Mélanges

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Perrotin, 1843 - 349 pages

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Fréquemment cités

Page 146 - Jusque-là j'avais été bon : dès lors je devins vertueux, ou du moins enivré de la vertu. Cette ivresse avait commencé dans ma tête, mais elle avait passé dans mon cœur. Le plus noble orgueil y germa sur les débris de la vanité déracinée. Je ne jouai rien : je devins en effet tel que je parus...
Page 77 - Il est assez de Geais à deux pieds comme lui, Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui, Et que l'on nomme plagiaires. Je m'en tais et ne veux leur causer nul ennui : Ce ne sont pas là mes affaires.
Page 149 - Mathieu et le persécuteur Paul le sont pour l'église du passé. Dans un temps où tout dogme se voile et s'obscurcit sous l'examen de la raison épouvantée, l'âme de Rousseau reste foncièrement chrétienne ; elle rêve l'égalité, la tolérance, la fraternité, l'indépendance des hommes, la soumission devant Dieu, la vie future et la justice divine, sous d'autres formes, mais non en vertu d'autres principes que les premiers chrétiens ne l'ont fait.
Page 138 - De tout temps le progrès s'est accompli , n'est-ce pas , par le concours de deux races d'hommes opposées en apparence et même en fait l'une à l'autre , mais destinées à se réunir et à se confondre dans l'œuvre commune aux yeux de la postérité ? La première de ces races se compose des hommes attachés au temps présent. Habiles à gouverner la marche des événements et à en recueillir les avantages , ils sont pleins des passions de leur époque, et ils réagissent sur ces passions avec...
Page 141 - L'homme fort a voulu toujours se bâtir des demeures pour l'éternité, au lieu de comprendre qu'il n'avait à dresser que des tentes pour sa génération. A peine avait-il fait un pas, grâce aux grands hommes du passé, que, méconnaissant les grands hommes du présent, les traitant de rêveurs ou de factieux, il asseyait sa constitution nouvelle sur des bases prétendues inamovibles, et croyait avoir construit une barrière infranchissable. Mais le flot des idées, montant toujours, a toujours...
Page 84 - Espril de l'ouragan. l'esprit de l'homme; cette plante est ce qu'il nomme religion : mais la mort n'en est qu'apparente-, elle renaît toujours, se transformant chaque fois selon les besoins de l'Humanité, dont elle suit le progrès et dont elle caractérise l'état. « Combien de civilisations différentes n'as-tu pas déjà vues périr ! Qu'en est-il advenu ? Le genre humain at-il cessé de vivre?
Page 135 - Comme nous l'avons aimé , ce Jean-Jacques , avec tous ses travers et tous ses défauts ! Comme nous avons suivi chacun de ses pas dans la montagne , chacune de ses transformations dans la vie , et comme nous l'avons pleuré en lisant ses dernières pages, les plus belles qu'il ait écrites avec les premiers livres des Confessions ! » Comme nous l'avons aimé ! » Dirai-je « comme nous l'aimons encore ? Quant à moi , oui , je lui reste fidèle ; ou plutôt je suis revenu à lui après un refroidissement...
Page 59 - Mennais, ce que veulent tous les démocrates tant soit peu intelligens, c'est l'intervention médiate du peuple dans le gouvernement. Où est l'homme assez fou pour dire que la misère et l'ignorance sont des titres à la puissance, et que le pauvre ouvrier, qui ne connaît que le maniement de son outil, soit plus propre à gouverner la société que l'homme nourri dans toutes les spéculations de la philosophie et de la politique ? Qui songe à demander que chacun ait maintenant un droit égal et...
Page 149 - Elle le verra d'autant plus grand qu'il est parti du plus bas et revenu de plus loin, car Rousseau est un chrétien tout aussi orthodoxe pour l'église de l'avenir, que le centenier Mathieu et le persécuteur Paul le sont pour l'église du passé.
Page 93 - Mennais nous paraît si magnanime, si généreux, si naïf dans son œuvre, que, n'en déplaise à monsieur l'anonyme du Journal des Débats, nous irions volontiers le tirer par sa soutane (la seule soutane qui nous inspire encore du respect), pour lui dire : « Père, grondez-nous tant que vous voudrez, nous aimons mieux vos reproches que votre silence; et puissiez-vous nous gronder encore bien fort et bien longtemps l Le peuple ne raisonne ni mieux ni plus mal que nous à cet égard.

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