1 L'AMI DE LA RELIGION. LA MÉDECINE DES PASSIONS, ou les Passions considérées dans leurs rap- bureau de bienfaisance du xuo arron- C'est dans lui-même que l'homme doit chercher la cause de ses maux. N'accusons ni la Providence, ni la nature, ni pos semblables des malheurs qui nous arrivent, des douleurs que nous souffrons. C'est dans notre cœur qu'ils ont leur principe: c'est de là qu'ils viennent, comme les eaux d'un ruisseau coulent de leur source. Otez les mauvaises passions: vous faites de l'homme la créature par excellence, le roi de la nature, un ange sur la terre, un objet de béatitude, car il n'y a plus en lui que les douceurs de la vertu. Laissez-lui ses passions et favorisezen le développement: c'est le plus dégradé des animaux, le plus malheureux des êtres. Les malheurs publics, les perturbations sociales, l'irritation du peuple contre le pouvoir, les abus de l'autorité, les méfiances réciproques, les récriminations continuelles, les crimes et les attentats, tout cela n'est-il pas l'œuvre de la passion? Descendez dans le foyer domestique: la ruine lente ou subite de la famille, le discrédit dans les affaires, les justes plaintes de l'épouse, l'indignation plus juste encore de l'époux, la mauvaise L'Ami de la Religion. Tome CXII. .... éducation des enfans, l'altération précoce des forces et de la santé, l'abrutissement de l'ame, le dégoût de la vie, la fureur du suicide, n'accusent-ils pas des passions apparentes ou cachées? Il y a dans l'homme une tendance au mal. Il y a même, dans l'ame, ce que la théologie mystique appelle la partie supérieure et la partie inférieure, dont l'une recherche la vertu et l'autre le vice. Telle est la consitution primitive de l'homme: il avoit reçu du Créateur un parfait équilibre de liberté, une égale facilité pour le bien et le mal. Mais, après sa chute, le libre arbitre a été incliné; la concupiscence a pris le dessus, et, sans détruire la liberté, le vice a eu plus d'attraits, la vertu moins de charmes. De là un si grand nombre d'hommes pervers et si peu de solidement vertueux; de là tant d'infortunés et si peu d'heureux. Car la vertu n'enrichit pas seulement l'homme des trésors de l'ame, elle lui attire l'estime publique et souvent les commodités de la vie. Le vice, au contraire, lui imprime le scean de la honte et le dépouille souvent de la fortune en même temps que de l'honneur. Guérir l'homme de ses passions, c'est donc le rendre bon, c'est le rendre heureux. Les amis de la morale, de l'humanité, de la religion ne peuvent que se réjouir en voyant paroître un ouvrage qui tend à cette fin. Les moralistes et les prédicateurs ont de tout temps beau I coup dit et beaucoup écrit sur cette | cule de la passion. Mais l'auteur de matière. Des médecins et des législateurs s'en sont occupés aussi avec plus ou moins de succès Il falloit, de plus, pour couronner l'œuvre, un résumé de ce qui a été enseigné sur ce sujet, et des moyens indiqués comme remèdes des passions par les différens auteurs. Il falloit enfin un code médical des passions, un manuel à la portée de tout le monde. M. le docteur Descuret a eu la pensée d'exécuter cette utile entreprise. Il y a travaillé pendant vingt années, et, en étudiant ce qui a été dit, en y ajoutant ce que lui a fourni la connoissance profonde qu'il a de son art, ainsi que le résultat de ses observations particulières et de sa longue expérience, il a formé un ouvrage infiniment précieux à l'hu manité: La Médecine des Passions. es l'a publié, l'ouvrage que nous annonçons n'est Gest un médecin qui et il ne pouvoit pas en être autrement. Mais ne croyez point que ce soit l'œuvre d'un médecin incrédule ou matérialiste, comme il y en a tant; l'œuvre d'un inédecin qui ait considéré les passions chez l'homme comme l'effet de son organisation physique, et qui les fasse dépendre de la constitution individuelle du cerveau, du cœur, ou du foie. Les organes, intermédiaire indispensable entre l'ame et le corps, sont sans doute pour quelque chose dans la passion : leur degré plus ou noins grand de finesse et de subtilité, l'habitude ou la surexcitation étrangère doivent augmenter ou diminuer la violence des mauvais penchans. Sous rapport, la science médicale peut et doit s'occuper de la nature de cette influence, et chercher les moyens de corriger ce qu'il y a de vicieux dans ce véhi-trer dans un avenir rapproché u ce amélioration long-temps désirée quérir des convictions profondes, dans l'espèce humaine. Le sujet est traité avec beaucoup de concision, de méthode et de clarté. Le style est pur, élégant. sans prétention et sans enflure. L'au. teur a heureusement triomphe des dégoûts qui naissent, pour le commun des lecteurs, de l'obscurité des matières médicales et métaphysiques. Il a dit le nécessaire sans trop insister. Il a répandu tant d'intérêt dans le corps de l'ouvrage, qu'on le lit tout entier avec un plaisir toujours nouveau. Les citations d'auteurs anciens et célèbres, une foule de traits d'histoire et de cures étonnantes donnent à l'ensemble un air dramatique. Il y a du comique daus l'orgueil de ce seigneur anglais, qui fait mourir de faim un cocher qu'il estine et cherit, parce qu'il n'a pas fouetté ses chevaux à les crever. Il y a do plaisant dans le portrait