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Et c'est ce que dit Isaïe: Signa legem in electis meis, et que JÉSUS-CHRIST sera pierre de scandale. Mais, << Bienheureux ceux qui ne seront point scandalisés >> en lui! >> Osée 1, ult., le dit parfaitement : « Où >> est le sage? et il entendra ce que je dis. Les justes >> l'entendront. Car les voies de Dieu sont droites; >> les justes y marcheront, mais les méchants y tré>> bucheront. >>>

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...

De sorte que ceux qui ont rejeté et crucifié Jésus-Christ, qui leur a été en scandale, sont ceux qui portent les livres qui témoignent de lui et qui disent qu'il sera rejeté et en scandale; de sorte qu'ils ont marqué que c'était lui en le refusant, et qu'il a été également prouvé, et par les justes Juifs qui l'ont reçu, et par les injustes qui l'ont rejeté, l'un et l'autre ayant été prédits.

ΧΙ.

Le temps du premier avénement est prédit; le temps du second ne l'est point, parce que le premier devait être caché; le second doit être éclatant et tellement manifeste que ses ennemis mêmes le devaient reconnaître. Mais, comme il ne devait venir qu'obscurément, et que pour être connu seulement de ceux qui sonderaient les Écritures...

Que pouvaient faire les Juifs, ses ennemis ? S'ils le reçoivent, ils le prouvent par leur réception, car les dépositaires de l'attente du Messie le reçoivent; et s'ils le renoncent, ils le prouvent par leur renonciation.

1 « Osée, ult. » C'est-à-dire au dernier chapitre, xiv, 10.
• Le second avénement du Christ sera le jugement dernier.

XII.

Fac secundum exemplar quod tibi ostensum est in monte. La religion des Juifs a donc été formée sur la ressemblance de la vérité du Messie; et la vérité du Messie a été reconnue par la religion des Juifs, qui en était la figure.

Dans les Juifs, la vérité n'était que figurée. Dans le ciel, elle est découverte. Dans l'Eglise, elle est couverte, et reconnue par le rapport à la figure. La figure a été faite sur la vérité, et la vérité a été reconnue sur la figure.

XIII.

Qui jugera de la religion des Juifs par les grossiers, la connaîtra mal. Elle est visible dans les saints livres, et dans la tradition des prophètes, qui ont assez fait entendre qu'ils n'entendaient pas la loi à la lettre. Ainsi notre religion est divine dans l'Évangile, les apôtres et la tradition; mais elle est ridicule dans ceux qui la traitent mal.

Le Messie, selon les Juifs charnels, doit être un grand prince temporel. Jésus-Christ, selon les Chrétiens charnels, est venu nous dispenser d'aimer Dieu, et nous donner des sacrements qui opèrent tout sans nous. Ni l'un ni l'autre n'est la religion chrétienne, ni juive. Les vrais Juifs et les vrais Chrétiens ont toujours attendu un Messie qui les ferait aimer Dieu, et, par cet amour, triompher de leurs ennemis.

Deux sortes d'hommes en chaque religion.-Parmi

1 Exode, xxv, 40.

les païens, des adorateurs des bêtes, et les autres, adorateurs d'un seul Dieu dans la religion naturelle. Parmi les Juifs, les charnels, et les spirituels qui étaient les Chrétiens de la loi ancienne. Parmi les Chrétiens, les grossiers, qui sont les Juifs de la loi nouvelle. Les Juifs charnels attendaient un Messie charnel, et les Chrétiens grossiers croient que le Messie les a dispensés d'aimer Dieu. Les vrais Juifs et les vrais Chrétiens adorent un Messie qui les fait aimer Dieu.

Les Juifs charnels et les Païens ont des misères, et les Chrétiens aussi. Il n'y a point de Rédempteur pour les Païens, car ils n'en espèrent pas seulement. Il n'y a point de Rédempteur pour les Juifs, ils l'espèrent en vain. Il n'y a de Rédempteur que pour les Chrétiens.

