et de tous les sentimens de la terre; sa sensibilité naturelle paroissoit éteinte, et dès-lors il ne vivoit plus que de la vie surnaturelle, de cette vie que lui avoit communiquée sa foi si vive et si ardente; il avoit grandi dans ces dernières épreuves, et il étoit sur son lit de mort comme un géant qui se prépare à prendre sa course vers le ciel : Exultavit ut gigas. • Voilà, messieurs, nous disoit-il en mon> trant son crucifix, ce qui est tout, et le > reste n'est rien ! O mon Dieu, je vous aime! de tout mon cœur, de tout mon >>cœur!!» » Depuis ce jour si beau pour lui, si triste et si consolant cependant pour nous tous, il se retira pour ainsi dire dans son ame pour s'y entretenir avec Dieu dans les douceurs de son amour et le sentiment ineffable de ses miséricordes; il en étoit, disoit-il, tout inondé. Le Seigneur lui ayoit fait cette grâce immense, à lui qui avoit tremblé si long-temps devant ses jugemens; il lui avoit fait, dis-je, cette grâce d'être plein d'abandon et de confiance à la vue de son éternité: c'étoit, nous n'en doutons pas, la récompense de son zèle et de ses grandes œuvres. L'ennemi du salut ne vint point troubler cette sainte intimité, cette union anticipée avec son Sauveur; il lui fut donné de voir d'un œil tranquille chaque jour em. porter une parcelle de sa vie, et ia mort s'avancer à pas lents vers son lit de douleur. Tous ceux qui l'entouroient venoient pleurer de consolation auprès de lui et recueillir ses dernières paroles et ses derniers exemples, comme on recueille les derniers parfums d'une fleur qui tombe et se dessèche. Cependant la fête de saint François de Sales s'approchoit. et lui s'affoiblissoit insensiblement: il avoit bien désiré que son aimable prédécesseur, qu'il avoit tant aimé, lui vint audevant et l'accompagnât au ciel aux envi rons de sa fête. ble au chef de l'Eglise: il reçut de Rom une lettre par laquelle le premier pasteur lui faisoit connoître toute sa bienveillance; il lui envoyoit le baiser de paix, sa bénédiction la plus ample et la plus paternelle, l'indulgence plénière in articulo mortis, et enfin il lui annonçoit que, si le bon Dieu lui rendoit la santé, il alloit le nominer assistant au trône pontifical. » Le prélat put, quoique moribond, parcourir cette lettre et jouir des immenses bénédictions qu'elle lui apportoit. Le lendemain, il eut le bonheur d'entendre la messe qui fut célébrée dans sa chambre, et de s'unir encore à son divin Maître. Mais le céleste époux ne vint dans son ame que pour rompre les liens qui l'attachoient à la vie; car, muni de ce saint viatique, il entra une heure après dans une douce agonie, telle qu'en ont les saints. A sept heures du soir, il sourioit encore et bénissoit affectueusement quelques personnes. La nuit se passa en prières auprès de son lit, et à neuf heures et demie du matin sa belle ame s'envola dans le sein de Dieu.... Oh! que cette heure étoit grande, triste et solennelle! Son confesseur tenoit collée à ses lèvres l'image du Sauveur crucifié; sa nièce, religieuse de Saint-Joseph, invoquoit le protecteur des mourans; et ses ecclésiastiques, à genoux devant son lit, attendoient le moment où son ame quitteroit la terre pour l'accoumpagner de leurs prières devant Dieu : nul doute qu'elle n'ait été placée dans un lieu de repos, de lumière et de paix. • Les dispositions de sa dernière volonté, tracées de sa main, sont tout empreintes des sentimens de foi, de piété et d'affection qui étoient la vie de son ame. Le dernier acte, lui seul, est un monument, et il suffiroit pour l'illustrer. • Son corps, revêtu des ornemens pontificaux, futexposé dans la chapelle de son palais, où une foule pieusement avide ne cessa de se presser pendant deux jours et de manifester la plus grande vénération. Deux personnes pouvoient à peine suffire pour recevoir tous les objets que l'on fat que le quatrième jour que Mgr Billiet, archevêque de Chambéry, vint prendre cet ancien ami pour le conduire à sa der mière demeure. Nous avons accompagné sa chère dépouille jusqu'au lieu où il avoit fait creuser lui-même son tombeau, dans l'église des missionnaires de Saint-François-de-Sales. Il reposera donc au milieu de ses chers enfans, car c'est lui qui les avoit établis et érigés en congrégation dans son diocèse; il sera pour eux comme un mé - Le 29, jour de cette gloriease fête, le bon Dieu lui ménagea une grande grâce, une précieuse consolation, et comme une récompense de son attachement inviola-désiroit faire toucher à son corps. Ce ne morial, et du fond de sa tombe il les animera à la