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quèrent, et tel des amis de M: de La Mennais, espèce de commisvoyageur du parti, ne dédaigna pas de colporter de diocèse en diocèse les préventions de l'amour-propre blessé. M. Picot n'avoit pas voulu s'avancer jusqu'à l'erreur : on accusa son zèle retardataire de rétrograder dans l'ornière des préjugés.

• Et ce qu'il y a deplus piquant, disoit souvent M. Picot, avec ce sin sourire qu'on lui a connu, c'est que ces hommes qui ont pris à tâche de décrier le Journal et mes opinions, d'un bout de la France à l'autre, s'en vont proclamant partout que je répondrai devant Dieu des retraites, des prédications et de la confiance des évêques que je leur ai enlevées..

tre chez ses adliérens toute l'ardeur | tholique et plus tard l'Avenir, l'attaqui animoit naguère d'autres novateurs, disciples de Jansénius. L'Ami de la Religion et du Roi ne pouvoit se dispenser d'émettre un avis: il parla après toutes les autres feuilles, car il lui coûtoit de parler. Une lettre, écrite par M. Picot le 12 septembre 1840, à un jeune écrivain qu'il encourageoit de sa bienveillance, montrera jusqu'où alla la modération que lui inspiroit l'amitié. << M. l'archevêque de..., alors évèque de..., y dit-il, m'envoya dans le temps quelque chose contre M. de La Mennais: je le priai de me dispenser de l'insérer, parce que je ne voulois pas aigrir un homme qui n'avoit pas encore tout-à-fait jete le masque. » On n'en a pas moins accusé M. Picot d'avoir, par une critique incessante, poussé le novateur vers l'abîme. « M. l'évèque de..., ajoute-t-il dans la lettre citée, ayant su le reproche qu'on me faisoit, m'écrivit que lui et plusieurs de ses collègues m'en avoient fait longtemps un tout contraire: ils trouvoient que je ménageois trop un homme dont l'orgueil s'exaltoit de plus en plus. » Cependant, les écrits de M. de La Mennais devenant de jour en jour plus intolérables, les ménagemens étoient impossibles : « Je crus, disoit M. Picot, qu'y persévérer plus long-temps seroit trahir la cause de l'Eglise. >>> Il parla donc, et sa voix, écho de celle des évêques, détacha du parti de M. de La Mennais une foule d'esprits abusés: service signalé dont l'Eglise de France doit tenir compte à sa mémoire, mais hardiesse qui fut, pour l'Ami de la Religion et du Roi, une source de contradictions. Des feuilles rivales, le Mémorial ca

Impassible devant l'injure, le rédacteur de l'Ami de la Religion et du Roi vit passer et s'évanouir les feuilles qui menaçoient vainement son Journal; il entendit et oublia les éclats d'une colère impuissante; et, généreux envers celui qui n'avoit point perdu à ses yeux les droits d'une ancienne amitié, il refusa, dans ces derniers temps, d'admettre la critique d'un libelle de M. de La Mennais. « J'ai de la répugnance à parler de lui, dit M. Picot à l'auteur de cet article. A quoi bon Fattaquer maintenant? Je ne l'ai jamais fait qu'à regret; et, aujourd'hui qu'il est tombé si bas, son malheur est pour moi un nouveau motif de me taire; car enfin j'ai été son ani. >>>

Contraste bizarre! Pendant que les partisans de M. de La Mennais méloient à leurs reproches contre M. Picot celui de ne défendre qu'avec tiédeur les droits du Siége apostolique, les jansénistes, auxquels l'habile rédacteur fit une guerre constante depuis l'établissement du nous trouvâmes dans la cour. Insolent! pre assurément à consoler M. Picot.soni, gouverneur de Rome, Mer Massimo, majordome, et Mgr Corsi. Il y aura un autre consistoire le 20 janvier.

Journal jusqu'à sa retraite, l'appeloient la trompette de l'ultramontanisme. Tabaraud fut, dans ce parti décrié, le principal objet des traits

de M. Picot.

Après la haine des jansénistes, le

rédacteur de l'Ami de la Religion et du Roi avoit surtout mérité celle des intrus et autres constitutionnels. Parmi ces derniers se distinguoit le fameux Grégoire.

