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dans oïl: parce que tu m'as dit viens-tu, cela s'effectue. Cette trame d'idées est trop peu serrée pour qu'on s'y fie.

Il faut donc en revenir à l'ancienne étymologie. Ce qui la confirme, à mon sens, péremptoirement, c'est le parfait accord de la forme avec le sens : la forme, car on trouve en provençal non-seulement oc, mais hoc; et en français non-seulement o, mais ho; et cette h serait inexplicable dans l'hypothèse de la préposition celtique ô; le sens, car hoc se prête facilement à la signification affirmative. Nenil est certainement postérieur à la simple négation nen; par la même raison, oïl est postérieur à la simple affimation o, qui tomba en désuétude, excepté en certaines locutions (par exemple: Ne dit ne o ne non). C'est ainsi que la singulière composition hoc-illud s'est établie dans notre langue pour exprimer oui.

Il y a encore quelques objections de M. Burguy à écarter. Si hoc, dit-il, était le primitif, on verrait, en picard, le c reparaître, tandis qu'on ne rencontre que 0; ainsi, à côté de l'adverbe poro, on trouve poroc (per hoc). Cela ne peut faire une difficulté sérieuse. Un mot aussi usuel que o a pu prendre très-vite une forme fixe qui ne permettait plus au c de reparaître. Comparez d'ailleurs l'adverbe ouan (hoc anno, cette année), où je ne sache pas que le c reparaisse jamais, et l'adverbe picard moderne ouétant (cela étant), qui est aussi sans le c. Ce sont autant d'analogies qui fortifient mon dire.

Il ajoute que, si hoc était en cause, o aurait été vocalisé parfois, c'est-à-dire serait devenu oe, comme poroc devenait poroec, senoc devenait senoec, avoc devenait avoec. De pareilles vocalisations peuvent manquer çà et là, sans que la règle soit infirmée; il ya à tout des exceptions; et, ici, cette éxception ne peut ébranler une étymologie qui me paraît bien établie d'ailleurs. Mais n'y a-t-il pas eu, en effet, quelque variations de la voyelle (vocalisation) en ce mot? C'est ce qui me paraît supposable en examinant certaines autres formes de oïl. Le fait est que, outre oil, on trouve oal, ouail, ol, odil, awil. Oal est une altération correspondante à nenal, qui s'est dit, il ayant été changé en al par un caprice de l'oreille. Ol me semble être dû à l'apposition d'une fausse consonne à la fin de o, dont l'origine s'était perdue là où l'on disait ol. Je n'invente pas les fausses consonnes pour le besoin de ma cause, et l'on en trouve de fréquents exemples; je cite celui que j'ai en ce moment sous les yeux :

Et de paiens si grans olz aünée.

(Bataille d'Aleschans. V. 5045.)

Dans olz, I est une fausse consonne; car ost, qui vient de hostis, ne peut avoir d'l. J'expliquerais de même od-il; le d, dans od, serait aussi une fausse consonne. Enfin, je considérerais ouail, awil, comme des vocalisations fautives d'un terme dont le sens primordial était effacé. Mais, quand même ces explications n'auraient pas une valeur suffisante, des formes hétérogènes, dont l'une, du moins (oal), a été ramenée au type primitif, ne peuvent infirmer une étymologie bien appuyée.

Après ces remarques et ces discussions, je termine, comme j'ai commencé, en recommandant la Grammaire de la langue d'oïl, en remerciant M. Burguy du service qu'il a rendu à l'étude du vieux français, et en le félicitant d'avoir attaché son nom à une œuvre qui sera bien souvent consultée.

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SOMMAIRE DU NEUVIÈME ARTICLE. (Journal des Savants, janvier 1857) Analyse de cinq chansons de geste le Couronnement de Louis; le Charroi de Nîmes; la Prise d'Orange; le Vœu de Vivien, et la Bataille d'Aleschans. Quelques mots sur une autre chanson de geste intitulée: li moniages Guillaume, c'est-à-dire, Guillaume devenu moine. Existence de poëmes héroï-comiques. Faits historiques sur Guillaume porte-enseigne et Guillaume Ier, comte de Provence; c'est le premier de ces deux personnages qui fournit le fond des cinq chansons de geste énumérées ci-dessus. Antiquité de chansons de geste sur ce sujet; elles remontent au onzième siècle; témoignages extrinsèques qui le prouvent, témoignages intrinsèques; elles sont écrites en assonances, or, l'assonance a été remplacée dans le courant du douzième siècle par la rime complète; caractère des poésies du onzième siècle avant la culture et le raffinement introduits par le douzième; rapport de l'état littéraire avec l'état social. La Geste de Guillaume, traduite en allemand au commencement du treizième siècle; discussion de quelques passages de cette traduction; succès européen de la poésie française au moyen âge. Traits défigurés de l'histoire qui se retrouvent dans les chansons de geste qui ont Guillaume pour objet; on ne les reconnaît que quand l'histoire réelle est connue d'ailleurs; mais, si elles ne sont pas historiques de ce côté-là, elles le sont par un autre, à savoir la peinture de la haute époque féodale.

M. Jonckbloët, qui, bien que Hollandais, s'occupe avec intérêt et succès de notre vieille littérature, vient de publier cinq chansons de geste qui ont pour titre : 1o li Coronemens Looys; 2o li Charrois de Nymes; la Prise d'Orenge; 4o li Covenans Vivien; 5o la Bataille d'Aleschans. Ces poëmes se rapportent à un seul et même héros, le comte ou le marquis Guillaume, le plus souvent Guillaume au court nez, et quelquefois

Guillaume Fierebrace, c'est-à-dire ferrea brachia. C'est toujours un service de publier de ces anciens textes, et ce l'est surtout quand ils appartiennent, comme ceux-ci, à une date reculée et à un cycle légendaire issu de l'histoire véritable.

• Dans le Coronement Looys, il s'agit de Louis le Débonnaire. Charlemagne est vieux; le poids du sceptre le lasse; il veut le transmettre à son fils, qui n'est encore qu'un jeune homme. On est à Aix, la cour plénière se réunit : les comtes sont présents; les évêques et les archevêques assistent à la cérémonie, et l'apostoles de Rome (c'est ainsi qu'alors on nommait le pape) a chanté la messe. La couronne est sur l'autel. L'empereur, exprimant l'intention de se démettre de son pouvoir en faveur de son fils, lui expose d'abord les devoirs du souverain: se préserver de tous vices, ne faire trahison à aucun, ne pas enlever son fief à l'orphelin, ne pas dépouiller la veuve, et aller combattre et confondre la gent païenne par delà la Gironde. A ces conditions, dit le vieil empereur, je te remets la couronne; sinon, je te défends, au nom de Jésus, d'y toucher. L'enfant, à ces paroles, ne mut le pied et n'osa porter la main sur le brillant joyau. L'empereur, courroucé et attristé, veut qu'on lui coupe les cheveux, et qu'on le fasse moine à Aix au moutier, où il tirera les. cordes et sera marguillier. Hernaut d'Orléans saisit l'occasion et se propose pour être roi dans l'intervalle, promettant de rendre le trône quand l'enfant deviendra capable de s'y asseoir. Il allait être accepté si le comte Guillaume n'était soudainement entré; il renverse à ses pieds Hernaut le félon, saisit la couronne

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