du Vaiffeau fuffit pour le tenir fec. Jufqu'ici ils n'ont eu aucune connoiffance de la pompe. Leurs ancres ne font point de fer comme les noftres ils font d'un bois dur & pefant, qu'ils appellent pour cela tiemou, c'eftà-dire, bois de fer. Its prétendent que ces ancres vallent beaucoup mieux que celles de fer parce que, difent-ils, difent-ils, celles-ci font fujettes à fe fauffer, ce qui n'arrive pas à celles de bois qu'ils employent.. Les Chinois n'ont fur leur bord ni Pilote ni Maistre de manœuvre, ce font les feuls timonniers qui conduisent le Vaisseau & qui commandent la manœuvre. Cependant ils fout affez bons manœuvriers, & bons Pilotes coftiers, mais affez mauvais Pilotes en haute mer. Ils mettent le cap fur le Rhumb qu'ils croyent devoir faire, & fans fe mettre en peine des élans du Vaiffeau, ils courent ainfi comme ils le jugent à propos. Cette negligence vient de ce qu'ils ne font pas de voyages de long cours mais j'ai éprouvé que quand ils veulent ils naviguent affez bien. Je m'apperçus dès la fortie du Port du peu de foin que fe donnoit le Pilote de mon bord, qui paffoit pour un des plus experimentez de nostre efcadre je lui fis donner quelques avis par l'Officier que j'avois avec moi; comme je veillai enfuite autant fur le Pilote que fur la route avec un bon compas d'Europe pour regler mon eftime durant noftre traversée, je remarquai qu'il gouvernoit affez juste. Nous partîmes donc le e du mois d'Avril de Hiamen ou E moui. Le vent n'eftoit pas fort favorable: ce jour-là nous ne fîmes que fix lieuës, & nous allâmes mouiller à l'Ifle de Kin-men à un Port nommé Leaolo. Le vent tomba tout-à-fait fur le foir mais le lendemain il s'éleva une tempefte qui nous obligea d'y refter jufqu'au 9. Nous ne mîmes à la voile : que fur les fur les qua tre heures du foir, le vent eftant au Nord-eft & affez frais. Du rant noftre traverfée nous gouvernâmes toûjours à l'Eft deSud-eft, parce que les courans portent extrêmement au Sud dans cette Manche, ce qui fait que la mer y eft toûjours groffe, fur tout en efté, qui eft le temps de la mouffon des vents de Sud. Le 10 fur les 5. à 6. heures du foir nous commençâmes à decouvrir les Ifles de Pong-hou, & fur les 9. heures nous mouil, lâmes à l'abri de la premiere Ifle appellée Si-ffe-yu, où tous les Mandarins de guerre de la garnifon qui eft de mille hommes effectifs, vinrent nous recevoir à la tefte de leurs troupes qui eftoient fous les armes. Les Illes de Pong- hou forment un petit Archipel de 36. Ifles steriles qui ne font habitées que par la garnifon Chinoife. Il y a cependant un Mandarin de lettres qui y fait fa réfidence pour veiller fur les Vaiffeaux marchands qui vont ou qui viennent de la Chine à Formofe, & de Formofe à la Chine. Le paffage de ces Vaiffeaux eft prefque continuel, & eft d'un revenu confiderable pour l'Etat : nous y abordâmes avec plus de 60. Vaifseaux marchands qui alloient de la Chine à Formofe. Comme les Ifles de Pong-hou ne font que fables ou rochers, il faut y porter ou de Hia-men ou de Formofe, tout ce qui est neceffaire à la vie, même juf qu'au bois de chauffage. Nous n'y avons vû ni buiffons ni broffailles; un feul arbre sauvage en fait tout l'ornement. Le Port y est bon, il est à l'abri de toute forte de vents, son fonds eft de fable fans roche & fans aucun danger, il a bien 20. à 25. brasfes de profondeur. Lorfque les Hollandois eftoient maiftres du Port de Formose, ils avoient conftruit une espece de fort au bout de la grande Ifle de Pongbou fur le Port, pour en défendre l'entrée aujourd'hui il n'en refte prefque plus que le nom Hong mao-tchai, qui veut dire fort des cheveux roux : ( c'est ainfi qu'on appelle les Hollandois à la Chine.) Ce port quoi |