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I

ORTHOGRAPHE ETYMOLOGIQUE

DE LA LETTRE X.

Mots de la langue française où la lettre x est figurée par c, K

ou Qu, et par сн.

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(1) Mot dont la formation est absurde; il eût fallu chrysoïde, xpúσov ɛiòos, ayant l'apparence de l'or. Chrysocale, qui veut dire bel or, est donc un menle vrai mot était similor, mais il indiquait trop bien la chose.

songe;

chrysocale* (1)

chirurgie

cochlearia *

chirurgien

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Ainsi, dans tous ces mots dérivés du grec, et qui pour la plupart sont de formation récente, on voit figurer à la première colonne : 1° ceux qui, écrits d'abord par ch, tels que charactère, charte, chorde, mélancholie, méchanique, etc., au nombre de 38, ont successivement perdu l'h et s'écrivent caractère, carte, corde, mélancolie, mécanique, etc., avec le c dur ou ses représentants alphabétiques.

2o Dans les colonnes du milieu sont rangés 74 mots écrits avec ch, dont le Dictionnaire indique, du moins pour la plupart, que ce ch doit être prononcé k.

3o Dans la quatrième colonne, qui contient 37 mots, ce même signe binaire ch se prononce pour tous à la française, CHE alchimie, architecte, archidiacre, charité, etc.

J'ai donc marqué, à la seconde et troisième colonne, avec un* les mots qui devraient être écrits par un c, afin de les faire rentrer dans la première série; ils sont au nombre de 50, et j'ai marqué de deux ** ceux qui pourraient rentrer dans la troisième série en conservant le ch et qui dès lors se prononceraient à la française: ils sont au nombre de dix.

En effet, à côté des mots qui, à la première colonne, ont perdu successivement le ch pour être écrits par le simple c dur: caractère, carte, colique, colère, mécanique, mélancolie, patriarcal, scolastique, sépulcre, et exarque, monarque, etc.,

on peut ranger saus inconvénient acromatique, anacronisme, arcaïsme, catécumène, clore, clorure, crôme, cronologie (1), psycologie, comme Victor Cousin voulut qu'on imprimât ce mot dans ses ouvrages, et non psychologie. Pourquoi écrire exarcat et asiarchat, lorsqu'on écrit exarque et patriarcat?

Et l'on peut ranger, sans le moindre inconvénient, à la troisième colonne, archetype, archiepiscopal, chélidoine, chirographaire, chirographe, chirologie, chiromancie, lichen, puisqu'on écrit et prononce alchimiste, archidiacre, archiduc, charité, catéchisme, chirurgie, chirurgien.

Il ne resterait de difficulté que pour neuf mots, antechrist, archéologue, archéologie, chœur, chrême, chrétien, ecchymose, malachite, orchestre, auxquels on peut conserver le ch en indiquant au Dictionnaire qu'il se prononce k.

Il est fâcheux que la prononciation du c étant celle de l's devant e et i, ne permette pas d'écrire arcéologue, arcéologie, | eccymose, malacite, orcestre. Mais pourquoi ne pas prononcer ARCHEologie comme monARCHIE, ou bien écrire et prononcer ARQUÉologue, comme on écrit et prononce monARQUE, et ne pas s'en tenir à synecdoque que l'Académie elle-même autorise? On pourrait aussi employer le k, d'un si grand usage chez nos anciens poëtes et si regretté par Ronsard. Théodore de Bèze l'indiquait, pour écrire rekeil, rekeillir, etc., au lieu de recueil, recueillir, et nous l'avons admis dans l'usage ordinaire pour kilo, kilogramme, kilomètre, kyste, ankylose, enkysté, kyrielle, mots également dérivés du grec où le y et lex sont représentés par k.

Le tableau des mots dérivés du grec où figure le x montre combien, excepté neuf mots, la régularisation devient facile.

Quant aux noms propres, presque tous dérivés du grec, ils s'écrivent en général avec ch et se prononcent k. Quelques-uns cependant se sont modifiés et ont perdu l'h, tels que Caron,

(1) Chronologie est souvent écrit et même imprimé sans h cronologic. Voltaire écrit catécumène.

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Plutarque, Andromaque, Télémaque. On devrait donc écrire Calkas ou Calcas et non Calchas. Mais, comme les noms propres ne figurent pas au Dictionnaire de l'Académie, il est inutile de s'en occuper ici.

