AVANT-PROPOS DE LA PREMIÈRE ÉDITION. J'avais pris pour sujet de mes leçons, dans les années 1819 et 1820, l'histoire de la philosophie morale en Europe au XVIIIe siècle. Cette histoire devait comprendre les systèmes moraux sortis de l'école sensualiste, et les systèmes opposés sortis de l'école spiritualiste divisée elle-même en deux écoles différentes qui en représentent en quelque manière les deux degrés, je veux dire la philosophie écossaise et la philosophie de Kant. En 1819, j'embrassai et terminai toute l'école sensualiste ainsi que l'école écossaise : l'année 1820 fut consacrée à la philosophie morale de Kant qui avait déjà trouvé une place dans le cours de 1817, mais que je pus exposer alors avec plus d'étendue et une plus grande connaissance de la matière. Je me suis chargé de revoir moi-même ces leçons, et voici un premier volume qui contient le système métaphysique de Kant sans lequel la morale, destinée à achever ou à réparer ce système, serait absolument inintelligible. Ce volume est donc un examen de la métaphysique kantienne, une critique de la Raison pure spéculative. Ce grand ouvrage, qui est le point de départ et le fondement de toute la philosophie allemande, est ici exposé avec l'exactitude la plus rigoureuse et avec des développements qui embrassent tout ce qu'il contient ou de considérable en soi ou qui ait exercé quelque influence sur les systèmes venus après celui du philosophe de Kœnigsberg. On a dû respecter la langue technique du kantisme, tout en s'efforçant de l'éclaircir. On a même donné des traductions des passages les plus importants pour faire mieux saisir la manière de ce grand penseur. Voilà pour l'exposition; nous la croyons assez fidèle pour tenir lieu de l'ouvrage original qui, par ses longueurs et par ses obscurités, ne convient guère au lecteur français, nous pourrions dire au lecteur européen. Pour la critique, nous espérons qu'on la sentira toujours mêlée d'un profond respect et d'une admiration sincère pour un homme d'un incontestable génie; mais nous avouons que nous préférons encore le sens commun au génie et l'esprit de tout le monde |