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De l'usage des cloches.

Dans les premiers temps qui suivirent la révolution de 1830, beaucoup de maires de village se constituèrent les supérieurs de leur curé, lui prescrivant le plus sérieusement du monde de célébrer l'office divin à telle ou telle heure, faisant à sa place la police de l'église, et trop souvent y portant le scandale par leurs emportemens quand le pasteur vouloit faire respecter ses droits. D'autres magistrats municipaux vouloient bien laisser au curé la disposition du lieu saint; mais ils prétendoient dominer sans partage dans le clocher, tantôt imposant silence aux cloches à l'heure où leur service étoit requis pour l'office, tantôt les faisant retentir pour des usages, profanes et sans la moindre nécessité. Dix années se

passèrent sans que justice fût faite de ces prétentions. Mais enfin, le maire de Coutances n'ayant pas craint de lutter contre son évèque, l'affaire fut portée au conseil d'Etat, et le 17 juin 1840, l'avis suivant put enfin constater les droits des deux autorités. Il paroît qu'on résistoit encore dans la Haute-Marne, puisque M. de La Tourette, préfet de ce département, vient de rappeler à ses maires l'avis du conseil d'Etat. Nous croyons devoir reproduire ce document trop peu connu, et qui, dans certains cas, peut fournir aux curés des petites communes le moyen de détromper les magistrats municipaux, et de leur faire abandonner des prétentions repoussées par la loi civile comme par la discipline de l'Eglise.

« Les membres du conseil d'Etat, com. posant, le comité de législation, consul

tés par M. le garde des sceaux, ministre de la justice et des cultes, sur un dissentiment survenu entre M. l'évêque de Coutances et le maire de la même ville, relativement à l'usage des cloches, et sur les attributions respectives de l'autorité ecclésiastique et de l'autorité municipale, d'après les lois et réglemens concernant cet usage;

Vn l'art. 48 de la loi du 18 germinal an x, les art. 33 et 37 du décret du 30 novembre 1809, et l'art. 7 de l'ordonnance du 12 janvier 1825;

Sont d'avis :

1° Que les cloches des églises sont

spécialement affectées aux cérémonies de la religion catholique: d'où il suit qu'on ne peut en exiger l'emploi pour les célébrations concernant des personnes étrangères au culte catholique, ni pour l'enterrement de celles à qui les prières de l'Eglise auroient été refusées en vertu des réglemens canoniques;

2° Que le curé ou desservant doit avoir seul la clef du clocher, comme il a

celle de l'Eglise, et que le maire n'a pas le

droit d'avoir une seconde clef:

»3° Que les usages existans dans les diverses localités, relativement au sou des cloches des églises, s'ils ne présentent pas de graves inconvéniens, et s'ils sont fondés sur de vrais besoins, doivent être res. pectés et maintenus;

4° Qu'à cet égard, le maire doit se concerter avec le curé ou desservant; que les difficultés qui pourroient s'élever entre eux sur l'application de cette règle, doivent être soumises à l'évêque et au présel, lesquels s'entendront pour les résoudre. et empêcher que rien ne trouble sur ce

point la bonne harmonie qui doit régner entre l'autorité ecclésiastique et l'autorité municipale';

5° Que, dans ce cas, il paroît juste que la commune contribue au paiement du sonneur des cloches de l'église, en proportion des sonneries affectées à ses besoins communaux ; mais que ce sonneur doit être nommé et ne peut être révoqué que par le curé ou desservant dans

les communes rurales, et par les marguil- | mais le premier fut l'œuvre de la liers, sur la proposition du curé ou des servant, dans les communes urbaines, ainsi qu'il est prescrit par le décret de 1809, et par l'ordonnance de 1825 préci

tés;

6. Que toute nomination faite ou tout acte passé contrairement à ces prescriptions ne sauroient être maintenus;

7 Que dans les cas de péril commun, qui exigent un prompt secours, ou dans les circonstances pour lesquelles des dispositions de lois ou de réglemens ordonnent des sonneries, le curé ou le desservant doit obtempérer aux réquisitions du maire, et, qu'en cas de refus, le maire

peut faire sonner les cloches de son autorité propre ;

18. Que ces règles doivent être appli

quées aux difficultés qui se présentent ou qui pourroient se présenter sur la matière..