J'ai toujours aimé, racontoit M. Picot, à me trouver face à face avec les personnes que je savois être courroucées contre moi, ou plutôt contre mes critiques de leurs ouvrages ou de leurs actes. Long temps je cherchai l'occasion de rencontrer l'évêque de Loir-et-Cher, le conventionnel Grégoire, qui ne m'aimoit pas le moins du monde.

• Un vendredi de la Semaine sainte, de fort bon matin, j'étois allé prier au tombeau dans l'église des Carmes. Après mes dévotions, je me levois pour sortir, quand je sus frappé de voir, agenouillé non loin de moi, un vieillard dont la douillette violette semblait indiquer un évêque. En se levant au même instant, le personnage ine laissa apercevoir son anneau et sa croix. Grégoire aimoit à ne pas quitter ces insignes, et il ne pardonna jamais à Buonaparte de l'avoir contraint de paroî

tre devant lui avec l'épée de sénateur, lui refusant ainsi le caractère épiscopal auquel il tenoit singulièrement. A pareil jour, et dans cette église des Carmes inondée du sang de tant de saints pontifes immolés par les amis de l'évêque constitutionnel, je crus devoir saisir cette occasion de connoître ses sentimens actuels. Pent. être, me disois-je, touché de son recueillement en la présence de N. S. Jésus-Christ, peut-être que sa foi aura adouci ses opinions rebelles. Je le devançai au bénitier, et lui présentai l'eau bénite, qu'il accepta en fixant sur moi un œil très-vif et peu engageant. Bonjour, monsieur l'abbé, lui dis-je, dès que nous

me répondit-il; sachez que je suis l'ancien évéque de Blois. Et, se rapprochant d'une personne âgée qui paroissoit à son service, il refusa de continuer la conversation. M'avoit-il reconnu? Je l'ignore; et

j'ignorois également que c'étoit provo

quer chez lui l'irritation la plus ardente que de ne pas l'appeler Monseigneur. On sait qu'à sa dernière heure, il n'a pas mieux accueilli les ministres fidèles qui vouloient réconcilier son ame avec PEglise. Et pourtant j'avois bien désiré pour lui cette paix... »

Si l'animadversion des jansénistes, des constitutionnels et des partisans extrêmes de M. de La Mennais poursuivoit M. Picot, il étoit amplement dédominagé de ces contradictions par l'approbation du Saint-Siége. Son attachement pour le pontife romain, successeur de Pierre, tenoit de l'affection filiale : aussi les témoignages de satisfaction qui lui vinrent du centre de la catholicité remuèrent bien plus son cœur qu'ils ne flattèrent sa vanité. Il envioit le bonheur de ceux qui alloient à Rome, les y suivoit en esprit, au retour écoutoit leurs récits avec un vif intérêt, et ce fut pour lui un sacrifice pénible de n'avoir pa porter ses hommages au pied de la

chaire éternelle.

1

Au reste, le cardinal de Bausset a pris soin, dès 1820 (1), de venger M. Picot des reproches si opposés de ses adversaires, en disant que le rédacteur de l'Ami de la Religion et du Roi étoit « connu par son attachementinébranlable aux saines doctrines et par une instruction devenue bien rare dans les matières ecclésiastiques. » Ce jugement, sous la plume d'un tel écrivain, étoit pro

(1) Notice historique sur M. l'abbé Legris-Duval, p. 8.

Ce que nous venons de dire suffit pour montrer comment son Journal, dans la spécialité ecclésiastique et littéraire, justifioit le titre d'Ami de la Religion. Dans la spécialité politique, il ne justifioit pas inoins celui d'Ami du Roi. Dévoué du fond de l'ame à cette auguste famille des Bourbons que le libéralisme ne poursuivoit qu'en haine de la foi, M. Picot nous racontoit qu'à l'époque de la naissance de M. le duc de Bordeaux, il s'étoit rendu, plein de joie, chez M. le nonce Macchi. Un enfant vient de naître à l'Europe, dit-il au prélat, dont la physionomie rayonna tout à coup à ce mot heureux. Sortie du cœur de M. Picot pour se graver dans le souvenir du nonce, cette parole se retrouva dans le discours de félicitation adressé par le prélat à Louis XVIII, car il y salua le jeune Henri du nom d'Enfant de l'Europe.

(La fin au prochain numéro.)

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

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Nous rétablissons ici le discours

adressé au roi par M. l'Archevêque de Paris le 31 décembre, et la réponse de Sa Majesté.

