pinant s'étonne qu'un ministre de l'in- | de l'Espagne. j'en parlerai; d'ailleurs. le struction publique défende avec achar- discours de la couronne est plus remarqua nement (c'est son expression) celte Université, qui, depuis quarante-cinq ans, nons dit-il, est cause de la corruption publique, je lui rappellerai que l'Université, fondée en 1808, parut alors une grande et utile pensée de l'homme de génie qui a laissé en France tant de traces ineffaçables. Je lui rappellerai que ce fut précisément l'esprit monarchique et religieux, dans ce qu'il a de plus élevé, qui accueillit cette création comine une espérance et un appui pour la société, et qu'elle marqua, en effet, un retour et un progrès vers les plus sainestraditions. M. DE MONTALEMBERT. Je n'ai pas prétendu du tout déclarer que l'Université étoit la cause unique des maux de la société en France. Je dis seulement que si elle a été instituée par l'empereur, comme je n'en donte pas, dans une pensée essentiellement monarchique et religieuse, elle a bien mal remplisa mission; car il n'y a pas de pays où les élemensreligieux et monarchiques soient plus rares qu'en France. Comme elle a été seule investie du pouvoir de diriger les intelligences depuis 1806, cela prouve seulement que l'arbre, s'il faut en juger d'après ses fruits, ne vaut pas grand chose. (On rit.) M. d'Alton-Shée se prononce vivement en faveur du ministère et contre ceux qui, dit-il, travaillent dans l'intérêt des ennemis de la France; ceux-là sont ceux qui. allant exhumer non pas des pièces officielles, mais des correspondances intimes dans lesquelles les lords Pa'merston et Ponsonby épanchent toute leur bile contre notre pays, traduisent ce ramassis d'injures et le livrent à la publicité. M. de Saint-Priest blâme les expressions de M. de Boissy relatives à Espartero; elles sont inutiles et peuvent justement irriter un pays sensible à l'honneur. L'orateur en vient à l'affaire des lettres de créance qui doivent être présentées soit au régent, soit au souverain lui-même. On peut citer, dit-il, en France et en Espagne, tro's régences: deux régentes et un régent. Les régentes ont toujours reçu les lettres de créance elles-mêmes. Sous le régent, c'étoit le roi enfant qui les recevoit. M. DE DREUX-BRÉZÉ. Puisqu'on a parlé ble par ce qu'il ne dit pasque par ce qu'il dit. Les affaires d'Espagne exercent une trop grande influence sur la politique de notre pays, pour que nous imitions la réserve du ministère. La convention de Bergara a été pour tous un fait grave, et mes prévisions d'alors se sont réali-ées. Qui auroit pu croire qu'un ministère français eût jamais favorisé un mouvement réactionnaire? C'est pourtant ce qui est arrivé. L'orateur rappelle que le gouvernement, après avoir laissé succomber la Pologne, après avoir perdu la Belgique, s'est allié à l'Angleterre, à l'Espagne el au Portugal; il avainsi sacrifié à des intérêts passagers, à des intérêts passionnés, les intérêts permanens, les intérêts réels de la France. Pour appuyer cette assertion, M. de Brézé examine, en les critiquant, les résultats de ces différentes alliances. Evidemment, ajoute l'orateur, la position que vous avez prise vis-à-vis de l'Espagne ne peut se prolonger. Déjà, par les nouveaux systèmes de douanes, que vient d'établir le régent, un grand marché vient d'échapper à la France. et de se donner tout entier à nos adversaires. Quels présages! messieurs; et que ne doit-on pas redouter d'un pareil état de choses! M. de Brézé termine en disant qu'il est partisan d'un congrès européen pour régler les affaires d'Espagne, quoiqu'il pense que ce congrès ne rendroit jamais à la France linfluence qu'elle exerçoit autrefois sur ce pays. M. LE PRÉSIDENT. Je propose de renvoyer la séance à demain. (Oui! oui!) M. Guizot, ministre des affaires étrangères. demande la parole pour demain. I a séance est levée à six heures. Séance du 12. M. Lesergeant de Bayenghem est admis et prête serment. M. Guizot, ministre des affaires étrangères, a la parole. Il commence par déclarer que le silence du discours du trône à l'égard de l'Espagne a été calculé et volontaire, et qu'il imitera cette réserve. parce qu'il y a en ce moment entre la France et l'Espagne des affaires pendantes, des relations flagrantes, et que s'ex pliquer à ce sujet seroit risquer de troubler les négociations. L'orateur passe ensuite à la question d'Orient, et trouve que les puissances de l'Europe, de même que le pacha d'Egypte et le sultan, ont lien de se réjouir de la manière dont toutes les difficultés se sont terminées. La France surtout, en rentrant dans le concert européen, s'est trouvée en