répandues dans tout le cours du livre, éclaircissent les passages qui ponvaient offrir aux jeunes gens queique obscurité, ou qui ont paru nécessiter un développement ou une rectification. Enfin, le lecteur trouvera, à la fin du volume, une Table alphabétique des auteurs cités, avec l'énonciation de la date et du lieu de leur naissance et de leur mort, de leur position sociale, et de tous leurs écrits. Nous osons espérer que des améliorations aussi importantes assureront à cette nouvelle édition une supériorité incontestable sur toutes celles qui l'ont précédée. PRÉFACE. TROIS OU QUATRE CENTS VOLUMES, et peut-maître à eux-mêmes, leur modèle, leur être davantage, ont été choisis, feuilletés, lus en partie, pour composer le Recueil classique français, d'une exécution aussi neuve, en ce genre, que le fonds en est riche et précieux, sous le double rapport de la littérature et de la morale. C'est un choix exquis, en prose et en vers, des morceaux de notre langue les mieux écrits et les mieux pensés, dans les parties de composition les plus difficiles, et qui demandent le plus de soin: Narrations, Tableaux, Descriptions, Définitions, Allégories, Morale religieuse ou Philosophie pratique, Discours et Morceaux oratoires, Caractères ou Por traits, etc. éternel oracle dans l'enseignement des langues et de la rhétorique : « Il ne s'agit pas « pour lors, dit Rollin, de faire com• prendre aux jeunes gens la suite d'un < raisonnement long et obscur, ce qui est « beaucoup au-dessus de leur âge, mais ‹ de les former à la pureté du langage, et « de leur donner de bons principes. Or, « des extraits faits avec soin, qui pour« raient avoir quelquefois une longueur < raisonnable, seraient également propres « pour ces deux vues, et n'auraient point « les inconvénients qui sont inévitables < quand on explique tout de suite des < livres qui certainement n'ont point été << faits pour apprendre une langue à des « jeunes gens, etc., etc. Avant de lire les << auteurs, ils doivent apprendre à les lire « et à les étudier. Traité des Études, tom. Ier. Faire voir de suite aux jeunes gens, dans l'enseignement des langues et de la rhétorique, des ouvrages entiers, est une erreur dans l'instruction, un défaut essentiel, dont Quintilien, Rollin, Dumarsais, d'Olivet (1), etc., recommandent d'éviter le danger et l'inconPartout, à chaque page, dans ses excelvénient. A cette méthode, ils substituaient, lents traités sur l'étude des langues franautant qu'il était en eux, celle de ne voir, çaise, latine, grecque, et de la rhétorique, en général, les auteurs que par extraits et les réflexions, les avis de ce célèbre profesmorceaux choisis. La supériorité de cette seur consacrent cette méthode; et non-seuméthode sur l'autre se fait bientôt sentir | lement il invite à la suivre, mais même, en d'une manière frappante par la rapidité des progrès et du succès des études et de l'enseignement. Ce principe, en effet, est puisé dans la nature, et l'expérience en confirme le précepte. Interrogez les instituteurs qui ne suivent qu'elle pour guide, écoutez leur (1) Voyez la Préface des Pensées de Cicéron. plusieurs endroits (2), il demande des re<cueils de morceaux choisis, soit en latin, « soit en français, des livres composés « exprès, qui épargnent aux maîtres beau« coup de peine pour feuilleter tant de « volumes, et aux élèves des frais consi< dérables pour se les procurer. › (2) Traité des Etudes, tom. I et II, passim. a. Cette autorité, déjà si imposante, de Quintilien, de Rollin, et de tant d'habiles professeurs, sanctionnons-la, pour ainsi dire, rendons-la décisive par celle de Nicole (1). On sait qu'il possédait aussi parfaiDes vues si justes, si naturelles, et dont tement le grec et le latin, que notre langue. l'exécution était impérieusement réclamée Voici comme il s'exprime sur l'enseigne- | par la raison et l'expérience, pour le plus < exprimer; de telle sorte que lorsqu'ils ⚫ n'en ont que d'excellents, il faut, comme « par nécessité, qu'ils s'expriment d'une • manière noble et élevée (2). » ment en général et les differentes méthodes d'instruction : « Il ne faut jamais permettre < que les enfants apprennent rien par cœur ⚫ qui ne soit excellent; c'est pourquoi c'est « une fort mauvaise méthode que de leur < apprendre des livres entiers, parce que < tout n'est pas également bon dans les ◄ livres. On pourrait néanmoins excepter < Virgile du nombre des auteurs dont il ⚫ ne faut apprendre que des parties, ou au • moins quelques livres de Virgile, comme • le IIo, le IV et le VIo de l'Énéide. Mais, ⚫ pour les autres auteurs, il faut user de < discernement; autrement, en confondant < les endroits communs avec ceux qui sont < éxcellents, on confond aussi leur jugement. « Il faut donc choisir dans Cicéron, dans • Tite-Live, dans Sénèque, certains lieux si ⚫ éclatants, qu'il soit important de ne les • oublier jamais. Il faut user de la même ⚫ réserve dans la lecture des poëtes, tels « que Catulle, Horace, Ovide, Sénèque, < Lucain, Martial, Stace, Claudien, Au • sone. « Cet avis est de la plus grande impor• tance, et n'a pas seulement pour but de < soulager la mémoire des enfants, mais < aussi de leur former l'esprit et le style. • Car les choses qu'on apprend par cœur • s'impriment