Biblioteca Ej. Consulta en Sala Excluido de préstamo (201) AVANT-PROPOS. Cet ouvrage a été couronné par l'Académie des Sciences morales et politiques, dans sa séance publique du 26 mai 1860. En mettant au concours, il y a trois ans, la Philosophie de Leibniz, l'illustre Compagnie appelait l'attention sur une des doctrines les plus puissantes à coup sûr qu'ait conçues l'esprit humain, mais qui, depuis Wolf, dédaignée par l'Allemagne avec une superbe ingratitude; plus citée que connue, même en France, malgré des travaux du premier ordre, et, dans le reste de l'Europe, en quelque sorte oubliée, attendait encore une complète exposition et une critique définitive. Cependant les documents surabondaient, à l'aide desquels il était possible de pénétrer dans ses dernières profondeurs, de juger avec une parfaite con a naissance de cause, cette grande philosophie. Car si les penseurs avaient trop négligé, comme désormais hors d'usage, les théories de Leibniz, les érudits, au contraire, s'étaient complu à mettre en lumière jusqu'aux moindres autographes de ce génie inépuisable, qui intéresse même en se répétant. De là, des publications presque sans nombre, qu'il était nécessaire de toutes consulter, mais parmi lesquelles on devait néanmoins choisir. Tout Leibniz, à vrai dire, se trouve dans l'édition de ses œuvres, donnée, pour la première fois, par un Français, Louis Dutens, vers le milieu du dix-huitième siècle. Malgré des investigations plus ou moins heureuses, aucune idée essentielle n'est venue depuis modifier celles que suggère la lecture des six in-quarto, dont se compose cette collection volumineuse. C'est un immense répertoire qui, excepté les Nouveaux Essais sur l'entendement humain, comprend bien que parfois confusément, tous les écrits fondamentaux du savant universel de Hanovre. Théologie et Controverse, Logique et Métaphysique, Physique, Chimie, Médecine, Botanique, Géologie, Histoire naturelle, Beaux-Arts et Industrie, Mathématiques, Histoire de la philosophie, Histoire des religions et Philo sophie de l'histoire, Histoire et Antiquités, Jurisprudence et Politique, Philologie et Étymologie, Lettres et Opuscules, le consciencieux éditeur n'a voulu rien omettre. Mais, à défaut de vues nouvelles, d'autres que Dutens ont, du moins, apporté des éclaircissements considérables. A ce titre, le Recueil de Raspe, celui de Feder, celui même de Des Maizeaux, que Dutens a utilisé, offrent évidemment de l'intérêt. D'un autre côté, lorsqu'on s'applique, d'une manière spéciale, à étudier dans Leibniz le philosophe, on ne peut pas ne pas avoir recours à la très-précieuse, quoique très-incorrecte édition de M. Erdmann. En effet, M. Erdmann s'est exclusivement proposé de publier les œuvres philosophiques de Leibniz. Pour atteindre ce but, nonseulement il a judicieusement emprunté aux publications antérieures tout ce qui convenait à son dessein; déterminant d'ordinaire, avec l'origine et la date des pièces qu'il produisait, l'ordre même qui leur appartient. Mais il faut, en outre, reconnaître qu'il a notablement enrichi la philosophie Leibnizienne par les recherches qu'il a faites en 1836 dans la bibliothèque de Hanovre, où il affirme qu'hormis des manuscrits mathématiques qu'il abandonnait aux mathématiciens, il n'a négligé que des ébauches informes, des doubles, ou même des triplicata ‘. Toutefois, l'histoire de la pensée de Leibniz serait demeurée souvent obscure, si elle n'avait été comme éclairée par l'histoire de sa vie. Et déjà, sur ce point important, Ludovici et Jaucourt avaient fourni d'amples informations. L'habile éditeur des Euvres Allemandes de Leibniz, M. Guhrauer a su contenter la curiosité la plus exigeante. Son attachante Biographie de Leibniz nous initie aux moindres incidents de l'existence, et surtout de l'existence intellectuelle du philosophe. Il n'y a pas jusqu'aux Notes (Anmer 1. Quippe cum autumno anni MDCCCXXXVI. Hanoveram me contu<< lissem, mox mihi aperta sunt illa scrinia quorum me desiderium allexerat.... Præter illa quæ edidit Raspius, duodecim ibi asservantur << fasciculi qui autographa Leibnitii continent philosophici argumenti, « quorum multa nondum edita sunt. Plurima quidem non nisi frag« menta sunt, operum sola exordia, nec, cum sæpe unam eamdemque ⚫ commentationem ter quaterve inchoaverit, repetitiones desunt, ita ut « editorem eligere oporteat quæ gravissima et maxime perfecta, res‹« care quæ minus confecta videantur aut nihil contineant quam quod in editis jam melius dictum est. Itaque ex illis schedis viginti tres « elegi editioni meæ inserendas.... << Sunt Hanoveræ tam multa autographa mathematica nondum edita, ut non possim quin sperem fore ut mathematicum editorem <reperiant, cui hoc etiam edendum relinquatur. » Erdmann, Leibnitii Opera philosophica omnia, Præfatio, p. VIII et XIV. |