lettres de Canton que le Mandarin auteur de la Requeste a efté caffé de fon emploi, & qu'il a efté condamné lui & toute fa famille à paffer le refte de fes jours en exil dans la Tartarie: on ne dit pas le fujet de fa difgrace, mais on affure comme. un fait certain, que le defefpoir l'a porté à s'empoifonner luimême, & qu'il a laissé en mourant une nouvelle Requefte, dans laquelle il retracte un article de la premiere, qui regardoit le commerce des Chinois hors de l'Empire. Il convient qu'il eft de l'intereft de l'Estat de permettre aux barques Chinoifes de fortir des. Ports, & d'aller faire leur com merce merce à l'ordinaire : mais il perfifte à dire qu'il faut anéantir la Religion Chreftienne, & fermer les Ports de la Chine aux Vaiffeaux d'Europe. C'est ainsi que perfecutant la foy jusqu'aux derniers inftans de fa vie, ce malheureux Mandarin a rendu fon ame au démon. Je n'ai rien de particulier vous faire obferver fur les au tres Lettres contenues dans ce Recueil. Fai lieu de croire qu'elles intereßeront également, & les perfonnes curieufes, & celles qui prennent part au progrez de l'Evangile dans les contrées Idolâtres. Les maximes obfervées aux Indes dans l'administration de la Juftice, ont mérité l'attention de Phabile Magiftrat à qui elles font adreffées. Ces fortes de connoiffances ne peuvent gueres s'acquerir que par un long séjour parmi les Indiens, & par une étude ferieufe de leurs coutumes & de leurs ufages. C'est l'avantage qu'ont les Miffionnaires fur ceux qui voyagent fimplement par curiofité ou par intereft, & qui ne réfident d'ordinaire que dans des Ports de mer, ou fur les coftes des payis qu'ils parcourent. Ils ont peu d'occafions de s'inftruire par eux-mêmes de ce qu'ils rapportent dans leurs Relations; au lieu les Miffionnaires occupez que fans ceffe à l'inftruction des peuples les plus avancez dans les terres, font comme naturalifez parmi eux, ils parlent la même langue, & ils ne leur manque aucun des moyens neceffaires pour connoistre parfaitement leurs mœurs, leurs loix, leurs loix,& leurs ufages. A l'égard de ceux qui touchez du defir de faire connoiftre le vrai Dieu à tant de Nations à qui l'ignorent, fe fentent portez contribuer par leurs prieres ou par leurs charitez à une œuvre fi fainte, ils trouveront dans quelques-unes de ces Lettres dequoi fatisfaire leur pieté. Peuteftre même feront-ils animez à la pratique des vertus Chreftiennes, en voyant que des peuples nez & élevez dans les folles fuperftitions du Paganisme, n'ont pas plutoft goûté le don de Dieu, que par leur ferveur & par l'in nocence de leur vie ils retracent à nos yeux la conftance & les vertus des premiers heros du Chriftianifme, & qu'ils comptent pour rien la perte de leurs biens, de leur réputation, de leur vie même, pourvû qu'ils confervent le précieux tréfor de la foy. Pour nous, mes RR. PP. nous devons benir le Seigneur, lui demander fans ceffe qu'il daigne conferver toûjours dans |