comblez étant comme autant de voix qui me l'ont appris. Mais alors, sucer le lait, goûter avec joie ce qui flattait mes sens, pleurer lorsque j'éprouvais quelque douleur corporelle, c'était là tout ce que je savais faire. Je commençai bientôt à rire, d'abord en dormant, ensuite éveillé. C'est du moins ce qui m'a été dit, et je l'ai cru, parce que j'ai remarqué la même chose dans d'autres enfans: du reste il n'en est également demeuré aucune trace dans ma mémoire. Peu à peu je commençai à distinguer le lieu où j'étais, et à essayer de manifester mes volontés à ceux qui pouvaient les satisfaire; mais j'étais dans l'impuissance d'y parvenir, parce que ces volontés étaient au dedans de moi et eux au dehors, et qu'aucun de leurs sens ne leur fournissait les moyens de pénétrer jusque dans l'intérieur de mon ame. Je poussais donc des cris, je faisais des mouvemens qui étaient comme des signes de mes volontés, signes imparfaits et insuffisans, mais tels que j'étais capable de les faire; et lorsqu'on ne m'obéissait pas, ou lorsqu'on ne m'avait pas entendu, ou de peur que ce que je demandais pût me nuire, j'entrais en colère de ce que de grandes personnes, des personnes libres ne se faisaient point mes esclaves, et je me vengeais d'elles par mes larmes. Tels sont tous les enfans que j'ai pu voir, et qui, sans rien savoir de toutes ces choses, m'en ont plus appris sur ma première enfance que ceux-là même qui ont été mes premiers instituteurs. Voilà que tout cela est passé depuis long-temps: mon enfance n'est plus; elle est morte pour ainsi dire, bien que je vive encore; mais vous, Seigneur, vous vivez toujours, et en vous rien ne meurt, parce que vous êtes avant les siècles et avant tout ce qu'on peut imaginer qui les ait devancés; et vous êtes le Dieu et le maître de toutes les créatures que vous avez ti rées du néant. En vous toutes les choses passagères ont une cause qui ne passe point; les plus mobiles, une origine à jamais immuable; celles qui sont privées de raison et purement temporelles, une raison qui vit éternellement. 1 Dieu de miséricorde, daignez le révéler à votre serviteur qui élève vers vous sa prière; éclairez mon ignorance, et ditesmoi si mon enfance n'a point succédé à quelque autre âge de ma vie déjà passé quand elle a eu son commencement? Le temps où ma mère m'a porté dans son sein est-il ce premier âge? car il m'en a été dit quelque chose, et j'ai vu moi-même des femmes dans ce même état où ma mère était alors. Mais avant ce temps-là étaisje quelque part, étais-je quelque chose? O mon Dieu! ô délices de ma vie! je n'ai personne qui puisse me l'apprendre, ni mon père, ni ma mère, ni ma propre mémoire, ni l'expérience des autres. Mais peut-être vous moquez-vous de ce que je m'informe de semblables choses, vous qui m'ordonnez de vous louer et de vous rendre gràce seulement de ce qui m'est connu. Je vous loue donc et vous rends grâce, souverain maître du ciel et de la terre, de ces merveilles de ma première enfance, dont il ne me reste aucun souvenir; car vous avez accordé à l'homme de s'en faire quelque idée par ce qu'il voit dans les autres, d'apprendre sur ce qui le touche particulièrement beaucoup de choses, des nourrices et des simples femmes dont alors il était entouré, et d'ajouter foi à ce qu'on lui en dit. Enfin, dès ce temps-là, j'étais, je vivais; et vers la fin de cette première enfance je cherchais déjà des signes qui pussent exprimer mes pensées. D'où peut avoir reçu l'ètre une telle créature, si ce n'est de vous? Quelqu'un peut-il avoir été le créateur et l'ouvrier de lui-même? Est-il une autre source d'où découlent en nous l'être et la vie, si cen'est de vous, Seigneur, qui nous faites ce que es Se e nous sommes, et en qui ÊTRE et VIVRE | surtout pour une époque où l'artillerie ne sont une même chose, parce que vous êtes par essence, et au souverain degré, l'ÊTRE et la VIE, sans changement ni altération? Ce jour présent qui s'écoule ne passe point pour vous: et toutefois c'est en vous qu'il passe; car les jours, comme tout le reste, sont en vous, et ne pourraient s'écouler s'ils n'étaient en vous: tandis que vos années, qui n'ont point de fin, sont comme un jour toujours présent. Cependant combien de jours se sont écoulés pour nous et pour nos pères à travers ce jour qui ne finit point, ce jour qui assigne à chacun des nôtres son rang et le peu qu'il doit avoir d'existence et de durée? Et beaucoup d'autres s'écouleront encore de même, aussi incertains et aussi peu durables. Mais vous, Seigneur, vous demeurez toujours également immuable; et il est vrai de dire que ce que vous avez fait hier et dans