la déploya toutes les ressources de son génie fécond. Il avait déjà composé en l'honneur de Louis XIV ces grands sujets qui sont ses chefs-d'œuvre Défaite de Porus, le Triomphe d'Alexandre, la Famille de Darius, où, par des allusions dignes de l'époque, il encensait le roi sous les traits d'un héros de la Grèce; il passa quinze ans à surveiller à Versailles la décoration des salons d'Apollon, de Mercure, de Mars, de Diane, de Vénus, et à peindre lui-même la grande galerie. On est obligé cependant de reconnaître que toutes les décorations de Versailles, et celles de ces appartements splendides surchargés d'ornements et de dorures, et celles que forment dans toutes les sinuosités du parc les groupes de marbre ou de bronze dont il est rempli, sont particulièrement empreintes de ce caractère général des œuvres d'art du dix-septième siècle : un ensemble imposant et sagement ordonné, mais trop théâtral et un peu lourd. Louis XIV fit construire encore le grand Trianon, sorte de maison champêtre dépendant du parc de Versailles; le château de Clagny, pour Mme de Montespan; le château de Marly, pour chercher un refuge contre sa propre grandeur. « A la fin, le roi, lassé du beau et de la foule, se persuada qu'il vouloit quelquefois du petit et de la solitude. Il chercha, autour de Versailles, de quoi satisfaire ce nouveau goût. On le pressa de s'arrêter à Lucienne, dont la vue est enchantée; mais il répondit que cette heureuse situation le ruineroit, et que, comme il vouloit un rien, il vouloit aussi une situation qui ne lui permît pas de songer à y rien faire.» C'est pour cela qu'il choisit l'obscur village de Marly; mais cette précaution fut vaine, et le prétendu ermitage de Marly devint peu à peu aussi coûteux et encombré que Versailles. Enfin, comme s'écrie Saint-Simon, «ses bâtiments, qui les pourroit nombrer?» Il faut cependant encore, pour le moins, faire mention du pont Royal, qu'il fit construire en 1685; de sa statue équestre en bronze coulée d'un seul jet, en 1699, par J.-Balth. Keller, pour la place Vendôme; et des portes Saint-Denis et Saint-Martin, véritables arcs de triomphe élevés en son honneur, par la ville de Paris, après la conquête de la Flandre et de la Franche-Comté. La première de ces portes date de 4672; elle est l'ouvrage de François Blondel, architecte fort renommé en son temps, et auteur d'un excellent Cours d'architecture (1675, in-fol.); la seconde fut élevée en 1674 par Pierre Bullet, élève de Blondel. La porte Saint-Denis a excité une admiration excessive; elle est en effet supérieure à sa voisine, mais inférieure en élégance à toutes les portes triomphales que construisaient les anciens. En parcourant si rapidement les souvenirs de l'art français au dix-septième siècle, plusieurs noms ne se sont pas présentés sous notre plume, qui méritent cependant de n'être pas omis dans l'histoire du pays auquel ils ont apporté chacun leur part d'illustration. Nous citerons, parmi les architectes les pères jésuites François Derrand et Martel Ange, constructeurs de l'église SaintPaul (1627-1641); Daniel Gittart, architecte de l'église Saint-Jacques du Haut-Pas (1630-1684); Christophe Gamart, premier architecte (4646) de l'église Saint-Sulpice; Lambert et Dorbay, continuateurs du collège Mazarin après Levau; Antoine Desgodets, chargé par Colbert d'étudier, de mesurer et de faire graver tous les monuments antiques de Rome (1677); Prédot, architecte de la place des Victoires (1684); le père Franç. Romain, religieux dominicain, constructeur du pont Royal; Jean Marot, auteur de quelques édifices secondaires tels que le château de Lavardin dans le Maine, d'un projet d'achèvement du Louvre qu'on regarde comme une « protestation du bon sens et du génie national contre les plans du Bernin et de Perrault », et surtout de deux précieux recueils de planches gravées (1694) représentant les principaux édifices de la France. Parmi les sculpteurs : Claude Lestocard, auteur de la chaire de Saint-Étienne du Mont; Gilles Guérin, sculpteur de différents groupes pour Versailles et d'une Résurrection dans l'église de Saint-Sauveur; Louis Lerambert, élève à la fois de Sarrazin et de Vouet, statuaire et peintre (4614-4670); Laurent Magnière, Étienne le Hongre, Jacq. Burette, J.