Nos lecteurs auront remarqué les dispositions de l'art. 1er qui interdit de sonuer les cloches pour les célébrations concernant des personnes étrangères au culte catholique, ou pour l'enterrement de celles à qui les prières de l'Eglise auroient été refusées en vertu des réglemens canoniques. Ainsi se trouve résolue par le conseil d'Etat la question de ces refus de sépulture dont certains journaux arriérés s'emparent encore si souvent pour accuser d'intolérance des prètres qui n'ont fait que leur devoir. Le conseil d'Etat, en indiquant cette sage disposition, ne s'est pas rappelé sans doute que luimême l'a violée tout le premier quand il a prononcé une sentence d'abus contre M. l'évêque de Clermont, pour avoir, en vertu des réglemens canoniques, refusé la sépulture ecclésiastique à M. de Montlosier. Ce n'est pas nous qui essaierons de concilier ces deux avis si différens;

politique, le second est dicté par le droit et la liberté. Devant de tels motifs, la politique reste bien foible.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. - S. S. a nommé S. E. le cardinal Patrizzi son vicaire pour la ville et le diocèse de Roine, en remplacement du cardinal Della Porta Rodiani. Cette nomination ne peut qu'être très - agréable à la noblesse romaine à laquelle Son Eminence appartient par sa naissance, étant prince romain. Elle réunira aussi les suffrages du clergé et du peuple de Rome qui, depuis long-temps ont su apprécier le zěle, et toutes les éminentes qualités qui distinguent le cardinal Patrizzi.

PARIS. Nous ferons connoître, dans notre prochain numéro, la Bulle de Sa Sainteté Grégore XVI, qui érige l'Eglise épiscopale de Cambrai en métropole. Le Bulletin des Lois en contient une traduction sous la date du 2 décembre, et il publie, sous la même date, l'ordonnance relative à cette bulle.

M. l'archevêque de Bordeaux, M. l'évêque du Mans et M. le coadjuteur de Nancy sont arrivés à Paris.

-

Dimanche 9 janvier, M. l'évêque d'Alger a présidé le catéchisme de persévérance de Saint-Sulpice. Les détails dans lesquels le prélat est entré sur le jeune Arabe, qu'il a baptisé le 6 janvier à Vaugirard, nous fournissent l'occasion de compléter l'histoire de cette con

version.

Il y a environ trois ans, après que Constantine fut tombé en notre pouvoir, Mgr Dupuch, qui visitoit pour la première fois son diocèse, célébra le saint sacrifice, en présence de tout le camp sous les

armes, au milieu de la plaine qui environne la ville; et, se tournant vers la multitude, il fit descendre sur elle sa bénédiction. Le canon tonnoit, les tambours méloient leurs roulemens à ce bruit, et les Arabes auxiliaires, confondus avec les soldats français, le cimeterre élevé en l'air, contemploient avec admiration ce spectacle imposant. L'un d'eux, neveu du bey de Constantine, après avoir combattu pour l'indépendance de sa patrie, étoit alors brigadier dans les spahis. Aussi ému que surpris, il s'adressa à son lieutenant, l'un des officiers les plus pieux de l'armée : « Quel est cet homme? demanda-t-il, en parlant de l'évêque. C'est le grand marabout des chrétiens. - Que vient-il de faire? - Il vient de nous bénir. - Pourquoi? - - Pour nous rendre meilleurs. Quand un homme est mauvais, il le bénit, et de mauvais cet homme devient bon. » Le persifflage d'un impie eût laissé l'Arabe incrédule; ces paroles d'un chrétien renouvelèrent son esprit et son cœur. La cérémonie terminée, il poussa son cheval vers le lieu où s'élevoit l'autel, mit pied à terre, et dans son émotion demanda à Dieu de lui faire connoître où étoit la vé

rité.