les siècles passés, vous le faites AUJOURD'HUI; et ce que vous ferez dans les siècles à venir, c'est encore AUJOURD'HUI que vous le faites. S'il en est qui ne comprennent point ces choses, qu'y puis-je faire? Toutefois qu'ils en fassent leur joie, même en ne les comprenant pas encore une fois, qu'ils en fassent leur joie; qu'ils aiment mieux vous trouver sans vous avoir compris, que vous perdre en comprenant autre chose qui ne serait pas vous. SAINT AUGUSTIN. BATAILLE DE CRECI. Cette bataille, livrée le 26 août 1346, et l'une des plus célèbres du moyen âge, prouve que la valeur des soldats français sut toujours la même, et que leurs défaites n'ont jamais pu être imputées qu'à de mauvais généraux. Jamais position militaire n'a mieux été indiquée par la nature que celle de Créci, jouait point de rôle dans les batailles. Créci, à trois lieues nord d'Abbeville, était un gros bourg que les comtes de Ponthieu aimaient beaucoup; il se trouvait au fond d'une vallée entre deux éminences; celle de gauche offrait l'aspect d'une simple colline unie; mais celle de droite était formée de trois terrasses placées l'une sur l'autre en escalier. La première terrasse avait deux cents pieds de large, huit d'épaisseur, en s'amincissant fortement par le centre; le second escalier, moins épais, était plus large; enfin le troisième, beaucoup plus étendu dans toutes les proportions que les deux premiers, s'unissait à la plaine par son centre; mais les rebords étaient encore fort sensibles sur les côtés : ces trois terrasses couvertes d'herbes se fondaient de loin à la vue, de sorte qu'on aurait cru pouvoir monter par une pente insensible au sommet du plateau dont une tour isolée occupait le milieu, elle servait de belvédère aux comtes de Ponthieu. De ce point on distinguait une grande étendue de pays, ét l'œil plongeait dans tous les replis de la vallée de Frogelle, qui serpentait autour de la position et conduisait par la droite dans la plaine de Wadicourt; cette valée, qui prend le nom des Clayres, en approchant de Créci, servait admirablement les Anglais, en ce qu'elle rendait un de leurs côtés inattaquable de front; mais elle pouvait leur devenir fatale en ce qu'elle montrait la route qu'il fallait tenir pour tourner la position; car on arrivait au plateau par derrière sans aucune difficulté. Afin d'obvier à cet inconvénient, les Anglais placèrent au fond de cette vallée, et dans le but d'opposer un obstacle à la cavalerie, tous les chariots qu'ils purent réunir, ainsi que des quartiers de pierre et des arbres brisés. La petite rivière de Mage, qui coule dans la vallée où se trouve Créci, compliquait les moyens de rons, de chevaliers et de petits nobles; les uns et les autres furent massés sur les trois escaliers. défense; en face du plateau un rideau de | l'armée; le reste se composait de hauts bacollines bornait la vue à deux mille toises: l'aspect des lieux n'a point changé, les trois terrasses existent encore, et les traditions attestent qu'elles ne sont point de nouvelle création. La tour est debout, tout y porte le cachet de la vétusté; on l'appelle la tour d'Édouard, parce que ce prince y monta pour voir arriver les Français, et qu'il suspendit aux créneaux le grand étendard del'Angleterre. Ces préparatifs se firent de grand matin, et le maréchal d'Angleterre, ayant battu la campagne au lever du soleil avec une forte garde, fouilla les bois de Marcheville, y trouva quatre chevaliers français, les fit prisonniers et les amena à Créci; ces chevaliers, partis du camp dans la nuit, avaient été envoyés par Philippe de Valois pour examiner de près la posi cacher à Édouard que leur prince était arrivé à Abbeville avec son armée, et qu'il devait attaquer les Anglaişle 26 de bonne heure. Après avoir recueilli ces renseignemens, Édouard fit sonner les trompettes et prit ses dernières dispositions. Il confia le commandement de la première division, ou plutôt de la troisième, qui allait être la plus rapprochée de l'ennemi, à son fils aîné, le prince de Galles, âgé de quinze ans, qu'il investit lui-même du commandement suprême pour ce jour-là. Il le fit re vêtir d'une armure noire faite en fer bruni, dont le jeune Édouard (le prince noir) garda le surnom depuis cette époque: ces sortes de cuirasses, fort riches, quoique brunes, se fabriquaient à Bordeaux; quant au roi, il ne mit ni cuirasse ni casque; il portait un chapeau et un pourpoint en velours vert, tressé en or. Il tenait un bâton blanc à la main. Geoffroi d'Harcourt fut dési Le monarque fit occuper la ville par une forte division, et embarrassa le che-❘ min qui conduit à Créci par une