dant vingt-cinq ans avec l'horrible intensité qu'ils ont acquise depuis Mahmoud. Je n'en dirai pas davantage: la sainteté des mœurs de mon pays m'oblige de jeter un voile épais sur ces misères de l'humanité. Mais j'en conclus ce que je dois à la vérité historique, c'est que de tels symptômes annoncent l'heure de la fin. voici. Les troupes turques, exclusivement | gnée du cortége hideux que je viens de composées de musulmans, ne sont qu'une | décrire. Il n'y auroit bientôt plus de Turcs réunion forcée de borgnes, de bossus, de dans la Turquie d'Europe, si ces vices hoiteux, d'éclopés. Depuis la suppression | continuoient d'y régner seulement pendes janissaires qui, du moins, vivoient de la vie de famille et ne manquoient pas, malgré leur fanatisme religieux, de vertus domestiques, les troupes régulières qu'on leur a substituées n'ont pas même vécu de la vie de caserne, mais plutôt, sauf les mœurs, de la vie de couvent. Ceux de ces innombrables célibataires que la discipline du Nazam empêche d'assouvir, aux dépens des femmes chrétiennes, des pas-ions plus impérieuses en Orient qu'en aucun autre pays, tombent bientôt dans des excès sans nom qui les dégradent et les déciment tout à la fois. Il m'est impossible d'exposer ici. même avec une grande réserve, les conséquences sociales de cette démoralisation profonde et incurable, particulière à la race turque. Je ne l'aurois pas supposée possible, si je n'en avois trouvé partout, à chaque pas, la trace lamentable, cette fatale trace qui signifie qu'un tel peuple s'en va. Que vous diraije aussi d'un autre signe funeste de la décadence musulmane, de ce crime effroyable qui attente à l'humanité dès avant le berceau, et qui s'exerce en Turquie, comme profession, avec une habiteté infernale? Vous frémiriez, messieurs, si je hasardois devant vous la statistique de ces homicides qui disputent chaque année des milliers de créatures au Créa teur! Vous ne voudriez pas croire que ces horreurs soient commandées comme des expédiens réguliers par d'affreux malthu siens qui n'ont pas lu Malthus, mais qui l'ont d viné! » Ainsi la race turque s'appauvrit à vue d'œil sous l'influence du principe, religieux chez elle, de la polygamie... Quoi qu'il use de la polygamie beaucoup plus sobrement qu'on ne pense e: Europe, le musulman lui paie un tribut bien amer, rien qu'en la conservant comme principe. Il s'abaisse en abaissant la femme; il se ruine en voulant la ruiner. La polygamie ne marche plus, en Orient, qu'accompa D'un autre côté, la race chrétienne s'élève radieuse du sein de la persécution religieuse et politique, et pénètre le voyageur attentif d'une douce espérance. Je n'ai pas vu sans regret et sans émotion la chasteté assise au foyer des populations bulgares, celles surtout qui appartiennent à la souche slave : c'est un spectacle admirable. Le long malheur qui a pesé sur elles semble les avoir épurées. Les caractères se sont retrempés dans les rudes épreuves que l'islamisme triomphant leur a fait subir. Les affections domestiques se sont fortifiées dans le sanctuaire sans cesse menacé de la famille. C'est là qu'on retrouve intactes, comme au temps des patriarches, des vertus qui s'affoiblissent dans nos pays de l' berté précoce et Rémancipation hasardeuse : la déférence filiale, le respect des femmes, la fidélité conjugale, la dignité paternelle. Il fait beau voir aussi la récompense de ces vertus dans la robuste vigueur des paysans bulgares, dans la santé dont jouissent leurs enfans et dans leur modeste bien-être. partout où l'influence turque ne se fait pas trop sentir, comme autour des résidences désolées des pachas ou dans le voisinage des bandes albanaises. J'ai quelquefois assisté, à Tatar-Bazarsdschik, par exemple, au service divin célébré dans le petit nombre d'églises que la susceptibilité musulmane permet aux chrétiens de fréquenter le dimanche, et, sans la présence de quelques Turcs autour de l'édifice, j'aurois pu, en voyant la haute stature des hommes et la vivacité recueillie des femmes, me croire dans quelque temple d'Allemagne ou quelque paroisse | parmi les chrétiens d'Orient, un de Hongric. Je regrette de ne pouvoir entretenir l'Académie de considérations d'un autre ordre, qui ont été le fruit de mes nombreuses conférences soit avec les pachas, soit avec les archevêques bulgares. C'est un devoir d'honneur de ne pas compro mettre, même au profit de la science, et ne fût-ce qu'en les nommant, tant d'hommes respectables qui ont bien voulu rompre en ma faveur le silence commandé aux uns par la politique, aux autres par la prudence. Je me prive du plaisir de leur rendre justice, mais je ne renonce point au droit que