-B. Tubi, Mazeline, Clérion, Martin Desjardins, P. Mallerot, L. Lecomte, sculpteurs qui travaillèrent pour Versailles et les autres châteaux de Louis XIV; plusieurs habiles sculpteurs provinciaux, tels que C. et Remi Chassel, de Nancy; P. Blasset, d'Amiens; J. Dubois, de Dijon; les Chabrys, de Lyon; Christophe Veyrier, élève du Puget et, comme son maître, fidèle à son pays, la Provence; R. Frémin, auteur des ornements de la Samaritaine du pont Neuf; Pierre Legros (1656-4749), qui fit pour les Tuileries la statue du Silence et remplit les églises de Rome d'ouvrages remarquables; Jean Warin et Guillaume Dupré, célèbres graveurs de médailles auxquels on doit un grand nombre de beaux portraits des personnages de leur temps; Claude Ballin (46151678), Pierre et Thomas Germain, orfévres, graveurs et ciseleurs, qui décorèrent magnifiquement les appartements de Richelieu et de Louis XIV. Parmi les peintres : Jean Lemaire, Jacq. Blanchard, Michel et J.-B. Corneille, Valentin, la Hire, Louis Boullogne et ses fils, Chauveau, Gaspre Dughet, beau-frère du Poussin; Dufresnoy et Jacques Stella, de Lyon, ses amis; Constant Letellier, son neveu ; Louis et Antoine Lenain, Sébastien Bourdon, Jacq. Courtois dit le Bourguignon, les cinq frères Vaillant, la nombreuse famille des Parrocel, celle des Coypel, celle des Audran, plus connus comme graveurs; François Perrier, Charmeton, de Troy, Santerre; le paysagiste Patel; les frères Beaubrun, Nic. Largillière et Hyacinthe Rigaud, excellents peintres de portraits; Jean Toutin et Robert Vauquer, émailleurs, de Blois; Jean Petitot et Jacques Bordier, créateurs d'un genre qu'ils ont porté à sa perfection, et dans lequel ils n'ont pas été égalés depuis, le portrait à l'émail; enfin, quelques peintres verriers les frères Jean et Léonard Gontier, de Troyes; Jean et Arnaud Molis, de Toulouse; les Henriet, de Châlons; les Levieil, de Rouen; P. Tacheron, de Soissons; Chamu, Nogare et Jacques de Parroy, verriers de l'église SaintMerry de Paris; Perrier, Perrin et Nic. Levasseur, de l'église Saint-Paul; Leclerc père et fils, de l'église Saint-Sulpice. Si la gravure française n'avait pas jeté un trèsgrand éclat au seizième siècle, elle le racheta au dix-septième par des progrès qui la placèrent au premier rang en Europe. Pour ne distinguer que les plus illustres au milieu d'une foule d'artistes de talent qui ont honoré cette branche de l'art, on doit citer les noms suivants : Jacques Callot (Nancy, 1593-4635), dessinateur original et profond, qui sut émouvoir et parler par son burin en gravant ses différentes suites les Foires, les Supplices, les Gueux, les Misères de la guerre; Claude Mellan (Abbeville, 1598-1688), graveur de plus de neuf cents pièces, la plupart d'après ses propres dessins; Michel Lasne (Caen, 1596-1667), adonné surtout à la reproduction des maîtres italiens; Pierre Daret, portraitiste; Abraham Bosse (46144678), graveur de sujets divers, cérémonies publiques (voy. p. 204), fètes, costumes, planches d'histoire naturelle, et auteur de plusieurs livres touchant son art; Karle Audran (4594-1674), graveur d'ouvrages de Quentin Varin, le Sueur, et des maîtres italiens; Gérard Audran, son fils (16404703), auquel on doit la reproduction de l'Enlèvement de la Vérité, par le Poussin; du Martyre de saint Laurent, par le Sueur; des batailles d'Alexandre, par Ch. Lebrun; de la fresque du Valde-Grâce, de la petite galerie de Versailles et d'autres grandes peintures de Mignard, dans le même palais, qui furent détruites dès les années 4684 et 1728; Claude, Benoît et Jean Audran (45971756); Michel Dorigny (4617-4663), graveur de l'œuvre de Vouet et d'autres peintures; Louis et Nicolas Dorigny, ses fils, qui ont surtout gravé d'après les maîtres italiens; Robert Nanteuil (Reims, 4630-4678), admirable portraitiste (voy. p. 241); Sébastien Leclerc (1637-4744), spirituel graveur des « Figures à la mode» et de plus de trois mille autres pièces; Israël Silvestre et Pérelle, célébres graveurs de paysages; Étienne Baudet, Guillaume Chateau, Pierre Drevet, Gérard Edelinck, Nicolas de Larmessin, Antoine Masson, Jean Pesne, Nicolas Pitau, François Poilly, J.