SE Mais nous avons pensé que l'Eglise étoit | le presse, le temps lui manque : Omnia perdidimus, nous avons tout perdu, dit-il; et ses yeux se ferment pour toujours à la lumière. Terrible sujet de réflexions pour ceux dont la vie n'est qu'un enchaîne plus croyable qu'eux, parce que vous aviez dit que les portes de l'enfer ne prévaudroient pas contre elle. » Avouez, N. T. C. F., que cette manière de justifier sa foi ne peut être que victo-ment d'hostilités contre la sainte Eglise, rieuse. » En 1842, le charitable prélat présente encore à ses diocésains des considérations que lui suggère la crainte qu'une seule de ses brebis ne vienne à se perdre par sa faute. Il examine d'abord cette question: N'y a-t-il réellement qu'une religion, ou, si on aime mieux, qu'une Eglise, où l'on puisse se sauver? Dans la discussion, il fait valoir, en faveur de l'Eglise romaine, que les fondateurs de la prétendue réforine ont plus d'une fois exprimé le regret d'avoir abandonné la religion catholique : • Calvin avoua dans l'intimité à un ecclésiastique que, s'il avoit à recommencer, il n'abandonneroit jamais la foi de ses pères; mais qu'il ne se sentoit plus le courage de revenir sur ses pas, après la démarche qu'il avoit faite. Luther, montrant un beau ciel étoilé à Catherine de Bore qu'il avoit débauchée: Vois-tu, lui dit-il, cette vive lumière! Eh bien! elle ne brille pas pour nous. Et pourquoi? réplique la religieuse parjure; est-ce que nous serions dépossédés du royaume des cieux? C'est ce que nous devons craindre, répond Luther, en punition de ce que nous avons quitté notre état. Il faut donc y revenir, dit Catherine. C'est trop tard, s'écrie le ci-devant moine! Le char est trop embourbé: et il brise l'entretien. Séduit par les fausses doctrines de la réforme, le sensible Mélanch'on exprime. en plusieurs de ses écrits, le chagrin qu'il ressent de s'être jeté dans un tel esclavage, et déclare à sa mère, avant que de mourir, qui ne voient de gain que dans ses pertes, de félicité que dans ses douleurs, de gloire que dans ses humiliations!. Le prélat traite ensuite cette question: Peut-il être permis de demeurer séparé de l'Eglise, par la raison que l'on n'est pas né dans son sein? Nous détacherons de cette partie du Mandement un consolant ta bleau : • Déjà l'Angleterre s'ébranle, et la plus célèbre de ses universités ne parle qu'avec respect de Rome et de sa croyance. La voix des docteurs de la vérité y retentit de toutes parts, avec un prodigieux succès; des temples catholiques y sont consacrés, en grand nombre, et des milliers d'errans abjurent leurs préjugés et leurs fausses doctrines. On diroit que le sang des Fischer, des Morus, des Campian, des Garnet, des Marie et de tant d'autres illustres victimes, au lieu de demander vengeance, appelle une heureuse régénération, et va, de nouveau, féconder l'île des Saints. Partout l'hérésie se consume et se ruine elle-même par les efforts qu'elle fait pour prolonger son existence. Sescolporteurs la compromettent, ses concurrens la déshonorent (1), ses panégyristes l'avilissent (2). Tous les hommes sensés redemandent l'ordre, et ne l'entrevoient (1) Les bouffons de la prétendue Eglise française. (2) On ne peut nier qu'au commencement de la prétendue réforme, il ne se soit trouvé, parmi ses défenseurs, des hommes érudits. Aujourd'hui, les hommes les plus instruits qui n'appartiennent pas à l'Eglise romaine, ou en prennent loyalement la défense, ou conviennent que les principes de la réforme sont insoutenables. que c'est dans la religion catholique que l'on trouve la sûreté. Ilenri VIII, auteur du schisme d'Angleterre, songe, avant que d'expirer, aux moyens de se réconcilier avec l'Eglise romaine; mais la mort testantisme, ils pourront réussir, sinon à Quant aux esprits médiocres, ils conservent toujours l'espoir qu'en renouvelant contre l'Eglise les vieilles attaques du pro TIMB les œuvres de charité. Cette seule pensée a suffi pour faire ouvrir les yeux à des personnes que mille discussions savantes n'auroient pas persuadées. . que dans une réunion franche à l'Eglise | Vestales remporta chez soi sa philantrocatholique (1). O sainte Eglise! vaisseau pie, s'étant trouvée incapable d'exercer sacré, du haut duquel la vérité suprême fait entendre ses oracles (Luc 5.3.): toi que tant de pirates ont voulu dépouiller, toi que tant d'ennemis ont voulu submerger; toi qui, depuis dix-huit cents ans, a bravé tant de surieuses tempêtes; au milieu de tant de sectes qui ne naissent que pour mourir, toi seule demeures notre perpétuel asile et notre infaillible