infime du peuple de Paris, qu'elle entretenait avec soin et par des moyens secrets dans ses intérêts. Le nouveau comité de salut public n'eut presque autre chose à faire, dans ses premières fonctions, qu'à s'interposer comme médiateur entre les combattans. Tous les jours les dénonciations se renouvelaient de la part des sections de Paris contre les girondins. Les ministres, le maire de Paris donnaient aussi des avis effrayans dont Marat faisait ses délices à la tribune. L'impatience prit à l'éloquent et intrépide Guadet qui demanda pour remède à tous ces maux : 1°. Que toutes les autorités de Paris fussent cassées et exercées provisoirement par les présidens des sections; 2°. Qu'on ordonnat que nos suppléans, s'assembleraient à Bourges pour être là comme en attente ou en réserve, pour le besoin de la chose publi que. Barrère s'éleva contre cette double proposition. Il dit que la première amènerait l'anarchie par l'interrègne de l'homme que l'on respecterait bien moins que la loi; et quant à la seconde, il ajouta qu'elle tendait à rendre l'autorité même de la Convention nationale nulle. « Il vaut mieux, dit-il, se défendre par celle-ci, et créer ad hoc une commission qui surveille les conspirateurs et pourvoie à la sûreté des représentans; » ce qui fut décrété. On nomma douze députés qui formèrent cette nouvelle commission surveillante et nécessaire. Mais elle ne répondit pas aux bons effets qu'on attendait d'elle, non certes par la faute de ses membres qui firent trop bien leur devoir; mais parce que le comité de salut public, après avoir proposé lui-même cette commission au lieu des moyens efficaces demandés par Guadet, n'a pas su ou pas voulu la défendre contre les outrages dirigés contre ellemême par les coupables. Le comité de salut public, loin de faire punir ceux-ci, les protégeait ou craignait de se montrer contre eux. Rien d'aussi pitoyable, dans tout le cours de cette histoire, que le sort de la commission des douze. Elle a été autant le jouet que la victime de la faction barbare de la montagne contre laquelle le comité de salut public devait déployer toute sa force dans cette occasion, quoi qu'il dût arriver de son zèle pour la défense de l'innocence et de la vertu. CHAPITRE VI. Recherches de la commission des douze. - Elle fait arrêter Hébert, substitut du procureur de la commune. - Pétition menaçante de quelques sections; séance du 27 mai. Suppression de la com mission des douze. - Son établissement le 28; séance du 31; conduite du comité de salut public. - Journées terribles des 1o et 2 juin. er La commission des douze était véritablement le seul bon moyen de réprimer l'audace des Parisiens et surtout de conjurer l'orage que Robespierre préparait pour la perte de ses rivaux. Mais il aurait fallu que cette commission, composée de douze membres, très - dignes de l'estime et de la confiance publiques, fût mieux soutenue par le comité de salut public revêtu de toute l'autorité nécessaire pour tout faire marcher avec ordre et justice dans la Convention. Mais c'était la malheureuse destinée de cette assemblée de périr par les mains de ses propres membres. Un député, membre de la commission des douze, disait à la tribune dans la séance du 24 mai : « Lorsque vous avez institué une commission >> extraordinaire, que vous l'avez investie de >> grands pouvoirs, vous avez senti qu'elle était >> la dernière planche jetée au milieu de l'orage » pour sauver la liberté. Pénétrés de l'importance >> de notre mission, nous avons juré de la rem>> plir. Dès nos premiers pas, nous avons découvert >> une trame horrible contre la république, la li» berté, la représentation nationale et la vie d'un >> grand nombre de députés et d'autres citoyens. » Chaque nouveau pas que nous faisons, nous » amène journellement des preuves nouvelles..... » Quelques jours plus tard la république était >> perdue, vous n'étiez plus.... Je déclare sous la >> responsabilité des membres de la Convention, » que si la France entière ne voit pas aussi clair >> que le jour qu'il a existé une conspiration ten» dante à égorger une partie d'entre vous et à » établir sur les ruines de la république le despo>> tisme le plus horrible et le plus avilissant, si >> nous n'apportons pas les preuves de l'existence >> de cette conspiration, nous sommes prêts à poser >> nos têtes sur l'échafaud. Nous sommes dégagés >> de tout esprit de parti; nous n'avons pas re>> gardé si les conspirateurs siégent là ou là; nous >> avons cherché la vérité. Mais comme nous som>> mes appelés à prendre de grandes mesures, et >> que nous sommes encore à la recherche de plu» sieurs fils de la conspiration, nous vous propo>> sons, comme mesure préliminaire, le projet de >> décret suivant. » Ce décret, très-sage, était en onze articles. Il donnait les moyens de soustraire la Convention à la tyrannie de la montagne, et les honnêtes Parisiens à celle de leurs concitoyens les plus méprisables dans les sections. La commission des douze fit arrêter Hébert, auteur du Père-Duchêne et substitut du procureur de la commune, d'Obsent, président de la section de la cité, et Varlet, trois des principaux agitateurs. Mais, je l'ai déjà dit, en révolution le peuple une fois mis de la partie, les plus méchans, les plus audacieux sont les maîtres. On n'eut donc qu'à susciter ceux-ci dans les sections pour se plaindre de la commission et de ses membres, et ils y vinrent bien assurés d'y trouver, dans leurs frères et amis les représentans de la montagne, un appui qui autoriserait toutes leurs insolences. Voici comment s'exprima la section de la Cité par l'organe de son orateur : « Nous demandons la liberté du président et >> du secrétaire de notre section enlevés nuitam» ment au mépris de tous les principes, par ordre >> de la commission des douze. Le temps des plaintes >> est passé, nous venons vous avertir de sauver >> la république, ou nous la sauverons nous-mêmes. » En vain les ennemis du peuple, qui sont dans » votre sein, ont calomnié chez nos frères des dé>> partemens la ville de Paris. Qu'ils viennent être >> témoins et partisans de notre patriotisme, ils ap>> prouveront, comme ils l'ont déjà fait, nos saintes >> insurrections; il en est temps encore, punissez >> une commission infidèle qui viole les droits de » l'homme et du citoyen. La section de la Cité de» mande, par notre organe, la traduction au tri>> bunal révolutionnaire, des membres de votre |