rétribution ils nous approvifionnent affez bien; &, au cas que quelques-uns d'entre eux viennent à nous manquer, il s'en préfente déja d'autres pour les remplacer, tant pour la chaffe que pour la pêche. Communiquez, s'il vous plaît, ma lettre à Monfeigneur le Préfet, s'il eft encore à Cayenne, & faites-lui nos excufes de ce que nous ne lui avons point écrit , ce que nous aurions fait immanquablement fi la fanté nous l'eût permis & il falloit ces befoins preffans, j'ofe vous l'avouer, pour vous écrire dans la circonftance où je me trouve. Je fouhaite que Dieu vous l'accorde, cette fanté, fi néceffaire pour remplir vos fonctions, tant au College qu'à la Paroiffe. Je vous fçais toujours bon gré de m'avoir mis à même, lorfque nous étions à Cayenne, de partager avec vous les travaux du faint miniftere dans la Savanne; je le ferois encore volontiers fi je ne me croyois de plus en plus appellé à la converfion des Indiens parmi lefquels je fuis réfolu de mourir : ma deftinée paroît fixée fur ce peuple dur & barbare, parmi lequel j'efpere faire plus de fruit, Dieu aidant, que parmi une. Nation plus cultivée & plus policée, dont la conduite exige plus de talent, que je ne puis m'en attribuer. Envoyezmoi, s'il vous plaît, les effets du Pere Mathos qui font reftés chez-vous, ne réfervant que la foutanne, pour prix de laquelle vous offrirez le faint facrifice de la Meffe pour le repos de l'ame du cher défunt. Vous prendrez fur mes appointemens la fomme des dettes qu'il vous à laiffées, qui montent, je penfe, à 195 livres; le refte vous fervira à nous faire l'achat des denrées qui nous font néceffaires actuellement, & dont je vous ferai le détail; profitez de la pirogue par laquelle je vous fais paffer ma lettre; ayez foin que tout puiffe nous arriver fain & fauf. J'ai l'honneur d'être, &c. LETTRE Du Pere Padilla, Miffionnaire Apoftolique à Connany, à Messieurs ***. A Connany le 8 Avril 1778. MESSIEURS, Monfieur Monach qui eft entré avanthier dans cette riviere, m'a remis les lettres & les divers effets dont vous l'aviez chargé pour moi je fuis auffi fenfible à cette preuve de vos bontés qu'à l'intérêt que vous voulez bien prendre à ma fanté. Elle n'eft pas auffi bonne que je le défirerois; les fievres tierces m'obligent depuis long-temps de garder la chambre, & la douleur que j'ai éprouvée en voyant mourir à mes côtés mon confrere le Pere Ferreira, ne contribue pas peu peut-être à la lenteur de mon rétabliffement. Des fievres continuelles & violentes l'ont emporté en peu de jours. J'ofe efpérer cependant que le Seigneur me donnera des forces pour arriver au but que je me fuis pro pofé en venant ici. Lorfque ma fanté me le permettra, je m'occuperai, avec tout le zèle & l'activité qui dépendront de moi, de l'établiffement de cette Miffion & je faifirai avec empreffement toutes les occafions qui me mettront à même de répondre à la confiance que vous avez bien voulu me témoigner. J'expédierai, Meffieurs, ainfi que vous me le prefcrivez, des canots Indiens ou de pécheurs blancs lorfqu'ils feront à ma portée, ce qui eft rare, pour vous inf truire de ce qui pourra vous intéreffer dans ce quartier, & en même temps pour vous faire parvenir ma demande fur les fecours dont je pourrois avoir befoin par la fuite. Je n'omettrai rien non plus pour faire revenir les Indiens fur l'idée défavantageuse qu'on a cherché à leur donner de l'établiffement de cette Miffion. Jufques-à-préfent j'ai lieu d'être fatisfait du zèle & de l'empreffement qu'ils ont montré, & j'efpere les entretenir dans ces mêmes fentimens. J'ai remis à M. Monach les divers effets que j'avois ici appartenans au Roi, & qui étoient en prêt aux Révérends Peres Mathos & Ferreira. Ci-jointe eft la note de ce que j'ai l'honneur de vous adreffer. Je garderai feulement ce qui 1 eft à mon usage, le refte me devient fuperflu. Quant aux beftiaux que vous défireriez multiplier ici, les Savannes me paroiffent très propres à la réuffite de votre projet ; au refte M. Monach qui les a vifitées, vous rendra compte des remarques qu'il aura pu y faire. Je vous prie, Meffieurs, de vouloir bien m'excufer fi je me fers d'une main étrangere pour répondre aux lettres dont vous m'honorez; ma foible fanté me défend dans ce moment toute efpece d'application, mais mon cœur n'en est pas moins pénétré de tous les fentimens de reconnoiffance & de refpect que vous m'infpirez, & avec lesquels je fuis, &c. |