ferveur. Du haut de cette montagne sainte, il bénira encore sa ville épiscopale qu'il aimoittant, et, lorsque nous irons y prier et pleurer, nous en descendrons peut-être meilleurs.... Cette mort laisse de beaux souvenirs seul homme, ajoute l'auteur de ces remarquables articles; mais le grain de semence a été confié au sècle: s'il a en lui un germe de vie, c'en est assez pour qu'il se développe et qu'il croisse au soleil. » La fondation de l'évêché de Jérusalem y est représentée comme présageant l'aurore de l'union, et l'on y montre << Frédéric-Guillaume, dans la chapelle d'Edouard-le-Confesseur, recevant l'héritier du trône d'Angleterre dans la communion de l'Eglise chrétienne-évangélique, qui a été FONDÉE en quelque sorte près de son berC'est-là ce qu'on nomme l'œuvre du roi de Prusse, dont le succès, dit-on hardiment, sera général, et à laquelle rien ne pourra ceau. " et de profonds regrets. Son diocèse par- résister. Vains efforts et vaine espé tage ces sentimens avec celui de Chambéry où il fit un si grand bien; avec son ancien troupeau de Pignerol, dont il se sépara au prix d'abondantes larmes; enfin avec une grande partie du clergé de France qu'il anima aux vertus sacerdotales dans les nombreuses retraites où son zèle et son éloquence eurent les plus heu reux surcès. » rance! SUISSE. - Nous avons signalé à la pieuse libéralité de nos lecteurs les besoins de la nouvelle paroisse catholique de Lausanne, et parlé des dettes considérables dont son église demeure encore grevée. Le vénérable évêque du diocèse écrivoit dernièrement que, si on ne parve HOLLANDE. - Mgr Laurent a été reconnu officiellement par le gou-noit à les payer, le culte courroit vernement hollaudais en qualité de vicaire apostolique du grand-duché de Luxembourg et de curé de la paroisse de Saint-Pierre de cette viile, où il a été reçu de la manière la plus honorable. de nouveau risque d'ètre tôt ou tard entravé dans cette ville. Pour éviter un tel malheur, on a pris le parti de faire lithographier un très-grand nombre de billets de souscription, d'un franc de Suisse, ou un franc cinquante centimes de France. Nous prévenons nos lecteurs et tous les amis de la religion, qu'on peut s'en procurer au bureau de notre Jour PRUSSE. -Legouvernement prussien a fait publier dans la Gazette d'Augsbourg quatre articles où le rapprochement entre l'Eglise an-nal, et nous les invitons à prendre glicane et l'Eglise protestante de France est représenté comme un acheminement à la fusion des Eglises protestantes de l'Europe en un grand tout, en une vaste unité, qui prendra rang, dit-on, à côté de l'Eglise latine et de l'Eglise grecque. « La réalisation d'un tel plan ue sauroit, il est vrai, être l'œuvre d'un part à une si bonne œuvre. Si nos frères dans la foi sont vivement inquiétés dans plusieurs contrées de la Suisse, au moins devons-nous les soutenir là où un gouvernement plus paternel se montre plus bienveillant à leur égard. La ville de Lausanne a donné souvent un asile hospitalier à nos compatriotes, et 1 aujourd'hui encore la paroisse catholique renferme plusieurs familles françaises, qu'y ont amenées des relations de commerce ou les divers événemens politiques. Afinde håter, autant que possible, l'heureux moment où les catholiques de Lausanne pourront dire qu'ils sont chez eux et tranquilles possesseurs de leur église, on vient d'établir un comité spécialement chargé de la liquidation de la dette. Le choix des membres dont il se compose le rend bien digne de confiance. M. le baron de Blonay, ministre de S. M. le roi de Sardaigne, en est le président; M. de La Tourdu-Pin Gouvernet, MM. le colonel Gaugler, le comte d'Antioche, et C. de Malsabrier en font aussi partie. Ce comité a reçu l'approbation de M. l'evèque, et nous nous ferons plaisir de lui transmettre les noms de ceux qui auront pris une ou plusieurs des souscriptions dont nous venons de parler. WURTEMBERG. - La chambre des députés du Wurtemberg s'étoit refusée à l'impression de la motion de M. l'évêque de Rottenbourg, relative à l'état de la religion catholiqué dans ce pays. Le député Knapp étant revenu sur cette décision, la publication a été résolue par 63 voix contre 6. POLITIQUE, MÉLANGES, ETC. Il n'y a presque plus rien à remarquer sur la profonde altération qui s'est opérée dans nos mœurs par l'effet de nos cin. quante années de révolutions. Elles ont dénaturé et renversé jusqu'au proverbe de la ceinture dorée. Car ce n'est plus aujourd'hui la bonne renommée qui vaut mieux qae la ceinture dorée; c'est tout l'opposé: retournez le proverbe, et