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TOUTE TRANSACTION AVEC LE CRIME DEVIENT UN CRIME DE LA PART DU TRÔNE.- Bonaparte.

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Pr. 19.-APPELER UN CHAT UN CHAT.

RÉSULTATS ET PREUVES.

LES RUES DE PARIS.

Il y a dans Paris certaines rues déshonorées autant que peut l'être un homme coupable d'infamie; puis il y a des rues nobles, puis des rues simplement honnêtes, puis de jeunes rues sur la moralité desquelles le public ne s'est pas encore formé d'opinion; puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles, des rues estimables, des rues toujours propres, des rues toujours sales, des rues ouvrières, travailleuses, mercantiles. Enfin, les rues de Paris ont des qualités humaines, et nous impriment, par leur physionomie, certaines idées contre lesquelles nous sommes sans défense. Il y a des rues de mauvaise compagnie où vous ne voudriez pas demeurer, et des rues où vous placeriez volontiers votre séjour. Quelques rues, ainsi que la rue Montmartre, ont une belle tête et finissent en queue de poisson. La rue de la Paix est une large rue, une grande rue; mais elle ne réveille aucune des pensées gracieusement nobles qui surprennent une âme impressible au milieu de la rue Royale, et elle manque certainement de la majesté qui règne dans la place Vendôme. Si vous vou

lez vous promener dans les rues de l'Ile-Saint-Louis, ne demandez raison de la tristesse nerveuse qui s'empare de vous qu'à la solitude, à l'air morne des maisons et des grands hôtels déserts. Cette île, le cadavre des fermiers-généraux, est comme la Venise de Paris. La place de la Bourse est babillarde, active, prostituée; elle n'est belle que par un clair de lune, à deux heures du matin : le jour, c'est un abrégé de Paris; pendant la nuit, c'est comme une rêverie de la Grèce.

DE BALZAC.
Né à Tours, 1799.

L'histoire renferme l'expérience du monde et la raison des siècles; c'est un maître impartial dont nous ne pouvons réfuter les raisonnements, appuyés sur des faits; il nous montre le passé pour nous annoncer l'avenir: c'est le miroir de la vérité.-DE SÉGUR.

Quel bien plus grand que les lettres? Comment un homme peut-il l'emporter sur les autres, si ce n'est par la science?-VILLEMAIN.

Pr. 20.-EMPORTER LE CHAT. [S'EN ALLER SANS PAYER.]

LA VERTU PRISE DE TRAVERS PEUT CAUSER AUTANT DE MAL QUE LE VICE.-Mme. de Motteville.

Pr. 21.-FAIS TOUJOURS CE QUE TU DOIS, EN QUELQU'ÉTAT QUE TU SOIs.Anglais.

PAR-DESSUS TOUT, IL FAUT HONORER LA DIVINITÉ.-Mécène.

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L'AVOIR! monsieur le comte! Non! vous ne l'aurez pas. Par ce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !...Noblesse, fortune, un rang, des places; tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant

voir

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de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus du reste, homme assez ordinaire; tandis que moi, monsieur ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes; et vous voulez joûter.....(Il s'assied sur un banc.) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée! Fils de je ne sais qui; volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m'en dégoûte et veux courir une carrière honnête; et partout je suis repoussé! J'apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie; et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire! Las du métier d'attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou! Je broche une comédie dans les mœurs du sérail; auteur espagnol, je crois pouy fronder Mahomet sans scrupule à l'instant, un envoyé de...de je ne sais où, se plaint que j'offense, dans mes vers, la Sublime Porte, la Perse, une partie de la presqu'île de l'Inde, toute l'Egypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d'Alger, et de Maroc; et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l'omoplate, en nous disant: "Chiens de chrétiens!" Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant. Mes joues creusaient mon terme était échu: je voyais arriver de loin l'affreux recors, la plume fichée dans sa perruque: en frémissant je m'évertue. Il s'élève une question sur la nature des richesses; et comme il n'est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sou, j'écris sur la valeur de l'argent et sur son produit net; aussitôt je vois, du fond d'un fiacre, baisser le pont d'un château-fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté. (Il se

:

ON COMMANDE TOUT AUX SUJETS, EXCEPTÉ L'AMOUR.-Pline le jeune.

