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pas l'école française: « La dépravation du goût, de la couleur, des caractères, de l'expression, du dessin, ont suivi pas à pas, disait-il, la dépravation des mœurs. Que voulez-vous que cet artiste jette sur sa toile? Ce qu'il a dans l'imagination. Et que peut avoir dans l'imagination un homme qui passe sa vie avec les femmes du plus bas étage? La grâce de ses bergères est celle de la Favart dans Annette et Lubin, celle de ses déesses est empruntée de la Deschamps. Je vous défie de trouver dans toute une campagne un seul brin d'herbe de ses paysages. »

L'art du graveur, si brillant sous Louis XIV, suit les mêmes phases que la peinture, et change également de caractère. Aux planches admirables par la correction du style et par la rigoureuse fidélité avec laquelle le graveur se faisait gloire de reproduire la manière du maître, succèdent d'abord des artistes qui conservent encore les procédés sévères de la vieille école des Pesne, des Nanteuil, des Audran; mais plusieurs d'entre eux n'en ont plus la louable exactitude et commencent à moins copier leur modèle qu'à l'interpréter. On cite, à cette époque, les noms de Louis Desplaces, G. Duchange, A. Loir, Laurent Cars, les frères Charles et Louis Simonneau, Nicolas Tardieu, François Chéreau, Claude et Pierre Drevet, Philippe Lebas. Sous le règne de Louis XV, après l'apparition de Watteau, les graveurs français ont tout à fait perdu la correction magistrale de leurs devanciers, et lui ont substitué un burin vif, spirituel et délicat; les principaux sont Aliamet, Ch.-N. Cochin, Eisen, Fessart, Ficquet, Jean Massard, Moreau le jeune, Saint-Aubin. L'Allemand Wille, venu de Koenigsberg à Paris en 1737, y commença la réaction contre la gravure légère. Nous avons cité le nom de Rameau. Ce grand musicien (Dijon, 4688-4764) publia en 1722 son célebre Traité de l'harmonie, et, après avoir été jusque-là organiste dans diverses cathédrales de France, passa de l'Église à l'Opéra, et excita par ses compositions lyriques (vingt-deux opéras, parmi lesquels Hippolyte et Aricie, Dardanus, Zoroastre, et surtout Castor et Pollux) une admiration qui dura longtemps après lui.

Le grand Opéra de Paris était l'une des merveilles de l'Europe. L'Opéra - Comique, né en 1742, et l'Opéra-Italien, tantôt séparés, tantôt (de 4762 à 1791) réunis sous le nom de Comédie-Italienne, s'élevèrent du rang de théâtres de la foire à celui

de scènes importantes, qu'animaient le talent de quelques musiciens inférieurs à Rameau, tels que Mondonville et Dauvergne (4752-1773), aidés des poëtes Sedaine, Vadé, Panard, Piron et Favart. En 1759 débutérent André Philidor, remarquable harmoniste, et Monsigny, l'auteur de la charmante musique du Déserteur; puis, en 4768, Grétry (17444843), qui pendant trente ans remplit avec gloire toutes nos scènes lyriques, et composa le Tableau parlant (1769), Zémire et Azor (1771), l'Epreuve villageoise, la Caravane (1783), Richard Coeur-deLion (1785), avec près de cinquante autres opéras. Jusque-là cependant les compositions lyriques n'étaient que jolies. Ce fut un Allemand, l'illustre Gluck, qui, après avoir excité longtemps l'enthou siasme de l'Allemagne et de l'Italie, apporta sur la scène française (4774-4779) l'idée de faire servir la beauté musicale à exprimer la grandeur et le pathétique du drame. Arrivé à Paris à l'àge de soixante ans (1774), il y fit représenter d'abord Iphigénie en Aulide, empruntée à Racine, et en peu d'années (1774-1779) donna encore Orphée, Alceste, Armide, et Iphigénie en Tauride. Ce sont cinq chefs-d'œuvre. Gluck dépouillait l'opéra de tout vain ornement, de toute fioriture inutile à l'action; il se privait même de la grâce légère des ballets et du ressort de l'amour. Il était précisément dans la même voie où d'autres sapaient avec mépris les rocailles, et tendait aux formes les plus hautes d'une sévère poésie.

