»De son joug importun délivrons les mortels.
» Massacrons tous ses Saints. Renversons ses Autels. >> Que de son nom, que de sa gloire
» Il ne reste plus de mémoire.
» Que ni lui, ni son Christ ne regnent plus sur nous ! »
Où sont les traits que tu lances,
Grand Dieu! dans ton juste courroux? N'es-tu plus le Dieu jaloux?
N'es-tu plus le Dieu des vengeances ?
UNE VOIX.
Triste reste de nos Rois,
Chere et derniere fleur d'une tige si belle, Hélas! sous le couteau d'une mere cruelle
Te verrons-nous tomber une seconde fois !... Prince aimable, dis-nous, si quelque Ange au berceau Contre tes assassins prit soin de te défendre,
Ou si dans la nuit du tombeau
La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre?
D'un pere et d'un ayeul contre toi révoltés, Grand Dieu! les attentats lui sont-ils imputés ? Est-ce que, sans retour, ta pitié l'abandonnc ? LE CHŒUR.
Où sont, Dieu de Jacob! tes antiques bontés ? N'es-tu plus le Dieu qui pardonne ?
UNE DES FILLES DU CHOUR. Cheres sœurs, n'entendez-vous pas
Des cruels Tyriens la trompette qui sonne?
J'entends même les cris des barbares soldats,
Et d'horreur j'en frissonne !.... Courons, fuyons; retirons-nous
A l'ombre salutaire
Du redoutable sanctuaire.
ZACHARIE, SALOMITH, LE CHŒUR. SALOMITH, à Zacharie.
CHER Zacharie! hé bien, que nous apprenez-vous?
Redoublez au Seigneur votre ardente priere. Peut-être nous touchons à notre heure derniere. Pour l'horrible combat, ma sœur, l'ordre est donné.
Joas vient d'être couronné.
Le Grand-Prêtre a sur lui répandu l'huile sainte.... O Ciel! dans tous les yeux quelle joie étoit peinte A l'aspect de ce Roi racheté du tombeau !.... Ma sœur, on voit encor la marque du couteau. On voit paroître aussi sa fidelle nourrice Qui, cachée en un coin de ce vaste édifice, Gardoit ce cher dépôt, et n'avoit de ses soins Que les yeux de ma mere et que Dieu pour témoins. Nos Lévites pleuroient de joie et de tendresse,
Et mêloient leurs sanglots à feurs cris d'alégresse. Lui, parmi ces transports, affable et sans orgueil, A l'un tendoit la main, flattoit l'autre de l'œil, Juroit de se régler par leurs avis sinceres, Et les appeloit tous ses peres ou ses freres. SALOMITH.
Ce secret au-dehors est-il aussi semé ?
Ce secret dans le Temple est encor renfermé. Des enfans de Lévi la troupe partagée Dans un profond silence aux portes s'est rangée. Tous doivent à la fois précipiter leurs pas, Et crier pour signal: « Vive le Roi Joas. >> Mais mon pere défend que le Roi se hasarde, Et veut qu'Azarias demeure pour sa garde. Cependant, Athalie, un poignard à la main, Rit des foibles remparts de nos portes d'airain. Pour les rompre elle attend les fatales machines, Et ne respire enfin que sang et que ruines. Quelques Prêtres, ma sœur, ont d'abord propose Qu'en un lieu souterrain, par nos peres creusé, On renfermât, du moins, notre arche précieuse.... O crainte, a dit mon pere, indigne, injurieuse! » L'arche qui fit tomber tant de superbes tours, » Et força le Jourdain de rebrousser son cours, >> Des Dieux des nations tant de fois triomphante, >> Fairoit donc à l'aspect d'une femme insolente ! » Ma mere, auprès du Roi, dans un trouble mortel, L'œil, tantôt sur ce Prince et tantôt sur l'Autel, Muette, et succombant sous le poids des alarmes,
Aux yeux les plus cruels arracheroit des larmes. Le Roi, de tems en tems, la presse entre ses bras, (Au Chœur.)
La flatte.... Cheres sœurs, suivez toutes mes pas ; Et, s'il faut aujourd'hui que notre Roi périsse, Allons, qu'un même sort avec lui nous unisse !
(On entend un grand bruit à la porie du Temple.)
Quelle insolente main frappe à coups redoublés? Qui fait courir ainsi ces Lévites troublés? Quelle précaution leur fait cacher leurs armes ? Le Temple est-il forcé?
ABNER, JOAD, JOSABET, ZACHARIE, SALOMITH, ISMAEL, DEUX LÉVITES, LE CHŒUR.
Cher Abner? Quel chemin a pu jusqu'en ces lieux Vous conduire, au travers d'un camp qui nous assiége? On disoit que d'Achab la fille sacrilége
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