une certaine coloration (jaune pour le sodium, rouge pour le strontium etc...) (c'est de cette façon qu'on donna aux feux de bengale leurs belles colorations); si on décompose au moyen du prisme la lumière obtenue, on obtient, dans le spectre de cette lumière (spectre qui, dans le cas de la lumière blanche, contient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel) quelques raies brillantes toujours exactement de la même couleur pour un corps donné et tout à fait caractéristiques. C'est même ainsi qu'on a découvert quels étaient les éléments contenus dans l'atmosphère solaire. — Ces raies correspondent à des vibrations électromagnétiques atomiques de période propre déterminée; le phénomène peut donc être considéré comme une véritable horloge. - Ces horloges doivent, d'après la Relativité généralisée, être influencées par les champs. de gravitation, comme par les champs de force d'inertie: donc les raies doivent paraître déplacées si elles proviennent d'une atmosphère où le champ de gravitation est très important, l'atmosphère solaire par exemple. Le déplacement est d'ailleurs très faible, mais il a été vérifié par M. Pérot, pour les raies du fer, et par MM. Buisson et Fabry pour les raies du cyanogène et du magnésium. Les résultats concordent, dans les limites d'approximation des mesures, avec les nombres calculés par Einstein. XVII. L'espace fini bien qu'illimité Les calculs concernant la gravitation dans la théorie de la Relativité généralisée conduisent à certaines conséquences au sujet de la constitution générale de l'Espace et de l'Espace-Temps. C'est ainsi que l'ancienne conception de l'espace infini (qui, d'ailleurs, comportait de grosses difficultés, connues depuis longtemps) devrait faire place à celle d'un espace fini, quoique illimité, comme la surface d'une sphère, qui est illimitée puisqu'on peut en faire le tour indéfiniment. Cela s'explique parce que, dans la théorie de la Relativité généralisée, l'espace n'est pas euclidien, il a euclidien, il a une courbure; et, en traçant de proche en proche des alignements dont chaque élément semble rectiligne (en première approximation) on obtient, non pas des lignes droites (il est impossible de tracer des véritables droites dans un espace non euclidien) mais des lignes courbes qui se referment sur elles-mêmes. Dans cette conception, deux rayons lumineux, partis dans des directions opposées, pourraient se rencontrer à nouveau après avoir fait chacun le demitour de l'espace dans la conception d'Einstein, l'espace est «< sphérique » ou bien « elliptique »> (comme disent les mathématiciens) et l'espace-temps est «< cylindrique ». Un astronome anglais, de Sitter, a donné une autre solution, où l'Espace-Temps est « hyperbolique »; comme Einstein d'ailleurs, il regarde l'espace comme sphérique (1). (1) L'espace sphérique et l'espace elliptique sont deux généralisations à 3 dimensions de la sphère dont la surface n'a que 2 dimensions; ils étaient connus avant Einstein par des travaux de mathématiques théoriques. L'espace-temps « cylindrique » résulte d'un espace sphérique et d'un temps d'Univers absolu » rectiligne. L'espace-temps Ces vues cosmologiques sont certes moins bien établies que le reste de la théorie: elles se prêtent, d'ailleurs, à plusieurs solutions. Mais ceci n'infirme en rien la physique de la Relativité. Nous devons admirer sans réserve cette théorie qui, partant de bases rationnelles extrêmement simples, arrive à établir sous une forme générale toutes les lois fondamentales de la Physique et de la Mécanique. C'est une synthèse remarquable, qui marque un des progrès les plus décisifs qui aient été réalisés à ce point de vue dans tous les temps. La théorie de la Relativité sera-t-elle admise telle quelle par les siècles futurs ? Non, la science progresse toujours, les hypothèses n'ont qu'un temps... Mais ce qu'on peut affirmer, c'est que le progrès actuel est acquis et que les progrès futurs se feront dans le même sens (1). En particulier un retour aux idées de temps absolu et d'espace absolu, aux bases de l'ancienne mécanique, est absolument impossible, et ceux qui prétendent limiter la portée ou la signification de l'œuvre d'Einstein sont ceux qui ne l'ont pas comprise. « hyperbolique de de Sitter résulte d'une généralisation à 4 dimensions de l'espace sphérique qui en a 3, en changeant de signe le terme correspondant au « temps ». (1) Déjà des savants ont essayé de pousser plus loin encore la « généralisation des théories d'Einstein : << Deux extensions successives de la théorie d'Einstein, dues à M. Weyl et à M. Eddington, paraissent apporter un complément fondamental. Grâce à l'union, en une géométrie unique, du champ de gravitation et du champ électromagnétique, on peut concevoir que les électrons (et par suite la matière) soient des états particuliers de la structure d'Univers, de l'éther au sens qu'on doit attribuer aujourd'hui à ce mot. » (J. BECQUEREL). TROISIÈME PARTIE Les Contradicteurs, et Les Vulgarisateurs H. BERGSON. «< Durée et simultanéité » (A propos de la théorie d' Einstein) (1). Commençons, dans notre revue des auteurs les plus célébres ayant contredit en tout ou en partie, les théories relativistes, par M. Bergson. La notoriété de cet éminent philosophe, l'aspect convaincant de ses raisonnements, sa dialectique persuasive ont assuré à son livre un grand succès. Mais il y a une erreur initiale, qui influe malheureusement sur tout le livre, et qui est intéressante à refuter car elle a été commise par bien d'autres... : Demandez à M. Bergson s'il est relativiste; il vous répondra Oui... « Mais il y a deux conceptions diffé«rentes de la Relativité, l'une abstraite et l'autre «< imagée (p. 7 de la Préface)... Le temps unique et «<l'étendue indépendante de la durée subsistent dans « l'hypothèse d'Einstein prise à l'état pur : ils restent «< ce qu'ils ont toujours été pour le sens commun... « (p. 33). Une confusion semble s'être produite, non (1) Alcan, éditeur, Paris, |