Bien des circonstances se réunirent, dans la dernière portion du dix-huitième siècle, pour faire disparaître des arts la gracieuse licence qui s'en était emparée. L'inconstance du goût, qui se lasse des plus jolies choses, et qui ne pouvait plus, au temps de Louis XVI, supporter les fadeurs du règne précédent; la découverte d'Herculanum en 4743, celle de Pompéi en 4755, et l'impulsion qu'elles donnèrent à l'étude sérieuse de l'antique; le dégoût pour la vieille monarchie et pour tout ce qui en rappelait les habitudes, étaient autant de condamnations de la décoration et de la peinture galantes. Un peintre nommé J.-M. Vien (1746-4809) commença vers 1750 cette réaction, et forma une école nouvelle à laquelle se rallièrent aussitôt ceux qui prétendaient voir un goût dépravé dans toutes les formes autres que celles du style grec ou romain, et qui, par leur admiration pour les scènes républicaines de l'antiquité, se préparaient à prendre eux-mêmes le langage et le rôle de républicains.

FRANCE DÉMOCRATIQUE

ASSEMBLÉE CONSTITUANTE.

OUVERTURE. SERMENT DU JEU DE PAUME. SÉANCE ROYALE DU 23 JUIN. RÉUNION DES TROIS ORDRES.

députés des trois ordres, au nombre d'environ douze cents (4), furent introduits et placés d'aprés le cérémonial de 4644. Le roi était assis sous un dais, et la reine placée à côté de lui, sur un fauteuil moins élevé que le trône. Debout, tète nue, le roi lut un discours où l'on remarqua ces pa

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Noblesse.

Tiers état.

Le 5 mai 1789, les États généraux s'ouvrirent à Versailles, dans la salle des Menus-Plaisirs. Les

Clergé.

5 mai 1789. - Costumes des représentants des trois ordres (2). Gravure du temps.

roles « Une inquiétude générale, un désir immodéré d'innovations, se sont emparés des esprits... mais une assemblée des représentants de la nation n'écoutera sans doute que les conseils de la

(') D'après la liste insérée dans le volume servant d'introduction au Moniteur. l'Assemblée se composait de 1214 membres ainsi divisés : députés du tiers; 621; députés du clergé, 308; députés de la noblesse, 285. Au 5 mai, toutes les nominations n'étaient pas encore faites.

(*) Tous les détails de ces costumes avaient été réglés officiellement avant le 5 mai. Mirabeau inséra dans sa première lettre à ses commettants quelques observations cri

sagesse et de la prudence... Je connais l'autorité et la puissance d'un roi juste au milieu d'un peuple fidèle et attaché aux principes de la monarchie; ils ont fait l'éclat et la gloire de la France; je dois en être le soutien et je le serai constamment.

tiques de Salaville : « Prescrire un costume, quel qu'il soit, aux membres du corps législatif, et par conséquent du pouvoir souverain, c'est soumettre les dépositaires de ce pouvoir à l'absurde et ridicule législation d'un maître de cérémonies... S'il est de la dignité de l'Assemblée nationale d'adopter un costume, c'est à cette Assemblée à le prescrire. >>

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5 mai 1789.- Ouverture des États généraux dans la salle des Menus, à Versailles (1). — D'après Monnet. (1) C'était dans cette salle que s'étaient réunis les Notables. Elle avait été décorée avec magnificence pour la séance du 5 mai. Elle fut ensuite occupée par les députés du tiers seuls, puis par les trois ordres confondus dans l'Assemblée

nationale. La partie des bâtiments des Menus où efle se trouvait a été vendue comme propriété nationale en 1799, et démolie en 1800. Le reste de l'hôtel des Menus est aujourd'hui la caserne des Menus-Plaisirs.

Mais tout ce qu'on peut attendre du plus tendre intérêt au bonheur public, tout ce qu'on peut demander à un souverain, le premier ami de ses peuples, vous pouvez, vous devez l'espérer de mes sentiments.» M. Barentin, chancelier, lut ensuite un programme des questions que l'assemblée aurait à étudier et à résoudre. Il termina en disant : « L'intention du roi est que vous vous rassembliez demain pour vérifier vos pouvoirs. » Necker prit la parole après le chancelier, exposa longuement la situation financière de l'État, et caractérisa en ces termes le but de l'assemblée : « Ce n'est pas au moment présent, ce n'est pas à une régénération passagère que vous devez borner vos pensées et votre ambition; il faut qu'un ordre constant, durable et à jamais utile, devienne le résultat de vos recherches et de vos travaux. »

Le lendemain, 6 mai, le gouvernement fit afficher cet avis De par le roi, Sa Majesté ayant fait connaître aux députés des trois ordres l'intention où elle était qu'ils s'assemblassent des aujourd'hui, 6 mai, les députés sont avertis que le local destiné à les recevoir sera prêt à neuf heures du matin. >>