vous avez l'exacte expression de la vérité. Connoît-on rien, par exemple, de plus méconnoissable, de plus renversé que le personnel du notariat? Si la bonne re nommée eût disparu de la terre, il y a soixante ans, c'étoit là qu'on l'auroit retrouvée. Les sacs qui renfermoient les dépôts de confiance dans les caisses des notaires y pourrissoient de vétusté avant qu'on osât y porter la main pour les changer seulement de place. Aujourd'hui vous n'entendez plus par ler que d'histoires lamentables et de désastres inouis dans cette partie de la vie sociale. Les abus de confiance, les fraudes, les catastrophes, y sont communs comme autrefois dans les cavernes et les coupe-gorges. Il semble qu'aucune moralité d'homme ne vous réponde plus de rien. A quoi attribuer l'invasion d'un tel désordre, si ce n'està ce renversement de mœurs qui a fait passer la bonne renommée du temps passé du côté de la ceinture dorée du temps présent? On s'ea prend à la mauvaise foi, à l'irréligion, à l'improbité. Il faut s'en prendre aussi pour beaucoup au déplacement des idées et de l'opinion publique, qui ont passé depuis cinquante ans du côté de l'argent et de la richesse. Du moment où il est devenu de mode d'adorer le veau d'or, il est naturel que la société subisse les effets de cette grave altération, et qu'elle paie le mal qu'elle se fait à elle-même, en n'estimant que les gens qui la pillent. PARIS, 18 FÉVRIER. Hier, la chambre des députés s'est occupée dans ses bureaux de la proposition de M. Chapuys--Montlaville, sur la responsabilité des imprimeurs. Un seul bureau sur neuf ayant admis cette proposition, elle ne sera pas lue en séance publique. On sait que cette proposition avoit pour objet d'affranchir de toutes poursuites les imprimeurs de journaux quoti diens. La Gazette des Tribunaux fait à ce sujet la réflexion suivante : La loi restera done ce qu'elle est: mais nous avons vu que sainement en tendue et appliquée elle maintient tous les ❘ - L'Académie française a procédé hier droits de la presse périodique. » La lecture de la proposition de M. Jollivet tendant à affranchir de la taxe toutes les lettres et paquets entre les colonies et la métropole n'a pas été autorisée par les bureaux. à l'élection de deux membres en remplacement de MM. Frayssinous et Alexandre Duval. MM. le chancelier Pasquier et Ballanche, ayant obtenu la majorité des suffrages, ont été proclamés académiciens. M. Aubry-Foucault, gérant de la Gazette de France, s'est pourvu contre l'arrêt, en date du 14 de ce mois, qui le condamne à un an de prison et 4.000 fr. d'amende. Le ministre des travaux publics et les autres ministres ont annoncé dans la discussion des bureaux qui se sont occupés du projet de loi sur les chemins de fer. qu'un crédit seroit proposé pour La cour de cassation, chambre cricommencer les travaux sur la ligne diminelle, présidée par M. de Bastard, recte de Paris à Strasbourg entre Bar-leDuc et Nancy. La commission des monnoies s'occupe activement, depuis plusieurs jours, de la rédaction définitive du projet de loi qui sera présenté dans le courant de cette session pour la refonte des sous et de la monnoie de billon. M. Cunin Gridaine vient de convoquer le conseil supérieur du commerce pour le 22 février. Les questions dont le conseil est saisi sont celles des sucres et des bestiaux. La Gazette d'Augsbourg annonce que M. Guizot a adressé au cabinet anglais une note énergique pour demander des modifications au traité du 20 décembre 1841, relatif au droit de visite. Nous doutons que ce ministre ait mis de l'énergie dans ses rapports avec l'Angleterre; car il est dans son système de gouvernement de tout accorder à l'étranger, el de tout refuser à son pays. On dit qu'il s'est borné à demander un projet de loi qui lui perınît de négocier et d'obtenir des modifications au traité; mais il paroît que cette demande n'a pas été accueillie. Lord Aberdeen doit avoir déclaré qu'il ne consentiroit pas à modifier le traité, et que tout ce qu'il pouvoit faire, c'étoit d'accorder un nouveau délai au cabinet français pour l'échange des ratifications. « Le langage, dit le Courrier, a pris une certaine aigreur entre les deux gouverne mens, et l'on s'attend à quelque manifestation hostile à la France dans le sein du parlement anglais. » avoit à prononcer hier jeudi sur le pourvoi formé par M. Massy, gérant du Charivari. et M. Lange-Lévy, imprimeur de ce journal, contre l'arrêt de la cour d'assises du 11 janvier, qui les a condamnés pour la publication d'un article intitulé Décoration de M. Hébert, et conformément