teté jufques où nous la voyons pouffée dans leurs dernieres demarches, ce feroit commettre la plus grande injuftice du monde que de dire qu'ils n'ont pas fû parfaitement diftinguer l'honête de ce qui ne l'étoit pas. Ainfi je ne puis que m'écrier en finiffant ce difcours: Quel Voyez des Cau Dacier. eft donc mon étonnement? car je vois le Livre tout d'un coup un prodige, je vois deux amans, qui, dans la fleur de leur âge & corrupt. fes de la contre la gradation marquée par la Na- du gout ture a toutes les perfections des hommes, par Mle. joignent aux avantages du corps les perfections de l'efprit & du cœur ; qui nous font voir une forte de tendreffe, dont on n'avoit jamais vû de modelle, qui n'avoit jamais été imitée de perfonne & que perfonne n'a pu imiter depuis; une tendreffe qui pour l'excès, pour la bonne foi & la confiance réciproque des deux Amans, pour la prudence, la moderation, la fageffe, pour l'artificieux mélange de la paffion & de la retenuë, pour la nobleffe des fentimens & les regles de la conduite, doit être à jamais regardée, comme la tendreffe la plus parfaite, qui ait jamais été parmi les hommes. Comment C o L IN & CATos ont-ils donc été exemts de la loi générale, qui n'a peut-être fouffert que Cette cette exception? C'eft ce que je ne faurois dire. REMARQUES GENERALES SUR CE CHEF D'OEUVRE. POUR OUR faire des remarques générales fur le mérite de cet Ouvrage, je ne puis rien faire de mieux que de l'examiner fur les préceptes qu'HORA CE nous donne dans fon Epître aux PI SONS. Cette Epître communément nommée l'Art Poëtique (à caufe des préceptes qu'elle contient non-feulement pour compofer, mais encore pour juger des plus beaux Ouvrages) eft la regle la plus fûre que nous devions choifir pour exami ner ce CHE F-D'OE U VRE. Voyons donc ce que dit aux PISONS le Prince de leurs Poëtes Lyriques. I. Il veut d'abord qu'un Ouvrage ne foit point comme une Femme qui feroit belle de la ceinture en haut, mais dont le refle fe termineroit en un vilain poiffon. Ut Ut turpiter atrum Definat in pifcem mulier formofa fuperne. C'est à-dire qu'il veut que la fin d'un Ouvrage, foit fait pour le commencement, que tout foit uniforme, & naturellement lié. Air Poëtique. Qu'il faut que chaque chofe y foit mife en fon lieu Boileau Qu'on life ce CHEF D'OEU V R E Ils fe fé Sit quodvis fimplex duntaxat & unum. I I. HORACE veut que les Perfonages qu'on produit ne démentent point leurs caracteres. Servetur ad imum Qualis ab incæpto procefferit & fibi conftet. ,, Si, dit-il, vous repréfentez A CHIL ,, L'E, qu'il foit vif, colere, inexorable, ,, cruel, qu'il ne reconnoifle aucune loi, ,, qu'il prétende tout par la force des ,, armes. Que MEDE'E foit feroce, intraitable INO pitoyable; IxION perfide: Io vagabonde, & qu'ORES"TE foit trifte. دو .. Honoratum fi forte reponis ACHILLEM: Impiger, iracundus, inexorabilis, acer : Fura neget fibi nata,nihil non arroget armis. Sit MEDEA ferox, invictaque ; flebilis INO; Perfidus IXION; Io vaga triftis ORestes. Et BOILEAU dans le 3. Chant de l'Art poëtique, Qu'AGAMEMNON foit fier, fuperbe, intereffé; Que pour les Dieux EN E'E ait un respect auftere: Confervez à chacun fon propre caractere. Or Or qu'on examine bien celui de COLIN & de CATOS, & Pon verra combien il eft naturel & bien fuivi, Dans l'excès de leurs feux, dans leur vive peinture L'efprit avec plaifir reconnoit la Nature. Ils font toujours tendres, amoureux, polis, honêtes. دو III. وو Il faut qu'un Poëte commence fon Ouvrage par un début fimple, & qui n'ait rien d'affecté. Ne commencez ,, pas, dit HORACE, comme a fait ,, autrefois un mauvais Poëte, Je chanterai la fortune de PRIAM & cette » guerre illuftre Que nous donne cet , homme qui puiffe dignement remplir des promeffes qui lui font ouvrir la bouche fi large? Des montagnes vont enfanter, mais il n'en naîtra qu'un rat ridicule. Nec fic incipies, ut Scriptor cyclicus olim Fortunam PRIAMI cantabo & nobile bellum. Quid dignum tanto feret hic promissor hiatu? Parturient montes, nascetur ridiculus mus. Il loue la conduite d'H O M ER E qui commence ainfi l'Odyffée. „Mufe, faites |