j'ai de dire ici combien il seroit à désirer que de tels hommes pussent s'entendre pour éviter à l'empire ottoman les secousses douloureuses qu'a mènera tôt ou tard une séparation violente entre les deux races. A l'heure où nous parlons, ce but peut encore être atteint, malgré les plaies profondes dont la Turquie est rongée. Les pachas éclairés mouvement naturel, résultat de ce qui se passe dans le monde depuis quarante ans, et qui les porte à l'insurrection et à la séparation de l'empire ottoman. Mais, a-t-il ajouté, toute insurrection, mème chrétienne, tout démembrement, mème partiel, dans cet empire, peut avoir des conséquences immenses: témoin la Grèce, témoin l'Egypte. Ce sont des complications infinies; c'est l'ébranlement de toute l'Europe, peut-être la guerre générale. Le ministre n'approuve pas, en conséquence, que la France encourage ces dispositions à l'insurrection, à la séparation. • Est-ce à dire qu'il n'y a rien à faire, que nous ne faisons rien pour les chré. tiens d'Orient? Bien loin de là. • Et d'abord nous travaillons à bien con ou simplement sensés vivent en bonne vaincre l'empire ottoman lui-même queson intelligence avec le clergé chrétien; mais généralement les lumières manquent des deux parts. Les populations chrétiennes ne demandent en ce moment que la sécurité des personnes et des propriétés, et quelques garanties pour l'honneur domestique. Une telle concession, si elle étoit sérieuse et réelle, conjureroit peut-être pour long-temps l'orage toujours près d'éclater. S'il éclatoit trop tôt, la race chrétienne indigène ne seroit pas prête : puisse l'Europe être prête pour elle, et comprendre que la solution de ce grand problème social ne sauroit être l'affaire d'une seule nation, mais de toutes! » Les considérations présentées par M. Blanqui sur les chretiens de la Turqute d'Europe se lient à celles que M. Guizot, ministre des affaires étrangères, a soumises à la chambre des pairs, dans la séance du 12 janvier, sur le sort des populations chrétiennes en Orient. plus grand danger aujourd'hui provient des insurrections intérieures; que les insurrections chrétiennes sont le véritable mal qui le ronge et qui peut le perdre; qu'il n'y a qu'un moyen d'y échapper : c'est de faire aux populations chrétiennes un meilleur sort, c'est de se conduite envers elles avec plus de justice et de douceur, de changer leur condition et de l'améliorer. » Nous travaillons en même temps à faire comprendre à l'Europe que l'intérêt de la paix générale lui impose le devoir de peser, sur la Porte, en faveur des populations chrétiennes. Voici ce que j'écrivois le 15 décembre dernier aux agens du roi près des principales cours de l'Europe, avec ordre de le communiquer à de l'empire ottoman le soulèvement des populations chrétiennes; mais ce seroit, à notre avis, une grave et périlleuse erreur que de voir dans ces associations l'unique ou même la principale cause du ces cours : • Nous sommes frappés du danger des associations propagandistes (1) formées (1) M. Guizot doit savoir que la plus dangereuse propagande est celle de l'An gleterre, qui, tout récemment encore, a Le ministre est convenu qu'il y a, ❘ envoyé un évêque protestant à Jérusalem, pour seconder ou même exciter au sein | populations déjà peu satisfaites de leur situation habituelle. Que de coupables ambitions, que des intrigues révolutionnaires cherchent et réussissent parfois à s'emparer de ces légitimes mécontentemens, pour les faire concourir à d'o mouvement qui agite l'Orient. L'affoiblis-dieux projets de bouleversement et d'aSuffira-t-elle pour guérir le mal? Personne n'est en droit de l'affirmer. Cependant je n'hésite pas à dire que. si elle est suivie par toutes les puissances avec la même activité, la même sincérité, le mal sera sinon complétement et pour toujours guéri, du moins beaucoup diminué, et les conséquences en seront indéfiniment | Religion. ajournées.. sement graduel de la puissance ottomane ne pouvoit manquer de réveiller les espérances des chrétiens orientaux et de susciter dans leur esprit des pensées d'affran. chissement et d'indépendance. Enhardis par le succès de l'insurrection grecque, trouvant dans la tendance générale des idées du siècle, et dans les dispositions de l'opinion publique en Europe, des encouragemens qu'il n'étoit au pouvoir de personne de leur enlever, on les eût vus probablement se livrer à d'audacieuses tentatives pour recouvrer leur liberté, quand même la conduite du gouvernement ottoman n'y eût donné aucun prétexte. Malheureusement, ces prétextes, on pourroit dire ces légitimes excuses, n'ont pas manqué. » Dans ces derniers temps surtout, la Porte s'est trop souvent