L'Arabe s'attacha à l'évêque qui, au mois de novembre dernier, le plaça dans l'institution de M. l'abbé Poiloup, à Vaugirard. De plus en plus disposé à recevoir le baptêine, par les exemples de piété que lui présentoit ce saint asile, il ne put contenir l'ardeur de ses désirs à la vue du bonheur que goûtoient ceux dont il étoit entouré, en s'approchant des sacremens le jour de Noël. La vivacité de ses impressions est reproduite, avec une singulière énergie, dans une lettre adressée, deux jours après, à M. l'évêque d'Alger, qu'il supplia de faire cesser temps de son épreuve. Mais je

le

ne suis pas bien content, moi, y disoit-il, de n'avoir pas été baptisé avant la fète, parce que Dieu, avanthier, donna beaucoup à tout le monde, et à moi rien. »

Depuis le retour du prélat en France, deux autres Arabes avoient reçu le baptême avec les plus vifs sentimens de foi. Mgr Dupuch, afin de laisser au jeune catéchumène toute liberté de faire son choix, lui avoit tu que, dans l'un d'eux, il retrouveroit un frère moins âgé que lui. Mais lorsque, cédant à ses vœux, il lui promit à son tour la grâce du baptème, il l'instruisit de cette heureuse circonstance.

Le grand jour fut fixé: c'étoit celui où, de Bethleem, le Christ naissant avoit appelé à lui, du sein de la gentilité, ses premiers serviteurs: c'étoit encore celui où le premier évêque d'Alger avoit pris, il y a trois ans, possession de son siége. Nous ne redirons ni la parole si vive et si tendre du prélat, ni l'attitude à la fois si modeste et si ferme du néophyte revêtu de la robe blanche des catéchumènes, ni les prières admirables que l'Eglise emploie pour le baptème des adultes. Lorsque l'Eglise d'Afrique, si riche d'espérances, compta un chrétien de plus, l'évêque, dominé par l'émotion de la reconnoissance, s'écria : Laudate Dominum, omnes gentes, et, s'adressant une dernière fois au nouveau chrétien : « Allons, homme de bonne volonté, lui dit-il, en empruntant son langage, la paix soit avec toi... toujours ! >>>

En ce saint jour de l'Epiphanie, et à la vue de cet ébranlement qui de l'Afrique s'étend à l'Asie, le successeur de saint Augustin a pu saluer avec confiance la nouvelle étoile

qui s'est levée au milieu du désert, et qui bientôt, astre radieux, éclairera tout l'Orient.

Diocèse d'Agen. - Une mission a

été donnée à Dausse, du 21 novem- | nouveaux néophytes, accourir des bre au 20 décembre, jour où elle a été close par la bénédiction et la plantation d'une croix en ser. Le missionnaire étoit M. l'abbé Girou, saint prêtre qui attire la foule partout où sa parole va remuer les ames. Il s'exprime le plus souvent en patois: mais, dans cette langue vulgaire, il a des morceaux de l'ordre le plus élevé, et d'autres d'un pathétique qui brise les cœurs endurcis.

Diocèse de Beauvais.-M. l'évêque nommé de Beauvais est parti pour Bordeaux, d'où il ne reviendra qu'à l'epoque de son sacre, qui aura lieu dans la cathédrale de Saint-Pierre.

Diocèse de Bourges. - Un service

funèbre en l'honneur de Mgr de Villèle a été célébré le 4 janvier, dans l'église métropolitaine de Bourges, en présence de la famille royale d'Espagne, du clergé de la ville et des deux séminaires. M. le comte Eugène de Villèle, neveu du prélat, représentant la famille, étoit venu de Toulouse pour assister à cette cérémonie. Un auditoire choisi remplissoit le chœur et une partie de la nef de cette vaste cathédrale. L'oJaison funèbre a été prononcée par M. l'abbé Dubouchat, chanoine homoraire, directeur de l'institution de Chézal Benoît.