quantité ❘tion des Anglais; ces chevaliers ne purent d'arbres coupés; il mit également beau- | coup de monde sur la colline de gauche, et fit travailler toute la nuit ses soldats à palissader cette position, la plus accessible de toutes. Bien long-temps après, au commencement du dix-septième siècle, lorsque les Espagnols attaquèrent Créci, on trouva des vestiges de ces palissades. Édouard rangea le gros de son armée sur les terrasses; il avait amené d'Angleterre 40,000 hommes; mais les pertes que Jacques de Bourbon lui avait fait éprouver, et les fatigues des longues marches, avaient réduit cette armée à 30 ou 52,000 combattans. Il est certain qu'à cette époque l'usage de l'infanterie était devenu plus général que celui de la cavalerie; la noblesse, appauvrie par des expéditions lointaines, se vit obligée de combattre à pied; aussi les armées avaient-elles subi à cet égard de grands changemens depuis la bataille de Bouvines; celle d'Édouard avait peu de cavalerie; d'ailleurs, dans la position de Créci, cet arme lui aurait été de peu d'utilité. Le roi mit sur les hauts côtés des terrasses les archers, la troupe la plus redoutable de l'Europe, composée de vieux soldats gallois, irlandais et gascons, qui avaient fait souvent la guerre sous les yeux d'Édouard en Écosse, et autres lieux. Ces archers formaient près de la moitié de gné pour servir de lieutenant au prince de Galles, avec le comte de Warwick, Jean Chandos et Holland; la seconde division chargée de soutenir la troisième eut pour chef le comte d'Arundel (Jean de Beauchamp), un des seigneurs les plus considérables et les plus expérimentés de l'Angleterre; il avait avec lui Mortimer, Miles Stapleton et Jean Grey, lord Vilboughby. Édouard prit pour lui le commande ment de la dernière qui devait servir de nombre de paysans que la frayeur avait réserve. Les deux premières terrasses chassés des campagnes, et beaucoup de étaient occupées en entier par les archers gens attirés par l'espoir de partager le riche qui avaient leur arc renfermé dans un étui butin que l'on croyait faire sur les Ande bois très-léger. La disposition de l'arglais, chargés eux-mêmes des dépouilles mée anglaise annonçait qu'Édouard avait de la Normandie; ces gens-là pouvaient l'intention de rester tranquille dans son bien contribuer à piller un ennemi vaincamp sans chercher à engager la bataille; cu, mais nullement aider à le vaincre. aussi défendit-il, sous peine de la vie, A la tête de cette multitude on voyait de de quitter les rangs. Il commanda à ses hauts barons aveuglés par le désir de se soldats de ne faire quartier à aucun chevenger des dévastations faites dans leurs valier'; ordre barbare, et qui violait tous domaines. On y voyait aussi des princes les usages reçus de la guerre. Les Anglais étrangers, notamment Jean de Luxems'assirent à terre sur la place même qu'ils bourg, devenu roi de Bohême en épouoccupaient dans l'ordre de bataille, firent sant Élisabeth, héritière de cette couun copieux repas, et attendirent l'ennemi ronne. Ce prince, le plus actif et le plus avec beaucoup de confiance. Édouard ambitieux de la chrétienté, était un comparcourait les rangs: maître de lui-même, posé bizarre de vices et de vertus: une il savait dissimuler l'inquiétude qui l'agifluxion lui fit perdre unœil en 1329 dans tait intérieurement; sa figure rayonnante l'expédition' que les chevaliers Teutorespirait la confiance; l'enthousiasme éclaniques, ses alliés, entreprirent contre tait sur son passage : << Point de cris, Gedimin, grand duc de Lithuanie. A la point de tumulte >> disait-il. Il recomfin de cette guerre il vint en France et manda surtout à ses officiers de ne pas s'attacha à Philippe de Valois, dont le fils laisser ouvrir les lignes partiellement, et aîné épousa sa fille. La France lui fit biende ne point sortir des terrasses, quelles que tôt oublier la Bohême et le Luxembourg. fussent les provocations de l'ennemi. Il épousa en secondes noces Béatrix, fille Après avoir excité ainsi l'ardeur de ses de Louis Ier duc de Bourbon, et sœur de soldats, il alla se placer sur le sommet de Jacques de la Marche. Philippe de Valois la montagne; de là il pouvait tout décou- le nomma gouverneur du Languedoc, la vrir, présider à l'action par sa présence, ❘ province la plus importante du royaume. et animer d'un même sentiment l'armée rangée à ses pieds. Philippe moins heureux, moins habile, n'était pas aussi bien obéi, et n'exerçait pas un empire absolu sur les troupes qu'il menait avec lui. Son armée, forte de 70,000 hommes, se composait de troupes nationales et étrangères; celles-ci venaient de Gênes sous les