montrée impuissante à couvrir ses sujets de cette protection qui constitue le titre principal des gouvernemens capables de l'exercer. Les horreurs dont la Bulgarie a été récemment le théâtre, celles qui désolent, en ce moment, la montagne du Liban, ne fournissent que de trop justes griefs à des au milieu de populations catholiques spécialement habituées à l'appui et à la protection de la France. N'est-il pas à craindre, a dit avec raison M. de Montalembert, n'est-il pas à craindre que cet établissement, nullement appelé par les besoins religieux du pays, puisque ce nouvel évêque n'y trouvera pas un coreligionnaire, n'est-il pas à craindre que cet établissement tout politique ne doive froisser les sentimens traditionnels de cette portion nombreuse des habitans de Syrie qui, depuis Louis XIV, est habituée à regarder la France comme sa protectrice naturelle, et qui verra dans cette création une atteinte à la fois au catholicisme et à l'influence de la France? narchie, rien n'est plus certain. C'est un devoir de loyauté, comme un acte de sagesse, pour les puissances alliées de la Porte, de travailler à faire échouer ces projets. Mais le meilleur, et peut-être le seul moyen d'y réussir, c'est d'enlever aux agitateurs leurs armes les plus puissantes, c'est-à-dire de soustraire les chrétiens orientaux à l'intolérable oppression sous laquelle ils gémissent. Qu'ils cessent d'être en proie à toutes sortes d'iniquités et de misères, qu'ils voient leur condition s'améliorer graduellement par des voies régulières et pacifiques, ils seront bien moins enclins à poursuivre leur but à travers les chances terribles des révolutions, et les intrigues anarchiques perdront leur principal moyen de succès. Quelque difficile que puisse être une telle entreprise, elle n'est pas, nous le croyons, au-dessus des forces des puissances alliées de l'empire ottoman. Qu'elles s'accordent à lui conseiller, en faveur des populations chrétiennes soumises à son autorité, une politique plus juste, plus prévoyante, plus énergique; et pourvu que ces conseils soient donnés avec ensemble, sans réserve, sans arrière-pensée, sans aucune de ces circonstances équivoques qui trop souvent affoiblissent auprès des musulmans la voix de l'Europe en laissant soupçonner des dissentimens, il est permis d'espérer qu'ils seront entendus, qu'ils porteront d'heureux fruits, que le pouvoir du sultan, devenu tolérable pour ses sujets, se raffermira pour long-temps encore, et que les complots des sociétés propagandistes échoueront misérablement. Si on 'suivoit une autre marche, si les puissances, uniquement préoccupées des aliaques dirigées contre le pouvoir du sultan, négligeoient de faire disparoître les causes qui font la gravité de ces attaques et les rendent réellement dangereuses, on peut prédire que ces puissances ne réussiroient pas dans leurs efforts. et que tôt on tard le sentiment européen, révolté des atrocités d'un tel régime, les forceroit de l'abandonner à sa destinée. Ce qui s'est passé il y a quinze ans à l'égard de la Grèce, dit clairement ce qui arriveroit. • • Voilà, messieurs, la politique que nous travaillons à faire prévaloir, et dans l'empire ottoman et en Europe. En même temps nous exerçons tous les jours ce protectorat ancien, traditionnel, que les capitulations, les traités, l'histoire, confèrent à la France sur les chrétiens d'Orient(1). Il nous a paru que ce qu'il y avoit de mieux à faire, c'étoit d'exercer chaque jour nos droits, de ne laisser aucun intérêt chrétien en Orient sans lui faire sen tir la protection de la France, sans le dé. fendre activement. Il n'y a pas un pays, une ville, un village, un monastère, qui n'éprouve la protection de la France à Constantinople. Grâce à la sagesse des chambres, grâce à l'augmentation qui, dans le budget de l'an dernier, a été accordée aux établissemens chrétiens dans l'Orient, des secours continuels, des secours beaucoup plus efficaces que par le passé font sentir partout la présence de la France. » Voilà, messieurs, la politique que nous suivons quant aux populations chrétiennes, politique loyale et prudente envers l'empire ottoman; politique active et efficace envers les chrétiens. L'allusion faite par M. Guizot à ceux qui, prenant intérêt aux populations chrétiennes de Syrie, les exciteroient à la révolte, a founi à M. de Dreux-Brézé l'occasion d'expliquer nettement le but d'un Comité dont nous avons entretenu plusieurs fois nos lecteurs. «Oui, a dit le noble pair, je fais partie d'un Comité qui s'occupe avec zèle et dévoûment de la situation des populations chrétiennes en Orient; mais ce co mité ne les pousse point à l'insurrection: il s'occupe