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A leur réveil, (ó réveil plein d'horreur!)
Pendant que le pauvre à ta table

Goûtera de ta paix la douceur ineffable;
Ils boiront dans la coupe affreuse, inépuisable,,
Que tu présenteras au jour de ta fureur
A toute la race coupable.

TOUT LE CHEUR..

O réveil plein d'horreur!
O fonge peu durable!
O dangereuse erreur !!

Fin du second Acte.

ACTE ΙΙΙ.

SCENE PREMIERE.

J

MATHAN, NABAL, LE CHOUR.

MATHAN.

EUNES Filles, allez. Qu'on dise à Josabet

Que Mathan veut ici lui parler en secret.

UNE DES FILLES DU CHEUR.

Mathan! O Dieu du Ciel, puisse-tu le confondre!

NABAL.

Hé quoi, tout se disperse & fuit sans vous répondre?

MATHAN.

Approchons.

SCENE II.

ZACHARIE, MATHAN, NABAL.

ZACHARIE.

TÉMÉRAIRE, où voulez-vous paffer?

Au-delà de ce lieu gardez-vous d'avancer.
C'est des Ministres faints la demeure sacrée.
Les loix à tout profane en défendent l'entrée.

Qui cherchez-vous? Mon père, en ce jour folemnel, De l'idolâtre impur fuit l'aspect criminel.

Et devant le Seigneur maintenant prosternée,

Ma mère en ce devoir craint d'être détournée.

MATHAN.

Mon fils, nous attendrons, cessez de vous troubler.
C'est votre illuftre mère à qui je veux parler.
Je viens ici chargé d'un ordre de la Reine.

SCENE ΙΙΙ.

MATHAN, NABAL.

LEURS

NABA L.

EURS enfans ont déja leur audace hautaine..

Mais que veut Athalie en cette occafion ?
D'où naît dans ses conseils cette confufion?
Par l'infolent Joad ce matin offensée,
Et d'un enfant fatal en songe menacée,
Elle alloit immoler Joad à fon courroux,
Et dans ce Temple enfin placer Baal & vous.
Vous m'en aviez déja confié votre joie,
Et j'espérois ma part d'une fi riche proie.
Qui fait changer ainsi ses vœux irrésolus ?

MATHAN.

Ami, depuis deux jours je ne la connois plus.
Ce n'est plus cette Reine éclairée, intrépide,
Élevée au-dessus de fon fexe timide,

Qui d'abord accabloit ses ennemis surpris,

Et d'un instant perdu connoissoit tout le prix.

La peur d'un vain remords trouble cette grande ame;
Elle flotte, elle hésite, en un mot, elle eft femme....

J'avois tantôt rempli d'amertume & de fiel
Son cœur déja saisi des menaces du Ciel.

Elle-même, à mes foins confiant sa vengeance,
M'avoit dit d'assembler fa garde en diligence.
Mais, foit que cet enfant, devant elle amené
De fes parens, dit-on, rebut infortuné,

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Eût d'un fonge effrayant diminué l'allarme
Soit qu'elle eût même en lui vu je ne fais quel charme
J'ai trouvé fon courroux chancelant, incertain,

Et déja remettant sa vengeance à demain.

Tous fes projets sembloient l'un l'autre se détruire.
Du fort de cet enfant je me suis fait instruire,
Ai-je dit. On commence à vanter ses ayeux.
Joad de temps en temps le montre aux factieux,
Le fait attendre aux Juifs comme un autre Moïfe,
Et d'oracles menteurs s'appuie & s'autorife.
Ces mots ont fait monter la rougeur fur fon front.
Jamais mensonge heureux n'eut un effet si prompt.
Est-ce à moi de languir dans cette incertitude?
Sortons, a-t-elle dit, sortons d'inquiétude.
Vous-même à Jofabet prononcez cet arrêt.
Les feux vont s'allumer, & le fer est tout prêt..
Rien ne peut de leur Temple empêcher le ravage,
Si je n'ai de leur foi cet enfant pour ôtage..

NABAL.

Hé bien, pour un enfant qu'ils ne connoissent pas, Que le hafard peut-être a jetté dans leurs bras, Voudront-ils que leur Temple enseveli sous l'herbe....

MATHAN.

Ah, de tous les Mortels connois le plus fuperbe !
Plutôt que dans mes mains par Joad foit livré
Un enfant qu'à fon Dieu Joad a confacré,
Tu lui verras fubir la mort la plus terrible.
D'ailleurs pour cet enfant leur attache est visible.
Si j'ai bien de la Reine entendu le récit,
Joad sur sa naissance en fait plus qu'il ne dit.
Quel qu'il foit, je prévois qu'il leur sera funeste.
Ils le refuseront. Je prends sur moi le reste.
Et j'espère qu'enfin de ce Temple odieux
Et la flamme & le fer vont délivrer mes yeux.

NABAL.

Qui peut vous inspirer une haine fi forte ?
Est-ce que de Baal le zèle vous transporte?
Pour moi, vous le savez, descendu d'Ismaël,
Je ne sers ni Baal, ni le Dieu d'Ifraël.

MATHAN.

Ami, peux-tu penfer que d'un zèle frivole
Je me laisse aveugler pour une vaine Idole,
Pour un fragile bois que, malgré mon fecours,
Les vers sur son Autel consument tous les jours
Né Ministre du Dieu qu'en ce Temple on adore,
Peut-être que Mathan le serviroit encore,

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