HISTORIQUE, ου HISTOIRE ABRÉGÉE DES HOMMES QUI SE SONT FAIT UN NOM PAR LEUR GENIE, LEURS TALENS, DEPUIS LE COMMENCEMENT DU MONDE JUSQU'A NOS JOURS; PAR F. X. DE FELLER. Kuitième Edition, AUGMENTÉE DE PLUS DE 2000 ARTICLES INTERCALÉS PAR ORDRE ALPHABETIQUE. 1 TOME DOUZIÈME. LILLE, CHEZ L. LEFORT, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE ESQUERMOISE, N° 55. - 1833. HISTORIQUE DE FELLER. SA OU SAA (Emmanuel), jésuite, né en 1530 à Villa-do-Condé en Portugal, prit l'habit de saint Ignace en 1545. Après avoir enseigné à Coïmbre et à Rome, il se consacra à la chaire, et précha avec succès dans les principales villes d'Italie. Pie V l'employa à une nouvelle édition de la Bible. Il mourut en 1596, dans sa 66e année, à Arone, au diocèse de Milan, où il s'était rendu pour se délasser de ses travaux. Nous avons de lui : 1o Scholia in 4 Evangelia, Anvers, 1596, in-4; Lyon, 1610; Cologne, 1620; 2° Notationes in totam sacram Scripturam, Anvers, 1598, in-4; Cologne, 1610. Ses notes sur la Bible sont courtes et littérales. Il y en a un grand nombre qui, dans leur brièveté, jettent plus de jour sur le texte sacré, et terminent mieux de grandes difficultés que de longs commentaires. 3o Aphorismi confessariorum, Barcelone, 1609; Paris, 1609; Douai, 1627, édition corrigée; Lyon, 1612; Anvers, 1715; Rouen, 1617. On assure qu'il fut quarante ans à composer ce livre, quoique ce ne soit qu'un vol. in-12. Les confesseurs y trouvent d'excellentes règles, fruits de l'expérience, du jugement, et de la solide piété de l'auteur. L'ouvrage n'est pas d'abord sorti de sa main exactement tel que nous le voyons, le maître du sacré palais en ayant fait changer ou retrancher un certain nombre de décisions qui lui paraissaient s'éloigner des opinions communément reçues parmi les théologiens. SA (CORRÉA de). Voyez CORRÉA. SAA DO MIRANDA (François), célèbre poète portugais, chevalier de l'ordre de Christ en Portugal, né à Coïmbre en XII. S 1495, fut d'abord professeur en droit de l'université de sa patrie. Il ne s'était adonné à la jurisprudence que par complaisance pour son père. Dès qu'il l'eut perdu, il se livra entièrement à la philosophie morale et à la poésie. Après un voyage fait en Espagne et en Italie, il retourna en Portugal avec des connaissances très étendues. Le roi Jean III et l'infant Jean l'honorèrent deleurs bontés; mais Saa n'eut pas le bonheur de les conserver. Il quitta la cour, el se confina dans une maison de campagne jusqu'à sa mort, arrivée en 1558, à 63 ans. Ses ouvrages poétiques consistent en Epitres, en Sonnets, en Pastorales, et en Chansons. Ils ont été imprimés en 1614, à Lisbonne, in-4. Saa do Miranda est le pre mier poète de sa nation qui ait eu un nom. (« Malgré leurs défauts, ditun écri>> vain, on trouve dans les poésies de >> Saa des tableaux pleins de grâce et de >>> naturel et des descriptions ravissan>> tes. » Il est le premier qui ait donné en Portugal deux Comédies régulières : elles ont pour titre les Etrangers et les Villapandios.) Plus soigneux de réformer les vices du cœur que de procurer du plaisir à l'esprit, il s'attachait à mettre en vers des maximes de morale, qui ne prêtaient pas toujours à la poésie; la sienne offre des leçons utiles. SAADI OU SADI, célèbre poète persan, naquit dans la ville de Schiraz, capitale de la province de Farsistan en Perse, l'an 1184 de J. C. Il fut fait esclave par les Francs dans la Terre-Sainte, et travailla en cette qualité aux fortifications de Tripoli. Un marchand d'Alep le racheta I comme avocats dans le commerce, en est dan lois que combiner les aus et apprécier les autres. Ila comme juges, aussi bien retenir dos dans les arts. It pour le prix de dix écus d'or, et lui en donna cent autres pour la dot de sa fille, qu'il lui fit