Discours de M. l'Archevêque de Paris. « Sire,

» En venant offrir au roi nos homma ges, nous n'obéissons pas seulement à de hautes convenances, nous venons lui apporter l'expression de ce profond respect pour la puissance royale, si clairement recommandé par les enseignemens du christianisme. C'est un devoir qu'il a consacré, en même temps qu'il déposoit dans le cœur de nos ancêtres l'amour d'une sage liberté.

» Plus cette liberté s'est développée, et plus il semble nécessaire à ceux qui lui sont dévoués et qui en ont la véritable intelligence, d'honorer le pouvoir et de professer hautement leur soumission aux lois. Le clergé de Paris est convaincu, comme tous les hommes éclairés, que la

ROME. - Le mardi, fète de saint paix et le bonheur de la France sont à

Thomas, le P. de Bagnaja a prononcé au Vatican son troisième et dernier discours.

- Les honneurs funèbres ont été rendus à la mémoire du cardinal Della Porta Rodiani, et l'église de Sainte-Suzanne, son titre presbytéral, a reçu sa dépouille mortelle.

Le 22 décembre, M. l'abbé Dupanloup a été présenté à Sa Sainteté par le R. P. de Geramb, abbé de la Trappe.

- Le consistoire aura lieu probablement le lundi 17 janvier. On assure, et ce bruit paroît fondé, que Sa Sainteté y proclamera cardinaux Mgr Acton, auditeur-general de la chambre, Mgr Vanicelli Ca

ce prix.

• Nous prions le roi d'agréer avec bonté ces sentimens, ainsi que les vœux sin cères que nous formons pour son bonheur et pour celui de son auguste fa

mille. >

• Le roi a répondu :

« Vous connoissez les efforts que je n'ai cessé de faire, et que je continuerai tant qu'il y aura vie en moi, pour que la religion soit honorée, vénérée et chérie, et pour que le clergé trouve sous mon gouvernement l'appui et la position dont il a besoin pour faire tout le bien que j'attends de lui dans l'intérêt de la France et de l'Eglise. C'est en prêchant les sages maximes que vous venez de rappeler, que nous pouvons espérer de calmer les passions, de rallier les esprits, et d'ins

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sera célébré par M. Ansoure, archidiacre, et le salut donné par M. l'mternonce apostolique.

1

Le 3 et le 9, sermon par M. l'abbé Demaire, missionnaire apostolique et chanoine honoraire de Strasbourg.

La neuvaine sera close par une procession solennelle au tombeau de sainte Geneviève.

- Plusieurs journaux publient, en ce moment, des extraits d'une éloquente Lettre pastorale donnée par M. l'évêque de Montpellier l'occasion du Carême dernier. Nous en avons parlé, le 6 avril 1841, dans notre N° 3420, auquel nos lecteurs pourront se reporter. C'est à tort que les journaux qui reproduisent ce beau Mandement

supposent qu'il vient seulement de

paroître.

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avons lu avec une vive douleur, dans la Guienne la nouvelle suivante :

« M. le comte de Marcellus n'est plus... Avant-hier, 29 décembre, à sept heures du soir, cet homme excellent à tant de titres a quitté la terre pour un monde meilleur et pour lequel il étoit toujours prêt à partir. Si, dans les rangs élevés de la société, on se souvient qu'il fut député

A la grand'messe, célébrée à II heures, se rendent, savoir: lemardi 4, M. le curé de Montreuil et son clergé, le 5, MM. les curés de Pantin, Charonue, Romainville, des Prés-Saint-Gervais, Noisy-le-Sec, Baubigny, Drancy, le Bourget, Ba- de la Gironde, pair de France et décoré

de plusieurs ordres, on n'oubliera jamais en d'autres lieux qu'il fut constamment l'ami des pauvres et le soutien de tous ceux que visitoit l'adversité. A l'heure même où, entouré de sa famille, à Marcellus, il rendoit subitement son ame à Dieu, on distribuoit en son nom, à Bordeaux, à plusieurs familles indigentes, du

gnolet et Bondy; le 6, MM. les cunés de Villejuif, Choisy-le-Roi, Ivry, Chevilly, Vitry, Thiais, Orly, Arcueil, Gentilly, Fresne et Lay; le 7, MM. les curés de Vaugirard, Vanvres, Grenelle, Issy, Clamart; le 8, MM. les curés de Montmartre, Asbières, Clichy, Aubervilliers-lesVertus et Saint-Quen; le MM. les curés de Conflans, Mai- pain, des légumes, des vêtemens et du sons-Alfort, Saint-Maur, Saint- bois. Il n'appartient qu'à ceux qu'une si Mande, Bercy, Saint-Maurice, attendrissante charité rendit l'objet de ses Nogent, Champigny et Brie-sur- dernières pensées, de louer celui qui Marne; le 11, M. le curé de Belle- d'ailleurs avoit pris pour devise : Ama

ville et son clergé.