Pour des mots scientifiques, tels que cholédoque, cholédologie, il importe fort peu, à qui sait le grec, qu'ils soient écrits d'une manière ou d'une autre. La science du grec ne saurait d'ailleurs être toujours un guide infaillible. Ainsi, de ce qu'on sait le grec, on croira devoir écrire scholie et scholiaste; cependant l'Académie écrit scolie et scoliaste, tandis que, par amour du grec, on aurait dû distinguer le « commentaire, yoλóv », de la «chanson de table, xóλov», et pour se conformer à l'étymologie, écrire avec un h le commentaire, scholie, et sans h la chanson de table, scolie.

D'autres mots signifient même, pour qui sait le grec, précisément le contraire de ce qu'ils veulent exprimer; tels sont oxygène, hydrogène : c'était oxygone, hydrogone qu'il fallait. On ne s'est trompé que du fils au père: au lieu de l'engendreur l'engendré.

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Si le doute est permis, même à des hellénistes, quel ne doit pas être l'embarras des artisans, et du nombre immense de ceux qui ne savent ni le grec ni le latin? En 1694, quand l'Académie composa son Dictionnaire, savoir lire et écrire était un privilége réservé à une classe restreinte de la société. Aujourd'hui c'est le droit et le devoir de tous (1).

DE L'ESPRIT RUDE ET DE LA LETTRE H.

L'Académie semble vouloir renoncer à figurer dans l'orthographe l'esprit rude du à grec, qui indique une aspiration étran

(1) M. B. Jullien, dans son Traité des Principales étymologies de la langue française, après avoir cité un grand nombre de mots qui ne sont que des barbarismes prétentieux, insignifiants, et inintelligibles pour les Grecs, s'exprime ainsi : « C'est payer un peu cher la manie de puiser dans les langues savantes que d'en tirer des barbarismes pour aboutir à des contre-sens.» (P. 59-68.)

gère à l'harmonie de notre langue, et qui ne se fait pas sentir. En effet, l'h, qui était censée représenter cet esprit rude, a disparu de rapsode, rapsodie, rabdologie, rabdomancie, rétine, erpétologie, cataracte (qui serait selon l'étymologie, catarrhacte); pourquoi donc maintenir ce signe h dans les mots arrhes, myrrhe, rhagade, rhapontic, rhinocéros, rhomboïde, rhubarbe, rhume, rhumatisme, rhythme, squirrhe? L'Académie écrit eurythmie qu'elle aurait dû écrire eurhythmie (avec les cinq consonnes), puisqu'elle écrit rhythme. Elle a supprimé la marque de l'esprit rude dans olographe, mais l'a conservée dans holocauste (1).

Cette h, depuis longtemps abandonnée dans la seconde partie de hémorragie, hémorroïdes, et dans squirre, mais qui reparaît dans catarrhe, diarrhée, gonorrhée, formés comme hémorroïdes sur le radical péo, devrait disparaître aussi de réteur, rétorique, comme aussi de rume et rumatisme, qu'on écrivait autrefois reume et reumatisme et plus anciennement rume, ainsi qu'on le voit figurer (gallice) en 1420, dans le Dictionnaire de Le Ver. Tous ces mots, malgré leurs significations diverses, découlent également de péw (2).

(1) On écrit rose et rosier, contrairement à l'orthographe grecque, mais conformément à celle des Latins, qui cependant écrivent Rhodos, l'ile de Rhodes. C'est donc à tort que de póčov, la rose, nous avons formé rhododendron, l'arbre-rose et rhodium, vu la couleur rose de ce métal; cette anomalie ferait croire cet arbuste et ce métal originaires de Rhodes.

(2) Dans les Cahiers de l'Académie pour l'édition de 1694, on fait observer que les monts Riphées s'écrivent sans h (Riphées au lieu de Rhiphées).

L'Académie de Madrid, dans son désir de simplifier encore plus l'orthographe (*) a décidé, en 1859, que tous les mots commençant par h se prononceraient sans aspiration, excepté un seul cas. Elle a cependant respecté l'emploi de cette lettre, en partie à cause de l'origine des mots et en partie pour éviter la confusion qui résulterait de la similitude des sons de mots se prononçant de même, soit ayant l'h, soit ne l'ayant pas. Nous ne saurions faire de même, puisque la versification se trouverait altérée si certaines lettres perdaient leur aspiration. Il est regrettable, toutefois, que, contrairement à l'étymologie, on écrive hache, huile (on écrit

(*) Prontuario de ortografia de la lengua castellana despuesto de real órden para el uso de las escuelas públicas, por la real Academia española. Madrid, imprenta nacional, 1866.

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