Le Val-de-Grâce était une abbaye de femmes fondée, au dixième siècle, au lieu appelé le ValProfond, à trois lieues de Paris. Les religieuses achetèrent un vaste emplacement dans cette ville, au faubourg Saint-Jacques, en 4624, pour venir s'y établir. Le dix-septième siècle se distingue, à Paris comme dans toute la France, par la multiplicité des fondations pieuses. Anne d'Autriche prit les Bénédictines du Val-de-Grâce sous sa protection, et voulut se charger des dépenses de leur nouvelle maison; elle posa la première pierre du cloître le 3 juillet 1624. Devenue mère en 4638, après vingtdeux ans de mariage stérile, elle fit vou, dans sa joie, d'élever à Dieu un temple magnifique, et elle accomplit ce dessein par la somptuosité de l'église du Val-de-Grâce dès qu'elle eut, avec la régence, la disposition des finances de l'État. François Mansard (Paris, 4598-1666) fut l'architecte qui traça les plans de cette église. Le 1er avril 1645, la premiere pierre en fut posée par l'enfant dont ce monument devait solenniser la naissance, Louis XIV. François Mansard en jeta les fondements et le conduisit jusqu'à la hauteur de 3 mètres au-dessus du sol. C'était un homme de talent, dont les plans avaient été adoptés avec acclamation, mais qui, difficile pour ses propres ouvrages, avait plusieurs fois fait abattre des édifices en voie de construction pour les recommencer d'après des idées nouvelles. On eut lieu de craindre qu'il n'en fit autant pour le Val-de-Grace, et, comme les sommes absorbées par cette vaste construction étaient énormes, la direction lui en fut retirée et confiée à Lemercier, puis (en 4654) à Pierre Lemuet et Gabriel Leduc, qui l'acheverent en 4665, Mansard se vengea noblement de cet affront en faisant exécuter son plan, sur de petites proportions, pour la chapelle du chàteau de Fresne. Nous avons encore un témoignage de son goût dans le château de Maisons-sur-Seine, le seul de ses nombreux ouvrages qui subsiste presque entier. C'est aussi lui qui imagina le premier d'utiliser pour le logement les vastes combles qui formaient l'un des caractères des bâtiments à la française, et d'y placer, en brisant la ligne du toit, des chambres à pan coupé qu'on appela, de son nom, des mansardes. Quant au Val-de-Grâce, ses derniers constructeurs en firent une heureuse imitation de SaintPierre de Rome, qui lui servit de modèle. Sa coupole elliptique, le plus élégant échantillon que nous ayons de cette forme architecturale qui, à partir du seizième siècle, devient la forme chrétienne par excellence, est soutenue à l'extérieur par seize pilastres d'une décoration vive et légère; à l'intérieur elle présente une courbe circulaire de 67 mètres de développement. Ce dôme est posé sur quatre piliers avec lesquels il se raccorde au moyen de quatre grands arcs doubleaux et de quatre pendentifs sculptés par Michel Anguier, qui représentent les Évangélistes. La coupole du Val-de-Grâce est revêtue intérieurement d'une très-remarquable peinture à fresque dans laquelle on a tenté de re présenter le bonheur et la gloire des élus au sein des cieux. Au sommet se voit l'Agneau sans tache, immolé à côté du chandelier aux sept branches et du livre aux sept sceaux où sont écrits les noms des saints. Les anges l'entourent en l'adorant. La croix est vue dans les airs portée dans les bras des anges; à ses pieds se prosternent la Vierge et les femmes qui assistaient à la passion. De côté et d'autre sont des groupes d'apôtres, de saints, de martyrs, de pères de l'Église, tous reconnaissables à leurs attributs et occupés à contempler la majesté divine. Sur un trône de nuées amoncelées au milieu d'eux est la Trinité : le Père étendant la main droite et de la gauche soutenant le globe terrestre, le Fils amenant les élus à son Père, et le SaintEsprit sous la figure d'une colombe. Les séraphins et les archanges entourent ce trône, d'où rayonne une lumière