ordres de Grimaldi et de Jean Doria, qui conduisaient quinze mille de leurs compatriotes armés d'arbalètes. Le gros de la puissance de Philippe se composait de soldats irréguliers levés à lahâte, dont la majeure partie n'avait point fait la guerre, On y remarquait un grand Jean de Luxembourg alla s'y établir, et fixa sa résidence à Montpellier, dont l'air pur lui convenait. Une fluxion semblable à celle dont il avait été si maltraité onze ans auparavant lui survint dans cette ville en 1340; il se mit entre les mains d'un médecin juif, qui, loin de le guérir, lui fit perdre l'autre œil; cependant l'âge et la cécité ne le dégoûtèrent pas des combats. Il ne voyageait jamais en litière; mais toujours à cheval et avec une telle vitesse que sa suite avait beaucoup de peine à le suivre. Jean de Luxembourg, apprenant que la guerre venait d'éclater entre Édouard et Philippe de Valois, vola au secours de celui-ci; en vain ses enfans et ses courtisans voulurent-ils l'empêcher de faire ce long voyage. « Laissez-moi, leur dit-il; vous dites que je suis aveugle; eh bien! je saurai trouver encore tout seul le chemin de la France, et je veux malgré vous aller joindre Philippe, mon ami, et combattre à ses côtés. » Au nombre des princes étrangers, on voyait encore don Jaime, roi de Majorque, dépouillé de ses états par don Pèdre, roi d'Aragon, il s'était réfugié auprès de Philippe de Valois, en venant implorer son appui; Louis, comte de Flandre, prince malheureux, chassé plusieurs fois de ses états par ses sujets révoltés; Raoul de Lorraine, qui avait acquis beaucoup de gloire en Espagne en combattant contre les Maures; Louis de la Cerda, compétiteur au trône de Castille; Aymon, comte de Savoie, qui avait amené six mille hommes, dont la France lui payait la solde. L'autorité de Philippe n'était pas assez forte pour faire plier à sa volonté des princes à peu près ses égaux, tous fiers, jaloux les uns des autres, et animés de la présomption chevaleresque. Parmi les princes français et hauts barons, on distinguait Charles-le-Magnanime, duc d'Alençon, frère du roi, et fils de Charles de Valois, qui lui avait légué toute la violence de son caractère; Louis de Châtillon, comte de Blois, frère du duc de Bretagne; le comte de Sancerre, père du maréchal de ce nom; le comte d'Auxerre, Pierre de Bourbon; Jean de Croï, Jean de Conflans, Charles de Roussy, Guillaume de Malet, Arthus de Poncereuil, Hardouin de Maillé, Gilles de Soycourt; ainsi, du côté des Français, s'il y avait assez de bras pour combattre, il y avait trop de têtes pour diriger; Jacques de Bourbon était bien capable de donner à ces masses une impulsion salutaire; mais tant d'autres avant lui prétendaient à l'honneur de commander! il se vit réduit à ne pouvoir payer que de sa personne, et c'est ce qu'il fit. L'armée française étant arrivée tard dans les bivouacs ne put en partir le lendemain qu'au milieu de la journée. Nous avons dit que les Génois, au nombre de 15,000, étaient campés à une lieue en arrière d'Abbeville; ce fut eux précisément que l'on plaça à l'avant-garde, de sorte qu'il fallut leur faire doubler le pas, et leur faire traverser les autres corps campés à la Chapelle, à Milfort et à la Bouraque; tous les récits s'accordent sur ce point, que l'armée se partagea en trois grandes divisions ou trois batailles, et qu'elles marchèrent long-temps déployées en ligne, en suivant la direction d'Hesdin; et comme la grande chaussée qui conduit à cette ville n'existait pas alors, le terrain était beaucoup plus uni; le premier corps marchait sous les ordres du comte de Savoie, de Doria et de Grimaldi; le second avait à sa tête le duc d'Alençon; le roi commandait en personne le troisième, ayant avec lui Jean de Luxembourg, les autres princes étrangers, Pierre de Bourbon, et Jacques de la Marche, son frère. A deux lieues d'Abbeville, l'armée dut être obligée de changer son ordre de marche, car le terrain plonge dans un lieu nommé Cauchil, village qui existe encore; la plaine est coupée par une vallée fortement encaissée, dont le passage dut nécessiter des précautions. Enfin, parvenu à Marcheville, autre village, le roi se vit arrêté par un rideau de collines qui lui bornait la vue; il fit halte dans ce lieu, que plusieurs titres de propriété appellent encore la pièce du repos; il voulait attendre le retour des quatre chevaliers qu'il avait envoyés à la découverte, et qui tombèrent entre les mains de l'ennemi. Ne les voyant point revenir, et voulant s'assurer si les Anglais n'avaient point quitté Créci depuis le matin, il dépêcha quatre autres chevaliers pour s'en informer; ce furent |