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wüsten Insel landet, hier aber einen Spanier Namens Cerrano findet, der, nach vielen sonderbaren Ereignissen in diese Einöde geworfen war. Der kühne Pilot nimmt diesen Abentheuer mit und gebraucht denselben, da er der dortigen Landessprache kundig ist, als Dollmetscher. Endlich kommt Columbus, nachdem er noch zuvor einen heftigen Sturm ausgestanden hat, an eine bebaute Insel.

FRAGMENT DE LA COLOMBIADE

A r g u me nt,

Les Espagnols abordent en une Isle habitée. Un Vieillard chef de cette nation s'avance vers Colomb. Leur entretien. L'Amiral est conduit dans la grotte du Vieillard. Zama sa fille y fait faire un repas rustique. Le Vieillard demande à Colomb-son origine, et qui l'a conduit dans ces climats. Le calme heureux des airs, passé dans les esprits, Relève le courage abattu par la crainte.

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L'Amiral, *) qui jamais u'en ressentit l'atteinte,
Remet à son Typhis **) les rênes de l'Argo, ***)
Ordonne qu'à sa droite il laisse Calisto, †)
Et qu'il vogue au couchant, en attendant l'aurore:
L'orient s'éclaircit, le soleil prêt d'éclore,
Sur son char matinal brille, rougit les flots,
Et d'un jour plus serein flatte les matelots.
L'air se remplit d'odeurs, telles que l'Arabie
En exhale aux confins et d'Afrique et d'Asie.
Pour combler les désirs du voyageur ravi,
Ce bien inattendu, d'un autre fut suivi;
L'astre du jour éclaire une côte étendue,
Dont la diversité charme et surprend la vue.
D'un côté, des rochers suspendus sur les eaux,
Sans le secours de l'art imitent ses travaux;
En monstres, en géants, taillés par la nature,
D'un mélange de voix ils forment le murmure: ††)

*) Colomb. **) Pilote de Jason, fils d'Éson, roi de Thessalie, à la conquête de la toison d'or. On lui compare Perez Mathéos, pilote du vaisseau que montoit Colomb. ***) Nom du navire des Argonautes. †) Fille de Lycaon, Nymphe de Diane. Jupiter, sous la figure de cette Déesse, la séduisit: Diane la chassa de sa cour. Calisto alla dans les bois accoucher d'Arcas. Junon, jalouse, la mêtamorphosa en ourse, ainsi que son fils; mais Jupiter les plaça dans le Ciel. Ces constellations sont nommées la grande et la petite Ourse. tt) Quand on se promene 'aux bords

Les peuples de ces bords

y

semblent rassemblés;

Le mouvement des mers par des coups redoublés,
En creusant les rochers, y rend ce bruit sauvage
Que sur l'aile des vents l'écho porte au rivage.

L'autre côté du port, ouvert aux voyageurs,
Est un amphithéatre et de fruits et de fleurs,
Bordé d'un sable d'or, où l'onde toujours pure,
Du plus beau coquillage étale la parurė;

Là, de nombreux pècheurs, pour remplir leurs canots,
Ne cherchent point en vain leur moisson dans les flots.

Fortunés habitans de ces rives fécondes,

Quel effroi notre flotte apporte sur vos ondes !
Vos filets surchargés échappent de vos mains,
Tandis que, pour gagner vos esprits incertains,
On vous montre les dons que Colomb vous destine.
La voile vers vos bords par son ordre s'incline;
La sonde consultée annonce un heureux port,
Et la proue au rivage, en voguant sans effort,
Dans un fleuve profond s'ouvre un accès facile.
Des arbrisseaux fleuris ombragent cet asyle;
Sur les côteaux voisins, mille brillants ruisseaux,
De rochers en rochers précipitent leurs eaux:
L'art peint dans nos jardins ces jeux de la nature.
Là, l'onde par cascade arrose la verdure;
Des torrents, dont le cours creuse divers vallons,
Fertilisent les champs, font germer les moissons.
Quoiqu'au même degré du ciel des Hespérides, *)
L'été de ces climats ne les rend point arides;
Et des lieux où la Fable feint tant de beautés,
Les Isles que je chante, ont les réalités.
L'automne, qui souvent les couvre de nuages,
N'en vit jamais la chûte inonder ces rivages;
Sans qu'aux regards le jour y perde sa splendeur,
Ce voile secourable en modère l'ardeur.
Dans le chaud du midi, des zéphirs tutélaires
Venoient dans leurs travaux consoler les Ibères; *)
Ils touchèrent au port, et l'espoir du repos
Leur fit au même instant abandonner les flots.

