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Dans la dernière partie de son ouvrage, Valeur des Théories de la Relativité, M. Fabre essaye de définir l'attitude qu'il recommande à ses lecteurs (la sienne) vis-à-vis des théories d'Einstein: c'est « l'attitude mixte d'acceptation et d'interprétation.» (p. 221).

M. FABRE. << Si nous faisons remarquer qu'il « s'agit ici du temps scientifique, le lecteur éprouvera«t-il vraiment de très grandes difficultés à admettre. << ainsi considérées, les notions einsteiniennes d'espace « et de temps ? » (p. 216)

Réponse. En vérité, c'est trop facile alors de convaincre le lecteur ; vous lui affirmez que le temps est relatif, mais comme il n'est pas habitué à cette notion (qui est, en effet, inutile pour la vie pratique de tous les jours) et qu'il faudrait peut-être un peu de peine pour la lui faire admettre, vous ajoutez aussitôt que ce temps, qui est relatif, c'est quelque chose de « scientifique », c'est-à-dire quelque chose dont il n'a aucune idée; et voilà la difficulté escamotée.

Mais alors que pensez-vous donc de l'exemple du voyageur,donné par M. Langevin ?

M. FABRE. « Cet éminent physicien s'est fait en << France le champion et le propagateur des théories « de la Relativité. Je n'ai donc pas à développer pour << mes lecteurs ses idées, qui sont exactement celles « d'Einstein ou de Weyl. Je dois avouer que je ne << ne puis guère me résoudre à accepter certaines « d'entre elles, telles que l'induction hardie qui étend « le principe de la Relativité aux lois de la physio

a logie, ou celles qui violent le principe de causalité << en admetteant que la Relativité du temps peut « intervertir l'ordre de deux phénomènes dont l'un « est la conséquence de l'autre » (p. 220).

Réponse.

En ce qui concerne le « problème du voyageur », dire que la physiologie est atteinte par le principe de Relativité revient simplement à dire que tous les phénomènes physiologiques sont de nature physicochimique ou bien sont, comme dit M. Bergson, solidaires de phénomènes physicochimiques.

Quant à violer le principe de causalité, c'est là une grosse erreur : M. Langevin a insisté au contraire sur le fait que les seuls phénomènes dont on puisse intervertir l'ordre de succession sont ceux qui constituent un « couple dans l'espace » c'est-à-dire ceux qui sont tellement rapprochés dans le temps (vis-à-vis de leur distance dans l'espace) qu'ils ne peuvent avoir d'influence causale l'un sur l'autre. (Une influence causale, d'après la théorie relativiste, ne peut pas se propager avec une vitesse supérieure à celle de la lumière).

A la fin du livre, l'auteur nous montre une dernière fois combien il est loin d'avoir compris le véritable sens des théories relativistes :

M. FABRE. « Je ne m'attarderai pas sur la signi<<fication philosophique des théories einsteiniennes. << Tout au long de cet ouvrage, et dès le premier «< chapitre, j'ai été conduit à montrer sous tous leurs « aspects les notions qu'elles nous offrent de l'espace « et du temps. J'ai cru devoir faire remarquer qu'il « s'agit d'un espace et d'un temps scientifiques en

« indiquant toutefois la remarque d'Einstein: le temps a qui intervient dans l'expérience fondamentale de « Michelson et Morley est bien le temps vulgaire. « le temps non scientifique; et cette expérience d'où « tout se déduit nécessite pour s'expliquer l'hypothèse « de la relativité. Einstein n'a pas tort et il n'a pas raison ».

Réponse,

Voyons, vous nous affirmez qu'il s'agit du temps scientifique » et Einstein qu'il s'agit du temps « vulgaire », le même que le temps « non-scientifique »; si vous avez raison, Einstein a tort; s'il a raison c'est vous qui avez tort,

Eh bien, la réponse n'est pas douteuse; elle ressort clairement de toutes les discussions précédentes : c'est bien le temps vulgaire qui intervient dans les formules de la Relativité. C'est M. Fabre qui a tort, et c'est Einstein qui a raison.

G. MOCH.

<< Initiation aux Théories d'Einstein » (1)

M. G. Moch, a fait deux livres sur la Relativité, l'un chez Larousse (Initiation aux Théories d'Einstein) l'autre, un peu plus mathématique et moins à la portée de tous, dans la collection Le Bon (Flammarion); celui de la librairie Larousse est le second en date, mais comme il contient un peu plus d'erreurs, c'est par celui-là que je commencerai, pour prendre la taureau par les cornes.

M. Moch a exposé d'une manière correcte (p. 43) que la simultanéité est relative; la démonstration est d'Einstein du reste, et c'est celle que j'ai exposée p. 23. Mais lorsqu'il s'est agi de la relativité des longueurs, il a commis une erreur sérieuse : Voici en effet sa démonstration :

M. MOCH. Replaçons-nous dans la situation qui « nous a servi à étudier la simultanéité. Je me trouve « à terre, en M, au milieu de la distance AB, supposée « longue de 10 kilomètres, et vous êtes dans un sys« téme qui peut se déplacer par rapport à moi, Pendant « que ce système est au repos, on y marque deux « points C et D, séparés par une distance égale à AB, « et le point V, où vous vous trouvez, est le milieu « de leur intervalle.

« Considérons maintenant votre système en mou«vement, en ligne droite et avec une vitesse cons« tante, et supposons qu'il défile le long du mien.

(1) Larousse, éditeur, Paris.

■ Corvenons enfin que le passage (évidemment simul« tané) des points C et D en regard des points A et B << déclenchera automatiquement deux signaux lu« mineux en ces points... >>

Réponse. Pardon ! Le passage de C en regard de A n'est pas simultané du passage de D en regard de B, car s'ils étaient simultanés (pour l'observateur M) la longueur apparente de CD en mouvement, pour cet observateur, serait égale à AB. Or vous avez supposé que CD au repos est égal à AB; donc la longueur apparente de CD en mouvement serait égale à la longueur de CD au repos; je crois bien que c'est le contraire qu'il fallait démontrer. Si vous partez d'une proposition pour démontrer la proposition opposée, où allons-nous ?

Il y a une autre erreur pages 77 et 78 : c'est l'objec tion (la même que celle de M. Bergson) contre la solution relativiste du problème du « voyageur de Langevin» vous savez qu'un voyageur qui va très loin à une grande vitesse et qui revient après avoir fait demitour « retarde » sur les horloges et les êtres qu'il trouve à son retour (à ce point qu'on peut combiner les vitesses de manière que le calcul donne deux ans pour les durées additionnées des horloges du voyageur et 200 ans pour les durées des horloges de la terre).

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М. Мосн. « Or, l'idée mêmɔ de la relativité veut « que les situations des systèmes soient permutables. Aux yeux de ce voyageur, c'est donc lui qui resterait immobile, et notre monde qui parcourrait 29.985 kil

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