Diocèse de Lyon.-Mgr Rouchouse, évêque de Nilopolis et vicaire apostolique de l'Océanie orientale, se trouve en ce moment à Lyon, où il est venu pour conférer avec le conseil de la Propagation de la Foi, et revoir sa famille, avant d'aller préSenter au souverain Pontife le compte-rendu de son administration. Naguère plusieurs prélats de l'Asie et de l'Afrique ont accompli le neme voyage, dans un but semblable. On les a vus, entourés de leurs

points du globe les plus distans, se rencontrer au sein de la ville éternelle, et, prosternés aux pieds du vicaire du vicaire du Christ, lui offrir ces prémices de leur laborieux apostolat. N'est-ce pas un spectacle aussi touchant qu'adınirable, que celui de l'Eglise romaine, conservant, malgré la longue succession des siècles, sa primitive vigueur, et enfantant chaque jour de nouveaux fils à son divin époux? Quelle est la puissance de la terre qui pourroit se vanter de semblables prodiges, et comment à ces traits méconnoître cette société, aussi ancienne que le monde, dont il est dit: Afferte Domino, familiæ gentium, gloriam et imperium, etc.?

La bienfaisante association de la

Propagation de la Foi, qui a pris

naissance au milieu de nous, il y a si peu d'années, et qui a déjà opéré tant de prodiges, ne semble-t-elle pas destinée à élever Lyon au rang de Seconde Rome, en en faisant comme un centre de charité, où viennent sans cesse puiser les missionnaires évangéliques chargés de porter la bonne nouvelle du salut dans toutes les parties du monde?

Inutile de dire que Mgr Rouchouse a reçu la plus touchante hospitalité de S. Em. le cardinal-archevêque, qui a voulu le loger auprès de lui, dans son propre palais.

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depuis 1819, est en ce moment au plus mal. Un anévrisme dont il est atteint a fait de tristes progrès depuis six mois. Le prélat conserve toute sa connoissance. Il n'est occupé que de Dieu et de la vie éternelle dans laquelle il va bientôt entrer. Il édifie son clergé par ses souffrances, comme il l'a toujours édifié par ses vertus et par ses

œuvres.

- Depuis un an, un ministre protestant se rend, une fois par inois, de Tours à Châtellerault, sous prétexte de faciliter à quelques luthériens allemands employés à la manufacture royale d'armes, les moyens de pratiquer leur culte mais en réalité dans l'espoir de propager sa secte.

,

Plusieurs curieux, attirés par la nouveauté, ont assisté à son prêche, qu'il fait dans la salle des Pas-Perdus au Palais : toutefois, en dépit

de leur indifférence, ils n'auroient

garde d'échanger leur religion, qu'ils ne pratiquent guère, contre les erreurs de Luther ou de Calvin..

On ne cite jusqu'ici qu'un cordonnier qui ait abjuré publiquement, au préche, la foi catholique, dont il n'avoit, du reste, fait profession qu'au baptême.

Cette défection honteuse est, d'ailleurs, compensée par deux édifiantes conversions.

Il ne restoit de la secte protestante, autrefois assez nombreuse à Châtellerault, qu'un seul membre: c'étoit M. C..., ancien maire de cette ville et ancien député sous la restau

ration, homme estimé et considéré

de tout le monde, sans distinction d'opinion ni de parti, qui possédoit toutes les vertus civiles et morales, et auquel il ne manquoit que la foi catholique. Or, l'année dernière, à cette époque, au moment où le ministre protestant venoit de commencer ses prédications, M. C.... a abjuré le protestantisme entre les

mains de M. l'abbé Benoin, qui étoit venu prêcher la station de l'Avent, et il a embrassé la vraie religion, à la grande satisfaction de sa famille et de ses nombreux amis. Dernièrement encore, la femme d'un magistrat des environs de Châtellerault, aussi distinguée par ses vertus domestiques que par sa naissance et sa brillante éducation, madame M...., née Stuart, et dont le nom indique une origine anglaise, a fait aussi abjuration de la religion rel anglicane. Cette dame s'étoit convaincue elle-même de la vérité de notre religion, en faisant apprendre le catéchisme à sa fille. M. l'abbé Boislabeille, qui a reçu son abjuration, n'a eu besoin d'avoir avec elle que quelques conférences explica

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