LE CHEUR chante au fon de toute la symphonie des instrumens. Que du Seigneur la voix se fasse entendre, Soit ce qu'à l'herbe tendre Est au Printems la fraîcheur du matin. JOAD. Cieux, écoutez ma voix. Terre, prête l'oreille. Ici recommence la symphonie, & Joad auffi-tôt Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? Où menez-vous *** ces enfans & ces femmes ? * Joas. ** Zacharie. *** Captivité de Babylone, Quelle main en un jour t'a ravi tous tes charmes? Qui changera mes yeux en deux sources de larmes, Pour pleurer ton malheur? AZARIAS. O faint Temple! JOSABET. O David! LE CHEUR. Dieu de Sion, rappelle, Rappelle en sa faveur tes antiques bontés. La symphonie recommence encore, & Joad un moment après l'interrompt. JOAD. Quelle Jérusalem nouvelle Sort du fond du désert brillante de clartés, Ces Enfans ** qu'en son sein elle n'a point portés ! * L'Eglife. ** Les Gentils. Les peuples à l'envi marchent à ta lumière. Sentira fon ame embrasée! Cieux, répandez votre rofée, Et que la terre enfante son Sauveur. JOSAВЕТ. Hélas, d'où nous viendra cette infigne faveur, JOAD. Préparez, Jofabet, le riche diadême Que fur fon front sacré David porta lui-même. (Aux Lévites.) Et vous, pour vous armer, suivez-moi dans ces lieux Qui du fang Philistin jadis furent trempées, Peut-on les employer pour un plus noble usage? SCENE VIII. SALOMITH, LE CHŒUR. SALOMITH. UE de crainte, mes fœurs, que de troubles mortelsl Qu'on devoit en ce jour offrir fur tes Autels? UNE DES FILLES DU CHEUR. Quel spectacle à nos yeux timides? Qui l'eût cru qu'on dût voir jamais Les glaives meurtriers, les lances homicides, Briller dans la maison de paix ? UNE AUTRE. D'où vient que pour fon Dieu, pleine d'indifférence, Jérusalem se tait en ce pressant danger? D'où vient, mes fœurs, que, pour nous protéger, Le brave Abner, au moins, ne rompt pas le filence? SALOMITH. Hélas, dans une Cour où l'on n'a d'autres loix Où les honneurs & les emplois Sont le prix d'une aveugle & basse obéissance, Ma fœur, pour la triste innocence, Qui voudroit élever sa voix? UNE AUTRE. Dans ce péril, dans ce désordre extrême, Pour qui prépare-t-on le sacré diadême ? SALOMITH. Le Seigneur a daigné parler. S'arme-t-il pour nous accabler? TOUT LE CHEUR chante. O promesse! O menace! O ténébreux mystère! UNE VOIX seule. Sion ne fera plus. Une flamme cruelle UNE AUTRE VOIX. Dieu protège Sion. Elle a pour fondemens LA PREMIÈRE. Je vois tout son éclat disparoître à mes yeux. LA SECONDE. Je vois de toutes parts sa clarté répandue, LA PREMIÈRE. Dans un gouffre profond Sion est descendue. |