13. quez qu'auparavant le Poëte a dit que Stroph. COLIN étoit honéte. P. 4. Le Galant qui fut honête. Et à préfent il met un 81, comme s'il y avoit lieu d'en douter. Cette figure que les Latins appellent dubitatio, & les Grecs &meia, eft d'une très-grande force, pour convaincre, pour perfuader. Par elle, on fait que celui à qui on s'adreffe devient lui-même fon propre juge, il faut qu'il prononce fur l'état où il eft, & qu'il le prouve en faifant ce qu'on lui demande Et s'il fe trouve dans l'état dont on fait femblant de douter, le SI, prend alors la force de puifque,& la propofition devient un vrai enthymême. Ainfi cette propofition, Amant, fi vous eft' bonete retirez-vous, eft comme fi l'on difoit, Amant, puisque vous eft bonête retirez-vous. C'eft ainfi que dans la Traduction des Epîtres d'OVIDE, MEDE'E dit à JASON. Mais ce fut dans ce lieu que tu te fis connoître, Et Et par un peu de haine ou par un peu d'amour Vous pouvez ou m'ôter, ou me rendre le jour. Si vous pouvez me perdre avec tant de puiffance, Vous pouvez me fauver avec plus de clemance Et toujours plus de gloire, après un tel malheur, Suit l'excès de bonté que l'excès de rigueur. C'est à peu près dans le même ufage que M. RACINE a employé le fecond si des vers fuivans. ANDROMAQUE parle d'HECTOR. Chere Epoufe, dit-il, en effuyant mes larmes, LXX. Eft' bonéte,] Avec une élifion, & non pas êtes honéte. Le Poëte a pris cette licence avec d'autant plus de raison que les perfonnes qui parlent le mieux n'ont aucun égard à l's dans la prononciation d'êtes, lors que c'est une voyelle qui fuit. Vous eft un brave hom& non vous êtes un brave homme. Vous eft affez heureux, & non vous êtes affez heureux. me, Auffi VOITURE, qui peut-être a vû vû ce CHEF-D'OEUVRE, n'a pas fait difficulté de prendre cette même licence. Il dit dans une Elegie: Car vous ne croiriez pas tant vous êt' inhumaine, Qu'il ait beaucoup d'amour s'il n'a beaucoup de peine. Je fai bien qu'il y a des perfonnes, & j'en connois même, qui n'eftiment pas aflez VOITURE, pour croire que l'exemple que j'en raporte foit d'une grande autorité. Mais fans m'amufer à refuter des gens que la voix publique condamne, & condamnera toujours, je les renvoye feulement à la 3. Satire de BoiLEAU. Là un Campagnard qui veut faire le Docteur, dit La Pucelle eft encor une Oeuvre bien galante, Je ne veux que ce trait de Satire pour les rappeller à eux. Peut-être que par là ils apprendront du moins à fe taire. LXXI. Retirez-vous] Retirez eft le véritable terme. LXXII. Marchez tout doux, parlez tout tout bas &c.] Le Poëte fait ici répéter à CATIN quatre Vers qu'il lui a déja fait dire ailleurs, & cette fourmilliere de Poëtereaux dont l'Envie eft la Minerve, ne manqueront pas d'attaquer par-là ce CHEF-D'OEUVRE.Mais c'eft trop peu de chofe pour que je daigne leur répondre, je les renvoye aux Remarques de l'Illuftre Madame DACIER fur le 8. Livre de l'Iliade d'HOMERE. Là ils ap. prendront qu'il eft ordinaire à ce divin Poëte de répéter quelquefois jusques à dix & douze Vers. C'est pourquoi EUSTATHE remarque, comme l'observe très à propos Madame DACIER, „ qu'HOMERE fait voir par là, que lors qu'on a trouvé ,, ce qui eft fort bien, il ne faut pas ,, chercher autre chofe, ni éviter ces ré,, pétitions. Nous avons aujourd'hui fur cela (continue cette admirable In,,terpréte des anciens Grecs) nous avons ,, une délicateffe qui me paroît plûtôt une maladie qu'une marque de bon ,, goût. Le bon goût reçoit avec plai,, fir deux & trois fois la même image & dans les mêmes termes. M.DE LA MOTTE a donc eu grand tort dans fon Iliade de fupprimer les répétitions qui font dans HOMERE; il a fans doute vû ce CHEF d'OEUVRE, & cela feul devoit fufire pour le faire rentrer en lui-même, & donner chez lui du poids aux Raifons de MADAME DACIER. Car enfin il ne s'agit pas de s'entêter de fon opinion. M. DE LA MOTTE aura beau dire dans fes Reflexions fur la Critique. Rien ne décele ,, plus l'Esprit des Partifans outrez de ,, l'Antiquité, que l'envie de juftifier, jufqu'aux répétitions de l'Iliade" aura beau ajouter ,, ce feroit une folie a", près cela, d'efperer la moindre com,pofition avec eux"; tout cela dans le fond n'est qu'une déclamation inutile & quand ce Chef des conjurés Modernes viendra fe plaindre qu'HOMERE, par ,, exemple, décrit la maniére dont PA,, RIS s'arme pour combattre MENE,, LAS, & qu'il employe ailleurs la mê,, me description pour un autre Héros; ,, que le même facrifice revient plus ,, d'une fois; que la même peinture fert 39 à plufieurs Batailles; que dans le ,, combat des Dieux, un des Combat,, tans dit à fon adverfaire les mêmes fan», faronnades que quelque Grec a dites à ,, un Troyen; qu'il n'y a que deux ou trois formules pour la mort de plus de deux cens hommes". On n'a qu'à " répon |