Images de page
PDF
ePub

conde Lune j'ai vifité toutes « celles qui font vers l'Orient « du cofte de l'ifle de Nanngao, « & dans le cours d'une année « j'ai parcouru toutes les Ifles de « la mer qui font de ma Jurif diction. Il n'y a point de Golfe « ni de Détroit que je n'aye exa- « miné par moi-même. J'ai trou- «< vé que la haute fageffe & l'au- « torité abfoluë de V. M. main. « tiennent dans une tranquillité « parfaite les payis les plus recu- « lez de l'Empire. Mais quand je « fuis arrivé à Macao qui eft de «< la dépendance de Hiam-xan- « hien,j'avoue que j'ai esté effrayé « dé voir dans le Port plus de dix « Vaiffeaux (a) Europeans qui

(a) Il y a dans l'original Chinois, des Vaiffeaux de cheveux roux ; c'est ainsi que les Chinois appellerent les Hollandois, lorfqu'ils prirent fur eux l'Ile de Formofe. Tchin-mao comprend auffi fous ce nom les Anglois,

"

faifoient voile vers Canton » pour leur commerce : je pré» vis auffi-toft ce qu'on en 'de» voit craindre, & j'eus la pen» fée de prefenter une Requeste » à V. M. pour l'informer du gé» nie dur & féroce de ces peu» ples: mais j'appris que le 18c. »jour de la 12. Lune V. M. a» voit porté l'Edit suivant.

Au regard des lieux les plus éloignez du cofté de la mer, qu'on ait foin de tout obferver, & fur tout qu'on foit très - attentif aux Royaumes des étrangers. C'est pourquoi qu'il foit fait très - expreffe défenfe à tous les Vaiffeaux de cet Empire de naviger vers la mer du midi. Avec cette précaution on empêchera qu'il ne vienne du fecours de la part des étrangers, l'on ira au devant du mal qu'on apprehende.

Noftre augufte Empereur ne

[ocr errors]

s'eft pas contenté de confulter « fur cette affaire les neuf fuprêmes Tribunaux de l'Empire, « il a daigné écoûter encore les « avis de perfonnes d'un rang «< beaucoup inférieur. Si fa fa « geffe n'eftoit pas fort fuperieure à celle de (a) Yao & de « Yun, joüirions-nous d'une paix fi profonde ? Qui feroit affez « hardi pour entretenir l'Empereur de ce qui fe paffe dans les « Royaumes étrangers, s'il ne «< s'en eft pas instruit par lui-mê- « me? Pour moi dez ma plus tendre jeuneffe, j'ai efté en- « gagé dans le commerce, & « j'ai traversé plufieurs mers : « j'ai voyagé au Japon, au Royau « me de Siam, à la Cochinchi- «< ne, au Tonkin, à Batavie, à «

[ocr errors]

(a) Deux anciens Empereurs de la Chine regardez des Chinois comme des modeles que doivent imiter les Princes qui veulent gouverner fagement.

» Manille, &c. Je connois les » mœurs de ces peuples, leurs » coûtumes, & la politique de

[ocr errors][ocr errors][ocr errors]

leur

gouvernement; & c'est ce qui me donne la hardieffe d'en parler à mon grand Empe

>> reur.

[ocr errors]

Vers l'Orient de la Chine, » il n'y a de Royaume confide» rable que le Japon : les autres » font fort peu de chofe, & le » feul Royaume de Lieou - kieou » merite quelque attention.Tous » les fleuves de ces Royaumes » ont leur cours vers l'Orient; », & à dire vrai, on ne trouve »nul autre Royaume jufqu'à la » Province de Fou-kien, de la» quelle dépend l'Ifle de For» mose.

"

[ocr errors]

A l'Occident font, les Royau» mes de Siam, de la Cochinchine, & du Tonkin, qui con» fine avec Kium - tcheou-fou qui

eft à l'extrêmité de noftre Em

pire.

[ocr errors]
[ocr errors]

On découvre au midi plufieurs Royaumes de Barbares tels que font Johor, Malaca, « Achem, &c. Bien que ces « Royaumes ne foient pas d'une « grande étendue, ils ont ce « pendant leurs loix particulie. « res aufquelles ils fe conforment. Mais ils n'oferoient ja- « mais porter leurs vuës ambi- « tieufes fur les terres des autres « Princes. Ainfi l'Edit de V. M. « que je viens de rapporter, ne « regarde que les Ports de Ba- « tavie & de Manille qui appar- « tiennent aux Europeans. Ils y yu vinrent d'abord fimplement pour commercer

[ocr errors]

& enfuite "

[ocr errors]
[ocr errors]

fous prétexte du commerce, ils fubjuguerent tout le payis. Moi voftre fujer, lorfque je « confidere tous les Royaumes

« PrécédentContinuer »