine-t-il?

Peu s'en fallut alors, sans plus long-temps attendre,
Que de rage au gibet je ne m'allasse pendre.

Comme il continuoit cette vieille chanson,
Voici venir quelqu'un †) d'assez pauvre façon.
Il se porte au devant, lui parle, le cajeole;
Mais cet autre à la fin se monta de parole: tt)'

*) De plus belle heifst so viel als tout de nouveau. Il s'étoit retiré du monde, mais il y est rentré de plus belle. **) Faire gille oder gilles, sich aus dem Staube machen. ***) Diese Brücke wurde 1578 unter Heinrich III. angefangen und kam erst, nachdem der Bau durch die bürgerlichen Kriege lange unterbrochen gewesen war, im Jahre 1606 unter Heinrich IV zu Stande. †) Ein Gerichtsdiener.

casu venit obvius illi

Adversarius: Et, quo tu, turpissime, magna

Exclamat voce.

Hor.

††) Se monter de parole, eine veraltete Redensart, heifst, einen lauten Ton annehmen.

Monsieur, c'est trop long-temps... tout ce que vous voudrez
Voici l'arrêt signé... Non, Monsieur, vous viendrez
Quand vous serez dedans vous prendrez à partie

...

Et moi qui cependant n'étois de la partie
J'esquive sans mot dire, et m'en vais à grands pas
La queue en loup qui fuit, les yeux tournés en bas,
Le coeur sautant de joie et triste en apparence.
Depuis aux bons sergens j'ai porté révérence,
Comme à des gens d'honneur, par qui le Ciel voulut
Que je reçusse un jour le bien de mon salut,

...

*).

FRANÇOIS

MAYNARD.

RANÇOIS MAYNARD, Mitglied der französischen Akademie, war der Sohn eines Parlementsraths von Toulouse und wurde daselbst 1582 gebohren. Als Sekretär der Königinn Margarethe, welches er frühzeitig wurde, machte er sich am Hofe dieser Prinzessinn durch seinen Witz und seine muntere Laune beliebt. Noailles, Gesandter beym päbstlichen Stuhl, nahm ihn 1634 mit sich nach Rom, wo er sich die Freundschaft des Kardinals Bentivoglio und die Achtung des Pabstes Urban VIII erwarb. Nach seiner Rückkehr machte er verschiedenen Grofsen vergebens den Hof; man fand seine Gedichte ganz ar. tig, liefs aber den Dichter unbelohnt. Seine Stanzen auf

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Richelieu:

Armand, l'âge affoiblit mes yeux,

Et toute ma chaleur me quitte;
Je verrai bientôt mes ayeux
Sur les rivages du Cocyte.
C'est où je serai des suivans

De ce bon monarque de France, **)

Qui fut le pere des Savans

Dans un siècle plein d'ignorance.
Dès que j'approcherai de lui,

Il voudra, que je lui raconte

*) Nämlich den Kläger. Denn prendre à partie heifst die Gegenparthei gerichtlich belangen. In diesem und den beiden vorigen Versen antwortet der Gerichtsdiener laut auf die Vorstellungen, die ihm leise gemacht werden. **) Franz I.

Tout ce que tu fais aujourd'hui
Pour combler l'Espagne de honte.
Je contenterai son désir
Par le beau récit de ta vie,
Et charmerai le déplaisir.
Qui lui fit maudire Pavie.
Mais s'il demande, à quel emploi
Tu m'as occupé dans le monde,
Et quel bien j'ai reçu de toi;

Que veux-tu que je lui réponde?

verdienten einen bessern Lohn als das kalte Nichts, welches der Kardinal erwiederte, als man ihm die letzten Verse vorgelesen hatte. Unter der Regentschaft der Anna von Oestreich erschien Maynard aufs Neue am Hofe, ohne glücklicher als vorher zu seyn. Voll Mifsvergnügen zog er sich aufs Land zurück, wo er bald nachher im Jahr 1646 mit dem Titel eines Staatsraths starb, den ihm der König kurz vorher ertheilt hatte. Sehr bekannt sind die Verse:

