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LANDIFFÉRENCE EST POUR LES CŒURS CE QUE L'HIVER EST POUR LA TERRE.-Deshoulières.

Pr. 29.-QUI TROP SE HATE RESTE EN CHEMIN.

RÉSULTATS ET PREUVES.

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PORTRAIT DE FRÉDÉRIC-LE-GRAND.

ENVIRONNÉ de cette foule d'ennemis triomphants, considérez le lion du Nord qui s'éveille: ses regards ardents semblent dévorer la proie que lui marque la fortune: génie impatient de s'offrir à la renommée, vaste, pénétrant, exalté par le malheur et par ces pressentiments secrets qui dévouent impérieusement à la gloire certains êtres privilégiés qu'elle a choisis, je le vois se précipiter sur ce théâtre sanglant, avec une puissance mûrie par de longues combinaisons, et des talents agrandis par la réflexion et la prévoyance. Soldat et général, conquérant et politique, ministre et roi, ne connoissant d'autre faste qu'une milice nombreuse, seule magnificence d'un trône fondé par les armes. Je le vois, aussi rapide que mesuré dans ses mouvements, unir la force de la discipline à la force de l'exemple; communiquer à tout ce qui l'approche cette vigueur, cette flamme inconnue au reste des hommes; être partout, réparer tout, diriger luimême avec art tous les coups qu'il porte; attaquer ce trône chancelant sur lequel son ennemi paroît s'appuyer, en détacher brusquement les rameaux les plus féconds, et s'élevant bientôt au-dessus de l'art même par la fermeté de ce coup d'œil que rien ne trouble, montrer déjà le secret de ces ressources qui doivent étonner la victoire même et tromper la fortune, lorsqu'elle lui sera contraire.

N. THYREL DE BOISMONT.

Né vers 1715. Mort à Paris, 1786.

Le nombre des sages est assez grand qui, en observant le cours des astres, et l'art prodigieux qui règne dans la structure des animaux et des végétaux, reconnaissent une main puissante qui opère ces continuelles merveilles.-VOLTAIRE. En vivant continuellement ensemble, on se découvre mutuellement mille petits défauts dont on ne se doutait pas.-MME. RICCOBONI.

L'ivresse des Français est gaie, scintillante et téméraire; c'est pour eux un avantgoût de la bataille et de la victoire.-Le GÉNÉRAL FOY.

Il faut se garder d'enseigner aux enfants ces phrases d'une politesse affectée dont ils surchargent leurs demandes, comme les "je vous en prie," les "petite maman, en grâce."-MME. CAMPAN.

Pr. 30.-A CHEMIN BATTU IL NE CROÎT POINT D'HERBE,

LA MÉCHANCETÉ BOIT ELLE-MÊME LA PLUS GRANDE PARTIE DE SON POISON.-Sénèque.

DIEU EST L'AUTEUR DU MAL QUI PUNIT, MAIS NON DE CELUI QUI SOUILLE.-Saint-Thomas.

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Pr. 31.—TOUT CHEMIN MÈNE À ROME.

RÉSULTATS ET PREUVES.

EXORDE D'UN SERMON PRONONCÉ À SAINT-
SULPICE, EN 1751.

A LA Vue d'un auditoire si nouveau pour moi, il semble, mes frères, que je ne devrois ouvrir la bouche que pour vous demander grâce en faveur d'un pauvre missionnaire, dépourvu de tous les talents que vous exigez quand on vient vous parler de votre salut. J'éprouve cependant aujourd'hui un sentiment bien différent; et si je me sens humilié, gardez-vous de croire que je m'abaisse aux misérables inquiétudes de la vanité: comme si j'étois accoutumé à me prêcher moi-même! A Dieu ne plaise qu'un ministre du Seigneur pense jamais avoir besoin d'excuse auprès de vous ! Car, qui que vous soyez, vous n'êtes tous comme moi, au jugement de Dieu, que des pécheurs. C'est donc uniquement devant votre Dieu et le mien que je me sens pressé en ce moment de frapper ma poitrine. Jusqu'à présent j'ai publié les justices du Très-Haut dans les temples couverts de chaume. J'ai prêché les rigueurs de la pénitence à des infortunés dont la plupart manquoient de pain! J'ai annoncé aux bons habitants des campagnes les vérités les plus effrayantes de ma religion! Qu'ai-je fait, malheureux ! J'ai contristé les pauvres, les meilleurs amis de mon Dieu; j'ai porté l'épouvante et la douleur dans ces âmes simples et fidèles que j'aurois dû plaindre et consoler ! C'est ici, où mes regards ne tombent que sur des grands, sur des riches, sur des oppresseurs de l'humanité souffrante, ou sur des pécheurs audacieux et endurcis, ah! c'est ici seulement, au milieu de tant de scandale, qu'il fallait faire retentir la parole sainte dans toute la force de son tonnerre, et placer avec moi dans cette chaire, d'un côté, la mort qui vous menace, et de l'autre, mon grand Dieu qui doit vous juger. Je tiens déjà dans ce moment votre sentence à la main. Tremblez donc devant moi, hommes superbes et dédaigneux qui m'écoutez! L'abus ingrat de toutes les espèces de grâces, la nécessité du salut, la certitude de la mort, l'incertitude de cette heure si effroyable pour vous, l'impénitence finale, le jugement dernier, le petit nombre. des élus, l'enfer, et par dessus tout l'éternité! l'éternité!