refuge!. Dans son Mandement, M. l'évêque de Bayeux parle de la confession sacramentelle, chef-d'œuvre de la clémence divine que les incrédules osent représenter comme une sorte de cruauté par laquelle la religion catholique se plaît à torturer M. l'évêque de La Rochelle recommande aux pasteurs, aux pré-les consciences. Le prélat en mon dicateurs et aux confesseurs de mettre en œuvre toutes les industries de la charité pour affermir la foi des enfans de l'Eglise, et pour faire ouvrir les yeux à ceux qui la méconnoissent. Ces derniers, dit-il, seront frappés de cette simple re marque : • Il n'y a que la religion catholique qui produise des saints: elle est donc la seule religion sainte. Il n'y a qu'elle qui soit féconde en vrais établissemens de charité: telles sont les congrégations religieuses de l'un et de l'autre sexe fondées en faveur des pauvres; l'hérésie ne sera jamais capable de s'élever jusque là. On parle d'un prochain établissement de Sœurs hospitalières protestantes. Nous concevrions très-bien des dames ou demoiselles protestantes remplissant les fonctions d'infirmières; mais des Sœurs hospitalières protestantes, cela passe notre intelligence. Il y a peu de temps que quelques Anglaises protestantes cherchèrent à réaliser ce chef-d'œuvre; mais, au bout de huit jours, la société fut dissoute. Chacune de ces se sauver du naufrage, du moins à se faire une certaine réputation d'habileté; mais Dieu punit leur orgueil, ou en les livrant au mépris comme le téméraire Eliu, ou en faisant servir leur arrogance au triomphe de la vérité et à la ruine de l'erreur, comme le glaive de Goliath servit à lui trancher la tête par le bras vainqueur de David. (1) Voyez la lettre remarquable d'un Anglican, au No 3511 de l'Ami de la Religion, 4 novembre 1841. : tre, au contraire, toute la douceur : • Adınirable vertu du Sacrement de pénitence, vous avez fait sentir votre pouvoir aux cœurs les plus féroces; souvent les cachots ont été témoins de votre puissante influence. On y a vu des assassins forcenés qui, avant l'arrivée du prêtre, mordoient leurs chaînes. s'efforçoient de prévenir par le suicide l'arrêt de la justice humaine, et maudissoient l'impuissance, de leur rage; on les a vus devenir doux et patiens comme des agneaux, après avoir déroulé devant le ministre de la réconci liation l'épouvantable tableau de leurs forfaits. L'ange de la paix avoit versé le, baume de la consolation sur leurs plaies, ulcérées. Encouragés par ses pieuses ex hortations, ils alloient à la mort calmes et résignés; et, uniquement effrayés des ju-, gemens de Dieu, ils demandoient avec instance qu'un prétre les accompagnât le plus près possible de l'éternité. On a vu des impies qui, toute leur vie, avoient consa-, cré leurs funestes talens à décrier la religion et ses ministres, se jeter tout à coup dans leurs bras et les conjurer de recevoir leurs derniers soupirs. Heureux, lorsque de cruels amis, complices de leurs blasphemes, n'ont point empêché l'envoyé de l'Eglise de les visiter sur leur lit funèbre, de recevoir l'aveu de leurs fautes, et d'ouvrir le ciel à leur repentir!. M. l'archevêque de Besançon traite du ministère de la prédication évangélique, que le premier pasteur est appelé à vemplir au milieu de son troupeau. Il rappelle comment s'acquittoient de ce ministère ses denx prédécesseurs, Mor de Roban et Mgr Dabourg, à la mémoire desquels il veut élever, dans son église métropolitame, des monumens dont la piense libéralité des fidèles couvrira les frais. « Vous vous souvenez encore de ce pieux cardinal qui vous apporta le trésor de sa foi, bien plus encore que celui de ses richesses dont il orna votre sanctuaire et dola d'utiles fondations. Son cœur rempli de Dieu parloit avec abondance d'un sujet qui, jamais, ne tarissoit pour lui. On se sentoit échauffé, en l'approchant, du feu qui l'embrasoit, et vous n'avez pu perdre la mémoire de ces grandes solennités, où, après avoir offert pour vous Jésus-Christ à l'autel, il venoit, du haut de la chaire, le faire naître en vos cœurs. Sa prédication, sans fard et sans apprêt, prenoit tout son mérite dans le cœur qui en étoit la source bénie, et le plus petit enfant comme l'esprit le mieux formé sentoit en ses parolesune vertu secrète qui le touchoit, qui le portoit à Dieu, et, lui faisant perdre de vue les choses qui nous distraient sur le chemin de la vie, lui montroit un bien nouveau, aimable, attrayant, dont le spectacle ravissoit son esprit et captivoit son attention. La langue qui répétoit ces choses si belles est muette depuis long-temps; mais