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retranché l'épisode d'Eriphile. Calchas paroît au premier acte, à la place du confident Arcas; ce qui donne du mouvement et de l'intérêt à l'exposition. Le dénouement a été mis en action. Le Poëme a été distribué en trois actes, comme - étant la division la plus favorable, et le sujet a fourni, sans contrainte, des divertissemens à chaque acte. Presque toutes les scenes et tous les personnages sont en opposition, ce qui soutient P'intérêt et l'augmente en le variant; et, sans le secours des machines sans l'intervention des Dieux, on a fait un Spectacle brillant et majestueux.... M. le Chevalier Gluck, dans la composition de la musique d'Iphigénie en Aulide, a exactement observé les principes qu'il s'est fair sur la musique dramatique. Son ouverture est une exposition du genre et du caractere général de l'action. Elle en est l'exposition et l'exorde. Elle se lie même à la scene et en fait partie. (Tout le monde connoît cette ouverture et sait que c'est un vrai chef-d'œuvre, une sublime conception, dont rien n'a jamais approché dans ce genre.) La musique du rôle d'Agamemnon est d'un style simple, noble, imposant. Celui d'Achille est passionné, rapide, énergique. Calchas a une expression fiere et élevée. On gémit, on s'irrite, on s'indigne avec Clytemnestre. Iphigénie intéresse, émeut, attendrit. Les Chœurs forment des tableaux sensibles de la joie ou de la passion tumultueuse du peuple. L'Orchestre toujours attaché à la scene et à l'Acteur, soutient, anime, fortifie l'action, sans l'altérer, et concourt à un bel ensemble, par des sons toujours analogues, qui se grouppent avec le sujet principal. La plus grande partie de cet Opera est en récitatif, dont le savant Compositeur à varié les formes. Il a employé un récitatif, en quelque sorte, parlé pour les choses qui ne demandent qu'un simple récit; récitatif dans lequel des traits d'instrumens, à des distances éloignées, suffisent pour maintenir le ton de l'Acteur. Il a employé un récitatif, en quelque sorte, déclâmé et fortifié par de grands traits détachés d'harmonie lorsque les paroles renferment un sentiment. Enfin un récitatif, en quelque sorte, chanté et accompagné, pour exprimer la passion ou un grand

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intérêt; et ce dernier récitatif est ordinairement terminé par un air de passion ou de sentiment qui donne les derniers traits de la vie au tableau. Ces récitatifs sont, en général, à la maniere des Italiens; mais les chants tiennent beaucoup de l'ancien style françois de Lully; cependant avec beaucoup plus d'effets d'orchestre. Il y a des airs d'une modulation, simple et douce des duo de situation, des quatuor bien dialogués, des airs de danse très-agréables.... Les principaux rôles de cet Opera furent parfaitement rendus par les premiers talens. Mademoiselle Arnould charma dans celui d'Iphigénie par son jeu noble et intéressant, par la sûreté de son talent et par une expression toujours vraie et sensible. M. Larrivée, Acteur et Chanteur consommé, n'a jamais déployé tous ses moyens avec autant d'avantage, d'énergie et de succès que dans le rôle d'Agamemnon. On ap. plaudit beaucoup au jeu et au chant de M. Le Gros, qui rappela, dans toute sa force, le caractere bouillant, fier et emporté d'Achille. Маdemoiselle Duplant renditavec supériorité le rôle de Clytemnestre, par sa représentation, par son

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organe et par son action. On ne peut jouer et chanter celui de Calchas avec plus de dignité et de vérité qu'il le fut par M. Gélin.... &c. »

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IPHIGÉNIE,

TRAGÉDIE

DE RACINE;

Représentée, pour la premiere fois, devant le Roi, à Versailles, le 18 Août 1674, et à Paris, au Théatre de l'Hôtel de Bourgogne, le 31 Décembre suivant.

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