Pr. 32. MENER PAR UN CHEMIN OÙ IL N'Y A POINT DE PIERRES.

ON N'A JAMAIS VU DE BIENFAIT PARVENIR À L'EXTRÊME VIEILLESSE.-Isocrate.

Pr. 33.- GENTILHOMME DE BEAUCE, QUI SE TIENT AU

LIT QUAND ON RACCOMMODE SES CHAUSSES

L'HOMME PARDONNE QUELQUEFOIS LA HAINE, JAMAIS LE MÉPRIS.-Ferrand.

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voilà les sujets dont je viens vous entretenir, et que j'aurais dû sans doute réserver pour vous seuls. Eh! qu'ai-je besoin de vos suffrages, qui me damneroient peut-être avec vous sans vous sauver? Dieu va vous émouvoir, tandis que son indigne ministre vous parlera ; car j'ai acquis une longue expérience de ses miséricordes. C'est lui-même, c'est lui seul, qui, dans quelques instants, va remuer le fond de vos consciences. Frappés aussitôt d'effroi, pénétrés d'horreur pour vos iniquités passées, vous viendrez vous jeter entre les bras de ma charité, en versant des larmes de componction et de repentance; et à force de remords vous me trouverez assez éloquent.

JACQUES BRIDAINE.

Né en 1701. Mort en 1767.

Chacun regarde son devoir comme un maître fâcheux dont il voudrait s'affranchir.
LA ROCHE.

Les devoirs du souverain envers le sujet sont encore plus étendus que ceux du sujet envers le souverain.-LE GRAND DAUPHIN.

BATAILLE DE ROCROI.

A LA nuit qu'il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine, le duc d'Enghien (le grand Condé) reposa le dernier, mais jamais il ne reposa plus paisiblement. A la veille d'un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel; et on sait que le lendemain, à l'heure marquée, il fallut réveiller d'un profond sommeil cet autre Alexandre. Le voyez-vous comme il vole, ou à la victoire, ou à la mort? Aussitôt qu'il eut porté de rang en rang l'ardeur dont il était animé, on le vit presqu'en même temps pousser l'aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu, mettre en fuite l'Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups.

Restait cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne, dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute, et lançaient des feux de toutes parts. Trois fois

LA JOIE EST SOUVENT MÈRE DE NOMBREUSES FOLIES.-Richardson.

Pr. 34.-CHARBON N'EST JAMAIS SI BIEN ÉTEINT QU'EN S'APPROCHANT DU FEU IL NE SE RALLUME.

LA FAUSSE JUSTICE EST UN MASQUE QU'ON NE PORTE PAS LONGTEMPS.-Guichardin.

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Pr. 35.-ALLER PAR QUATRE CHEMINS.

RÉSULTATS ET PREUVES.

le jeune vainqueur s'efforça de rompre ces intrépides combatants; trois fois il fut repoussé par le valeureux comte de Fontaines, qu'on voyait porté dans sa chaise, et, malgré ses infirmités, montrer qu'une âme guerrière est maîtresse du corps qu'elle anime; mais enfin il faut céder. C'est en vain qu'au travers des bois avec sa cavalerie toute fraîche, Beck précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés; le prince l'a prévenu, les bataillons enfoncés demandent quartier; mais la victoire va devenir plus terrible pour le duc d'Enghien que le combat.