ses accens semblent se prolonger sous les voûtes de notre basilique, et ils ont trouvé un écho daus les cœurs. successeur de Mgr de Rohan, cet illustre évêque du Nouveau-Monde, ce père dont la main défaillante vous a bénis; je l'entendis, et mon esprit en suspens entra dans cette douce extase qui accompagne les choses extraordinaires et sacrées. Doué d'un esprit élevé, d'une ame de feu, pénétré des pensées de la foi à laquelle il avoit tout sacrifié. Mgr Dubourg subjuguoit son auditoire par des exhortations pleines de Dieu, et variées suivant les conditions. Initié aux mystères de la vie intérieure, il savoit dignement parler de la sagesse dans l'assemblée des parfaits: descendant jusqu'à la foiblesse de l'enfance, son enseignement sembloit prendre la grâce et la naïveté de cet åge : fort contre les impies, il renversoit avec l'autorité d'une parole foudroyante l'édifice de leur témérité. Habitué aux détours de l'hérésie, il la surprenoit dans son labyrinthe, en démêloit les fils, la suivoit à la trace, et ne lui laissoit d'autre issue que celle d'une honorable défaite. ou d'une honteuse opiniâtreté. Déroulant avec grandeur les vérités de la foi, il paroissoit se perdre dans la nue, et en revenoit tout éclatant de lumière pour convaincre, pour convertir. Habi'e dans l'in dication des devoirs et le maniement des esprits, il inculquoit dans toute leur sévérité les règles de la morale, en tiroit les conséquences pratiques, et les faisoit pourtant aimer dans leur juste application aux différens états de la vie. La bonté de son cœur donnoit à ses discours un attrait séduisant, les charmes de sonesprit y répandoient une grâce inexprimable, et l'on sortoit de sa présence ne séchant ce qu'on devoit le plus admirer on de l'œuvre de Dieu en lui, ou de cele que Dieu faisoit par lui dans les ames. Aussi que de fruits de son ministère ! que d'églises il a fondées dans une terre où il arriva presque seul, et où il a laissé » Il en est un qui retentit dans les contrées lointaines, mais qui, par un incompréhensible jugement de Dieu, vint expirer sous vos portiques: c'est celui de cette voix si grande, si noble, si pleine d'éloquence, de majesté et de tendresse que vous n'avez entendue que sur son déclin, foible et tremblante, vous faire ses premiers souhaits et ses derniers adieux | deux dignes héritiers de son zèle (1)! dans des pages étincelantes de beautés et remplies des sentimens les plus touchans. » Tels sont ceux sur les traces desquels nous voulons marcher, quoique nous ne Plus heureux que vous, M. T. C. F., j'en tendis. en des jours éloignés, le digne (1) Mgr Rosati et Mgr Blanc. : puissions le faire que de bien loin : mais, les honorant en notre cœur, nous les prendrons pour modèles, et leur sainte vie nous donne la confiance qu'ils seront nos protecteurs auprès de Dieu dans la continuation du même ministère.» son éloquence à lui vient du ciel; lors qu'il parle, dit le Seigneur, c'est l'esprit de Dieu qui parle par sa bouche. » L'œuvre de la régénération des peuples par le christianisme se.continue, et la parole du Seigneur se propage et est partout glorifiée. Ces merveilles sont dues en grande tion de la Foi, à laquelle MM. les vicatres - généraux - capitulaires de De son côté, M. l'évêque de Clermont, qui avoit parlé l'an dernier de la sanctification du diman- | partie à l'Association de la Propaga che, traite cette année du ministère de la parole de Dieu, et il présente à ce sujet de solides reflexions. Depuis que la foi s'est affoiblie dans les ames, on est devenu exigeant et difficile outre mesure envers les organes de la parole divine : telle est même l'injustice des hommes, que, plus ils ont besoin pour eux d'indulgence, moins ils en accordent à ceux surtout qui sont chargés de les éclairer et de les conduire. Le prélat ne dissimule pas combien lui paroît peu chrétienne la prétention de certains esprits, trop nombreux aujourd'hui, qui voudroient que l'orateur sacré allat puiser son éloquence dans les secrets d'un art profane et les raffinemens d'une élocution toute mondaine; comme si c'étoit à l'aide de la sagesse humaine, et non par la folie de la prédication, qu'il a plu au Seigneur de sauver ceux qui croient en lui. « Loin de nous, assurément, la pensée d'approuver l'inconvenance ou l'incurie du langage dans la chaire sacrée; c'est, au contraire, un devoir pour tous ceux qui s'y font entendre, de ne rien négliger à cet égard, et de revêtir toujours leurs discours des formes les plus convenables et les plus dignes. Ces formes pourtant, il faut en convenir, N. T.