Les députés des communes se rendirent dans la salle où s'était tenue la séance d'ouverture; on ne leur en avait point préparé d'autre ; ils y attendirent les députés du clergé et de la noblesse; ce fut vainement les représentants des deux ordres privilégiés restèrent dans deux chambres voisines avec l'intention d'y vérifier séparément leurs pouvoirs. On s'était bien attendu à cette difficulté; mais le gouvernement n'avait pas voulu en prendre sous sa responsabilité la solution dangereuse. Ce fut un premier avantage pour les représentants du tiers état, dont la volonté, fermement arrêtée, était d'effacer, dès le début, la distinction des trois ordres, en exigeant, même pour les discussions préliminaires, l'unité de délibération dans l'assemblée. En effet, admettre comme légitime le mode des vérifications séparées, c'eût été laisser en doute l'égalité de tous les membres et accorder un précédent favorable au principe du vote par ordre. Les députés du tiers résolurent donc de ne pas se considérer comme constitués et de ne se livrer à aucun travail jusqu'au jour où les députés des ordres privilégiés viendraient, dans la salle des États, se soumettre à la vérification commune. Cinq semaines s'écoulèrent en négociations difficiles, consenties d'abord par le clergé, continuées avec la médiation de la cour, rompues par la noblesse. Pendant ce temps, les députés du tiers décidèrent, malgré quelques oppositions du ministère, la publicité de leurs séances et le droit pour la presse de rendre compte des débats de l'assemblée. Dès ces commencements, plusieurs membres attirèrent sur eux l'attention par leur talent et la hardiesse de leurs paroles, entre autres l'abbé Sieyes, Mirabeau, Bailly, Chapelier, Rabaud Saint-Étienne, Mounier, Malouet, Target, Treilhard, Barnave, Boissy d'Anglas.

La constance du tiers était soutenue et applaudie par l'opinion publique. Un grand nombre de curés se détachèrent de la réunion de leur ordre et vinrent siéger dans la salle commune; mais les autres privilégiés tardaient à suivre leur exemple; l'émotion populaire grandissait et faisait redouter de graves désordres; le vide du trésor et la rareté des subsistances imposaient d'ailleurs des devoirs urgents à l'assemblée; une plus longue inactivité n'eût pas été sans périls, même pour les députés du tiers. « Il était temps de couper le câble », suivant l'expression de Sieyès, et, sur la motion de ce député, l'Assemblée envoya, le 12 juin, aux deux ordres de la noblesse et du clergé, tant individuellement que collectivement, une dernière sommation de venir dans la salle des États pour assister, concourir et se soumettre à la vérification commune des pouvoirs... L'appel général de tous les bailliages convoqués se fera dans une heure; il sera donné défaut contre les non-comparants. >>

Cette sommation n'ayant pas vaincu la résistance des députés du clergé et de la noblesse, on commença, le 13 juin, sans plus les attendre, la vérification des pouvoirs. Le 17, et cette fois encore sous l'inspiration de Sieyès, l'Assemblée

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GERARD.S

D'après Guérin et Fiesinger.

arrêta qu'elle se constituait en Assemblée nationale. La dénomination d'Assemblée nationale est la seule qui convienne à l'Assemblée dans l'état actuel des choses, soit parce que les membres qui la composent sont les seuls représentants légitimement et publiquement connus et vérifiés, soit parce qu'ils sont envoyés par la presque totalité de

la nation, soit enfin parce que, la représentation étant une et indivisible, aucun des députés, dans quelque ordre qu'il soit choisi, n'a le droit d'exercer ses fonctions séparément de cette Assemblée. » (Disc. de Sieyes.)

Aussitôt après cette résolution, qui changeait entièrement le caractère des États généraux, tous les membres présents, aux acclamations de plusieurs milliers de spectateurs, prêtèrent le serment de remplir fidèlement leurs fonctions. L'Assemblée déclara, dans la même séance, qu'elle consentait provisoirement à la perception des impôts existants

jusqu'au jour seulement de la première séparation de cette Assemblée, de quelque cause qu'elle puisse survenir. » Elle nomma ensuite un comité chargé de l'examen des causes de la disette qui affligeait le royaume.

