DE LA BRUYÈRE, SUIVIS DES CARACTÈRES DE THEOPHRASTE, TRADUITS DU GREC PAR LE MÊME; PRÉCÉDÉS D'UNE NOTICE SUR LA BRUYÈRE, CONSIDÉRÉ COMME ÉCRIVAIN ET COMME MORALISTE, AVERTISSEMENT. LA BRUYÈRE, regardé avec raison comme un de nos meilleurs écrivains en prose, est un de ceux aussi qui ont eu le plus souvent les honneurs de l'impression. Malheureusement les nombreuses éditions qui ont été faites de ses CARACTÈRES sont autant de témoins de la négligence ou du faux jugement de ceux qui s'en sont chargés. Chaque éditeur manque rarement d'ajouter de nouvelles fautes à celles de ses devanciers, dont il se montre toujours le trop fidèle copiste, en sorte que la dernière édition, qui devrait être la plus correcte, est celle au contraire qui contient le plus d'erreurs et le plus de négligences typographiques. Afin d'éviter de tomber dans le défaut que nous blâmons ici, nous nous sommes conformés en tout, pour cette réimpression des écrits de La Bruyère, à la huitième et dernière édition, publiée par lui-même, deux ans avant sa mort, en 1694. Notre fidélité, cependant, n'a pas été jusqu'à nous faire reproduire les fautes échappées à l'imprimeur, comme l'ont fait plusieurs éditeurs qui ont mis au chapitre De l'Esprit : << Il me semble qu'il y ait plus de ressemblance dans les poèmes de Racine, et qui tendent un peu plus à une même chose. » Il est évident que La Bruyère à écrit « et qu'ils tendent. » Ces édi– teurs en étaient convaincus eux-mêmes, puisqu'ils ont fait une note exprès pour relever la faute; il fallait mieux imprimer le texte comme il est certain que La Bruyère l'a donné, et supprimer une note inutile. La dernière édition de M. Lefèvre contient une faute du même genre: on y lit dans le chapitre De la Société et de la Conversation: « Un beau père aime son gendre, aime sa bru. » Il faut, n'aime pas son gendre. Le développement que l'auteur donne à cette pensée le prouve évidemment. Un respect si aveugle pour une édition originale devient une profanation de l'auteur. Ce passage du chapitre De la Cour: «< Le meilleur des biens, s'il y a des biens, c'est le repos, la retraite et un endroit qui soit son domaine, » a exercé la critique de deux littérateurs de mérite. Marmontel, dans sa Grammaire, et M. Vic |