uniquement de réunir des secours pour soulager leur misère. (1) Ceux qu'on a pu recueillir ont été jusqu'à ce jour peu considérables. Toutefois 2,500 f. ont été envoyés à nos coreligionnaires de Jérusalem; 500 fr. ont été remis, à Paris, à M. l'évêque de Babylone, prélat respectable dont l'influence peut nous être utile (2), lequel est venu récemment réclamer du gouvernement un adoucissement à une position pénible, et dans laquelle cependant il a su rendre des servi ces à la France. » Quoi qu'il en soit des moyens adoptés par la politique actuelle de la France, un fait éclatant ressort des paroles de M. Guizot, comme de celles de M. Blanqui: c'est qu'un magnifique avenir est promis au christianisme dans la Turquie d'Europe, dans la Syrie et dans les contrées qui l'avoisinent. Tout s'accorde à nous montrer dans l'Orient, dans l'Asie comme dans l'Afrique, le retour des peu (1) Est-ce en nommant un Juif consul à Bagdad, et un protestant consul à Alexandrie? (1) Nous saisissons cette occasion pour répéter que les offrandes destinées au Comité dont parle M. de Dreux-Brézé seront reçues dans les bureaux de l'Ami de la (2) Il ne faut pas oublier que, depuis 1850, le gouvernement français a pris à tâche de détruire l'influence de l'évêque de Babylone, en lui ôtant le caractère diplomatique dont il étoit investi. P ples qui habitent ces deux parties | du monde à la foi chrétienne, qui y fut jadis si florissante, si glorieuse. Plaise à Dieu qu'elles comprennent que leur mission présente est la punition méritée du schisme et de l'l:érésie, et qu'en revenant à l'unité catholique elles apaisent la juste colère du ciel et se rendent dignes d'une prochaine et complète réhabil tation! Ce résultat, que nous hâtons de nos vœux, consolera nos regards, nous en avons l'espérance. Nous pouvons dire avec plus de raison que jamais: Tout passe, tout s'anéantit dans ce monde, les grands empires comme les grandes institutions; il n'y a qu'une chose de durable, de toujours vivace; c'est la parole, qui, selon la promesse de l'Homme-Dieu, ne passera point. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. ROME. La nomination du cardinal Constantin Patrizi, en qualité de vicaire-général de S. S., et en remplacement du cardinal Della Porta Rodani, date du 22 décembre. - L'avocat consistorial Di Pietro a été noinmé prélat domestique de Sa Sainteté. PARIS. - Une Lettre pastorale de M. l'Archevêque ordonne une quête générale, à l'effet d'acquérir, en faveur du diocèse de Paris, l'ancien monastère des Carmes, qui, n'étant qu'une propriété privée, se trouvoit exposé, dans un temps plus ou moins éloigné, à perdre son ancienne et sainte destination. « Nous avons voulu, dit le prélat, l'arracher à la destruction, conserver une église et une chapelle teintes du sang des martyrs, empêcher que les pierres, qui rendent un si éclatant témoignage à la foi et au courage de trois évêques, de cent quarante prêtres et de plusieurs fidèles, ne fussent dispersées sur nos places publiques ou perdues dans quelque construction inconnue.. M. l'Archevèque annonce qu'à côté d'une Maison de hautes études ecclésiastiques, sou intention est d'y placer une maison de Pretres auxiliaires, dont la vocation spéciale seroit de seconder les curés du diocèse. « Il n'existe pas, dit-il, dans le centre de Paris, un emplacement plus spacieux, plus sain, d'un prix aussi modéré égard à sa valeur, ni plus propre, sous tous les rapports, à l'exécution de deux projets que nous souhaitons si vivement de voir réaliser.. Enfin, le prélat sollicite avecinstance les secours des fidèles, afin de substituer aux engagemens personnels qu'ila pris, une acquisition définitive et durable au profit du - Après les premières vèpres de la Circoncision, chantées dans la chapelle Sixtine, Sa Sainteté a assiste, dans l'église du Jésus, au Te Deum d'action de grâces accoutumé. Le jour de la Circoncision, le cardinal Patrizi a célébré, dans la chapelle Sixtine, la messe solennelle en présence du pape. Le discours après ciel. Vos aumônes seront présentées de l'Evangile a été prononcé par le procureur-général des clercs réguliers mineurs. On vient de frapper à Rome, avec l'agrément du souverain pontife, une fort belle médaille l'honneur de la Propagation de la Foi, fondée à Lyon. en diocèse. « Ne les refusez point, N. T.-C. F., et vous vous formerez un trésor dans le vant le trône de Dieu, par les mains de tous les élus qui se sanctifièrent dans le pieux asile que nous venons d'acquérir. Ils prieront pour vous les cénobites, les vierges, qui y méditèrent les années éternelles, les martyrs qui succombèrent pour la défense de l'unité et des saintes lois de |