dont toute la composition est éclairée. Dans la partie inférieure figure la reine Anne d'Autriche, présentée dans le paradis par sainte Anne et saint Louis qui la conduisent aux pieds du TrèsHaut pour y déposer sa couronne et l'édifice qu'elle vient d'élever. Cette peinture, la plus vaste qu'on connaisse, et où l'on compte deux cents personnages dont quelques-uns ont jusqu'à 5m,50 de hauteur, est l'ouvrage de Pierre Mignard, qui l'acheva en l'espace de treize mois (1663), aidé par son ami le peintre Dufresnoy. Mignard (Troyes, 4610-4695) passa une grande partie de sa vie en Italie. On l'appelait Mignard le Romain, pour le distinguer de Nicolas Mignard son frère (4608-1668), qui s'acquit aussi une belle renommée comme peintre, et fit différents travaux pour Mazarin et pour Louis XIV. Nicolas exécuta notamment, dans les appartements des Tuileries, une figure qui plut infiniment au monarque: elle le représentait sous l'emblème du «Soleil guidant son char.» Pierre Mignard a effacé son frère; il fit d'abord des portraits dont le succès fut trèsgrand, ceux de Hugues de Lionne, des Arnaulds, du pape Urbain VIII et d'un grand nombre de personnages célèbres. Il ne réussit pas moins dans la grande peinture historique et religieuse. Vouet, son maître, voulait lui donner sa fille. La gràce de ses ouvrages et leurs fraîches couleurs attiraient les suffrages de la foule, mais non l'approbation de tous les connaisseurs. On caractérisait fort bien son défaut en trouvant ses vierges trop mignardes. Le Poussin écrivait à l'un de ses amis, en 4648: « J'aurois déjà fait faire mon portrait pour vous l'envoyer, puisque vous le désirez; mais il me fäche de dépenser une dizaine de pistoles pour une tête de la façon de M. Mignard, qui est celui qui les fait le mieux, quoiqu'elles soient froides, fardées, sans force ni vigueur. » Mignard devait être cependant alors dans la plénitude de son talent, avait près de quarante ans; mais ce fut seulement quelques années après (1657) qu'appelé à Paris par Mazarin, il fit d'abord le portrait du roi, puis la grande fresque du Val-de-Grâce et d'autres œuvres importantes, telles que la décoration du château de il Saint-Cloud, plusieurs appartements de Versailles, du Louvre, no 359), œuvres qui lui assurent un et le portrait en pied de Mme de Maintenon (Mus. des premiers rangs parmi les peintres français. L'hôtel ou plutôt le palais que le cardinal Mazarin se fit construire occupait, à Paris, l'emplacement compris entre les rues Neuve-des-Petits Champs, Richelieu, Vivienne, et celle qui depuis a reçu le nom de Colbert. On peut encore juger de ce qu'il était à l'extérieur par la vaste et ma jestueuse cour, mais lourde et monotone, sur la quelle s'ouvre, rue de Richelieu, la porte principale de l'édifice. C'est là que fut transportée en 1721, et que se trouve encore la bibliothèque immense et fameuse qu'on a successivement appelée Nationale, Royale ou Impériale, mais qui mériterait, comme étant l'une des plus inestimables richesses du pays, d'échapper aux appellations éphémères. Le nom qui lui convient le plus justement est celui de Grande Bibliothèque de Paris, si l'on songe qu'elle est la plus grande non-seulement de Paris, mais du monde entier, ou devrait être Bibliothèque du roi, si l'on voulait bien se souvenir qu'elle fut formée par les rois de France prédécesseurs de Louis XIV, qu'elle appartenait en propre à ce prince, et que c'est par la libéralité de son successeur que le public a été gratifié de l'usage des trésors qu'elle renferme. L'hôtel Mazarin doit à l'honneur qu'on lui fit d'y déposer ce trésor intellectuel la restauration générale dont il est l'objet en ce moment même, et sa conservation intacte en quelques-unes de ses parties. L'une des longues salles du rez-de-chaussée, dans laquelle est placé le cabinet des estampes, est décorée, avec sobriété, d'ornements sculptés qui sont du