-L. Roullet, Claudine Stella, Étienne et Bernard Picart, peuvent grossir cette énumération des bons graveurs du dix-septième siècle, mais sont loin de la compléter. Tous se livraient aux différents genres de la gravure en métaux. Quant à la gravure en bois, elle était à peu près abandonnée; cependant une famille du nom de Papillon, originaire de Rouen et remontant au commencement du dix-septième siècle, n'a cessé de cultiver cet art jusqu'à la fin du siècle suivant. Louis XIV, avec sa grandeur habituelle, contribua aux progrès de la gravure non-seulement en gratifiant de ses libéralités ceux qui s'y montraient le plus habiles, mais en créant au Louvre (dès 1670) une sorte de bureau où l'on vendait au public, moyennant un faible prix, des estampes faites par ses ordres pour répandre et perpétuer les œuvres des maîtres et le souvenir des événements contemporains. Dans toutes les branches de l'art comme dans tous les ressorts du gouvernement se faisait sentir la main active et puissante du roi, dirigée surtout par son ministre Colbert. L'Académie de peinture s'était formée en 4648; les peintres qui l'avaient fondée n'avaient songé qu'à se soustraire à la tyrannie de la vieille communauté des peintres jurés de Paris, dite Académie de Saint-Luc, qui prétendaient empècher judiciairement toute personne qui n'était pas de leur corporation de se livrer à la peinture. Colbert fondit les deux parties belligérantes dans l'académie nouvelle, leur fit concéder six grandes salles du Louvre remplies d'ouvrages d'art, et plaça sous leur direction l'École française de peinture et sculpture qu'il établit à Rome en 1666. Il prépara de mème, en 4674, la formation d'une école d'architecture. En 1666 fut aussi fondée la manufactu e ro ale des glaces, produit dont l'extension tran: form, en l'égayant, la décoration intérieure des appartements. En 1667, Colbert acheta pour le roi l'importante manufacture de tapis fondée à Paris, sur le bord de la Bièvre, dès le milieu du quinzième siècle, par la famille des Gobelius, et fonda la supériorité de cet établissement sans rival. Le grand peintre de Louis XIV, Charles Lebrun, eu fut le premier directeur, et son successeur fut Pierre Mignard. On y installa des ateliers de bijouterie, d'orfevrerie, de marqueterie, d'ébénisterie, pour imprimer à tous ces différents objets le cachet artistique. Enfin l'opéra, qui n'avait pu être naturalisé en France par les quelques représentations données au Louvre sous l'inspiration de Catherine de Médicis, fut remis à la mode par Mazarin et définitivement accepté lorsque Louis XIV, au mois de mars 4672, en accorda la direction au plus célèbre musicien de la cour et du siècle, le Florentin J.-B. Lulli (1633-4687). Louis XIII ne se contentait pas de peindre; il était bon musicien et composait même, à plusieurs parties, des airs assez agréables; son fils ne croyait nullement faire tort à sa gloire en figurant lui-même, avec les plus grands seigneurs, dans les divertissements donnés à la cour, et il aimait avec passion danser dans les ballets. Les études musicales et l'art scénique durent beaucoup à ces influences personnelles. Cette initiative royale en toutes choses, accompagnée de l'intelligence du beau et de l'accord de tous les esprits à subir avec idolatrie, pendant trois ou quatre générations, toutes les idées du roi, a marqué le dix-septième siècle d'un cachet d'unité noble