Las d'espérer et de me plaindre

Des Muses, des Grands et du Sort,
C'est ici que j'attends la mort,

Sans la désirer ni la craindre,

die er über die Thür seines Zimmers schreiben liefs. Il est bien commun, sagt Voltaire, de ne pas désirer la mort: il est bien rare de ne pas là craindre; et il eût été grand de ne pas seulement songer s'il y a des Grands au monde. Maynard er den erinnerte sich ihrer nur zu oft. Unversöhnlich erfolgte Kardinal Richelieu in seinen Gedichten mit Schmähungen, ihn, den er gewifs nicht zu preisen unterlassen haben würde, wenn er ihm etwas zu verdanken gehabt hätte. C'est trop ressembler, sagt der angeführte Schriftsteller, à ces mendians qui appellent les passans Monseigneur, et qui les maudissent, s'ils n'en reçoivent point d'aumones. Übrigens wird der Charakter unsers Dichters gerühmt. Er war ein zärtlicher Vater, ein treuer Freund und ein sehr unterhaltender Gesellschafter. Man zählt den vorzüglichihn in den leichtern Gattungen der Poesie sten französischen Dichtern. Wir haben von ihm EpigramLieder und Oden. Bey den erstern hat er sich selbst einige mechanische Vorschriften nach Art der Fesseln des Sonnets auferlegt. Eine Sammlung prosaischer Briefe (1646, 4to) und ein aus etwa 300 l'ersen bestehendes Gedicht Philandre sind jetzt vergessen. Malherbe, sein Zeitgenosse und Freund,

men,

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sagt

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sagt von ihm: Maynard tourne bien un vers, mais son style manque de la force; Racan a de la force, mais il ne travaille pas assez ses vers. De l'un et de l'autre on auroit pu faire un bon poëte.

1) CHANSON.

Ça qu'on me donne une bouteille
Pleine de ce vin qui réveille
Les esprits les plus languissans.
Le nectar lui céde la gloire;
Et les Dieux pour en venir boire
Se travestissent en passans.

Je demande sur toutes choses,
Garçon, que les portes soient closes
A qui voudra parler à moi,
Loin d'ici factions et brigues!
Si la Couronne a des intrigues,
Laissons-les au Conseil du Roi.

Mon ambitieuse espérance,"

D'un des premiers honneurs de France
Ne demande pas le brevet.

Ma barque aura le`vent en poupe,
Tant que le flacon et la coupe

Seront mes armes de chevet, *).

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Quand un Curieux me découvre
Les importans secrets du Louvre,
Je condamne son entretien.

De quelque façon qu'on gouverne,
Pourvû que j'aille à la taverne,
Il me semble que tout va bien!

Mon coeur est un coeur de fémelle;
Mais dès que le fils de Sémele

M'a suffisamment abreuvé,

Je crois qu'à mes faits héroïques,

Le plus hardi Preux des Chroniques
Doit céder le haut du pavé.

*) Arme de chevet oder épée de chevet heifst etwas, man immer zur Hand hat, dessen man sich immer bedient.

das

Mon orgueil bruit comme un tonnerre;
Il n'est point de Roi sur la terre
A qui je ne fasse un défi,
A la fierté de mon langage,
Il semble que j'ai mis en cage
Le Prêtre-Jean et le Sophi.

Devant les gens dont la censure
Veut qu'on boive avecque mesure
Je disparois comme un Lutin.
J'aime à trinquer la tasse pleine
Et voudrois pouvoir d'une haleine
Humer Octobre et Saint Martin.

Dès que la Mort impitoyable
Aura de sa main effroyable
Saisi ma vieillesse au colet,
Je veux qu'une vive peinture
Embellisse ma sépulture
De l'image d'un gobelet.

2) A UN AUTEUR OBSCUR

Ce que ta plume produit,
Est couvert de trop de voiles;
Ton discours est une nuit,
Veuve de Lune et d'étoiles.

Mon ami, chasse bien loin
Cette noire Rhétorique;
Tes ouvrages ont besoin
D'un Devin qui les explique.

Si ton esprit veut cacher

Les belles choses qu'il pense,

*) d. h. allen Wein, den uns der Weinmonat schenkt und der am Feste des heil. Martin (la fête des ivrognes) getrunken wird. Folgende von unserm Dichter verfertigte Grabschrift erläutert diese Stelle:

Cy git Jean qui baissoit les yeux
A la rencontre des gens sobres,
Et qui prioit souvent les Dieux
Que l'année eût plusieurs Octobres.

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