temps du cardinal, et au-dessus d'elle règne une galerie somptueuse (salle des manuscrits) dont la voûte est garnie de grandes scènes peintes par deux Italiens, Romanelli et Grimaldi, que Mazarin avait fait venir en France et qui furent les derniers artistes étrangers qu'on y appela. Le collège des Quatre-Nations fut établi par les dispositions testamentaires du cardinal, et réalisé par Louis XIV. D'après les intentions du testateur, on devait élever dans cette maison, pourvue d'une riche dotation et d'une bibliothèque magnifique, soixante jeunes gentilshommes des pays de Pignerol, d'Alsace, de Flandre et de Roussillon, « pour mémoire de ce que, sous son ministère, la France avait mis la main sur ces quatre territoires ». Ce collége, qu'on appela aussi le collége Mazarin, fut construit sur le bord de la Seine, vis-à-vis le Louvre, en 4662, d'après les plans de l'architecte Levau; le petit dôme qui en occupe la partie centrale était la coupole de la chapelle, où Mazarin avait ordonné qu'on mit son tombeau. La révolution supprima le collége, et depuis 4806 ses bâtiments sont devenus ceux de l'Institut de France. Louis Levau, que nous venons de nommer, fut le premier architecte que fit travailler Louis XIV. Il eut la direction des bâtiments royaux depuis l'année 4653 jusqu'à 4670, époque de sa mort. Sa réputation avait commencé par la construction (en 4653) de ce château de Vaux pour l'embellissement duquel le surintendant Fouquet s'était livré à des prodigalités scandaleuses (p. 240). Il construisit ensuite pour un autre surintendant celui des Raincys; à Paris, l'hôtel Lambert, les hôtels de Pons, de Colbert, de Lionne ou de Pontchartrain, un fragment de l'église Saint-Sulpice et quelques parties des Tuileries. Ce fut lui qui ter mina, dans ce dernier palais, les deux pavillons de Flore et de Marsan, et qui ajouta au pavillon central un attique avec le lourd dôme quadrangulaire dont nous le voyons encore surmonté. Il refit aussi, par les ordres de Mazarin, une partie du château de Vincennes. Les arts, pendant la seconde moitié du dixseptième siècle, portent le même cachet de noblesse un peu emphatique et de correction un peu pesante que le goût de Louis XIV imprima uniformément à toute chose autour de lui. La décoration de la galerie d'Apollon, au Louvre, est le premier grand ouvrage qu'il ait ordonné. Cette galerie ayant été détruite, en 4664, par un incendie, il la fit reconstruire aussitôt et confia le soin d'en diriger la peinture à l'artiste déjà célèbre qui avait fait celles du magnifique château de Vaux, Charles Lebrun. Ce grand travail, le plafond surtout, qui représente l'histoire poétique du dieu Apollon, est une œuvre splendide pour laquelle Lebrun se fit aider des sculpteurs Gaspard et Balthazar Marsy, Girardon, Regnauldin, avec les peintres d'ornements Gontier, Gervaise, Monnoyer, Baptiste et les frères Lemoine. Mais le roi, délaissant bientôt le Louvre, où il ne pouvait que continuer la pensée de ses prédécesseurs, pour Versailles, où sa personnalité devait briller sans rivale, enleva Lebrun à la galerie d'Apollon avant qu'elle ne fût terminée, et cette belle salle inachevée resta près de deux siècles dans l'abandon; elle menaçait ruine, lorsqu'en 1848 la république française en ordonna la restauration, ainsi que l'achèvement du palais et sa jonction définitive aux Tuileries. Cependant Louis XIV a laissé encore son empreinte dans une autre partie du Louvre c'est dans l'imposante colonnade qui forme l'extrémité orientale du palais. Jacques Lemercier était mort sans avoir eu le temps d'élever plus haut que le rez-de-chaussée les bâtiments de la cour du Louvre agrandie suivant ses plans; ceux du côté de la rue Saint-Honoré sortaient à peine de terre. Levau lui succéda, et eut à présenter le projet des deux façades tournées l'une à l'est, vers Saint-Germain l'Auxerrois, l'autre au midi, sur la Seine. Colbert