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Parmi les participes en ant les grammairiens en indiquent quinze qui changent d'orthographe en cessant d'être employés comme participes présents, et qui prennent alors ent au lieu de ant.

Mais pourquoi établir une exception pour ces seuls mots dans le nombre si considérable de participes en ant qui, lorsqu'ils deviennent substantifs ou adjectifs verbaux, conservent, dans les deux cas la désinence ant comme en combattant et un combattant; en conquérant et un conquérant, en étudiant et un étudiant (1)? Si donc dans ces quinze mots qui se rencontrent dans les trois dernières conjugaisons latines les participes se sont ainsi modifiés :

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ne doit-on pas donner à ces quinze mots adhérent, af

(1) Si l'on voulait alléguer que le substantif verbal un étudiant devait être ainsi écrit, attendu que, étant tiré du participe présent de la première conjugaison française (étudier, en étudiant), sa forme régulière est en ant et non en ent, sans qu'on ait à tenir compte de la deuxième conjugaison latine (studere, studens), on demande pourquoi les substantifs verbaux adhérent, affluent, etc., et les adjectifs verbaux coincident et convergent qui appartiennent aussi à la première conjugaison française sont écrits en ent et non en ant.

(2) On pourrait faire une exception pour le substantif différend.

fluent, etc., une désinence uniforme, celle en ant? Par là cesserait toute difficulté, et les règles exceptionnelles qui surchargent nos grammaires seraient diminuées d'autant

Liste des adjectifs et substantifs verbaux provenant des
trois dernières conjugaisons latines

Et qui se terminent en ENT.

Les quinze mots exceptionnels sont marqués d'un et les trois adjectifs on

verbaux d'une t.

expédient

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jacent
latent

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fervent

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Ainsi donc, contrairement à la série considérable des mots en ant provenant 1° de la première conjugaison latine, qui ne figurent pas ici et qui tous se terminent en ant; 2o de la liste des mots en ant qui ne dérivent pas de verbes latins; 3o de la liste des mots de la seconde, troisième et quatrième conjugaisons latines qui se terminent en ant, bien que formés sur les désinences latines en ens, on voit que le nombre des mots qui se terminent en ent (une centaine au plus) est relati- · vement très-faible comparé à ceux dont la désinence est en

ant, et que d'ailleurs aucune règle fixe n'a présidé à leur formation. Bornons-nous à ces exemples:

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Que d'hésitations et d'efforts de mémoire pour ne pas errer dans ce labyrinthe!

Bien plus, il est quelques-uns de ces mots, au nombre de 17, qui, au masculin singulier, présentent une homographie complète avec la troisième personne du pluriel du présent de l'indicatif, également terminée en ent, et dont la prononciation diffère, exemple : un affluent, ils affluent; un expédient, ils expédient.

Mots en ENT prononcés différemment, bien qu'écrits de même.

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En adoptant la désinence ANT pour tous les adjectifs et substantifs verbaux on éviterait donc cette homographie qui vient encore accroître le trouble déjà signalé; or, du moment où la terminaison ant l'emporte de beaucoup en nombre sur ent et que la prononciation est identiquement la même dans l'un et

l'autre cas, on propose de ramener tous les substantifs et adjectifs verbaux à un seul et même type en ant.

Bossuet, lors des discussions préliminaires pour le Dictionnaire de l'année 1694 (voir App. C), frappé déjà de l'incohérence de l'orthographe des adjectifs et des substantifs terminés les uns en ant, les autres en ent, cherchait le moyen de parvenir à une sorte de régularité, et, comme il lui semblait que, dans l'ensemble des mots français formés par le participe latin en ens, la terminaison en ent était plus nombreuse que celle en ant, il proposait à cet effet, tout en maintenant au participe présent, ainsi qu'au gérondif, la forme exclusive ant (1), de donner à tous les autres la forme ent.

:

Mais, contrairement au sage avis de Bossuet, qui voulait l'uniformité, l'Académie inscrivait dans son Dictionnaire près de la moitié des adjectifs et des substantifs verbaux (voir le tableau page 69) avec la désinence ant, bien que formés tous sur la désinence ens du latin, tels que affligeant, ascendant, assistant, assujettissant, attenant, attrayant, avenant, biendisant, bienfaisant, bienséant, cédant, etc., entraînée en cela par le grand nombre d'adjectifs et substantifs verbaux provenant de mots forgés sur la première conjugaison latine, arrivant, aimant, amant, allant, appelant, etc., et sur les mots

(1) Dans les manuscrits autographes des sermons de Bossuet, 2 vol. in-fol., que j'ai examinés à la Bibliothèque impériale, on remarque, au contraire, une tendance naturelie à remplacer l'e par l'a, conformément à la prononciation. Il écrit donc constamant, contant, contanter, contantement, atantion, atantif, atantivement, atantats, cepandant, commancer, etc. Il écrit commancement et assambler, et presque toujours, si ce n'est toujours, il écrit, comme Corneille, vanger, vangeance.

Ainsi on trouve écrit par Perrot d'Ablancourt retrencher, garentie, qui sont devenus garantie et retrancher conformément à la tendance de substituer l'a à l'e, et il écrit restraindre comme nous écrivons contraindre; mais aujourd'hui on écrit restreindre avec un e.

Fénelon, à toutes ses éditions, écrit les Avantures de Télémaque, et Racine écrit aussi avanture, vanger, vangeance. L'Académie cependant écrivait aventure dès sa première édition de 1694. Fénelon ne publia sa première édition : Suite du quatrième livre de l'Odyssée d'Homère ou Avantures de Télémaque, qu'en 1699, et toutes les éditions postérieures, y compris celle de Etienne Delaulne, 1717,

étrangers au latin, agaçant, attachant, brisant, gagnant, passant, tranchant, etc.

Ainsi, dès cette époque, la formation en ent, que j'appellerai latine, avait cessé de fonctionner, et dès lors l'adjectif et le substantif verbal se formant à fur et mesure des besoins sur le participe présent français toujours en ant, il en résulte que le nombre des mots de ce genre l'a emporté de beaucoup par un usage constant sur ceux dont la désinence est

en ent.

Maintenant, en présence des faits, on peut être assuré que Bossuet, avec la supériorité de son esprit et la rigueur de sa logique, n'aurait pas hésité à adopter pour règle l'uniformité de la désinence en ant. Et, en effet, puisque la prononciation est la même pour tous, pourquoi retarder plus longtemps une réforme si facile, qui épargnerait l'obligation, très-pénible, souvent même impossible, d'établir une distinction dans l'orthographe des participes présents et celle des adjectifs et substantifs verbaux, dédale où la connaissance du latin et des étymologies, loin de nous guider, nous entraîne, comme on vient de le voir, dans de perpétuelles contradictions?

Si ce principe était adopté, on pourrait conserver la désinence ent au petit nombre de mots formés directement du latin, comme gent de gens; aux mots calqués sur la désinence latine du neutre en entum, comme testament, monument, de testamentum, monumentum, et enfin à tous nos adverbes en ment, tous par e, à cause de la racine mente. Ces trois classes de mots feraient seules exception à la règle de l'a remplaçant e dans les mots terminés en ant.

portent le titre d'Avantures. Fénelon persistait donc, malgré l'Académie, à écrire et faire imprimer son livre avec le titre courant d'Avantures, et c'est ainsi que sont imprimées les Avantures de M. d'Assoucy, les Avantures du baron de Fæneste.

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