10,

Le 9, jour de l'Epiphanie, l'office

nesciri. »

M. de Marcellus nous honoroit

1

de sa bienveillance. Il nous avoit confié, il y a quelques années, le soin de surveiller la publication d'un de ses excellens ouvrages, et il vouloit bien nous continuer, pour l'Ami de la Religion, le concours que son amitié avoit prèté à M. Picot. Sa dernière lettre, qui nous est parvenue tout réceminent, et qui contenoit un dernier hommage rendu à la mémoire de Mgr Frayssinous, ne nous permettoit pas de supposer que nous aurions si tôt à payer à la sienne le tribut de nos regrets et de

notre admiration.

Diocèse de Luçon. - Nous avons fait pressentir, dans notre dernier numéro, la triste nouvelle que l'Her

mine annonce en ces termes :

« M. l'abbé Deshayes, ancien curé d'Auray, et vicaire-général du diocèse de Vannes, vient de terminer, à l'âge de 76 ans, une carrière consacrée tout entière aux bonnes œuvres...

• La ville d'Auray, où il commença l'exercice du saint ministère, conservera long-temps le souvenir du bien qu'il y fit, et des utiles institutions dont il la dota. On peut citer, entre autres, l'Hôpital acquis et organisé par ses soins; la Chartreuse, où de jeunes sourds-muets sont réunis pour y recevoir le bienfait de l'éducation; le Collége érigé par lui, et de venu si florissant sous la direction des Pères de la Foi, auxquels it l'avoit confié. » Nommé le 17 janvier 1821 supérieurgénéral des missionnaires du Saint-Esprit et des Filles de la Sagesse, il montra dans ce poste important les talens d'un administrateur consommé, unis aux sentimens du père le plus tendre pour les nombreux membres des deux familles, que dans sa bonté la Providence avoit confiées à ses soins. Animé d'un zèle ardent qui ne lui permettoit pas de repos tant qu'il voyoit du bien à faire, il sut communiquer son infatigable activité à tout ce qui l'entouroit. Non content de continuer et de perfectionner l'ouvrage

de ses prédécesseurs. et pénétré de l'esprit du saint fondateur de la communauté, qu'il prit en tout pour modèle, il créa une foule d'œuvres dont une seule

déjà auroit suffi pour illustrer son administration. C'est à lui qu'on doit l'établissement à Saint-Laurent-sur-Sèvres, de la congrégation des Frères de l'Instruction chrétienne, pour l'éducation des enfans des campagnes; la fondation des

Soeurs de l'Instruction chrétienne de

Saint-Gildas, établissement dirigé maintenant avec tant de zèle et de talent par l'un de nos vicaires - généraux, digne émule de M. l'abbé Deshayes. Il a fondé aussi à Saint-Laurent, il y a quelques années, une œuvre qui jette peu d'éclat mais qui, par les immenses services qu'elle rend, mérite d'être offerte comme un modèle: c'est l'institution de la Petite Providence, où 72 enfans pauvres et aban donnés, recueillis par ses soins dans les campagnes, sont logés, nourris, vêtus, reçoivent une instruction chrétienne, et apprennent un état qui les met ensuite à l'abri du besoin.

» Faut il parler ici des innombrables travaux qu'il entreprit pour l'amélioration et la prospérité de la communauté qu'il gouverna pendant près de vingt-un ans avec tant de succès ? Qu'il nous suffise de dire que, sous sa paternelle administration, la congrégation des Filles de la Sagesse a pris un accroissement bieu consolant pour la religion. Quinze cents religieuses, répandues dans près de 150 établissemens de tout genre, donnent au monde l'exemple de toutes les vertus, et apprennent aux plus indifférens jusqu'où peut aller le dévoûment quand il est inspiré par la charité.

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