ne trouva pas que ses idées répondissent à la magnificence qui convenait au roi, et fit appel aux principaux architectes de France pour avoir de nouveaux dessins. Ce fut précisément un homme qui n'était pas architecte, mais un simple amateur, médecin de profession, Claude Perrault (Paris, 4613-1688), dont le plan rencontra le suffrage général dans cette espèce de concours. Cependant on voulut consulter aussi les Italiens, et le chevalier Bernini, architecte du saint-siége, le plus admiré des artistes d'alors, envoya ses dessins, dont la grandeur parut suffisante. Il proposait, entre autres choses, d'étendre le Louvre jusqu'à la hauteur du pont Neuf, et de créer en cet endroit une vaste place, au milieu de laquelle se fût élevé un rocher de cent pieds de haut, garni de nymphes ou de fleuves laissant échapper des tor ་ rents d'eau de leurs urnes, et surmonté d'une statue colossale du roi. Louis XIV, enchanté, écrivit de sa main au pape Alexandre VII pour obtenir que le Bernin vint lui-même embellir la résidence séculaire « des rois les plus zélés de la chrétienté.» L'artiste fut reçu avec des honneurs extraordinaires; les magistrats des villes françaises qu'il avait à traverser eurent l'ordre de le complimenter à son entrée dans leurs murs, hommage qui n'était accordé qu'aux princes du sang; le roi le combla de faveurs et de présents (1665). Mais une fois à Paris, le Bernin perdit beaucoup de son prestige. Ses plans, mis au net pour l'exécution, parurent de beaucoup inférieurs à ses premiers croquis; il avait atteint déjà l'àge de soixante-huit ans. Gâté par de longs succès, il tranchait de tout avec hauteur, même devant le roi; les artistes français, de leur côté, ne ménageaient pas cet étranger et faisaient soigneusement ressortir toutes ses fautes. Il jeta néanmoins les fondations de la façade principale qu'il devait construire, et l'on frappa en son honneur une médaille cipale fut d'obliger, par la grande élévation de sa TIAC ETERNIT GALL-IMPERII S M-DC-LXV SACRYM Revers du médaillon en or fondu en commémoration du projet de colonnade pour le Louvre par le chevalier Bernini, en 1665. (La face représente Louis XIV.) où cette façade, d'un goût fort médiocre en effet, était représentée; mais au bout de quelques mois il prétexta des raisons de santé pour demander un congé qui lui fut accordé avec plaisir, et il quitta la France. Louis XIV en revint alors au plan de Claude Perrault, qui lui avait toujours plu, et l'on exécuta rapidement, dans l'intervalle des années 1665 à 1672, la colonnade du Louvre telle qu'elle se voit aujourd'hui. Perrault avait pris modèle sur l'antiquité pour imaginer les lignes droites les plus étendues, les ouvertures les plus hautes, les colonnes les plus longues et les plus riches qu'on eût jamais employées, et il combina ces divers éléments avec une majestueuse harmonie, mais non sans commettre bien des erreurs, dont la prin En 1670 fut commencé l'hôtel des Invalides. Le projet de recueillir aux frais de l'État les vieux soldats mutilés par la guerre avait été souvent essayé depuis le seizième siècle; Louis XIV eut le bonheur de le réaliser. Dès le mois de mars 4660, sous le ministère de Mazarin, un arrêt du conseil assigna des fonds pour la dotation de l'établissement et la construction de l'édifice où il devait être placé. Cet édifice fut commencé en 1670, et assez avancé en 1674 pour pouvoir donner asile à un certain nombre de pensionnaires; mais sa construction ne fut complète qu'au bout de trente ans. Libéral Bruant en fut le premier architecte et celui auquel est dû le style simple et digne des bâtiments qui foriment ce vaste hôtel. Il n'eut pas le temps d'achever son œuvre. Ce fut Jules Hardouin-Mansard, neveu de François Mansard, qui la termina, et auquel seul appartient le dôme magnifique dont l'église est couronnée. Cette église est un lieu sacré; on suspend à sa voûte les