de la mer, le murmure des flots semble sortir des rochers qui bordent le rivage. *) Die Gärten der Hesperiden setzt die Fabel nach Afrika, **) Les Espagnols.

Sur le rocher voisin, une troupe apperçue
Détermine leur marche, et s'étonne à leur vue.
Le chef qui la conduit, suit un sentier profond;
Ses cheveux blancs épars, les rides de son front,
Sans art, sans vêtemens, sa taille avantageuse,
Annoncent mieux son rang qu'une marche pompeuse;
Sa candeur brille plus que l'or des Rois Persans.
Si les habits, les traits, les vaisseaux Castillans, **)
Par le nouvel aspect attirent le Sauvage,

Du peuple qui le suit, les gestes, le langage,
De nos Européens étonnent les esprits;
Et ees divers humains, également surpris,
Contemplent à l'envi leur figure inconnue,
Les Indiens, sans trouble, et d'une ame ingénue,
Expriment à Colomb, en lui montrant les cieux,
Qu'on le croit descendu de ce séjour des dieux.

L'Amiral vers leur Chef, en s'inclinant, s'avance,
Et pour l'entretenir emprunte l'assistance
D'un jeune Européen, qu'en ce monde nouveau,
Dans une isle déserte, il prit sur son vaisseau.
Quel bonheur imprévu! (Dieu le permit, sans doute)
L'interprete entendu du vieillard qui l'écoute,
De l'illustre Genois **) exprime ainsi les voeux:

O vous! qui paroissez régir ce peuple heureux, Si l'hospitalité dans vos champs est connue, Par votre air vertueux mon ame prévenue, D'un oeil rempli d'espoir voit ces lieux enchantés. Sur l'onde, où vers vos bords les vents nous ont portés,

Nul projet dangereux ne dirige ma course:

Le malheur m'y conduit, soyez-y ma ressource;
Et bientôt dans ma route, au delà de vos mers,
J'irai de vos bienfaits instruire l'univers.
Les yeux des Castillans fixés sur le Sauvage,
Au discours de leur Chef unissoient leur hommage.

A leur voix l'Indien donne une entière foi:" Son coeur, né sans détour, est aussi sans effroi. Il dit à ses amis: (c'étoit sa seule suite)

*) Espagnols. **) Colomb (Christophe) né à Gênes en 1442.

Pour charmer l'étranger qu'à nos repas j'invite,
Mélez dans nos liqueurs les parfums les plus doux.

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Vers la terre, à ces mots, il courbe les genoux,
Autant qu'il est permis dans le déclin de l'âge.
Joignant à pas tardifs Colomb qu'il envisage;
Etre divin, dit-il, que ces côteaux peuplés
Virent franchir les mers sur des monstres ailés,
La rive où tu descends, t'offrira sans mesure
Les douceurs et les biens qu'y verse la nature.
J'y regne, et mon desir est d'y combler tes voeux:
Suis-moi dans nos vallons; vois ce séjour heureux;
Là, les tiens, par mes soins, auront un sûr asyle.

