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Enfin Bayle nous assure que Fremont lui avoit dit avoir vu en Espagne un couvent où chaque année un Moines'enfermoit dans un four chaud où il se tenoit quelques heures habillé de simple toile; il en sortoit ensuite à la vue d'une foule de spectateurs qui restoient convaincus qu'ils avoient été témoins d'un grand miracle; celui-ci procu roit un grand profit au couvent (147).

CONCLUSION.

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De l'Ouvrage.

:

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DE tout ce que nous avons dit jusqu'à présent, il résulte qu'il y a très-peu de gens au monde qui puisse s'assurer de la réalité d'un miracle. Ceux-mêmes qui vivent dans le tems où il s'opéreroit, seroient trèsembarassés pour décider si ce ne sont pas le fanatisme, l'imposture, la crédulité qui érigent en merveilles, des faits, ou qui n'ont jamais existé, ou qui sont très - na turels.

L'examen des anciens miracles est sans doute beaucoup plus difficile encore que

(147) Voyez Bayle, Diction, au mot. Hirnes, n. 6. celui des miracles modernes. Nous avons vu que les monumens, les commémorations, les fêtes, les traditions, qui sembleroient devoir fournir des preuves au-dessus de toute exception, déposent souvent en faveur de faits imaginaires.

S'il ne faut recevoir les opinions des peuples que d'après une critique exacte, c'est sur-tout lorsqu'il s'agit de miracles; puisque des faits surnaturels exigent des preuves bien plus fortes que des faits naturels, et que c'est dans cette matière que l'on voit le triomphe de la mauvaise foi, de l'intérêt, de la prévention et de la cré dulité.

Ce n'est pas qu'il n'y ait des règles pour distinguer le vrai du faux; mais l'application qui embarasse souvent les personnes même les plus clairvoyantes est certainement audessus de la portée du vulgaire; en effet, comme l'a très-bien remarqué un auteur célébre, « les hommes sont communément incapables de trouver par examen et par étude les vérités qui ont besoin d'une longue discussion, et qui dépendent d'un grand nombre de principes qu'il faut réunir pour en tirer une conclusion juste et véritable (148). »

Une religion, pour être vraie, devroit avoir, au défaut de bonnes raisons, des preuves sensibles capables de faire impression sur tous ceux qui la cherchent de bonne foi. Ce ne sont pas les miracles qui fournissent ces preuves, parce que, comme l'a dit Nicole (149) « les nécessités de la vie nous occupent et nous dissipent, la mort nous presse, et elle nous surprendroit tous sans religion, si nous n'avions point d'autre voie pour la choisir que celle de ces discussions et de ces examens, que la foiblesse de l'esprit humain rend impossibles au plus grand nombre des hommes ».

Il faudroit donc pour qu'une religion fût reconnue pour vraie, qu'elle eût des preuves bien plus claires et plus sensibles qui, comme on vient de voir, ou ne prouvent rien, ou prouvent également pour toutes les religions de la terre.

(148) Voyez lettres visionaires et imaginaires, lettre X, pag. 199..

(149) Ibidem.

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LA

RELIGION CHRÉTIENNE

ANALYSÉE,

AVEC LES NOTES,

ET LES PREUVES.

Noli me tangere.

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