XIV.

Le voile qui est sur ces livres de l'Écriture pour les Juifs y est aussi pour les mauvais Chrétiens, et pour tous ceux qui ne se haïssent pas eux-mêmes. Mais qu'on est bien disposé à les entendre et à connaître JÉSUS-CHRIST, quand on se hait véritablement soi-même !

XV.

Les Juifs charnels tiennent le milieu entre les Chrétiens et les Païens. Les Païens ne connaissent point Dieu, et n'aiment que la terre. Les Juifs connaissent le vrai Dieu, et n'aiment que la terre. Les Chrétiens connaissent le vrai Dieu, et n'aiment point la terre. Les Juifs et les Païens aiment les mêmes biens. Les Juifs et les Chrétiens connaissent le même Dieu. Les Juifs étaient de deux sortes : les uns n'a

vaient que les affections païennes, les autres avaient les affections chrétiennes.

...

XVI.

C'est visiblement un peuple fait exprès pour servir de témoin au Messie : Is., XLIII, 9; XLIV, 8. Il porte les livres, et les aime, et ne les entend point. Et tout cela est prédit : que les jugements de Dieu leur sont confiés, mais comme un livre scellé.

Tandis que les prophètes ont été pour maintenir la loi, le peuple a été négligent. Mais depuis qu'il n'y a plus eu de prophètes, le zèle a succédé. Le diable a troublé le zèle des Juifs avant Jésus-Christ, parce qu'il leur eût été salutaire, mais non pas après.

XVII.

La création du monde commençant à s'éloigner, Dieu a pourvu d'un historien unique contemporain, et a commis tout un peuple pour la garde de ce livre, afin que cette histoire fût la plus authentique du monde, et que tous les hommes pussent apprendre une chose si nécessaire à savoir, et qu'on ne pût la savoir que par là.

XVIII.

Principe: Moïse était habile homme; si donc il se gouvernait par son esprit, il ne disait rien nettement qui fût directement contre l'esprit. Ainsi toutes les faiblesses très-apparentes sont des forces. Exemple, les deux généalogies de saint Matthieu et de saint Luc: qu'y a-t-il de plus clair, que cela n'a pas été fait de concert?

Preuve de Moïse. -- Pourquoi Moïse va-t-il faire

la vie des hommes si longue, et si peu de générations? car ce n'est pas la longueur des années, mais la multitude des générations qui rendent les choses obscures.

Car la vérité ne s'altère que par le changement des hommes. Et cependant il met deux choses, les plus mémorables qui se soient jamais imaginées, savoir la création et le déluge, si proches, qu'on y touche. Sem, qui a vu Lamech, qui a vu Adam, a vu aussi Jacob 1, qui a vu ceux qui ont vu Moïse. Donc le déluge et la création sont vrais. Cela conclut, entre de certaines gens qui l'entendent bien.

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La longueur de la vie des patriarches, au lieu de faire que les histoires des choses passées se perdissent, servait, au contraire, à les conserver. Car ce qui fait que l'on n'est pas quelquefois assez instruit dans l'histoire de ses ancêtres, est que l'on n'a jamais guère vécu avec eux. et qu'ils sont morts souvent devant que l'on eût atteint l'âge de raison. Mais, lorsque les hommes vivaient si longtemps, les enfants vivaient longtemps avec leurs pères, ils les entretenaient longtemps. Or, de quoi les eussent-ils entretenus, sinon de l'histoire de leurs ancêtres, puisque toute l'histoire était réduite à celle-là, et qu'ils n'avaient point d'études, ni de sciences, ni d'arts, qui occupent une grande partie des discours de la vie? Aussi l'on voit qu'en ce temps-là les peuples avaient un soin particulier de conserver leurs généalogies.

1 « A vu aussi Jacob. » C'est une erreur que Port-Royal corrige en écrivant: a vu au moins Abraham, et Abraham a vu Jacob.

(Havet.)

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