Les enfans sans raison disputent de la foi, Morte est l'autorité; chacun vit à sa guise. RONSARD. ÉPITAPHE DE RÉGNIER. J'ai vécu sans nul pensement, A la bonne loi naturelle ; PAR LUI-MÈME. ÉPIGRAMME. Un de ces médecins qui font tant de visites, Mes héritiers pensent comme vous dites. Benserade. À UN PÈRE SUR LA MORT DE SA FILLE. Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle; Que te met en l'esprit l'amitié paternelle, Le malheur de ta fille, au tombeau descendue. Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Je sais de quels appas son enfance était pleine, Injurieux ami, de soulager ta peine Mais, elle était du monde où les plus belles choses Et rose elle a vécu ce que vivent les roses : La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre, Et la garde, qui veille aux barrières du Louvre, MALHERBE. ! CLÉOPATRE S'ANIMANT A SON DERNIER FORFAIT. Enfin, grâces aux dieux, j'ai moins d'un ennemi ; Pour réunir bientôt ce que j'ai séparé. O toi, qui n'attends plus que la cérémonie Pour jeter à mes pieds ma rivale punie, Et par qui deux amans vont, d'un seul coup du sort, 340 Et ne vois plus en lui les restes de mon sang Dût le peuple en fureur, pour ses maîtres nouveaux, De mon sang odieux arroser leurs tombeaux; Je perds moins à mourir qu'à vivre leur sujette. CORNEILLE. LE PHILANTROPE. Mon Dieu! des mœurs du temps mettons-nous moins en peine, Et faisons un peu grâce à la nature humaine ; Mais, quoique à chaque pas je puisse voir paraître, MOLIÈRE, le Misanthrope. LE CHENE ET LE ROSEAU. La Fontaine mettait au rang de ses meilleures fables celle du chêne et du roseau. Avant que de la lire, essayons nous-mêmes quelles seraient les idées que la nature nous présenterait sur ce sujet. Prenons les devans, pour voir si l'auteur suivra la même route que nous. Dès qu'on nous annonce le chêne et le roseau, nous sommes frappés par le contraste du grand avec le petit, du fort avec le faible. Voilà une première idée qui nous est donnée par le seul titre du sujet. Nous serions choqués si, dans le récit du poète, elle se trouvait renversée de manière qu'on accordât la force et la grandeur au roseau, et la petitesse avec la faiblesse au chêne, nous ne manquerions pas de réclamer les droits de la nature, et de dire qu'elle n'est pas rendue, qu'elle n'est pas imitée. L'auteur est donc lié par le seul titre. Si on suppose que ces deux plantes se parlent, la supposition une fois accordée, on sent que le chêne doit parler avec hauteur et confiance, le roseau avec modestie et simplicité; c'est encore la nature qui le demande. Cependant, comme il arrive presque toujours que ceux qui prennent le ton haut sont des sots, et que les gens modestes ont raison, on ne serait point surpris ni fàché de voir l'orgueil du chêne abattu, et la modestie du roseau préservée. Mais cette idée est enveloppée dans les circonstances d'un événement qu'on ne conçoit pas encore. Hâtons-nous de voir comment l'auteur le développera. Le Chêne un jour dit au Roseau : Vous avez bien sujet d'accuser la nature. Le discours est direct. Le chêne ne dit point au roseau qu'il avait bien sujet d'accuser la nature; mais vous avez... cette manière est beaucoup plus vive; on croit entendre les acteurs mêmes : le discours est ce qu'on appelle dramatique. Ce second vers d'ailleurs contient la proposition du sujet, et marque quel sera le ton de tout le discours. Le chêne montre déjà du sentiment et de la compassion, mais de cette compassion orgueilleuse par laquelle on fait sentir au malheureux les avantages qu'on a sur lui. Un roitelet pour vous est un pesant fardeau. Cette idée que le chêne donne de la faiblesse du roseau est bien vive et bien humi |