dans la mémoire, et sont < comme des moules ou des formes que les • pensées prennent lorsqu'ils les veulent (1) A ce nom, qu'on ajoute ceux de Bossuet et de Fénélon: mêmes principes sur les Extraits et Morceaux choisis, dans l'instituteur du Dauphin, et dans celui du duc de Bourgogne. D'Aguesseau en reconnaît également l'utilité, dans ses Instructions sur les études du jeune orateur. grand bien des études, ont fixé toute notre attention. Nous nous sommes attachés à les remplir avec l'intérêt et le soin dus à l'importance de leur objet. Rien n'a été omis surtout pour rendre ce Recueil digne de l'approbation publique et de l'éducation nationale. Nous espérons qu'il laissera peu à désirer pour l'utilité, la variété, l'agrément et la disposition des matières. Nous avons profité de l'avantage inestimable d'une position à laquelle rien n'était à comparer pour la perfection de notre travail. Ce Recueil, en général, embrasse l'ensemble des deux plus beaux siècles de notre littérature, et il en est, pour ainsi dire, l'abrégé. C'est une espèce de muséum ou d'élysée français, où nos meilleurs ora❘teurs, historiens, philosophes et poëtes, semblent se réciter entre eux, ou lire à la jeunesse les endroits de leurs écrits qu'ils ont travaillés avec le plus d'intérêt, qui leur plaisent à eux-mêmes davantage pour la pensée, le style, le goût et la morale. Nous avons multiplié, autant qu'il a été en nous, les rapprochements, les sujets de comparaison, les oppositions, les contrastes dans les choses, dans les personnes, etc., en mettant les écrivains qui traitent d'objets semblables, analogues ou contraires, en opposition les uns avec les autres, et quelquefois le même auteur avec lui-même, pour comparer le génie, le talent, et faire (2) Cette dernière idée est évidemment celle de Quintilien dans ces deux phrases: Optimis assuescent, et habebunt intra se quod imitentur. Etiam non sentientes, formam orationis illam quam mente penitùs acceperint, expriment. sentir les ressources inépuisables de l'expression et de, la pensée. Ces rapprochements, ces contrastes, si magiques, si pittoresques dans la nature et dans les arts, ont dans les lettres le même charme, la même puissance, et sont dans l'enseignement, par leur agrément, leur utilité, un des moyens d'instruction les plus féconds et les plus heureux. • autres académies, doit s'intéresser d'une < manière particulière à leur gloire, qui < rejaillit sur elle, et met le comble à la « sienne (2). Et de toutes parts il cite pour modèles, en différents genres, des morceaux extraits indistinctement d'auteurs morts ou vivants. Chaque morceau de ce Recueil, en offrant un exercice de lecture soignée, de Pour répandre sur cet ouvrage le charme | mémoire, de déclamation, d'analyse, de et le prix d'une plus riche variété, nous avons réuni aux auteurs fameux qui ne sont plus, les auteurs vivants dont les talents sont depuis longtemps consacrés par la gloire, et même ceux dont le nom, jeune encore, est déjà inauguré par elle à la célébrité. développement oratoire, et de critique, est en même temps une leçon de vertu, d'humanité ou de justice, de religion, de dévouement au prince et à la patrie, de désintéressement ou d'amour du bien public, etc. Tout, dans ce Recueil, est le fruit du génie, du talent, de la vertu; tout y respire et le goût le plus exquis et la morale la plus pure. Pas une pensée, pas un mot qui ne convienne à la délicatesse de la pudeur et à la dignité des mœurs. Cette lecture, pleine de charme et d'intérêt, perfectionnera aussi, achèvera l'éducation des jeunes personnes, leur donnera l'indication des ouvrages d'un grand nombre de nos meilleurs auteurs, et, pour la plupart d'entre elles, une teinture suffisante de notre littérature. En cela, nous n'avons fait aussi que nous conformer aux principes et aux idées des maîtres de l'art, Le Batteux (1), Rollin, etc. Ce dernier recommande « de lire aux jeunes < gens les meilleurs ouvrages français, de • faire un recueil des plus beaux endroits, « où l'utilité et l'agrément se trouvent en< semble, qui leur plairont infiniment par « l'élégance du style et la variété des ma• tières, et leur feront connaître les savants < de notre langue qui ont travaillé à la • porter à ce point de perfection où nous « la voyons, et qui ont fait tant d'honneur ‹ à la France par leur profonde érudition | qu'il comporte, nous les avons recherchés, « et leurs curieuses découvertes en tout « genre de sciences. Il me semble que « l'université de Paris, la plus ancienne et « comme la mère et la source de toutes les (1) Mon ouvrage, dit-il, sera réellement celui • des bons auteurs morts ou vivants, plutôt que le ⚫ mien. » Cours de belles-lettres, distribué par exercices, tom. Ier. (2) Traité des Études, tom, Ir, langue française. En un mot, tous les moyens de donner, soit au fond, soit à la forme et à l'exécution de l'ouvrage, tout l'agrément, toute l'utilité employés avec un zèle et un soin qu'inspirent seuls l'ardent désir du bien de la jeunesse et l'espoir de seconder efficacement les instituteurs et les institutrices, les pères et les mères de famille qui ont le loisir ou le besoin de s'occuper eux-mêmes, dans leurs foyers, de l'éducation de leurs enfants. NOEL ET DE LA PLACE |