et tranquille, où l'on ne saurait rien voir qui s'écarte ou qui jure. Le siècle est, comme son roi, convaincu de son incomparable supério Le grand roi mort, il semble qu'un rideau se lève sur des horizons nouveaux; le prestige imposant qui rayonnait autour de cette cour si longtemps dominatrice s'efface, et les survivants du siecle à peine écoulé se trouvent comme isolés et perdus au milieu d'un monde d'idées nouvelles qui semblent nées de la veille, et déjà ont eu le temps de grandir à l'ombre de la dignité extérieure et de la vertu d'apparat maintenant descendues au tombeau. Il reste de cette monarchie, vouée en apparence au culte des choses saintes et désintéressées, et de ce gouvernement d'ordre idéal, une société servile où tous les états, confondus dans un désœuvrement commun, trahissent leurs intérêts les plus chers par insouciance de leurs devoirs et de leurs droits : la noblesse, avilie par la vie d'antichambre, accablée de dettes, et tout irritée de son impuissance même et de ses futilités; le clergé, poussé, par l'habitude de la dissimulation et la pratique active des mystères politiques, aux confins de l'incrédulité; les gens de robe, étourdis d'un long silence, et tout au désarroi de leur importance prochaine; le peuple, en pleine fièvre de misère et de famine, et rien pour conduire et dominer ces éléments de passions encore incertaines; la tradition tout à coup violemment rompue, des finances obérées, une défaillance générale des hommes et des théories politiques face à face avec l'invasion hautaine de doctrines imprévues et qui prétendent à s'imposer. Le lendemain même de la mort de Louis XIV, le Parlement s'assembla, et le testament fut ouvert. Ce n'était déjà plus l'inconnu, et les confidences qui en avaient couru avaient laissé aux habiles de chaque parti le temps de calculer les chances et de s'y préparer. Philippe d'Orléans avait vu ainsi se grouper autour de lui toutes les espérances d'une réaction violente contre le gouvernement que ce dernier acte menaçait de perpétuer encore, et son habileté, qui se révélait aux jours de crise, avait su rattacher à sa cause tous les hommes qu'une influence, une haine, un intérêt, pouvaient rallier contre le duc du Maine, homme sans caractère, jouet de la femme légère qu'il avait épousée (Anne-Louise de Bourbon, petite-fille du grand Condé) et de la caste détestée des Jésuites. Il se rallia Villars, d'Aguesseau, d'Argenson, Villeroi, le vertueux cardinal de Noailles, archevêque de Paris, longtemps persécuté par la congrégation jésuitique. Le duc de Guiche, colonel des gardes françaises, vendit son adhésion secrète 600 000 livres, et ses soldats, pour la plupart déguisés, se tenaient prêts, dans la salle, à tout événement. La lecture du testament achevée, qui mettait le futur régent à la discrétion absolue d'un conseil de régence, en laissant la tutelle, la garde et l'éducation du roi au duc du Maine, Philippe d'Orléans se leva, rendit hommage au caractère du feu roi; mais, protestant contre des dispositions attentatoires à son honneur et aux droits de sa naissance, il se rappela à propos les paroles de Louis XIV mourant, qui semblaient interpréter autrement ses volontés dernières, et, confiant, ditil, aux sages avis de cette auguste assemblée, dont il se promettait bien d'ailleurs d'écouter toujours les remontrances, il revendiqua du Parlement la régence sans conditions et sans tutelle. Une acclamation presque unanime, et qui avait eu peine à se contenir à l'annonce des intentions si libérales du prince, lui transmit les pleins pouvoirs qu'il sollicitait, et le duc du Maine dut se contenter de la surintendance de l'éducation du roi. Le 9 septembre, un cortège mesquin et d'appareil sinistre conduisait à Saint-Denis le deuil de la grande monarchie. On cût dit que ce fût une fète publique, où le cercueil mème de Louis XIV ne fut pas respecté. « L'affluence fut prodigieuse dans la plaine; on y vendoit