position de réduire considérablement ses armemens, et de mettre un terme à des dépenses ruineuses. Le ministre dit en terminant que le protectorat de la France ne manquera jamais aux chrétiens d'Orient, et que le gouvernement s'efforcera toujours d'adoucir leurs misères et de soulager leurs besoins; mais que ce n'est pas par l'insurrection que ces populations se rendront la Porte - Ottomane plus favorable. M. de Montalembert demande à M. Guizot s'il a été fait quelque chose pour contrecarrer l'établissement d'un évêque protestant à Jérusalem. C'est-là, dit l'orateur, un établissement purement politique, qui n'a pour but que de contrebalancer l'influence de la France en Orient. où cet évêque ne trouvera pas un seul coréligionnaire. M. GUIZOT. L'établissement d'un évêché protestant à Jérusalem est une question encore pendante. La chambre comprend que je ne puis m'expliquer sur ce point. La discussion générale est fermée. La chambre passe au vote des paragraphes. Après le vote du paragraphe relatif aux affaires d'Orient, M. d'Harcourt propose l'amendement suivant : Cet amendement est adopté. Le paragraphe 5 est adopté après une longue discussion soulevée par les mots forces militaires que plusieurs membres vouloient remplacer par organisation militaire. adoptés. Les paragraphes 4 et 5 sont également M. de Daunant demande la parole en vertu de l'art. 15 de la loi du 25 mars 1822, et signale un article publié ce matin par le Siècle, article qui est une injure grave pour la chambre. Il demande en conséquence que la chambre traduise à sa barre le gérant du Siècle. M. Dubouchage fait au contraire la proposition formelle que la chambre, usant de son droit, renvoie le détit d'offense, si offense il y a, devant la justice ordinaire. M. Cousin pense que la chambre ne doit point laisser à d'autres le soin de venger son offense. La chambre remet à demain pour prendre une décision. Le Gérant, Adrien Le Clere. BOURSE DE PARIS DU 12 JANVIER. CINQ p. 0/0. 117 fr. 85 c. PARIS. -IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET CO, rue Cassette, 29. LIBRAIRIE D'ADRIEN LE CLERE ET COMP., RUE CASSETTE, 29. INSTRUCTION PASTORALE DE Mgr L'ÉVÊQUE DE CHARTRES Sur les mystères de la religion comparés à ceux de l'incrédulité, suivie d'une Lettre au clergé de son diocèse. In-8°. - Prix: 50 cent., et 65 cent. franc de port. L'AMI DE LA RELIGION paroît les Mardi, Jeudi el Samedi. On peut s'abonner des PRIX DE L'ABONNEMENT N° 3542. 1 an.. 6 mois. 3 mois. 1 mois. 1et 15 de chaque mois. SAMEDI 15 JANVIER 1842. DE L'AVENIR DU CHRISTIANISME EN ORIENT. Nous nous étonnons que la presse ait laissé passer inaperçu un remarquable travail lu, par M. Blanqui, à l'Académie des sciences morales et pohtiques, sur l'état social de la Terque d'Europe. Ce travail est le résultat des observations que le savant académicien vient de recueillir dans le cours d'un voyage en Turquie; et, au point de vue religieux, il constate des faits qu'il importe de signaler à nos lecteurs : « Il n'y a point de pays, dit M. Blan qui, qui présente de nos jours un sujet d'étude plus intéressant que la Turquie d'Europe. Les hommes d'Etat, les philosophes, les économistes y ont encore plus à apprendre que les poètes, accoutumés à y venir chercher, de temps immémorial, des souvenirs et des inspirations. Cette terre, si belle et si triste, est la seule aujourd'hui qui passionne les plus grands esprits. Ses destinées ont failli mettre en question le repos de l'Eu rope. Chacun sait qu'elle recèle dans son sein les germes d'un avenir mystérieux et fécond, qui ne l'intéresse pas toute seule. Aux yeux de la politique, le poids qu'elle peut mettre dans la balance est si grand, qu'il suffiroit à déranger l'équilibre du monde; aux yeux de la religion, cette terre est plus importante peut-être, et le nom de sa capitale dit assez les services que le christianisme en a reçus et ceux qu'il en peut espérer. Tous les regards sont fixés sur elle avec une sympa thie mêlée d'anxiété. On voudroit résoudre à la fois les magnifiques problèmes qu'elle offre à la sollicitude publique, car la barbarie qui la désole semble un dési porté à la civilisation.... » Au fond de quelques-unes de ses vallées j'ai trouvé des populations chrétiennes primitives, admirables de vigueur, de simplicité, de naïveté intelligenteet pure (1). Il y a là un nouveau monde à découvrir, ou plutôt un monde ancien à exhumer. Le vieux christianisme y déborde de toutes parts, comme une végétation luxuriante sur un terrain vierge. On diroit que les générations qui l'ont si précieusement conservé, en le dérobant pendant plusieurs siècles aux regards des