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Le gouvernement crut devoir intervenir. Le 20 juin, les députés du tiers trouvèrent la porte de la grande salle des États fermée et entourée par un détachement des gardes françaises. Un officier leur répondit qu'« il avait ordre d'empêcher l'entrée de la salle à cause des préparatifs qui s'y faisaient pour une séance royale qui devait avoir lieu le 22 juin. Bailly, président de l'Assemblée, protesta et déclara que les travaux des députés ne pouvaient être interrompus. Les députés se réunirent en groupes sur l'avenue de Versailles. Beaucoup d'entre eux demandaient à aller à Marly, où était le roi, et à tenir séance au pied même du chateau; mais le bruit s'étant répandu que Bailly se dirigeait vers la salle du Jeu de paume, rue Saint-François ou du Vieux-Versailles, tous s'empressèrent de l'y suivre. Là, sans tumulte, après avoir entendu le rapport du président, et sur la proposition de Mounier, Target, Chapelier et Barnave, tous les membres de l'Assemblée, à l'exception d'un seul, prononcèrent et signèrent le serment « de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume fût établie et affermie sur des fondements solides. » La gravité de cet engagement solennel avait pénétré toutes les âmes d'une profonde émotion; « une foule immense de peuple, attachée aux fenêtres et répandue dans les rues, faisait retentir l'air d'applaudissements.» (Mém. du marquis de Ferrières.)

Le 22, la salle des États étant encore fermée, l'Assemblée tint sa séance dans l'église SaintLouis, où cent quarante-neuf membres du clergé vinrent prendre place, au milieu des applaudissements réitérés et des larmes de joie. » (Hist. de la rérol., par deux amis de la liberté.)

La séance royale eut lieu le 23 juin et offrit « l'appareil d'un lit de justice; des soldats et des gardes du corps environnaient la salle des États; tout, autour du trône, fut morne et silencieux. »> (Ferrières.) On fit entrer d'abord les députés de la noblesse et du clergé; les députés du tiers attendirent dehors plus d'une heure. Tous les ministres étaient présents, à l'exception de Necker. Cette

absence fut considérée comme une protestation manifeste contre les intentions du gouvernement. Louis XVI prononça un premier discours où il se plaignit des divisions qui, depuis deux mois, retardaient les opérations des États. Un des ministres lut ensuite une déclaration royale dont le premier article contenait ces mots : « Le roi veut que l'ancienne distinction des trois ordres de l'État soit conservée en son entier... Le roi a déclaré nulles les délibérations prises par les députés de l'ordre du tiers état, le 47 de ce mois, ainsi que celles qui auraient pu s'ensuivre, comme illégales et inconstitutionnelles. » A la fin de la séance, le roi lut encore une courte allocution que terminaient ces malheureuses paroles : « Je vous ordonne, Messieurs, de vous séparer tout de suite, et de vous rendre demain matin dans les chambres affectées à votre ordre... »

Les députés du clergé et de la noblesse se retirèrent; les députés du peuple restèrent à leur place. Après quelques instants, le marquis de Brezé, maître des cérémonies, vint et dit : « Messieurs, vous avez entendu les intentions du roi. » Mirabeau se leva, et, avec les gestes et le ton de l'indignation, répondit : « Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions que l'on a suggérées au roi, et vous qui ne sauriez être son organe auprès des États généraux, vous qui n'avez ici ni place ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours... Si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force, car nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes. » Barnave ajouta : « Il est de notre dignité de persister dans le titre d'Assemblée nationale. » La séance continua.

Sur la proposition de Mirabeau, l'Assemblée déclara tous ses membres inviolables. Au dehors, on entendait de grandes rumeurs; plus de dix mille citoyens avaient suivi le roi, et s'étaient attroupes dans les cours et sur les terrasses du château en faisant entendre des murmures. Le bruit s'était répandu que Necker avait donné sa démission: on apprit bientôt qu'il avait consenti à rester dans le conseil, et cette nouvelle fut accueillie par les applaudissements de la foule.

La force morale était du côté de l'Assemblée. La majorité du clergé parut le lendemain dans la salle des États, et, le 25 juin, d'autres ecclésiastiques, ainsi que quarante-sept membres de la noblesse, au nombre desquels étaient LallyTollendal, Clermont-Tonnerre, Alexandre Lameth, Duport, Matthieu de Montmorency, d'Aiguillon, la Rochefoucauld, vinrent, le duc d'Orléans à leur tète, prendre place près des députés du tiers.

Enfin, peu de jours après, le roi, « las du rôle qu'on lui faisait jouer » (Ferrières), invita luimême les dissidents de la noblesse et du clergé à se réunir à l'Assemblée (27 juin). « Nous sommes conduits ici, dit le cardinal de la Rochefoucauld, par notre amour et notre respect

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