-C. F., ne peuvent jamais l'emporter sur le fond; car les pensées, remarque à ce sujet un Père de l'Eglise, ne sont point faites pour les paroles, mais les paroles pour exprimer les pensées. El, après tout, quels que soient l'art et le talent du ministre de l'Evangile, son éloquence n'est point là ; Tours voudroient agréger toutes les familles cinétiennes du diocèse, afin de réaliser le vœu le plus cher de Mgr de Montblanc. • Ministres du Seigneur, disent-ils en terminant, pasteurs des ames, vous, les coopérateurs de Jésus-Christ dans l'OEuvre du salat, nous vous exhortons à faire tous vos efforts et à employer tout votre zèle, qui nous est bien connu, pour établir dans vos paroisses l'Association pour la Propagation de la Foi. Vous conjurerez les plus fervens, au nom de la charité chrétienne, au nom de l'union intime qui doit exister entre les Eglises particulières, qui toutes n'en font qu'une, dont Jésus-Christ est le chef. Ceux qui n'ont qu'une foi imparfaite et qui sont moins sensibles aux intérêts de la religion, vous les conjurerez au nom de l'humanité, puisqu'il s'agit d'éclairer et de civiliser des peuples barbares; au nom de la patrie, puisque nous deviendrons les alliés et les protecteurs naturels des nations que nous aurons converties, et l'on sait combien, sous ce rapport, les missions étrangères ont été utiles à la France; au nom du bien-aimé pontife que nous regrettons, qui avoit tant à cœur le succès et la pros-. périté de cette œuvre, et dont nous ne faisons qu'exécuter les dernières volontés; enfin au nom des plus chers intérêts de tous les fidèles: car, qui sait si Dieu n'a pas attaché la conversion de plusieurs à cette œuvre; si ce n'est pas du sein même desténèbres que jaillira la lumière qui doit dessiller leurs yeux; et si la foi, qu'ils paroissent avoir perdue, ne leur sera pas rendue par les prières de quelque infidèle nouvellement initié à ses mystères?. Combien ce retour à la religion n'est-il pas désirable? Elle seule, en effet, nous rend heureux, meme dès cette vie, comme S. E. le cardinal-archevêque de Rouen le prouve dans son Mandement. Et d'abord l'illustre prélat établit que la vie est une source intarissable d'amertumes : « Il ne faut donc plus s'étonner que dans ce malheureux siècle, où l'empire de la religion ne se fait presque plus sentir, l'égoïsme, l'avarice, la mauvaise foi dans les relations commerciales, la discorde au sein des familles, l'ambition dans les rangs même les plus obscurs de la société, la corruption des mœurs por tée à son comble, occasionnent tant de désastres, tant de crimes atroces, tant de forfaits, autrefois inouis parmi nos pères, tant d'accès de désespoir, qui enfantent enfin le suicide, devenu si commun de nos jours. . Au contraire, la vertu est une source de consolations et de douceurs. Le joug de l'Evangile est doux aux hommes de bonne volonté; la pénitence a des charmes pour le véritable chrétien, et il faut bien se garder de chercher ailleurs le moyen d'etre aussi heureux qu'il est possible de le devenir ici-bas. Nous suspendons ici l'analyse des Mandemens qui nous ont été adressés, nous réservant de la poursuivre dans un prochain article. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. PARIS. - Depuis quelques années, l'attention de l'Europe s'est fixée sur la situation des catholiques du Tong-King et de la Cochinchine. On avoit lu avec un triste intérêt le récit des persécutions qui ont donné à l'Eglise de nouveaux inartyrs et par suite desquelles le pape a élevé aux honneurs des autels plusieurs missionnaires français, héros de la foi; mais on avoit espéré que la mort du despote qui pesoit sur la Cochinchine mettroit fin à ces barbaries. Loin de là, son successeur n'a fait que redoubler de violence. Des lettres écrites par M. Retord (de Lyon), évêque d'Acanthe et vicaire apostolique du Tong-King occidental, ont annoncé l'arrestation de plusieurs chrétiens, dont quatre prètres français. Deux d'entr'eux, MM. Galy et Berneux, à peine arrivés dans le pays, ont été saisis, mis dans des cages en bois et conduits à la ville royale pour y attendre le jugement final qui sera probablement le martyre. Les autres chrétiens ou chrétiennes sont en prison et ont déjà souffert des traitemens plus ou moins cruels, mais sans que la foi d'un seul ait chancelé au milieu des tortures. La France a quelques navires stationnaires dans les uners de la Chine. Trop peu nombreux pour entrer en hostilités contre une puissance aguerrie, ils le seroient assez pour faire connoître notre nom aux barbares et sauver la vie de ces |