profanes, comprennent que l'heure est arrivée où elles peuvent enfin montrer à l'Eu rope reconnoissante ce glorieux et vénérable dépôt. C'est même le caractère le plus frappant de la Turquie actuelle, que cette exubérance de vie de la population chrétienne en présence de la décadence physique et morale de la race mu L'Ami de la Religion. Tome CXII. sulmane.... » Belgrade semble renaître entre les mains des Serbes, qui sont des chrétiens. Partout où brillent des croix. s'élèvent des maisons nouvelles; partout la terre se couvre de décombres, où rayonnent des minarets. Cette ville est comme un avant-goût de la Turquie tout entière. On diroit que la politique n'y a réuni les chrétiens et les Turcs que pour mieux faire ressortir l'incompatibilité des deux races. ou plutôt la supériorité désor mais incontestable de la race chrétienne. La Servie est le laboratoire où se prépare le seul travail de fusion qu'on puisse espérer après tant d'oppression d'une part et de souffrances de l'autre. Cest là que les deux populations, juxtaposées plutôt qu'unies, essaient. sous une administration moitié chrétienne, moitié turque, la (1) Nous regrettons que M. Blanqui n'ait pas dit quel est le nombre des catholiques an milieu de ces populations chrétiennes. 6 nouvelle existence sociale qui servira | autres populations chrétiennes de l'O. quelque jour de modèle à tout le reste de rient. Ses campagnes ont déjà gagné l'empire, ou tout au moins de transition | quelque chose en richesse à cette génévers un régime meilleur.... Le fameux Tzerni-George jeta, au commencement de ce siècle, les bases de son indépendance, confirmée après sa mort par le prince Milosch, exilé à son tour, malgré les grands services qu'il a rendus à son pays. Il est bien évident qu'il étoit déjà plus qu'un vassal quand il recevoit à Constantinople l'investiture de la Porte, avec l'hérédité dans sa famille et des immunités presque égales à celles des têtes couronnées. Chrétien, il commandoit à des populations chrétiennes: c'est le premier exemple de ce genre qui ait été donné en Turquie, où la race musulmane n'avoit cessé jusqu'alors d'exercer le privilége du vainqueur sur toutes les castes de rayas. Les musulmans ont vu, depuis, la Grèce leur échapper, comme la Moldavieet la Valachie avoient échappé à leurs pères, et l'on ne sauroit accorder trop d'attention à ce point de départ de l'ère toute nouvelle qui s'ouvre rense initiative, ou plutôt à cette sainte initiation d'un peuple tout entier à ses destins nouveaux... » Puisque j'ai à constater l'état social de ce démembrement important de la Turquie d'Europe, l'Académie me permettra de signaler à son attention la part remarquable que les femmes n'ont cessé de prendre à tous les mouvemens qui l'ont préparé, particulièrement la princesse Lioubitza, épouse du prince Milosch. Il faut avoir vu de près l'insolence des Turcs envers les femmes chrétiennes, eux habituellement si respectueux envers celles de leur religion, pour comprendre le ressentiment implacable des dames serbes contre les musulmans, qu'elles appellent des tyrans de harem. Aussi, durant les guerres de l'indépendance, sous TzerniGeorge et sous Milosch, les femmes se sont constamment distinguées par leur vaillance. La princesse Lioubitza montoit à cheval pour combattre, et plus d'une dès ce moment pour l'état social en Tur- | fois elle a relevé les courages abattus dans quie. des momens difficiles. Figurez-vous, messieurs, une dame de cinquante ans environ. d'une attitude martiale, la tête couverte de cheveux gris en desordre, vêtue d'une simple tunique, ouvrage de ses mains, le front haut et sillonné de rides >> La véritable cause de l'incompatibilité des deux races étoit l'intolérance religieuse des Turcs, qui ne leur permettoit ni de contracter aucune alliance avec les chrétiens, ni de considérer ceux-ci comme leurs égaux devant la loi. De là, comme | nombreuses: telleétoit la princesse serbe, chacun sait, les partialités révoltantes de la justice musulmane, les impôts établis sur une caste, les priviléges et l'impunité assurés à l'autre. Il a suffi d'un traité pour réduire en poussière ces débris de la domination musulmane, et les Serbes jouissent aujourd'hui des mêmes garanties que les sujets de l'Autriche et de la Russie. La liberté des cultes chez eux est entière; ils ont une administration centrale et locale, toute chrétienne.... La Servie peut être considérée comme une province chré-contres me semblent constituer aux yeux lorsqu'elle me fit l'honneur de me recevoir dans son palais de bois, entremêlant les questions qu'elle m'adresseit aux récits les plus pittoresques, et