drapeaux enlevés à l'ennemi sur le champ de bataille; dans ses caveaux repose la dépouille mortelle de Turenne, de Vauban et d'un grand nombre de maréchaux de France; quant au dôme, dont la flèche dorée domine tout Paris, il est orné à l'intérieur de sculptures de Coustou aîné et Coysevox, de grandes peintures de Charles Lafosse, et mesure 300 mètres de circonférence à sa base. Dans quatre salles du rez-de-chaussée servant de réfectoires le roi fit peindre ses batailles. Mais Versailles fut le lieu privilégié choisi par Louis XIV pour étaler ses goûts de profusion et d'art fastueux. L'endroit n'était pas heureusement choisi, car Versailles était un village placé sur une éminence aride à l'entrée des bois, privé d'horizon et privé d'eau. Louis XIII y avait fait construire, comme rendez-vous de chasse, un de ces châteaux de brique et de pierre dont nous avons parlé, élégant et commode, mais de petites dimensions. Le souvenir de son père semble avoir été le motif qui décida Louis XIV pour Versailles. Il enserra Jules Hardouin-Mansard. d'Edelinck. ་་ D'après la gravure ce petit château dans ses constructions nouvelles en le conservant intact, reculant ainsi la date de son œuvre et imposant à ses successeurs ce respect conservateur dont il donnait l'exemple. Il ne faut donc pas entièrement souscrire aux plaintes de Saint-Simon, qui s'écrie: « Versailles, le plus triste, le plus ingrat de tous les lieux, sans vue, sans bois, sans eau, sans terre parce que tout y est sable mouvant ou marécage, sans air par conséquent ou qui ne peut être bon. Il se plut à tyranniser la nature, à la dompter à force d'art et de trésors. Il y bâtit tout l'un après l'autre, sans dessin général le beau et le vilain furent cousus ensemble; le vaste et l'étranglé. Son appartement et celui de la reine y ont les dernières incommodités... Les jardins, dont la magnificence étonne, mais dont le plus léger usage rebute, sont d'aussi mauvais goût... La violence qui y a été faite partout à la nature repousse et dégoûte malgré soi. L'abondance des eaux forcées et ramassées de toutes parts les rend vertes, épaisses, bourbeuses... leurs effets sont incomparables; mais de ce tout il résulte qu'on admire et qu'on fuit. Du côté de la cour, l'étranglé suffoque et ces vastes ailes s'enfuient sans tenir à rien; du côté des jardins, on jouit de la beauté du tout ensemble, mais on croit voir un palais qui a été brûlé où le dernier étage et les toits manquent encore. La chapelle, qui l'écrase, parce que Mansard voulut entrainer le roi à élever le tout d'un étage, a de partout la triste représentation d'un triste catafalque... On ne finiroit point sur les défauts monstrueux d'un palais si immense et si immensément cher. » La violence faite à la nature, la disproportion entre la hauteur des bâtiments et leur immense longueur, l'élévation exagérée de la chapelle, la pénurie des eaux, la dépense excessive, tous ces reproches sont fondés, et n'empêchent pas le palais et le parc de Versailles d'être une œuvre de magnificence incomparable. Les travaux commencèrent en 4664; les édifices étaient assez avancés en 1672 pour que le roi pût s'y transporter alors avec une partie de sa cour; mais ils ne furent achevés qu'en 4684. La chapelle fut construite de 4699 à 4740. Hardouin-Mansard, l'architecte qui dessina sous les yeux du roi et conduisit ce grand ouvrage: Charles Lebrun, qui en dirigea la décoration intérieure; les peintres Philippe de Champagne, Jean Jouvenet, Charles Lafosse, Audran, Van der Meulen et vingt autres qui y travaillèrent sous ses ordres; les sculpteurs Pierre Puget, Girardon, Coustou et Coysevox; les frères Keller, habiles fondeurs; le dessinateur de jardins André le Nôtre; les dessinateurs d'ornements et de meubles Errard, Lepautre et Boulle, employerent tous une partie de leur vie et gagnèrent la célébrité en apportant chacun le tribut de son art à |