Pendant qu'avec un air assuré il s'avance pour recevoir la parole de ces braves gens, ceux-ci toujours en garde craignent la surprise de quelque nouvelle attaque; leur effroyable décharge met les nôtres en furie; on ne voit plus que carnage; le sang enivre le soldat, jusqu'à ce que le grand prince, qui ne put voir égorger ces lions comme de timides brebis, calma les courages émus et joignit au plaisir de vaincre celui de pardonner. Quel fut alors l'étonnement de ces vieilles troupes et de leurs braves officiers, lorsqu'ils virent qu'il n'y avait plus de salut pour eux qu'entre les bras du vainqueur! de quels yeux regardèrentils le jeune prince, dont la victoire avait relevé la haute contenance, à qui la clémence ajoutait de nouvelles graces! Qu'il eût encore volontiers sauvé la vie au brave comte de Fontaines! Mais il se trouva par terre parmi ces milliers de morts dont l'Espagne sent encore la perte. Elle ne savait pas que le prince qui lui fit perdre tant de ses vieux régiments à la journée de Rocroi en devait achever les restes dans les plaines de Lens. Ainsi sa première victoire fut le gage de beaucoup d'autres. Le prince fléchit le genou, et dans le champ de bataille il rend au Dieu des armées la gloire qu'il lui envoyait. Là, on célébra Rocroi délivré, les menaces d'un redoutable ennemi tournées à sa honte, la régence affermie, la France en repos, et un règne qui devait être si beau, commencé par un si heureux présage.

J. BENIGNE BOSSUET.

Né à Dijon, 1627. Mort en 1704.

La douceur du ton et des manières ont un ascendant imperceptible auquel on ne résiste pas.-MME. DE PUISIEUX.

Pr. 36.-IL FAUT FAIRE UNE CROIX A LA CHEMINÉE.

LE MONDE EST MENTEUR; IL PROMET UN BONHEUR QU'IL NE PEUT DONNER.-Mme. de Pompadour.

NOTRE BONNE OU MAUVAISE FORTUNE DÉPEND DE NOTRE BONNE ON MAUVAISE CONDUITE.-De Caillères.

Pr. 37.-SE CHAUFFER À LA CHEMINÉE DU ROI RÉNÉ.

RÉSULTATS ET PREUVES.

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L'ÉRUDIT.

HERMAGORAS ne sait pas qui est roi de Hongrie : il s'étonne de n'entendre faire aucune mention du roi de Bohême: ne lui parlez pas des guerres de Flandre et de Hollande, dispensez-le du moins de vous répondre; il confond les temps, il ignore quand elles ont commencé, quand elles ont fini: combats, sièges, tout lui est nouveau. Mais il est instruit de la guerre des géants, il en raconte les progrès et les moindres détails, rien ne lui échappe. Il débrouille de même l'horrible chaos des deux empires, le Babylonien et l'Assyrien il connaît à fond les Egyptiens et leurs dynasties. Il n'a jamais vu Versailles; il ne le verra point: il a presque vu la tour de Babel; il en compte les degrés, il sait combien d'architectes ont présidé à cet ouvrage; il sait le nom des architectes. Dirai-je qu'il croit Henri IV. fils d'Henri III.? Il néglige du moins de rien connaître aux maisons de France, d'Autriche, de Bavière : Quelles minuties!" dit-il, pendant qu'il récite de mémoire toute une liste des rois des Mèdes ou de Babylone, et que les noms d'Apronas, d'Hérigebal, de Noesnemordach, de Mardokempad, lui sont aussi familiers qu'à nous ceux de Valois et de Bourbon. Il demande si l'Empereur a jamais été marié: mais personne ne lui apprendra que Ninus a eu deux femmes. On lui dit que le roi jouit d'une santé parfaite; et il se souvient que Thetmosis, un roi d'Egypte, était valétudinaire, et qu'il tenait cette complexion de son aïeul Alipharmutosis. Que ne sait-il point? Quelle chose lui est cachée de la vénérable antiquité? Il vous dira que Sémiramis, ou, selon quelques uns, Sérimaris, parlait comme son fils Ninyas, qu'on ne les distinguait pas à la parole; si c'était parce que la mère avait une voix mâle comme son fils, ou le fils une voix efféminée comme sa mère, il n'ose pas le décider. Il vous révèlera que Nembrod était gaucher, et Sésostris ambidextre; que c'est une erreur de s'imaginer qu'un Artaxerxe ait été appelé Longuemain, parce que les bras lui tombaient jusqu'aux genoux, et non à cause qu'il avait une main plus longue que l'autre : et il ajoute qu'il y a des

Pr. 38.-QUE TA CHEMISE NE SACHE TA GUISE.

LE TROP DE DÉVOTION MÈNE AU FANATISME; LE TROP DE PHILOSOPHIE MÈNE À L'IRRÉLIGION.-Stanislas, roi.

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