tout pleins d'une vive sollicitude pour le sort des femmes chrétiennes condamnées à vivre sous les lois musulmanes. Ici, je ne saurois tout dire; mais j'ai emporté la conviction que le christianisme est bien puissant aux lieux où il produit et soutient d'aussi grands caractères. De semblables ren des hommes clairvoyans une véritable révélation... tienne plutôt que comme une dépendance de la Turquie. On diroit qu'elle agit sur elle-même, en manière d'expéri• Toute la contrée qui sépare le bassin mentation sociale, pour l'édification des | du Danube de c.lui de la Nissava est en tièrement défigurée sur les cartes.... Dans | délicieuse physionomie de la plaine, plu, le fond de ces gorges sauvages, j'ai vrai ment découvert ept à huit grands villages cachés comme des nids, sous des forêts impénétrables: ils étoient tous composés de familles chrétiennes. Plus tard, nous en avons rencontré beaucoup d'autres, et toujours si exclusivement habités par des chrétiens, que j'avois fini par me croire sorti de la Turquie. On ne sait pas assez en Europe que toute la Bulgarie est chrétienne, et que la race turque y est campće comme une espèce de garnison en pays conquis. Ce qu'on ne sait pas non plus. c'est la mâle vigueur de ces populations chrétiennes, et la beauté admirable du pays qu'elles habitent..... ■ Mais, il faut le dire aussi, la plus affreuse misère règne au sein de ces beaux lieux... Et je me suis, bien des fois, douloureusement demandé ce qu'étoit devenu le hatti-scheriff de Gulhané, en assistant à de déplorables excès. Les chrétiens les subissent avec une résignation stoïque, comme on souffre dans un mauvais climat la rigueur des saisons; mais il est facile de voir qu'ils en dévorent l'amertume, en attendant desjours meilleurs, des jours qu'ils entrevoient. Que de patriotiques soupirs ces braves gens exhaloient devant nous, quand ils étoient bien sûrs que nous étions chrétiens! Que de que tions sur nos usages religieux, sur nos églises, sur nos prêtres! Quelle ardeur expansive à nous interroger sur les cérémonies de nos baptêmes, de nos mariages, de nos enterremens! Quelle éloquence dans leurs regards! Quelle profonde signification dans leurs moindres paroles! » Avant d'entrer dans la ville de Nissa, mes regards avoient été frappés à l'aspect dun hidenx monument, tristement caractéristique de l'état social du pays. Je veux parler de la fameuse pyramide quadrangulaire tronquée, incrustée de 3 ou 4,000 crânes de chrétiens serbes qui succombèrent dans le combat contre les Turcs en 1816, et dont le fanatisme musulman a fait aux portes de Nissa ce barbare trophée. Non loin de là, malgré la sieurs villages dévastés, beureusement en moins grand nombre qu'on ne croyoit en France, attestoient le passage des bandes albanaises, plus redoutables que la peste et plus difficiles peut-être à extirper du sol de la Turquie. On conçoit difficilement dans nos contrées civilisées l'existence de ces bandes qui sont, pour ainsi dire, comme l'expression organisée de tous les fléaux. On ne peut pas se figurer, aussi près de nous, des populations entières systématiquement constituées pour le pillage. et n'ayant d'autre existence que le vol à main armée sur une grande échelle. Telles sont les hordes albanaises, que le gouvernement de la Porte n'a pu réduire encore à l'obéissance, et qui, distribuées sur une partie importante de son territoire, n'ont été contenues jusqu'à ce jour qu'en leur livrant pour ainsi dire à discrétion les familles chrétiennes.... • Tel est l'état réel de la Turquie d'Europe en ce moment. Il y a deux populations en présence: la population chrétienne qui s'avance vers des destinées nouvelles avec la force majestnense et irrésistible de la marée montante; et la population turque qui essaie en vain, comme feroient quelques rochers épars sur un rivage, d'arrêter le flot venu de la haute mer. Les chrétiens, en effet, viennent de loin en Turquie: ils datent de Byzance et de la chute de l'empire romain. Les musulmans eux-mêmes ont pris soin de les multiplier, en les exemptant, comme infidèles, du service militaire qui épuise aujourd'hui les derniers restes de vigueur de la race turque. Il y a quelque chose de providentiel dans cette persécution opiniâtre qui dure depuis la prise de Constantinople, et qui a conservé intacte, depuis quatre siècles, toute la famille chrétienne d'Orient. Il suffit de voir les deux races en face l'une de l'autre, de compter leur nombre et de lire dans leurs yeux, pour comprendre que de grands événemens se préparent, et que l'Europe chrétienne doit y être attentive. >> En voulez-vous quelques preuves? les |