NOTICE 3R LA VIE ET LES OUVRAGES DE DUCLOS, Sec taire perpétuel de l'Académie Française, Membre de 1 cadémie des Belles-Lettres, Historiographe de France. APRES les quatre premiers écrivains du dix-huitième siècle, Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Buffon, on peut nommer Duclos, Marmontel, Diderot et d'Alembert. Si Duclos n'a obtenu la prééminence dans aucun genre; s'il est inférieur à La Bruyère dans ses Considérations sur les mœurs ; à Voltaire, dans ses ouvrages historiques; à Le Sage, dans ses romans; à Dumarsais, dans ses travaux sur la grammaire : il les suit du moins d'assez près pour briller au second rang. Son style et ses idées ont d'ailleurs un caractère d'originalité dans le tour et dans l'expression, qui manque à plusieurs talens célèbres, et qui, réuni à l'esprit, et souvent conduit par ie goût, donne à cet auteur une physionomie qui lui est propre, avantage rare dans un siècle où les modèles abondent, où les règles commandent, où l'on ne sait plus qu'imiter en marchant dans des sentiers battus. Charles Pinot Duclos naquit à Dinan, en Bretagne, le 12 février 1704, la même année qui vit mourir Bossuet et Bourdaloue. Il dit lui-même dans les Mémoires qu'il commença trop tard d'écrire sur sa vie, et qui ne contiennent que les événemens de sa première jeunesse, antérieurs à son entrée dans le monde et dans la carrière des lettres, que sa famille était honnête et ancienne dans le commerce. Son père, suivant M. de Noual de La Houssaye, parent de Duclos, et qui a écrit son éloge, « avait la vente exclusive des fers provenant des forges de Paimpont, dont M. de La Chasse était propriétaire. » Duclos n'avait que deux ans et demi lorsqu'il perdit son père en 1706. Un de ses frères, plus âgé que lui de dix-sept ans, prit l'habit religieux dans une abbaye de Génovéfains, en 1709. Une sœur, qui avait déjà vingt-trois ans, épousa la même année, à Rennes, un secrétaire du Roi, nommé Pellenec (1). Sa mère, veuve à quarante - un aus, ayant eu dix enfans, mais belle encore, et possédant des biens assez considérables, avait refusé d'épouser un vieux marquis de Boisgelin et plusieurs autres prétendans. « Avec un caractère singulierement vif, une imagination brillante et gaie, elle avait, dit Duclos, (1) Cette sœur ent onze enfans, dont huit filles. Les trois garçons périrent à la mer, dans le service de la Compagnie des Indes. Des huit filles, cinq saccombèrent dans leur bas âge, et l'aînée mourut la veille d'être mariée. Les deux cadettes épousèrent, l'une, un gentilhomme breton nommé La Soualaye, chevalier de Saint-Louis; l'autre, M. de Careil, conseiller au parlement de Rennes, assez mauvais sujet, dit Duclos. Ses deux frères, et lui-même, n'ont laissé aucune postérité. |