à la déclaration du jury, savoir le premier, comme s'étant rendu coupable des délits de diffamation, d'injures et d'outrages publics envers un fonctionnaire public, et pour des faits relatifs à ses fonctions, à deux ans d'emprisonnement et 4.000 fr. d'amende; et le second, comme coupable des deux derniers délits, seulement à six mois de prison et 2,000 fr. d'amende. La cour, après une courte délibération séance tenante, a rejeté le pourvoi et condamné les demandeurs en l'amende de 150 fr. Plusieurs perquisitions ont eu lieu dans les bureaux de la Mode. Le commis. saire de police a exigé que tous les livres et registres de caisse fussent mis à sa disposition. On n'a trouvé aucune trace d'une circulaire attribuée à ce journal et par laquelle il provoqueroit une souscription pour couvrir les frais de sa récente condamnation. ment en France, a été réélu président à l'unanimité moins trois voix. A cette occasion, M. le contre-amiral Duval-Dailly, gouverneur, a prononcé un discours où il a rappelé que le moment approchoit où la grande question qui s'agite, et qui préoccupe si vivement les colonies depuis quelques années (la ques. tion de l'émancipation des nègres), va recevoir sa solution. NOUVELLES DES PROVINCES. Le Progressif, revue mensuelle de l'Oise, vient de paroître avec une colonne en blanc. L'imprimeur a supprimé un article sur la condamnation de Dupoty. Une lettre de Boulogne-sur-Mer, du 15, parle d'une rencontre qui a eu lieu entre des pêcheurs anglais et des pêcheurs français. Personne n'a péri dans cette collision; seulement trois Anglais ont été jetés à la mer et repêchés par leurs camarades, tandis que les Français, moins nombreux, gagnoient le large. Un de nos marins a été légèrement blessé. Le Pilote du Calvados, du 15, annonce que le laro de Caen a été condamné par défaut à quinze mois de prison et 10,000 fr. d'amende. Des malfaiteurs se sont introduits, la nuit du 10 au 11, dans l'église de Courteron (Aube), par une croisée donnant dans la sacristie, après avoir scié les barreaux de fer qui se trouvoient à l'extérieur, et ont emporté tous les objets consacrés au culte, vases, croix, ostensoir, qui leur sont tombés sous la main. Ils ont aussi essayé d'enfoncer le tabernacle. qui, fort heureusement, a résisté à leurs efforts. - Mardi, a comparu devant la con d'assises du Puy-de-Dôme, la Gazett d'Auvergne, prévenue de diffamation con tre le préfet de ce département et le pro cureur-général de Riom, à propos de la lettre que M. Isambert a dénoncée à la chambre des députés. M. Thibant-Landriot, imprimeur de la Gazette, a été assigné comine prévenu de complicité. Les parties ont été entendues. M. Boissieux, procureur-général, a dit, dans ses explications, que le texte de la lettre écrite par lui. et que M. Isambert a cité à la chambre élective, étoit infidèle, et que celui de M. Martin (du Nord) étoit exact. Le préfet, M. Meynadier, a protesté qu'il n'avoit point fait la liste dn jury pour 1842 dans le but d'assurer d'avance des condamnations, dans l'intention criminelle de confondre l'innocent avec le coupable. Il a ajouté que, partout on il trouve cette assertion, à la chambre des députés, dans les colonnes de la Gazette ou ailleurs, il la tient pour une infamic. Sur la demande de M. Aigueperse, gé. rant de ce journal, l'affaire a été renvoyée au 6 mars, pour qu'il puisse appeler des témoins résidant à Paris. Parmi ces témoins, on fait figurer M. Isambert. On a commencé ensuite l'affaire des troubles de Clermont. Les accusés, au nombre de 49, sont võlus, pour la plupart, de blouses ou de la veste de buredes paysans auvergnats. Le lendemain, on a entendu les dépositions de plusieurs témoins. - Plusieurs soldats du 16o léger, en garnison à Clermont-Ferrand, ont été insultés ces jours derniers par des gens du peuple. Quelques-uns ont même été brutalement frappés. EXTERIEUR. Vingt-deux individus inculpés d'avoir pris part aux troubles de Clermont. Ferrand viennent d'être jugés par le tribunal correctionnel de cette ville. Six ont été condamnés à six mois de prison; l'un d'eux, en outre, à cinq ans de surveillance, et les autres à des amendes; deux à trois mois de prison; un à qua- | clairement, avec pièces à l'appui, la faus Les journaux belges publient un mémoire de M. Gérard, aide-de-ram et secrétaire du général Buzen, qui établit rante jours; trois à un mois, un à vingt jours de la même peine, et le dernier à 80 fr. d'amende. seté des allégations portées contre l'exministre. Rien n'étoit done plus facile à M. Buzen que de réfuter les calomnies |