Pr. 22.-L'ABONDANCE DES BIENS DE LA TERRE NOUS REND NÉCESSITEUX DE CEUX DU CIEL.

UN VOYAGE EST UNE TRÈVE PARTICULIÈRE CONCLUE AVEC LES HOMMES.- De Forbin.

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Pr. 23.-PAYER EN CHATS ET EN RATS.

RÉSULTATS ET PREUVES.

lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil! Je lui dirais...que les sottises imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours; que sans la liberté de blâmer il n'est point d'éloge flatteur; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. (Il se rassied.) Las de

nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue; et comme il faut dîner, quoiqu'on ne soit plus en prison, je taille encore ma plume, et demande à chacun de quoi il est question: on me dit que pendant ma retraite économique, il s'est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s'étend même à celles de la presse; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j'annonce un écrit périodique; et, croyant n'aller sur les brisées d'aucun autre, je le nomme "Journal Inutile." Pou-ou! je vois s'élever contre moi mille pauvres diables à la feuille; on me supprime, et me voilà derechef sans emploi. Le désespoir m'allait saisir on pense à moi pour une place, mais par malheur j'y étais propre; il fallait un calculateur: ce fut un danseur qui l'obtint. Il ne me restait plus qu'à voler: je me fais banquier de pharaon. Alors, bonnes gens! je soupe en ville, et les personnes dites comme il faut m'ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J'aurais bien pu me remonter; je commençais même à comprendre que pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir. Mais, comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallut bien périr encore. Pour le coup je quittai le monde; et vingt brasses d'eau m'en allaient séparer, lorsqu'un Dieu bienfaisant m'appelle à mon premier état. Je reprends ma trousse et mon cuir anglais; puis, laissant la fumée aux sots qui s'en nourrissent, et la honte au milieu du chemin, comme trop lourde à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci...

O bizarre suite d'évènements!

Comment cela m'est-il

Pr. 24.- LA NUIT TOUS LES CHATS SONT GRIS.

LA LIBERTÉ, LA JUSTICE N'EXISTENT QU'EN S'UNISSANT L'UNE À L'AUTRE.-Villemain.

L'ESPRIT PERD TOUS SES CHARMES, QUAND IL SE TROUVE DE COMPAGNIE AVEC LA MÉCHANCETÉ. Sheridan.

Pr. 25.-VA TE PROMENER, TU AURAS DES CHAUSSES.

RÉSULTATS ET PREUVES.

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arrivé? Pourquoi ces choses et non pas d'autres? Qui les a fixées sur ma tête? Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a

permis: encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est plus à moi que le reste, ni même quel est ce moi dont je m'oc

cupe un assemblage informe de parties inconnues, puis un chétif être imbécille, un petit animal folâtre, un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre; maître ici, valet là, selon qu'il plaît à la fortune; ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux...avec délices; orateur selon le danger, poëte par délassement, musicien par occasion, amoureux par folles bouffées : j'ai tout vu, tout fait, tout usé. Puis l'illusion s'est détruite...

PIERRE-AUGUSTE CARON BEAUMARCHAIS.
Né à Paris, 1732. Mort en 1799.

La constance vient de la stabilité du caractère, comme l'inconstance de la légèreté.
LIVRY.

Ce n'est point à l'approbation de faux ni de vrais savants que les grands écrivains
de l'antiquité doivent leur gloire.—BOILEAU.

L'ACADÉMIE SILENCIEUSE.

