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d'arriver, et qui n'a point dérangé le service or dinaire de la fète.... >>

<<< Dans toutes les Pieces de l'Auteur on remarque son attention à faire connoître le lieu de la scene et le nom du premier personnage qu'il fait paroître. >>>

« L'exposition du sujet faite dans un récit est souvent très-bien faite; mais elle plaît toujours davantage quand elle est tournée en action comme dans Britannicus, dans Bajazet, dans Athalie. La premiere scene de Bajazet est regardée comme le modele d'une exposition bien faite. On en peut dire autant de la premiere scene d'Athalie.... Le Spectateur y est non-seulement instruit des caracteres des principaux personnages et du malheur des Juifs, gémissans sous la tyrannie d'une femme impie et meurtriere, qui a usurpé le trône de David, mais il est préparé à l'action de la Piece par cet Abner, qui n'en peut rien soupçonner. Lorsqu'il dépeint Athalie

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Comme si dans le fond de ce vaste édifice
Dieu cachoit un vengeur armé pour son supplice,

(ssene premiere du premier acte ) il annonce ce vengeur; et lorsqu'après avoir répondu au GrandPtêtre qui lui reproche une oisive vertu, tandis que le sang de ses Rois crie qu'il ne peut rien pour leur vengeance, puisqu'Athalie en a fait périr toute la race, il s'écrie, lui-même :

Ah! si dans sa fureur elle s'étoit trompée !
Si du sang de nos Rois quelque goutte échappée...

(même scene) il annonce encore cette goutte échappée, qui sera l'objet de toute la Piece. La confiance avec laquelle le Grand-Prêtre lui dit qu'il sera convaincu, s'il revient à neuf heures au Temple, que Dieu ne trompe jamais dans ses promesses, fait que le Spectateur s'attend à voir ressusciter la race de David.... »

<<< Dans les Pieces dont les sujets sont tirés de l'Histoire Grecque ou Romaine, on peut observer l'attention du Poëte aux usages de ces nations, et son attention aux usages Turcs dans Bajazet. Il a une attention bien plus grande aux

usages des Juifs, connus par l'Écriture-Sainte

dans Athalie.... >>

<< Les Poëtes Tragiques ont souvent recours à des songes. Dans l'Electre de Sophocle, Clytemnestre qui a eu une terreur nocturne, va faire un sacrifice à Apollon pour être délivrée de ses frayeurs.... Le songe d'Athalie ne peut être regardé comme un lieu commun. Il étoit nécessaire. Comment Athalie seroit-elle venue dans le Temple où il falloit la faire venir, si elle n'avoit eu l'esprit troublé par quelque menace, de la part de ce Dieu dont elle s'est déclarée l'ennemie? Elle vient dans son Temple dans le dessein de l'appaiser....»,

<< Pouvoit-on croire qu'un Poëte Tragique sauroit occuper un Spectateur d'une longue scene (la septieme du second acte) qui ne contient que des interrogations courtes et précises à un enfant de huit ans, et les réponses naïves de cet enfant? Nous n'avons rien dans les Tragédies anciennes et modernes à comparer à cette scene qui dans une étonnante simplicité devient si intéressante. Quel trouble dans le Spectateur quand

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il voit paroître cet enfant devant Athalie, qui, persuadée qu'elle l'a fait égorger, l'égorgeroit, sur l'heure, si elle le reconnoissoit, et qui le craint, sans en savoir la raison! On tremble, quand il lui répond, qu'il ne lui échappe quelque mot capable d'irriter celle qui l'interroge. Toutes les demandes qu'elle lui fait sont simples et telles qu'on les doit faire à un enfant de cet âge. Toutes ses réponses sont également simples; et cependant les demandes d'Athalie ont toujours pour motif une curiosité cruelle, et les réponses de Joas ont, sans qu'il puisse en avoir le dessein, une application directe à Athalie.... >>

« Le Poëtea, par d'excellentes raisons, justifié, dans sa Préface, la hardiesse qu'il a cue de mettre sur le Théatre un Prophête prédisant l'avenir (scene huitieme du troisieme acte). On voyoit souvent chez les Juifs ces Prophètes qui, au son des instrumens, entroient dans de saints transports; et un Grand-Prêtre, le jour d'une fête solemnelle, peut, tout d'un coup, se sentir saisi des mêmes transports, lorsqu'il est près de remettre sur le trône un des ancêtres du Messie.. C'est principalement le Messie qu'il a en vue

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dans sa prophétie. Cen'est donc pas pour la gloire humaine de la Race de David, ni pour celle de Jérusalem, dont il prévoit la destruction, qu'il entreprend cette grande action.... Il commence sa prophétie par annoncer la chûte de Joas, et le meurtre de son fils Zacharie. Ce n'est pas non plus de la gloire du peuple Juif dont il est occupé, puisque, loin de s'attendre qu'il doive avoir encore une suite nombreuse de Rois, il prédit la captivité de Babylone, et entrevoit une Jérusalem plus belle. C'est de la gloire seule de cette Jérusalem dont il est pénétré, et de ce Royaume spirituel qu'établira le Sauveur, qu'il souhaite que la terre enfante. >>

« Ce Sauveur doit sortir de la Race de David: cette Race a été conservée en la personne de Joas, il travaille à la remettre sur le trône en sa personne; et au moment qu'il va couronner l'enfant, cet homme, que rien jusqu'alors n'avoit inquiété, se trouble et verse des larmes. Il prévoit l'avenir; mais cet enfant doit être, pendant quelque tems, un instrument utile aux desseins de Dieu: ce qui suffit au Grand-Prétre. Il n'en a pas demandé davantage, et il a été exaucé. »

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