épouser. Mais cette femme lui donna tant de peine, qu'il n'a pu s'empêcher d'en faire connaître son chagrin dans ses ouvrages, et principalement dans son Gulistan, qui parut en vers et en prose l'an 1258. Quelque temps après, il publia son Bostan, qui est tout en vers, aussi-bien qu'un autre de ses ouvrages, qui porte le titre de Molamâat. Le mot Gulistan signifie en langue persane un jardin ou parterre de fleurs, et celui de Bostan se prend pour un jardin de fruits; celui de Molamâat signifie en arabe des étincelles, desrayons, des échan tillons. Il mourutl'an 1290, à l'âge de 106 ans. Voltaire faisait peu de cas de ses poésies; mais comme il ignorait la langue persane, son sentiment n'est peutêtre pas fondé. Si on en juge par les vers qu'il en rapporte lui-même, on ne peut s'empêcher de reconnaître dans le poète persan beaucoup d'énergie et d'élévation. Voici comme il parle de Dieu : Il sait distinctement ce qui ne fut jamais: Il a tracé nos traits dans le sein de nos mères. De l'aurore au couchant il porte le soleil. Il sème de rubis les masses des montagnes. Il prend deux gouttes d'eau: de l'une il fait un homme, On peut remarquer aisément combien étaient justes les idées du poète persan sur la Divinité. (Voyez KANG-HI.) (Gulistan a été traduit en français par l'abbé Gaudin, 1791, et plus anciennement par du Ryer. Voyez ce nom.) SAADIAS-GAON, célèbre rabbin, né en 892, mort en 942 à 50 ans, fut le chef de l'académie des Juifs, établie à Sora, près de Babylone. On a de lui: 1o un traité intitulé Sepher Haëmaunoth, dans lequel il traite des principaux articles de la croyance des Juifs; 2° une Explication du livre Jézira; 3o un Commentaire sur Daniel; 4o une Traduction, en arabe, de l'ancien Testament, et d'autres ouvrages. SAAS (Jean) né en 1703, à SaintPierre de Franqueville au diocèse de Rouen, fut membre de l'académie de cette ville, et mourut en 1774 âge de près de 72 ans. Après avoir été secrétaire de l'archevêque, et garde de la bibliothèque du chapitre de Rouen, il fut pourvu de la cure de Darnetal en 1742, puis d'un canonicat à la métropole en 1551. Une application constante à l'étude lui acquit des connaissances étendues dans la littérature, et le rendit un des plus habiles bibliographes'de son temps. Mais, plus jaloux de la gloire des lettres que de la sienne propre, il n'employa jamais plus d'activité que lorsqu'il s'agit d'être utile aux autres, soit par des recherches longues et pénibles, soit par la révision de leurs ouvrages. Outre des manuscrits intéressans qu'il a laissés, il a fait imprimer plusieurs écrits sans nom ou sous des noms empruntés, entre autres : 1o Catéchisme de Rouen; 2° Nouveau Pouillé de Rouen, 1738, in-4; 3o Notice des manuscrits de l'Eglise de Rouen, 1746, in-12; 4° Lettre sur le Catalogue de la bibliothèque du roi, 1749, in-12; 5o plusieurs Lettres critiques sur le Supplement de Moréri, 1735; sur l'Encyclopédie, sur le Dictionnaire de l'abbé Ladvocat, Douai, 1762, in-8. Ces lettres sont remplies d'observations sages, de correctionsimportantes, et décèlent beaucoup de jugement et de savoir; l'auteur est un des premiers qui aient apprécié avec justesse la massive compilation de l'Encyclopédie : il montre non seulement les erreurs grossières, mais la mauvaise foi et les vues sinistres des rédacteurs. Voyez DIDEROT. (L'éloge de Saas, par Cotton Deshoussayes a été imprimé à Paris, 1776, in-8.) SAAVEDRA. Voyez CERVANTES. SAAVEDRA FAJARDO (Diego de), littérateur et diplomate, d'une famille noble du royaume de Murcie en Espagne, naquit en 1584, à Algezarès bourg de Murcie. (Après avoir été secrétaire de chiffres du cardinal Borgia, vice-roi de Naples, il devint ambassadeur à Rome, et fut employé pendant trente-quatre ans en différentes négociations, en Italie, en |