cadémie comme sa loi suprême, lui a fait réduire à chaque édition l'emploi des th et des ph dans les mots le plus ordinairement employés, elle jugera peut-être opportun de mettre un terme au désordre, en donnant à des mots depuis longtemps devenus français par l'usage, la physionomie qui leur convient. Quant aux mots forgés par les médecins, les naturalistes et les chimistes, avec leur parure obligée de ch, de ph, et de th, ils sont heureusement d'un emploi rare. J'ai donc cru devoir séparer en deux listes les mots qui figurent au Dictionnaire de l'Académie ceux de la langue usuelle, et ceux de la langue technique et par conséquent peu usités. : Il résulte de ces listes que les mots de la langue usuelle ayant le th et figurant au Dictionnaire sont au nombre de 77. Ceux d'un usage exceptionnel, admis néanmoins par l'Académie et où figure le th, sont au nombre de 68. (1) On écrit abstème, d'après une étymologie bien incertaine. Comment se rappeler cette distinction ? Le Dictionnaire écrit Ostrogot: pourquoi écrire gothique? (2) Robert Estienne, lui-même, écrit ce mot sans h. L'Académie, ayant fait disparaître l'h des mots thrésor, thrésorier, thrésorerie, thrône, déthrôner, autheur, authoriser, inthronisation, inthroniser, croira peut-être le moment venu de supprimer, en tout ou en partie, l'h dans les soixante-dixsept mots de la langue usuelle qui figurent en tête de la liste précédente, et cela conformément à l'exemple donné par ses prédécesseurs. DU QUI DEVRAIT TOUJOURS ÊTRE REPRÉSENTÉ PAR F. L'Académie, après avoir écrit, dans sa première édition, par ph les mots phlegme, phlegmatique, phantosme, phan (1) Cette forme, qui déroge à celle des autres composés de λibog, lithotrilie, lithotomie, lithologie, et à toute la série des mots composés du grec, ne saurait être admise, à moins de vouloir, en français, écrire grec et latin. Si l'on transformait ainsi dans notre langue les désinences des génitifs grecs, il faudrait écrire odontónalgie et non odontalgie, typougraphie, physéologie ou plus exactement physéoslogie, etc. Quant à la forme assez barbare de la désinence triplique dans ce mot lithontriptique, elle dérive ici de τpiów, je frotte, d'où τpíñtn;; mais pour quiconque sait le grec, l'explication donnée au Dictionnaire : médicaments lithontriptiques, signifiera des médicaments qui frottent la pierre (daus la vessie). Litholytiques (de λów) eût mieux exprimé ce qu'on voulait indiquer : des médicaments dissolvant la pierre. tastique, phiole, scrophuleux, les a écrits plus tard par un f: flegme, flegmatique, fantôme, fantastique, frénésie, frénétique, fiole, scrofuleux, etc., de même qu'elle figure par ƒ les mots d'origine grecque, faisan, fameux, infâme, infamie, fantaisie, fanatique, fantasmagorie, faséole, fenestre, feuille, frémir, frisson, greffier, siffler et soufre du latin sulphur. Il n'est personne assurément qui voudrait voir rétabli le ph dans ces mots. Notre fest une lettre de naturalisation, à laquelle a droit tout mot devenu français. Les ph devraient même être bannis de cette foule de mots scientifiques qui hérissent notre écriture de consonnes inutiles et la défigurent (1). (1) Voici d'autres mots évidemment d'origine grecque, que les Latins ont écrits par un ƒ et non un ph : fagus, nyós; fallo, opźλlw; fax, de páw; fero, de pepw; ferus, de pnp ou Ono; fuo, fio, qów; fiscus, de píoxoc; fistula, de quoãv; folium, de púλλov; forma, μoppń; frons, ppovtic ou ¿qpú;; fuga, quyń ; fulgeo, ¤àéyw; fucus, pùxo;; fungus, opóyyo;: funus, qóvos; fur, qúp; feretrum, φέρετρον ; fortas, φόρταξ; frigo, φρύγω οι φρύττω. (2) Dans les cahiers de l'Académie, on proposait d'écrire Daufin, Daufiné. Ces mots où le ph figure sont au nombre de cent quatrevingts à deux cents. Le parti le plus logique serait sans doute d'imiter les Italiens et de substituer partout le fau ph qui, en français, n'a pas et ne peut pas avoir d'autre son que l'f qui reproduit si bien le p. Si pourtant l'Académie hésitait à compléter la réforme dont ses prédécesseurs lui ont tracé la voie, au moins pourrait-elle l'étendre à certains mots d'un usage ordinaire: alfabet, ainsi écrit par Volney et autres, apostrofe, atmosfère, atmosférique, blasfème, catastrofe, éléfant, enfase, épitafe, géografie (et ses similaires), hémisfère, métamorfose, néofyte, paragrafe (on écrit agrafe), fénomène, filosofie, frase, profète, sofiste, télégrafe, zoofyte, etc., etc. Blasfème, orfelin, sont même ainsi écrits par Robert Estienne. C'est surtout dans les mots où le th et le ph sont réunis et dans ceux où l'on trouve deux ph ou th: aphthe, apophthegme, diphthongue, ichthyophage, ophthalmie, ichthyolithe, que la réforme serait urgente. On ne saurait imaginer rien de plus barbare en français que ces groupes de quatre consonnes. L'Académie, qui dans ses précédentes éditions écrivait aphte, phtisie, diphtongue, ortographe, serait unanimement approuvée si, n'osant faire plus, elle revenait du moins à cette orthographe plus simple. Phtisie vaut mieux que phthisie; ophtalmie que ophthalmie; mais on devrait faire encore plus. (1) Pourquoi écrire par ph sylphide et syphilis, et même séraphin? Peutêtre ce dernier mot vient-il de l'hébreu; mais, de même qu'on a supprimé le dernier h au mot alphabeth, on pourrait aussi remplacer le ph par ƒ. Voici la liste des autres mots dérivés du grec par le latin, ou formés directement du grec, auxquels est appliqué le ph au lieu de f: Mots avec PH d'un usage exceptionnel. (1) Qu'on devrait écrire phénicure, comme phénix. (2) L'Académie dans sa première édition écrivait diphtongue; Corneille, dans sa grande édition, l'écrivait de même, ainsi qu'ortographe. |