Du vieillard l'Amiral suit la marche tranquille.
L'interprête l'escorte; en foule sur leurs pas
S'avancent Marcoussy, Morgant, Fiesqui, Porras, )
Et les plus fameux chefs que sur l'Ebre on vit naître.
A leurs yeux, dans ces bois, tout prend un nouvel être :
Les animaux, les fruits, les arbres pleins d'encens
N'ont rien dans leur aspect qui ressemble à nos champs:
Le soleil y répand une clarté plus vive;

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Mais si des champs de l'air la troupe fugitive,
De l'ambre et des rubis y porte les couleurs,
Leur ramage farouche a des sons moins flatteurs
Que le doux rossignol et la tendre fauvette, 2)

Sur ces bords l'oiseau-mouche 3) a choisi sa retraite : Jusques dans nos climats son plumage apporté, Par l'art de Réaumur *) conserve sa beauté. Aux lieux que je décris, un animal sauvage 5) Des humains a les traits, l'adresse et le courage. A grand bruit l'aloès chaque siècle y fleurit. 6)

1) Compagnons de Colomb, 2) Le gazouillement des oiseaux ne fait pas, aux Antilles, un des agrémens des bois; s'ils charment les yeux par leur plumage, ils flattent peu les oreilles. 3) Le Colibri, oiseau de l'Amérique, gros comme un hanneton, paré des plus riches couleurs. 4) Mr. de Réaumur né à la Rochelle en 1685, mort en 1757, célèbre naturaliste; son cabinet d'histoire naturelle fut connu de toute l'Europe. 5) Le Singe. Il y en a de quatre à cinq pieds de haut, avec de larges épaules; ils vont aux cannes de sucre, rangés en bataille et précédés d'avant-coureurs, pour découvrir les embuscades, 6) Plante de la figure d'un

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.

L'Inde, qui du coco ") tire un lait qui nourrit,
Des
d'un feuillage) enivre la paresse,
Le fruit du cotonnier y sert à la mollesse.

vapeurs

Le cacao) fournit le nectar des repas.

Le mangle, 10) l'acajou, ) le cédrat, 12) l'ananas,
Repandent leurs parfums dans l'air qu'on y respire;
Et, sous mille autres noms, Flore y charme Zéphire.

Les Espagnols ravis, en parcourant ces bois,
Du Nestor qui les guide interrogent la voix.
Au milieu de ces fruits, des oiseaux, de l'ombrage,
De tant d'objets nouveaux il leur apprend l'usage:
On l'écoute, on le suit; s'il avance à pas lents,
Ses discours, dans la route, en abrègent le temps.
Sous des pins, de soh antre on trouve enfin l'issue:
A l'insecte importún cette grotte inconnue
Laisse les yeux, sans trouble, y goûter le sommeil:
Par le sommet ouvert, les rayons du soleil,
Sur l'albâtre des murs répandent la lumière.
La main du temps creusa cette vaste carrière:
Sa défense est la paix, la candeur, l'équité,
Et son seul ornement une jeune beauté,
A qui l'heureux Vieillard avoit donné naissance.
Les graces qu'elle ignore accompagnent ses pas,
Et pour tout vêtement, en formant sa parure,
D'un plumage azuré couvrirent sa ceinture:
Mais elle a plus d'attraits que celle de Cypris. 13)
L'objet qu'elle embellit, n'en connoît point le prix:
Ses longs cheveux flottoient sur son sein prêt d'éclore,
Que ce climat brûlant n'obscurcit point encore
Et l'aspect imprévu de tant de Castillans,

artichaut. On dit que tous les cent ans sa tige à fleur sort à grand bruit. 7) Espèce de Palmier, haut de trente à quarante pieds. On s'en sert à couvrir les maisons et à faire des nattes. Du sommet sortent des feuilles de ro pieds, et une espèce de chou-fleur excellent, de la grosseur du bras, dont on distille un vin agréable qui enivre. L'écorce fendue produit une eau rafraîchissante. ) Le Tabac. 9) Fruit du Cacaoyer. 10) Le mangle porte des gousses, remplies d'une moelle blanche et amere, que les Indiens mangent comme une nourriture saine. II) Arbre de la hauteur du pommier. Des extrémités des branches sort un bouquet de fleurs panachées, qui produit un fruit où se trouve une amande bonne à manger. 12) Espèce de citronnier, dont le fruit est doux et odoriférant. 13) Venus."

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