du gourmand a table. Il y a du tragique dans cette jeune fille qui se pend dans son lit, parce qu'elle ne peut souffrir un défaut invisible dans sa chevelure. L'histoire du chien Médor n'est pas un conte, ce n'est pas une fable: c'est un fait vrai, un tablean dèle de tous les travers, de tous les dieules de l'orgueil humain dans méchant petit animal. Mais il est ures traits qui glacent d'effroi et rougir de la dégradation profonde où la passion jette l'homme. Tel est celui d'une femme qui n'aPautres boissons que le vin et -de-vie, et qu'on trouva dans hambre entièrement brûlée et Vnisée par la seule force de l'alTel est celui de Bras-de-fer, uffé sur le cou par une colère puissante. Mais, si vous voulez over des émotions fortes et act consultez dans la Médecine des Passions les tableaux statistiques des opérations de la justice cruninelle en France. La surprise est grande, Lorsqu'on voit chaque passion suivie des crimes sans nombre qu'elle attire après elle, et de condamnations à mort, au bagne ou à la prison. Oui, quand on voit les progrès toujours croissans des passions les plus dangerenses, que l'anteur qualifie d'animales; quand on voit leurs résultats constatés par le raisonnement inflexible des chiffres dans les comptes rendus au chef de l'Etat par le ministre de la justice, on gémit, on s'alarme sur le sort à venir de l'huunanité, et, comme l'auteur, on invoque volontiers da religion, la morale, la médecine et la législation pour appliquer un remède efficac là ce mal toujours croissant. Une chose bien remarquable qui résulte de ces tableaux statistiques, c'est l'erreur des hommes du jour qui nous étourdissent sans cesse des mots pompeux de progrès des lumières et de civilisation avancée. Qu'on se fasse, en présence de de ces chiffres, cette question : Où se trouvent en plus grand nombre les aliénés? Chez les sauvages, on n'en connoît pas; chez les Turcs et les Arabes, il y en a bien peu. A Londres et à Paris, le nombre en est effrayant. Les passions vives trop long temps suivies, les travaux de l'esprit poussés trop loin, l'exaltation des idées politiques, fièvre funeste de ce siècle; voilà les causes de l'aliénation mentale chez les peuples les plus civilisés. Nous regrettons que les bornes de cet article ne nous perinettent pas de laisser l'auteur se peindre dans ses écrits: nous aurions voulu 1. de guérir; car les maladies de l'amo ont une grande affinité avec celle corps. C'est, enfin, le livre de tou le monde, car chacun a des passion à vaincre et dans soi et dans cer qui lui appartiennent. mettre le lecteur à portée de le juger au moyen de quelques citations. Sa plume, légère et flexible, change de ton et de couleur selon que le sujet le demande. Elle est grave et sombre, quand elle peint les suites funestes d'une vice tel que l'ivrognerie. Mais, quand il faut, par exeinple, peindre l'influence des sexes sur les passions, dès la première en-Médecine des passions, Aujourd'hui la fance, le style de l'auteur devient riant et gracieux comme cet âge si tendre et si aimable. Sous le seul rapport littéraire, l'ouvrage du docteur Descuret a un mérite déjà rare de nos jours, où le goût semble aussi corrompu que les mœurs. Mais, sous le rapport de son objet, c'est le livre de tous les amis de la morale et de l'humanité. C'est le livre de l'homme même immoral, car il lui est plus utile qu'à personne. C'est le livre de ceux qui, par état, sont chargés de conduire les autres, puisqu'ils doivent chercher à guérir le peuple de passions. C'est le livre du père de famille et du précepteur de la jeunesse, car l'un et l'autre manquent à leur devoir le plus sacré s'ils ne prennent pas tous les moyens possibles pour étouffer dans les enfans le germe de leurs passions naissantes. C'est le livre des médecins, à qui l'expérience et les lumières d'un confrère habile ne peuvent qu'ètre d'un grand secours dans l'exercice de leur profession; et si, depuis la publication de cet ouvrage, il existe des moyens nouveaux d'améliorer le moral des ma ses lades, quel médecin voudra les ignorer? C'est le livre du prêtre, qui, pour guérir l'ame de ses mauvais penchans, sera bien aise de joindre aux moyens que fournit la religion, ceux qui peuvent lui venir de l'art Si nous avions publié cet article plus tôt, nous n'aurions pas man qué de prédire un grand succès à 18 prévision est superflue, et nous n'a vons autre chose à faire qu'à consta ter le succès déjà obtenu. L'empres sement du public à se procurer c livre, et le débit rapide qui s'en fa déjà dans la capitale et les provi ces, prouvent plus en sa faveur qu les éloges les mieux mérités. L'ABBÉ A. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUE Le cardinal Гал sorg Della Porta Rodiani, du BA r. 18 décembre. Après avoi les divers degrés de la nature notamment dans l'exe ice d charges de vice-gérent du vicari de Rome et d'auditeur général de chambre apostolique, il avoit e réservé in petto par S. S., dans consistoire du 23 juin 1834, pu proclamé cardinal dans celui d 6 avril 1835. Sa mort a causé de v regrets, surtout parmi le clergé, q lui étoit tendrement attaché. La veille étoit mort à Rome M Valentin Armellini, romain, év que d'Alatri et assistant au tron pontifical. Il avoit accompli sa année. |