Il y avait à Amadan une célèbre académie, dont le premier statut était conçu en ces termes: "Les académiciens penseront beaucoup, écriront peu, et ne parleront que le moins qu'il sera possible." On l'appelait "l'Académie silencieuse;" et il n'était point en Perse de vrai savant qui n'eût l'ambition d'y être admis. Le docteur Zeb, auteur d'un petit livre excellent, intitulé "Le Bâillon," apprit, au fond de sa province, qu'il vaquait une place dans l'académie silencieuse. Il part aussitôt, arrive à Amadan, et, se présentant à la porte de la salle où les académiciens sont assemblés, il prie l'huissier de remettre au président ce billet : Le docteur Zeb demande humblement la place vacante." L'huissier s'acquitta sur-le-champ de la commission; mais le docteur et son billet arrivaient trop tard: la place était déjà remplie.

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Pr. 26. CORDONNIER, BORNE-TOI À LA CHAUSSURE.

LE PRINCE DOIT COMPTE À L'ÉTAT DE L'USAGE QU'IL FAIT DES IMPÔTS.-Le Grand Frédéric.

Pr. 27.-POUR RÉFORMER CE QUI VA MAL IL FAUT COMMENCER PAR SA MAISON.

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LA GAUCHERIE TRAHIT QUELQUEFOIS LE SENTIMENT.-Baërt.

RÉSULTATS ET PREUVES.

L'académie fut désolée de ce contre-temps. Elle avait reçu, un peu malgré elle, un bel esprit de la cour, dont l'éloquence vive et légère faisait l'admiration de toutes les ruelles, et elle se voyait réduite à refuser le docteur Zeb, le fléau des bavards, une tête si bien faite, si bien meublée ! Le président, chargé d'annoncer au docteur cette nouvelle désagréable, ne pouvait presque s'y résoudre, et ne savait comment s'y prendre. Après avoir un peu rêvé, il fit remplir d'eau une grande coupe, mais si bien remplir, qu'une goutte de plus eût fait déborder la liqueur; puis il fit signe qu'on introduisit le candidat. Il parut avec cet air simple et modeste qui annonce presque toujours le vrai mérite. Le président se leva, et, sans proférer une parole, il lui montra d'un air affligé la coupe emblématique, cette coupe si exactement pleine. Le docteur comprit de reste qu'il n'y avait plus de place à l'Académie; mais, sans perdre courage, il songeait à faire comprendre qu'un académicien surnuméraire n'y dérangerait rien. Il voit à ses pieds une feuille de rose; il la ramasse, il la pose délicatement sur la surface de l'eau, et fait si bien qu'il n'en échappe pas une seule goutte. A cette réponse ingénieuse, tout le monde battit des mains; on laissa dormir les règles pour ce jourlà, et le docteur Zeb fut reçu par acclamation. On lui présenta sur-le-champ le registre de l'Académie, où les récipiendaires devaient s'inscrire eux-mêmes. Il s'y inscrivit donc; et il ne lui restait plus qu'à prononcer, selon l'usage, une phrase de remercîment; mais, en académicien vraiment silencieux, le docteur Zeb remercia sans dire mot. Il écrivit en marge le nombre cent, c'était celui de ses nouveaux confrères; puis, en mettant un zéro devant le chiffre, il écrivit au-dessous: "Ils n'en vaudront ni moins, ni plus (0100)." Le président répondit au modeste docteur avec autant de politesse que de présence d'esprit. Il mit le chiffre 1 devant le nombre cent, et écrivit : "Ils en vaudront dix fois davantage (1100)."

FRANÇOIS BLANCHET.

Né en 1707. Mort à Saint-Germain-en-Laye, 1784.

La première irruption des Gaulois en Italie arriva sous le règne de Tarquin l'Ancien, environ l'an du monde trois mille quatre cent seize.-VERTOT.

LE BIENFAIT DISPARAÎT AVEC LE BIENFAITEUR.-Stésichore.

Pr. 28.-APPELER UNE FIGUE UNE FIGUE ET UN BATEAU UN BATEAU.-Grec.

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