toutes sortes de mets et de rafraîchissements; on voyoit de toutes parts le peuple danser, chanter, boire, se livrer à une joie scandaleuse, et plusieurs mème eurent l'indignité de vomir des injures en voyant passer le char qui renfermoit le corps.» (Duclos, Mémoires secrets.) soin Le conseil de régence, dont le duc d'Orléans avait la nomination, fut composé, dans un esprit de conciliation, du duc de Bourbon, des deux bàtards légitimés, du chancelier Voisin, du duc de Saint-Simon, des maréchaux de Villeroi, d'Harcourt, Bezons, de l'ancien ministre des affaires étrangères Torcy, de l'évêque de Troyes; en mème temps, le régent s'acquittait envers la noblesse en créant à la place des ministères sept conseils, composés chacun de dix membres, où il avait pris de ne mêler la roture ou la robe aux grands seigneurs qu'autant que le pouvait exiger le succès de sa politique et l'expédition des affaires. Le duc de Saint-Simon, intelligence supérieure mais égarée par un orgueil mesquin, àme honnête mais chagrine, et qui devait être le Tacite de cette époque, était l'inspirateur de ces mesures, qui, pour lui du moins, n'avaient qu'un but hautement avoué, «soumettre tout à la noblesse. » D'autres actes servaient mieux pourtant la poplarité du régent. Des le 40 novembre, il avait fait reviser toutes les lettres de cachet, rendu à la liberté les jansénistes enfermés à la Bastille, relégué en province le P. le Tellier, supprimé des impôts, rétabli la circulation des grains. Mais en même temps, et dans l'entrainement de la faveur publique et de la révolte générale des consciences contre la pruderie du dernier règne, il ne prit guère souci de soutenir avec dignité un rôle où ses instincts le portaient moins que ses talents, et l'opinion, assez facile pourtant à l'indulgence, ne tarda pas à s'effrayer de l'audace cynique avec laquelle tout un peuple de courtisans se fit gloire d'imiter l'incrédulité de parade, puis le libertinage, et bientôt l'orgie effrénée, crapuleuse du régent. « Entre cinq et six heures, toutes affaires cessoient; il alloit voir Madame soit dans son appartement l'hiver, soit à Saint-Cloud dans la belle saison... Il étoit rare qu'il passât un jour sans aller au Luxembourg voir la duchesse de Berry. Vers l'heure du souper, il se renfermoit avec ses maîtresses, quelquefois des filles d'opéra ou autres de pareille étoffe, et dix ou douze hommes de son intimité, qu'il appeloit tout uniment ses roués. Les principaux étoient Broglie, l'aîné du maréchal de France, premier duc de son nom; le duc de Brancas, grand-père de celui d'aujourd'hui; Biron, qu'il fit duc; Canillac, cousin du commandant des mousquetaires; et quelques gens obscurs par eux-mêmes et distingués par un esprit d'agrément ou de dé les mêmes qu'au Palais-Royal, avec à peu près les mêmes personnages. bauche. Chaque souper étoit une orgie. Là régnoit | bacchanales, les mœurs, étaient au Luxembourg la licence la plus effrénée; les ordures, les impiétés étoient le fond ou l'assaisonnement de tous les propos, jusqu'à ce que l'ivresse complète mit les convives hors d'état de parler et de s'entendre. Ceux qui pouvoient encore marcher se retiroient; l'on emportoit les autres; et tous les jours se ressembloient. Le régent, pendant la première heure de son lever, étoit encore si appesanti, si offusqué des fumées du vin, qu'on lui auroit fait signer ce qu'on auroit voulu.» (Duclos.) Les soupers, les La question capitale pour le gouvernement, c'était la reconstitution des finances; 800 000 livres à peine, réunies dans le trésor royal, devaient faire face aux besoins journaliers et aux 400 millions de dettes accumulées par les désastres des dernières années. Saint-Simon, sans plus loin chercher, proposa nettement la banqueroute, arguant même de la ruine absolue du crédit public l'avantage « de mettre doresnavant les rois dans l'impossibilité d'emprunter, et par conséquent de faire des dépenses outrées |