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Lettre d'invitation adressée par la Société Nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, à l'occasion du Concours Daillière, en 1912:

M.

La Société Nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers a l'honneur de vous prier d'assister à la séance solennelle au cours de laquelle seront distribués les Prix de Vertu et de Poésie du Concours Julien Daillière.

Cette séance, présidée par M. PIERRE DE LA GORCE, membre de l'Institut, aura lieu le samedi 28 décembre, à 8 h. 1/2 du soir, au siège de la Société, boulevard du Roi-René, 35.

ORDRE DU JOUR :

1. Allocution de M. BODINIER, president de la Société. 2. Les Lois Somptuaires au XVIIe siècle, par M. E. JAC.

Concours Julien DAILLIÈRE.

3. Rapport sur le Prix de Vertu, par M. G. DUFOUR. 4. Rapport sur le Prix de Poésie, par M. A.-J. VERRIER. 5. Discours de M. P. de la GORCE, président de la séance.

Le Président,

G. BODINIER,

Sénateur,

Le Secrétaire général,

CH. URSEAU,
Correspondant

Conseiller général de Maine-et-Loire, du Ministère de l'Instruction publique.

Les Dames seront admises à cette séance, qui commèncera à 8 heures 1/2 précises.

PROCÈS-VERBAL

DE LA

SÉANCE SOLENNELLE

de la Société Nationale d'Agriculture
Sciences et Arts d'Angers

Tenue le samedi 28 décembre 1912

Le samedi 28 décembre 1912, la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, réunie, à huit heures et demie du soir, sous la présidence de M. Pierre de la Gorce, membre de l'Institut, a distribué pour la cinquième fois les prix de vertu et de poésie, fondés par Julien Daillière.

Dans la salle, coquettement aménagée par les soins de M. Planchenault, archiviste-bibliothécaire, et agrandie d'une tente spacieuse, que M. le Président de la Société d'Horticulture avait mise gracieusement à notre disposition, une assistance d'élite s'était donné rendez-vous pour applaudir l'éminent historien qui présidait la séance et ceux de nos collègues dont le nom figurait à l'ordre du jour.

M. Bodinier, président de la Société, prit le premier la parole et, après avoir rendu hommage à la mémoire du poète Julien Daillière, il rappela quels liens d'amitié

déjà ancienne l'unissaient à M. de la Gorce. Il le remercia, en termes d'une exquise délicatesse, d'avoir répondu à son invitation et d'être venu nous apporter, avec sa sympathie, le réconfort de sa présence et de sa haute autorité. Au nom de la Société, il lui offrit le titre de président d'honneur de notre Compagnie et lui promit d'inscrire son nom, à côté de ceux de Villemain, du comte de Falloux, de Beulé, de Chevreul, de Jules Lenepveu, du cardinal Mathieu, de René Bazin, sur cette liste d'académiciens qui, à des époques diverses, ont témoigné quelque intérêt à notre vieille Académie angevine.

A son tour, M. Jac traita des Lois somptuaires au XVIIe siècle. Dans un travail où il a prouvé qu'il est un savant par la rigueur de la méthode et la richesse de la documentation et un artiste par l'élégance de la forme et le charme du récit, M. le Doyen de la Faculté de droit étudia et sut rendre très intéressants pour l'auditoire les divers règlements, édictés par les rois de France, surtout au XVIIe siècle, pour réprimer le luxe de la toilette, de la table et de la livrée.

M. Dufour, l'écrivain délicat et modeste qui avait accepté de présenter le rapport sur le prix de vertu, s'est acquitté de sa tâche avec le succès que l'on pouvait attendre de son beau talent. Après avoir exprimé le regret que les candidats n'aient pas été plus nombreux et constaté que les tableaux proposés à l'examen de la Commission étaient trop uniformément << teintés en grisaille », il n'eut pas de peine, pourtant, à justifier le choix de ses collègues, qui ont attribué le prix Daillière (une médaille de bronze et une somme de 250 francs) à Jean-Jules Rideau, de Mûrs, et une mention honorable (avec une médaille de bronze et une somme de 50 francs prise sur les fonds de la Société) à Thérèse Lemesle, du Louroux-Béconnais.

M. Verrier parla au nom de la Commission du prix de

poésie. Dans un rapport très spirituel et tout plein de judicieuses remarques, il nous apprit que la Commission eut à examiner quinze œuvres différentes, soit 19.000 vers. A la suite d'une première lecture, elle élimina dix concurrents, puis, après s'être livrée à une étude approfondie des cinq œuvres qu'elle avait admises à une seconde lecture, elle décida que, parmi celles-ci, deux seulement recevraient une récompense.

L'aimable et distingué rapporteur se montra compatissant pour les vaincus de cette joute littéraire et sut trouver à leur adresse des paroles qui encouragent et consolent. Aux vainqueurs il distribua les éloges qu'ils méritaient et que justifièrent les poésies dont il donna lecture, mais il ajouta aux compliments quelques légères critiques et d'excellentes leçons, dont ils auront, sans doute, profité.

Les deux lauréats sont : M. Alphonse Métérié, d'Angers, auquel fut décerné le prix Daillière, pour un recueil de poésies, réunies sous le simple titre de Carnet, et M. l'abbé Galard, curé de Trélazé, auquel on accorda une mention honorable et une médaille de bronze, pour une Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, un drame intitulé : Prêtre et Patriote, et divers sonnets sur la Terre Sainte.

Le discours de M. Pierre de la Gorce termina la séance. M. le Président d'honneur commença par faire l'éloge du sympathique président de notre Société, et les applaudissements qui accueillirent ses paroles prouvèrent qu'il disait juste, en affirmant que M. Bodinier réalise «<le type accompli de ce que doit être un homme public ». Puis, évoquant le souvenir d'un autre Angevin, qu'il a beaucoup aimé, il traça un portrait émouvant du comte Georges de Blois.

Ensuite, M. de la Gorce nous exposa les raisons pour lesquelles, sans l'avoir connu, il est tenté d'honorer beaucoup Daillière. Il l'honore, d'abord, pour la modicité

des récompenses qu'il nous a chargés de distribuer : n'y a-t-il pas, en effet, quelque chose d'une simplicité antique dans la petite somme qu'il a laissée à notre disposition pour distinguer seulement, et non subventionner la vertu et la poésie? Il l'honore encore, pour avoir associé dans ses dernières volontés la poésie et la vertu, qui émanent de la même source et qui ne devraient jamais être séparées, puisqu'elles doivent se compléter l'une et l'autre.

La conviction vraie et la chaude éloquence avec lesquelles l'éminent écrivain a développé ces grandes et nobles pensées ont fortement impressionné l'auditoire, qui conservera du président de la séance le meilleur et le plus reconnaissant souvenir.

Le Secrétaire général,

Ch. URSEAU.

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